mercredi 11 septembre 2024

Charley's Pride: A Tribute to Black Country Music - EP - Danielia Cotton

  Charley's Pride: A Tribute to Black Country Music - EP -  Danielia Cotton

michel

 Cottontown LLC  

Country rock

La country music est trop souvent   associée aux rednecks, des bouseux  un brin conservatifs, voire carrément fachos,  ayant le 22 riffle à portée de main, au cas où à la sortie du débit de boissons on leur chercherait des noises.

Et pourtant: black artists have been part of the country music landscape since the beginning, with elements of African-American music, like blues, rock and roll, and southern gospel music, woven in.

Des noms?

Arthur Alexander, ( You better move on), Dom Flemons, la formidable Rhiannon Giddens, O . B McClinton, les  nouvelles venues Brittney Spencer, ou Denitia,   Aaron Neville a introduit des éléments country dans sa musique, tout comme Ray Charles, mais la palme revient à Charley Pride qui a classé pas moins de 10 albums à la première place des country charts.

La singer songwriter, Danielia Cotton,  plutôt cataloguée blues, rock, r&b, vient de sortir un EP hommage au grand Charley Pride, décédé en 2020: Charley's Pride: A Tribute to Black Country Music!

Danielia avait déjà pondu une demi-douzaine d'albums et 5 EP's.  

La madame de Hopewell ( New Jersey) proclamait :  “I’m a little black girl who’ll rock your world”, et en lisant les critiques de ses enregistrements et de ses prestations scéniques, on peut affirmer qu'elle est  dans son élément dès qu'il s'agit de chauffer une salle, le rock, elle connaît!

Tracks

  • Kiss An Angel Good Mornin' 02:58.
  • Roll On Mississippi. 03:45.
  • So Afraid of Losing You Again. 04:02.
  • Snakes Crawl At Night. 03:28.
  • Bring Out The Country (In Me) 03:17.

 

 Les quatre premiers titres étaient au répertoire de Charley Pride, 'Bring out the country' ( in me) was penned by Cotton herself and producer Marc Copely

Credits: 

Danielia Cotton : vocals / Marc Copely: guitars, percussion, backing vocals/ Andy Hess: bass ( Gov’t Mule, Black Crowes)/ Aaron Comess: drums ( Spin Doctors)/ Brian Mitchell: keys  (Bob Dylan, BB King, Dolly Parton, Allen Toussaint, Al Green, Buster Poindexter,.)/Katy Jacobi: violin/ Scott Sherard : slide guitar (Little Feat)/ Ben Stivers: keys/ Shawn Pelton: drums/ Jeannie Brooks &  Carol Meyners: backing vocals/ Rocco DeLuca: pedal steel.

A propos de la pochette: "The artwork is extra special, with a beautiful photo by the amazing Susan Unterberg of my Nana and Pop Pop from my wedding day"

 "Kiss an Angel Good Mornin", composé par Ben Peters, se trouve sur l'album de 1971, "Charley Pride Sings Heart Songs", le titre est resté des semaines au sommet des country charts.

Le baryton lustré, légèrement nasal, du quatrième gosse,  né d'un couple de métayers du Mississippi, a d'emblée plu à tous les amateurs de country sentimental. 

L'approche de Danielia est totalement différente, nettement plus rock, la voix  à la fois graveleuse et  sensuelle, l'attaque  des guitares en mode Rolling Stones countrysant, les backings purulents, le drumming cadencé, le piano sautillant, tout concorde pour  faire de cette version,  punchy en diable, un  country blues à la Bonnie Raitt ou Beth Hart.

Une belle manière de donner un bisou à un ange!

'Roll on Mississippi' de Kye Fleming et Dennis Morgan se trouve sur l'album du même nom enregistré par Mr Pride en 1981.

Charley Pride chantait le fleuve en mode lament, la steel guitar dessine les méandres du cours d'eau boueux  avec les voix féminines berçant un  arrière-plan  reposant, souligné par un violon caressant  et quelques lignes d'harmonica discrète.

Le titre rendait hommage à 'Ol man river',  de 1927, le thème de la comédie musicale  'Show boat'. 

En mode midtempo, Danielia opte pour un fond indie soul/ americana, qui permet la mise en évidence de ses musiciens: basse et drums cimentent un fond solide, la guitare plaintive de Scott Sherard brille de mille feux , l'orgue appuie  les choeurs gospel  et puis il y a la voix de la madame ( 55 balais) qui se rapproche d'une Tina Turner, pas encore commercialisée.

Juteux!

La valse ' [I'm So] Afraid of Losing You Again' de 1969 a été imaginée par Dallas Frazier et A.L. "Doodle" Owens, ce fut encore un hit immense pour Charley Pride ( number one in the country charts).

La ballade larmoyante a été reprise, dans le moule Dolly Parton, par un nombre imposant d'artistes féminines: Connie Smith, Tammy Wynette, Norma Jean, Heidi Hauge... 

Pas la peine de prévoir des mouchoirs ( merci  Bertrand Blier) car si Danielia respecte l'idée initiale, son adaptation présente tous les attraits de la ballade  slow blues imparable. 

Elle pose son timbre émouvant et profond ( un peu à la manière de Janis) , d'abord sur une guitare  offensive,  puis sur le piano subtil de Ben Stivers, tandis que la steel guitar vient arracher quelques sanglots  à Paul Verlaine,  qui craque en entendant les choeurs de Jeannie et Carol.

La première version de  'The Snakes Crawl at Night'  de Mel Tillis et  Fred Burch ( 1964) est signée  David Houston. 

Charley Pride reprend le morceau, pas le préféré des campeurs soufrant d'ophiophobie ,  un an plus tard.

Danielia nous la  livre  en mode  Texan country twang  rampant,  à la manière de Linda Ronstadt. 

Avec le seul morceau de sa plume, ' Bring Out The Country (In Me)', elle revient aux vibrations blues rock.

Danielia  déballe toutes ses tripes dans une interprétation embrasée tandis que les guitares grondent farouchement.

 Charley's Pride: A Tribute to Black Country Music, s'avère être  une belle parenthèse avant le prochain album de Miss Cotton, car  Danielia Cotton c'est de la conviction, de la générosité,  de la passion, de la puissance vocale et un attachement aux roots, qui devrait plaire aux amateurs d'authenticité et de chanteuses à voix.




 

dimanche 8 septembre 2024

Rain Check - Brasserie Distoufer - Guingamp - le 6 septembre 2024

 Rain Check - Brasserie Distoufer - Guingamp - le 6 septembre 2024

michel

Rain Check, tu dis...  a ticket given to people so that they can go to another event (such as a baseball game) if the one they were watching or planning to go to is canceled or stopped because of rain.

Faudra en distribuer par milliers en Bretagne, heureusement pas de précipitations à Guingamp en ce vendredi de septembre et, de toutes façons, l'événement était free of charge.

No rain, donc,  pas de Blind Melon à l'affiche, mais un trio  du pays de la sardine ( Douarnenez): Rain Check.

Pas des inconnus pour toi, Raphaël 'Tintin'  Gouvy, tu l'as croisé avec Koto aux Mardis de Paimpol ( pourquoi la mairie a-t-elle annulé ces événements?), Brendan De Roeck, c'est au sein de Bobby and Sue ou de Bobby and Wenn que tu as eu l'occasion d'admirer son talent et, c'est chez The Red Goes Black, lors d'un concert donné à l'occasion d'Art Rock ( La Passerelle à Saint-Brieuc) que t'as remarqué la barbe de Damien Gadonna.

Ces jeunes gens sont tous trois multi-instrumentistes: Raphaël manie guitares avec ou sans électricité, basse et claviers , il chante d'un timbre éthéré , a high-placed tenor si on le rapproche de Jeff Buckley, l'élégant Brendan aux secondes voix, lui aussi manie les guitares à la perfection, notamment une  Gretsch Guitare à Résonateur, quand il s'assied face au piano électrique, il évoque Ray Manzarek,  Damien passe sans sourciller du piano, aux différentes guitares et à la basse, lui aussi  se charge des backings vocals.

Pas de drums,  tu dis, non, mais une stomp box pedal traîne sur le sol et, de temps en temps, Raphaël agite un tambourin ou un shaker pour rythmer les morceaux.

Discographie: l'album 'Rain Check' en 2021.

Démarrage en mode soft rock avec 'Without a sound' , la plage est bourrée d'effets vibrato, les climats sont ceux qu'on retrouve chez James Taylor, Albert Hammond ou Dan Fogelberg , un gars qui a bien analysé the rhythm of the rain.

Le nombreux public, attentif, a vite compris que le concert de ce soir sera nickel, mais pas  d'une nickel and dime quality.

Après avoir hanté la basse, Damien Gadonna prend place derrière les touches pour amorcer 'Daydream island' , un endroit idyllique où le murmure du vent s'entend au travers de rangées   de conifères. 

L'imagerie poétique est bien rendue par le chant chargé d'émotions du leader de Koto, le fond sonore se rapproche des plages les plus confidentielles de Moriarty.

'All that's worth' n'est pas 'For what it'sworth' de Buffalo Springfield,  mais on ne s'éloigne guère de l'univers folk rock des copains de Neil Young et Stephen Stills.

Alchimie parfaite entre le chant pudique et l'instrumentation eurythmique.

Après une intro à l'acoustique, Raphaël qui se charge du piano pose la question ' Will you be sorry' when I die, sur fond western swing/country jazz. 

Le groupe prépare un nouvel album, 'I can't slow her down' pourrait se retrouver sur cet enregistrement. Le jeu de guitare subtil de Brendan te renvoie vers un autre Breton, dégourdi , aux phalanges non ankylosées, Eric Cervera ( Hache-Paille/ Hoa Queen), le solo, limpide, dans les tonalités graves, a  fait forte impression et déclenché des applaudissements spontanés.

L'ombre de Peter Green planait sur Guingamp.

Dobro et slide pour entamer  un downtempo,  ' So wide', au jeu des comparaisons, Lee Clayton s'impose à l'esprit.

Le morceau meurt sur un orgue cérémonieux.

De la belle ouvrage.

Brendan passe derrière l'orgue pour l'unique cover du set ' 'It's all over now, Baby Blue' .

Leur version  soignée s'écarte sérieusement de l'original de Bob Dylan.

Retour vers l'album avec ' Friends and lovers' , qui démarre en douceur avant un virage groovy,  avec en contrepoint un orgue liturgique.

Manzarek,  te souffle Pascal, Alan Price réponds-tu, anyway, c'est parti pour une jam  pas dégueulasse.

'Is it a crime' est annoncé, mais Sade n'était pas au rendez-vous, par contre la clientèle est priée d'accompagner le trio aux fingersnaps.

Ce sera un  des morceaux les plus énergiques du set, proche de l'univers de Boz Scaggs.

'Baby don't'... treat me so coldly... après l'intro pointue à la guitare, la plage monte en puissance comme les griefs se font plus explicites.

Un coup de wah wah vient gonfler le propos et pimenter la complainte  d'un angle bluesy.

Si  l'amorce de ' And now'  laisse envisager une ballade, au détour d'un lacet,  le titre oblique vers un rondo/flamenco mouvementé, c'était pas tout à fait le final de 'Spanish Caravan' des Doors mais c'était  néanmoins fiévreux.  

Retour de la slide et du dobro sur 'Falling' à l'intro atmosphérique, une plage  qui  t'envoie des images du désert de Mojave, de canyons sauvages, de roches brun rouille, tout en évoquant des groupes tels que The Long Ryders, My Morning Jacket ou les plus anciens, The Byrds.

On arrive au terme du set, le fleuve doit se jeter dans le Pacifique, 'River', joué en picking , sent bon les as du fingerstyle, Stefan Grossman  ou le regretté John Martyn.

 Le trio part en jam pour terminer le morceau à la manière de Grateful Dead, avec quelques élans Rory Gallagher.

 

Un set aussi brillant ne pouvait s'achever sans un rappel, la mélopée  'Get away'   doit nous aider à prendre congé en douceur.

 

Le 4 octobre, Rain Check doit se produire à Plozévet, au Centre Culturel Avel-Dro!


 

 

 



mercredi 4 septembre 2024

Album - Red Brick Angel - Raie

 Album - Red Brick Angel -  Raie

 

michel

Label - RAIE music

 Americana / Country 

Tu ne te poses pas la question:  raie latérale, raie médiane ou pas de raie du tout, et tu oublies les câpres, car RAIE est l'enfant de  Rachel Bennett, voice trainer and choir leader, originaire de Glasgow.  Elle débute lors de crochets en chantant des protest songs ( du Joan Baez, e a ),  ensuite, on perd sa trace,  elle revient comme singer-songwriter  et se produit dans le circuit jazz/ blues londonien (  The Forge, Hammersmith Apollo, Ronnie Scott's, le Floridita ( situé Wardour Street à l'emplacement du fameux Marquee).....

En 2016, paraît un premier EP, 'Earthbound' , produit par Wes Maebe, un full album, 'The Music Thing' le suit en 2020,  fin 2023 ' Red Brick Angel'  voit le jour .

Ce disque a été enregistré en 6 jours aux Galaxy Studios à Mol (dEUS, Clouseau, Lauryn Hill, Mary J. Blige..... ) qui a malheureusement fait faillite peu après.

Tracks

1 Young Love

 2 Grown Man 

3 Crystal Girl

 4 Red Brick Angel 

5 This Thing Called Love

 6 Free Now 

7 Back Room Angel

 8 Bringing Me Back Home

 9 Grey 

10 Whisky Song (uisge beatha (water of life) 

11 You Can't Fly 

12 Convoy of Tears

Credits:

 Wes Maebe -  Producer + some piano, guitar, vocals

Rachael Bennett - vocals

 Jon Klein- guitar ( (Talvin Singh, Siouxsie and the Banshees, Sinead O'Connor, Jah Wobble)

 Chris Bell- drums ( The Thompson Twins, Specimen, Big Country, Theatre of Hate)

Louis Bell - guitars

 Elliot Randall - guitars ( Steely Dan - Doobie Bros)

Jon Dunn - acoustic guitar 

Christiano Tortoioli - electric and double bass ( (P P Arnold, Tommy Hare, Hayley Griffiths, Eugene Bridges)

Tim Gardner - keys - violin ( RY X)

Pete Bennett - guitar

Maria-Timus - violin

Altea Narici - cello

Jill Cumberbatch - mandolin

Mojo Wellington- keys

Nathan Devonte, Emily McLean and Nazarene on background vocals

La photo de pochette, sobre, classique, montre une Rachel pensive et un brin narquoise, réfléchissant déjà à son prochain disque. 

Le titre 'Young Love' avait servi comme promo single,  ce morceau illustre à la perfection l'univers musical de Raie, de la white country soul portée par une voix expressive, comparable à celle de Chi Coltrane.

Le support musical  reflète le meilleur côté de l'americana,: des guitares oscillant entre le rock et la country, un drumming affirmé ( formidable Chris Bell) , sans oublier les backings discrets mais efficaces.

Cette entrée en matière  percutante dépeint la naïveté d'un amour de jeunesse.

Le jeu de guitare juteux sur 'Grown man'  fait immédiatement penser à Eric Clapton, du temps où il collaborait avec Delaney et Bonnie.

Rachel, bien soutenue par des choristes compétentes, fait forte impression en mode downbeat r&b, mais c'est  le solo de guitare rutilant, en plein milieu du morceau, qui retient l'attention des amateurs de blues.

Un titre qui rapproche Rachel Bennett de Joss Stone, d' Elkie Brooks ou de l'oubliée Lulu. 

Jill, tu sors la mandoline, et toi, Maria, le fiddle, let's go on the country tour with ' Crystal Girl', ou les mémoires d'une city girl qui  ne tenait pas en place, ça s'entend sur cet uptempo fringant, qui ne transformera pas la couleur des yeux de Crystal Gayle.

Quand tu rêves d'un ange, tu ne vas pas chanter 'Sympathy for the devil', la ballade ' Red brick angel' a été inspirée  par un arpège de guitare éthéré, imaginé par Peter, le frangin de Rachel, alors qu'il avait cru voir un ange dessiné sur un mur.

Le jeu de guitare sensible, le chant chaste, le piano pudique de Tim Gardner, le violoncelle serein d'Altea et les backings murmurés, tout contribue à faire naître un cachet céleste au premier downtempo de l'album.  

Oublie Queen, John Hiatt ou Bonnie Raitt, 'This thing called love'  a été composé par Pete et Rachel Bennett et Jon Dunn.

Il n'est pas question du grand amour, ni d'un one night stand, mais tu peux avoir une brève relation avec un ami de toujours.

En mode boogie blues avec effets de slide gluants , basse ronflante, et un chorus noir, digne des Pips qui accompagnaient Gladys Knight , ce morceau remue  fièrement. 

'Free now', porté par des cordes et un piano sombres, aborde un sujet délicat, le décès du fils d'une amie, victime d'un accident de moto, la guitare déchirante de Jon Klein embrase l'outro.

Un grand morceau. 

Avec 'Back room angel' on a droit à une seconde country ballad, décorée d'un choeur gospel bouleversant.

A recommander aux fans de Ray Charles et aux amateurs d'orgue d'église. 

La courte phrase... Country music bringin' me back home... résume à elle seule l'essence de '  Bringin' Me Back Home', un downtempo, émaillé d'éraflures douloureuses à la slide guitar, le morceau rend hommage à tous ceux qui ont souffert durant la grande dépression dans les thirties.

'Grey' n'est pas une couleur mais une abréviation pour greyhound, rien à voir avec les autocars traversant les States, il s'agit des lévriers s'épuisant sur les cynodromes jusqu'au jour où ils sont au bout du rouleau et froidement abattus.

L'approche acoustique et le côté orchestral, élaborés pour cette plage, sont destinés à émouvoir l'auditeur.

 C'est réussi!

A rapprocher de ' La Corrida' de Francis Cabrel. 

Les Ecossais ne raffolent pas du pastis, le whisky c'est différent, et sans eau, please! 

Avec ' Whisky song',  "Uisge beatha" dans la parenthèse est le terme gaélique écossais pour “eau de vie”, on revient du côté du Southern rock, saupoudré de touches féminines à la Bonnie Raitt ou Tedeski Trucks Band.

Heavy guitar riffs et voix rocailleuse... bartender, pour me another shot, please, I just got paid! 

'You can't fly' ...  I know you got some people high but you can't fly...  it's al about dope, dealers and addicts.

Le tout enrobé d'un fond americana sentant bon les Byrds, Buffalo Sringfield, The Eagles, Poco, Steppenwolf ( 'The Pusher') ou sur un autre continent, Little River Band.

Pendant plus de sept minutes, Rachel nous balade sur des chemins sordides  où  traînent needles, syringes, and dirty spoons.

Pour clore l'album, Raie nous plonge au Vietnam, en 1975, lors de l'épisode ' The Convoy of Tears',  illustrant la débâcle des forces armées du Sud Vietnam. Plus de 150 000 réfugiés étant massacrés durant la retraite désordonnée,  proclamée par  Nguyễn Văn Thiệu.

Ce morceau épique et explosif, à classer aux côtés de ' War Pigs' de Black Sabbath, du  prémonitoire ' Masters of War' de Bob Dylan,  ou de  'Eve Of Destruction'  ( version de Barry McGuire),  achève en fanfare un album brillant,  proposé par une artiste et son  groupe,  dont la notoriété  mériterait amplement de dépasser les frontières du UK.

 

 

 

 

 

 

dimanche 1 septembre 2024

Gil Horvath Au P’tit Bonheur, Guingamp, le 31 août 2024

 Gil Horvath Au P’tit Bonheur, Guingamp, le 31 août 2024

michel 

Dis, Gilles, pourquoi déclares -tu que le concert débute à 19:30 si c'est pour gratter ta guitare et interpréter tes poésies mises en musique à 19h.

C'est pas sympa, gars!

Tu te pointes Au P’tit Bonheur, la terrasse est bondée, un barbu frisé,  avec sur le nez de petites lunettes  rondes, est coincé côté rue et distille sa musique, face à des clients qui l'ignorent, sauf un comique, cousin éloigné de Dieudonné, qui lui donne de judicieux, conseils destinés à capter l'attention des consommateurs de grenadine et de verveine.

Armé d'une Pelforth ( 25 cl, t'es pas anglais)  tu te colles contre une façade pour écouter le monsieur hirsute qui propose des chansons à texte, pas débiles.

On te dit, non, pas Carla, que le concert a commencé il y a au moins 20', shit t'as pensé, mais le sort t'est favorable, une clique de désoeuvrés  quitte une table face au musicien, du coup  tu disposes de six chaises où poser tes fesses flasques.

C'est qui, Gil?

Gil c'est Gilles, il travaille pour la Passerelle à Saint-Brieuc,  on nous dit, non, pas Carla, que sa discographie compte huit albums, qu'il les donne ou vend à prix libre, ce qui ne veut rien dire, aussi il précise, cinq € minimum ( l'unité) , tu fais un rapide  calcul mental, ça fait moins que deux bières !

Pas évident de capter un  texte  pour lequel le compositeur jongle avec les mots et les métaphores. 

La voix claire et apaisante,   les accords de guitare mélodieux et ciselés te font penser à Louis Chedid, un autre amoureux des mots.

Comme le troubadour travaille à l'inspiration,  sans filet et sans playlist, on ne se risque pas à élucubrer des titres pour introduire  les morceaux entendus, sache qu'ici il était question d'un marin d'eau douce, un despérado, qui ne connait pas les Eagles, ce matelot attend l'aube.

Il enchaîne sur ' Tous les hivers', un extrait de l'album ' Histoires diluviennes'.

C'est affligeant tous ces bavardages ineptes, Gil demande à être écouté silencieusement, ses chansons intimistes,  teintées de touches impressionnistes et de nostalgie,  mériteraient un public plus attentif et au minimum respectueux. 

Avec ' La mer morte' il décide de nous emmener au Proche - Orient, aux confins de la Jordanie, d'Israël et de la Palestine.

Là, il se dénude pour se baigner dans les eaux salées de ce lac dans lequel se jette le Jourdain.

Quoi, encore?

Non, Jésus ne s'est pas promené sur la mer Morte, c'est une fable, sa balade a eu lieu sur la mer de Galilée.

L'imagerie, sophistiquée, voire  littéraire, interpelle, tu penses à Moustaki, peut-être aussi à cause du look de l'individu.

Mince, un caca de pigeon s'est incrusté sur ma guitare, heureusement, Kirikou veille et vient briquer l'instrument avant de reprendre ses libations.

Comme il était question de bain dans le Jourdain, il est logique d'embrayer sur 'Suzanne' surprise par  des vieillards lubriques  pendant ses ablutions.

Bon, c'était  pas la même Suzanne, c'est pas celle de Leonard Cohen non plus, elle exhibe  de fines touches Amélie Poulain, ou  Bertrand Burgalat. Benjamin Biolay, Mathieu Bogaerts et Philippe Katerine, pas encore bleu, ne sont pas loin.

La classe est de plus en plus dissipée, le maître d'école perd le contrôle, ... puis-je continuer... questionne-t-il!

C'est la première fois que tu assistes à un concert où l'artiste demande au public s'il peut poursuivre son exercice.

Revoilà Kirikou, il va remettre de l'ordre dans la basse-cour.

 Cher Gil, connais- tu Manu Chao, s'enquiert-il,  je te propose de reprendre ' Clandestino' en duo.

...  Marihuana ilegal... mais pas le vin blanc!

Après  l'improvisation, on revient au répertoire initialement envisagé, ' Souffle encore', tu pensais à Yves Simon quand un incident vient interrompre  le cours des événements, c'est con de renverser son verre de Chardonnay quand on a soif.

Kirikou, à l'aide!

Catherine Le Forestier chantait, divinement, ' Au pays de ton corps', Gil propose ' Ton corps un territoire' qui dégage  le même sentiment de sensualité.

Pour la 86è fois en 2024 tu subis une reprise de   'Jardin d'hiver'.

'J'aime' est tout  frais, la chanson est toujours imberbe.

 Alex, une voisine de table,  " c'est sympa, mais ce garçon n''est pas aussi beau que Mike Brant."

T'as pas osé rire,  Gil Horvath a enchaîné sur ' Personne n'est fait pour ' ( l'amour) , sauf Mike Brant et Johnny.

Alex, tu m'as fait perdre le fil, est-ce 'La nuit' qu'il a interprété, en tout cas, c'était   gracieux.

Il lève un voile sur sa vie privée et entame  un titre écrit pour son fils de 10 ans.

La suivante a pour nom ' Retourner à l'endroit'.

Euh, stop,le feu est rouge, je m'arrête et j'accorde ma guitare qui était out of tune.

Vert, on repart!

Gil fait de la sémantique, et nous explique le sens du qualificatif ' ineffable' .

Il aime ce terme et chante ' Un amour ineffable' sans faire appel à  Vladimir  Jankélévitch, un spécialiste de l'ineffabilité.

Après avoir introduit une  nouvelle cover , le superbe  ' Porto' de Bertrand Belin , Kirikou se rappelle à notre bon souvenir, chipe le micro de Gil pour entamer un one man show pas vraiment apprécié par la clientèle du bar

Sur son dernier album Gil est secondé par Maxwell Farrington et Erelle sur le titre ' On est quitte'  , un western swing rythmé.

L'idée pour le frivole  ' Un supplément d'amandes' lui est venue au Port du Dahouët ( Pléneuf-Val-André) où  sa compagne avait demandé, non pas de la chantilly mais un supplément d'amandes,  au serveur.

Un coup d'oeil à sa tocante, mon Dieu, déjà, vite, a last one for the road avant de regagner mes pénates.

Il a déterré un morceau composé il y a 25 ans ( ? 'un escargot sans coquille' ? ), un  titre  qui t'a  marqué, car faire rimer fuel avec fiel, c'est pas banal.

Gil est non seulement un musicien  et auteur interprète doué,   mais aussi un jongleur habile.

Des regrets, Michel Polnareff?

Oui, les conditions fâcheuses dans lesquelles se sont déroulées ce concert.

 

Ce sera plus gratifiant  au Chaland qui Passe le 8 septembre