mercredi 4 septembre 2024

Album - Red Brick Angel - Raie

 Album - Red Brick Angel -  Raie

 

michel

Label - RAIE music

 Americana / Country 

Tu ne te poses pas la question:  raie latérale, raie médiane ou pas de raie du tout, et tu oublies les câpres, car RAIE est l'enfant de  Rachel Bennett, voice trainer and choir leader, originaire de Glasgow.  Elle débute lors de crochets en chantant des protest songs ( du Joan Baez, e a ),  ensuite, on perd sa trace,  elle revient comme singer-songwriter  et se produit dans le circuit jazz/ blues londonien (  The Forge, Hammersmith Apollo, Ronnie Scott's, le Floridita ( situé Wardour Street à l'emplacement du fameux Marquee).....

En 2016, paraît un premier EP, 'Earthbound' , produit par Wes Maebe, un full album, 'The Music Thing' le suit en 2020,  fin 2023 ' Red Brick Angel'  voit le jour .

Ce disque a été enregistré en 6 jours aux Galaxy Studios à Mol (dEUS, Clouseau, Lauryn Hill, Mary J. Blige..... ) qui a malheureusement fait faillite peu après.

Tracks

1 Young Love

 2 Grown Man 

3 Crystal Girl

 4 Red Brick Angel 

5 This Thing Called Love

 6 Free Now 

7 Back Room Angel

 8 Bringing Me Back Home

 9 Grey 

10 Whisky Song (uisge beatha (water of life) 

11 You Can't Fly 

12 Convoy of Tears

Credits:

 Wes Maebe -  Producer + some piano, guitar, vocals

Rachael Bennett - vocals

 Jon Klein- guitar ( (Talvin Singh, Siouxsie and the Banshees, Sinead O'Connor, Jah Wobble)

 Chris Bell- drums ( The Thompson Twins, Specimen, Big Country, Theatre of Hate)

Louis Bell - guitars

 Elliot Randall - guitars ( Steely Dan - Doobie Bros)

Jon Dunn - acoustic guitar 

Christiano Tortoioli - electric and double bass ( (P P Arnold, Tommy Hare, Hayley Griffiths, Eugene Bridges)

Tim Gardner - keys - violin ( RY X)

Pete Bennett - guitar

Maria-Timus - violin

Altea Narici - cello

Jill Cumberbatch - mandolin

Mojo Wellington- keys

Nathan Devonte, Emily McLean and Nazarene on background vocals

La photo de pochette, sobre, classique, montre une Rachel pensive et un brin narquoise, réfléchissant déjà à son prochain disque. 

Le titre 'Young Love' avait servi comme promo single,  ce morceau illustre à la perfection l'univers musical de Raie, de la white country soul portée par une voix expressive, comparable à celle de Chi Coltrane.

Le support musical  reflète le meilleur côté de l'americana,: des guitares oscillant entre le rock et la country, un drumming affirmé ( formidable Chris Bell) , sans oublier les backings discrets mais efficaces.

Cette entrée en matière  percutante dépeint la naïveté d'un amour de jeunesse.

Le jeu de guitare juteux sur 'Grown man'  fait immédiatement penser à Eric Clapton, du temps où il collaborait avec Delaney et Bonnie.

Rachel, bien soutenue par des choristes compétentes, fait forte impression en mode downbeat r&b, mais c'est  le solo de guitare rutilant, en plein milieu du morceau, qui retient l'attention des amateurs de blues.

Un titre qui rapproche Rachel Bennett de Joss Stone, d' Elkie Brooks ou de l'oubliée Lulu. 

Jill, tu sors la mandoline, et toi, Maria, le fiddle, let's go on the country tour with ' Crystal Girl', ou les mémoires d'une city girl qui  ne tenait pas en place, ça s'entend sur cet uptempo fringant, qui ne transformera pas la couleur des yeux de Crystal Gayle.

Quand tu rêves d'un ange, tu ne vas pas chanter 'Sympathy for the devil', la ballade ' Red brick angel' a été inspirée  par un arpège de guitare éthéré, imaginé par Peter, le frangin de Rachel, alors qu'il avait cru voir un ange dessiné sur un mur.

Le jeu de guitare sensible, le chant chaste, le piano pudique de Tim Gardner, le violoncelle serein d'Altea et les backings murmurés, tout contribue à faire naître un cachet céleste au premier downtempo de l'album.  

Oublie Queen, John Hiatt ou Bonnie Raitt, 'This thing called love'  a été composé par Pete et Rachel Bennett et Jon Dunn.

Il n'est pas question du grand amour, ni d'un one night stand, mais tu peux avoir une brève relation avec un ami de toujours.

En mode boogie blues avec effets de slide gluants , basse ronflante, et un chorus noir, digne des Pips qui accompagnaient Gladys Knight , ce morceau remue  fièrement. 

'Free now', porté par des cordes et un piano sombres, aborde un sujet délicat, le décès du fils d'une amie, victime d'un accident de moto, la guitare déchirante de Jon Klein embrase l'outro.

Un grand morceau. 

Avec 'Back room angel' on a droit à une seconde country ballad, décorée d'un choeur gospel bouleversant.

A recommander aux fans de Ray Charles et aux amateurs d'orgue d'église. 

La courte phrase... Country music bringin' me back home... résume à elle seule l'essence de '  Bringin' Me Back Home', un downtempo, émaillé d'éraflures douloureuses à la slide guitar, le morceau rend hommage à tous ceux qui ont souffert durant la grande dépression dans les thirties.

'Grey' n'est pas une couleur mais une abréviation pour greyhound, rien à voir avec les autocars traversant les States, il s'agit des lévriers s'épuisant sur les cynodromes jusqu'au jour où ils sont au bout du rouleau et froidement abattus.

L'approche acoustique et le côté orchestral, élaborés pour cette plage, sont destinés à émouvoir l'auditeur.

 C'est réussi!

A rapprocher de ' La Corrida' de Francis Cabrel. 

Les Ecossais ne raffolent pas du pastis, le whisky c'est différent, et sans eau, please! 

Avec ' Whisky song',  "Uisge beatha" dans la parenthèse est le terme gaélique écossais pour “eau de vie”, on revient du côté du Southern rock, saupoudré de touches féminines à la Bonnie Raitt ou Tedeski Trucks Band.

Heavy guitar riffs et voix rocailleuse... bartender, pour me another shot, please, I just got paid! 

'You can't fly' ...  I know you got some people high but you can't fly...  it's al about dope, dealers and addicts.

Le tout enrobé d'un fond americana sentant bon les Byrds, Buffalo Sringfield, The Eagles, Poco, Steppenwolf ( 'The Pusher') ou sur un autre continent, Little River Band.

Pendant plus de sept minutes, Rachel nous balade sur des chemins sordides  où  traînent needles, syringes, and dirty spoons.

Pour clore l'album, Raie nous plonge au Vietnam, en 1975, lors de l'épisode ' The Convoy of Tears',  illustrant la débâcle des forces armées du Sud Vietnam. Plus de 150 000 réfugiés étant massacrés durant la retraite désordonnée,  proclamée par  Nguyễn Văn Thiệu.

Ce morceau épique et explosif, à classer aux côtés de ' War Pigs' de Black Sabbath, du  prémonitoire ' Masters of War' de Bob Dylan,  ou de  'Eve Of Destruction'  ( version de Barry McGuire),  achève en fanfare un album brillant,  proposé par une artiste et son  groupe,  dont la notoriété  mériterait amplement de dépasser les frontières du UK.