Album - Underneath the Singing Tree - Simon Scardanelli
michel
folk rock
Resonator Records
C'est fou le nombre de British artists venus s'installer en Brittany ( France), des peintres attirés par la lumière du pays: Guy Wilthew, .John Terrick Williams, J.M.W. Turner, Maria Webb, Aloysius O'Kelly , Roderic O'Conor, Joseph Bulfield..., de nos jours, parmi les 14 000 Anglais, Gallois, Écossais ou Irlandais ayant quitté les îles britanniques pour le Breizh, on dénombre pas mal de musiciens, dont, Robin Foster ( ex Beth) , Jimme O’Neill ( The Silencers) , Nick Malicka, Paul Cowley, Peter John Butler, Ray King ( Fat Boy Blues) , Calum Stewart, l'as des uilleann pipes, et encore Simon Scardanelli, qui réside non loin du lac de Guerlédan.
Simon aurait pu écrire ' The world is my home', que Les Renegades ont enregistré en 1996, il a vécu un peu partout: aux States ( The Big Apple, la cité des anges) , au UK, il a bu de la Löwenbräu à Munich, de l'Amstel à Amsterdam, c'est en 2006, qu'il a déposé ses bagages in rural Brittany.
A plus de 70 ans, il tient toujours la forme et se produit plusieurs fois par semaine dans son pays d'adoption, de temps en temps, il part respirer l'air de sa terre d'origine et s'y produit.
Une première trace discographique est décelée en 1980, ' What in the world', un album enregistré en Allemagne.
Ce disque, aux arrangements soignés, marie prog rock, new wave, et art pop, on peut le rapprocher de l'univers de Genesis, Gentle Giant, ou de Yello, et Thomas Dolby
Revenu au UK, il sort quelques singles, rejoint le groupe The Boomerang Gang et puis Big Bam Boo, dont le single 'Shooting from my heart' squatte les charts au UK et au Canada, il est toujours au répertoire du troubadour en 2025.
Les nineties son plus calmes, on note un enregistrement bricolé, il revient en 2002 avec 'Bed of Nails' un projet inachevé, trop de clous sur la route, il reste un mini-album aux accents art rock prononcés, avec une guitare surf/ Morricone et un orgue sonnant David Lynch/ Angelo Badalamenti sur certains titres.
Ensuite, sa production discographique devient régulière, plusieurs EP's ou albums voient le jour. En 2013, Simon refait équipe avec d'autres musiciens et sous l'étiquette Dr Scardo propose l'album 'Dark dog days' .
Ce sera le seul fait d'armes du Doc.
Il repart en solitaire, comme Gérard Manset, et enrichit sa discographie de plusieurs full albums, dont un live enregistré à Mur de Bretagne.
Son dernier album studio, le premier gravé dans son studio breton, 'The rock, the sea, the rising tide' datait de 2019.
Les critiques constatent que l'univers de Simon Scardanelli a évolué, il est devenu un singer-songwriter folk à classer aux côtés des plus grands: Nick Drake, Tim Buckley , Roy Harper ou Richard Thompson.
2025, il a fallu patienter avant de voir pointer un nouvel album du globe-trotter, qui désormais se produit aux côtés de l'excellente Sophie Caudin, mais ça y est: Underneath the Singing Tree est disponible, the complete album is out on all streaming and download sites, confie Simon!
Tracks
1
Underneath The Singing Tree
4:26
2
Young & Curious
3:47
3
Here We Go Again
3:49
4
Five Seconds Ago Last Year
5:42
5
The Glittering Prize
4:54
6
Battle Ships
4:05
7
Everything Is Going To Be Fine
3:36
8
Let's Go Dancing
4:12
9
Driftwood
4:18
10
Heart Upon My Fretboard
5:15
Credits:
Simon Scardanelli: voice and all intruments
Sophie Caudin - flute
Simon Plane - trumpet
Javier Forero - cajon (Glittering Prize)
Paul Walker - clarinet (Glittering Prize)
La photo de pochette (un arbre noueux pépiant) est signée Tricia Newell, an artist, pyrographer, printmaker, illustrator from Suffolk.
On ignore si Simon a voulu produire un ' Tommy' miniature, mais une partie de ce concept album a été inspirée par la région d'Huelgoat, par ses légendes, ses mythes, ses mystères, ses grottes et ses racines celtiques...
Viens, on s'assied à ses côtés... Underneath The Singing Tree..., ne clos pas les paupières, car très vite tu risques d'être ensorcelé, d'être entouré d'elfes, de lutins, de korrigans ou d'autres esprits échappés de la forêt de Brocéliande, et ce n'est pas la flûte diabolique de Sophie Caudin qui doit t'offrir une issue de secours .
La guitare sèche de Simon, son chant narratif, aux relents Gothic literature , un genre dont les anglais sont fervents, pense aux soeurs Brontë, à Mary Shelley ou aux Gothic Tales de Conan Doyle, confèrent un côté dark à ce folk track aux accents médiévaux.
La trompette indolente du français Simon Plane ( c'est pas du Nino Rosso, mais ça y ressemble) , une guitare discrète et des percussions neutres ( wooden blocks, shakers) introduisent 'Young & Curious', avant d'entendre la voix placide de Simon, soutenue par un choeur affable, chanter ce midtempo mélancolique, dépeignant les émois nés à la fin d'une relation amoureuse
Il n'y a pas d'âge pour tomber dans le piège amoureux et en pâtir, Simon nous narre cette mésaventure d'une voix désillusionnée dans 'Here we go again'.
Un ukulélé feutré et des percussions duveteuses accompagnent son lament avant une nouvelle intervention nivelée de Simon Plane à la trompette, l'orchestration gagne en chaleur, en fin de morceau, avec l'apparition des claviers et d 'une guitare.
Les lumières s'éteignent, Simon pousse un soupir.
Une même atmosphère mélancolique anime ' Five Seconds Ago Last Year', une ballade sombre évoquant d'autres artistes aussi talentueux que Gilbert O 'Sullivan, Albert Hammond ' celui qui affirme qu'il ne pleut jamais dans la Californie du sud), ou encore Al Stewart.
L'ukulélé a fait place à une guitare acoustique, jouée en fingerpicking, Simon, le Français, a repris sa trompette, l'autre, l'Anglais, gémit... il ne fait plus partie de l' univers de la belle.... You’re out of my life
All change - make other plans that do not include me...
Alfred?
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, .....
Euh, Virgile affirmait ... La femme est toujours un être inconstant et changeant..
Faudrait se mettre d'accord!
'The Glittering Prize' , un des titres phares de son répertoire scénique, évoque ses années folles., sur fond presque burlesque.
Une clarinette ( Paul Walker) et une flûte espiègles, un cajon, un accordéon , ornementent une plage enregistrée, à l'origine, lors des sessions pour l'album 'Make us happy'.
Parenthèse, ce morceau enjoué te rendra heureux !
La suivante, 'Battle Ships' fait également partie des fleurons de ses prestations scéniques.
Le titre, épique, aux senteurs marines rehaussées d'un choeur de pirates, d'une mandoline agressive, de percussions percutantes, de cordes mordantes et de cors belliqueux, est chanté à pleins poumons par le capitaine ( crochet).
En concert, le public, prêt pour l'abordage, a l'habitude de reprendre le refrain ... this time they’re our prey, let’s blood this sea red, we’ll hunt down these cold men ‘o war ’til the devil’s dead... , un poing levé haut, l'autre main tenant un sabre ensanglanté!
C'est un Simon Scardanelli apaisé qui, en s' accompagnant en fingerpicking, chante la ballade 'Everything is going to be fine', un texte philosophique, chanté d'un timbre détendu et préconisant ..take each day as it comes.. pas besoin de faire des plans pour le futur, on s'aime.
On est bien là, non!
Tu t'attends presque à entendre George Clooney formuler son fameux ' What else' ( do we need).
La suivante est une invitation; ' Let's go dancing'!
Un menuet, une valse, une polka... pas d'importance il suffit de tournoyer, d'écouter la flûte de Sophie, l'accordéon, les tambourins et d'accompagner les handclaps , en sachant qu'après avoir dansé, on te servira un vin blanc frais, dévoilant un fin bouquet de pomme et de brugnon.
Après cette étonnante incursion dans le monde de l 'English Barn Dance, on revient à un répertoire plus réfléchi avec le titre ' Driftwood' , une chanson courtoise comme en chantaient les trouvères au Moyen-Age.
On n'ira pas jusqu'à dire que Simon Scardanelli est prêt à concurrencer l’Ensemble Belladonna, mais ' Dritwood' avec son jeu de guitare fluide, sa flûte printanière et ses la la la la la's charmants se rapproche d'un galant lyrisme médiéval.
Pour la dernière salve, il tient à se confesser .... I've always worn my 'Heart upon my fretboard'!
Si l'expression la plus courante sonne "heart upon my sleeve", la conception est la même, quand tu as le coeur sur la main, tu vas au devant de problèmes.
Comme le chantait Cat Stevens certaines blessures ne guérissent jamais ( The first cut is the deepest), Simon le rejoint ... you can see the scars all down my neck. Is there one for every love? I can’t remember but the deepest cut’s the one I can’t forget.
Même à un âge avancé, un homme reste vulnérable, qu'importe les écarts amoureux qu'il a pu commettre dans sa jeunesse.
Sur un fond mélancolique, que tu as envie de rapprocher de 'Where Do You Go To My Lovely' de Peter Sarstedt pour le fond musical à la Parisienne , Simon , bien soutenu par la trompette de Monsieur Page, termine, à la manière de Montaigne, l'exploration de son moi, sans se dérober.
Postlude:
Oui, Elvis, on t'écoute!
Singing tree, sing to me, call your friend , the roving wind, maybe he can find my love and bring her back...
Vais en toucher un mot à Simon Scardanelli!
P S : son agenda de fin juin ( avec Sophie Caudin ) est bien rempli: demain ( le 20) à Plédran, le 21 à Guingamp, le 22 à Rezé et le 28 à Plourhan.
Don't miss them!