vendredi 12 juillet 2024

Profiteroles and Co - Jardins du Port de Saint-Quay-Portrieux, le 11 juillet 2024

 Profiteroles and Co - Jardins du Port de Saint-Quay-Portrieux, le 11 juillet 2024

 

michel

Le 11 juillet 2024, point météo,  Jean?

Il fait toujours beau quelque part, merci, Jean, mais pas ici, un crachin sinistre brouille la vue sur le port de plaisance, même les mouettes se lamentent, les  touristes dépriment, les huiles solaires sont soldées, aux terrasses des bistrots, les grogs se vendent mieux que le spritz,  et pourtant, le concert/apéro de Profiteroles and Co, face au port, aura bien lieu.

  La municipalité de Saint-Quay, jamais à court d'idées, propose cet été des concerts -apéro ( gratuits)  chaque jeudi soir, à côté de la terrasse du Bistrot La Marine.

Pour inaugurer la série, ils ont été chercher le Trio Profiteroles du côté de Morlaix.

Profiteroles se produit le plus souvent   en formule quartet, si le budget de l'organisation est serré, les pâtissiers réduisent la quantité de crème et de chocolat et allègent la confiserie à trois unités.

Ce soir vont se produire à 50 mètres des clients du bar: Valérie Berdah (chant), Hervé Le Grignou (guitare) et Bertrand Seynat (contrebasse).

Valérie, thérapeute et prof de chant, manie aussi bien l'anglais que le portugais et le français.

Elle se produit également avec Canopée Jazz & Bossa Nova tout comme  Hervé, également guitariste chez Label Jazz et au sein du groupe de Christine Bizien.

Bertrand joue avec Bourbon Strings Parade, le CJB trio, il accompagne la chanteuse sarde Valentina Casula et, avec la jeune association Arthus Jazz, il a tout mis en oeuvre pour organiser le premier Festival  Jazz à Saint - Jean  qui doit se dérouler au mois d'août à St-Jean-du-Doigt dans le Trégor.

Au menu de ce début de soirée, des standards de la note bleue et de la bossa nova.

' East of the Sun (and West of the Moon)' de 1934 ouvre le concert, la voix est précise, le jeu de guitare limpide, avec de judicieux accents Wes Montgomery,  la contrebasse de Bertrand lie la sauce. Par  une séquence en onomatopées Mrs Berdah nous prouve qu'elle a bien assimilé toutes les techniques du vocal jazz.

'All of me',  de Frank Sinatra à Ella ou Billie en passant par Michael Bublé ou Laura Fygi, tout le gotha jazz a repris la composition de  Gerald Marks/Seymour Simons.

Le jeu subtil de Hervé fait impression, Valérie et Bertrand assurent, ces gens connaissent leur boulot.

Pour lancer  'Like someone in love' , Valérie place quelques fingernaps avant d'être relayée par l'élément masculin.

La version proposée est  très propre, peut-être moins moelleuse que celle, tout en crooning, de Chet Baker.

Un petit détour par le Brésil histoire de se réchauffer?

Je ne rentre pas à la maison ce soir ou '  Nao Vou Pra Casa  ', une samba que l'on doit à João Gilberto et pour laquelle la chanteuse a déniché un shaker qu'elle agite en mesure.

Palabres avant d'entamer 'You'd be so nice to come home  to' , un midtempo swing composé par le génie Cole Porter.

' Have you met Miss Jones' ?

Laquelle, celle de Louis Armstrong, de Sarah Vaughan ou celle de Robbie Williams?

En tout cas il faut du souffle pour chanter ce classique.  L'envolée lyrique à la guitare et les arabesques de la contrebasse  ont impressionné la clientèle du bar.

Retour du côté de Rio pour une dernière avant la pause,  le formidable ' Samba de Orfeu' et le jeu de  guitare magique de Luiz Bonfá,

 

Break boisson. 

Pas le temps d'écluser une mousse à l'aise car l'arbitre vient de siffler le début de la seconde mi-temps.

Lors du premier set, t'étais quasi seul à être planté face à la scène, t'as pas voulu faire l'original ni l'anti-social, tu t'es assis à une table de la terrasse près d'autres consommateurs, il t'a fallu 36 secondes pour comprendre que tu ne supporterais pas le brouhaha généré par leurs conversations futiles.

Cul sec, direction le podium où Les Profiteroles ont entamé une nouvelle bossa.

Ton portugais étant presque au même niveau que ton 天津話, tu supposes qu'ils ont attaqué le midtempo qui bouge 'Olha pro Céu', où il est question d'étoiles et de voûte céleste.

Rien à dire,  tout ce qu'a pondu Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim touche au génial.

Et t'as pensé à la douce Astrud Gilberto en entendant l'interprétation de Valérie.

'I got rhythm', indubitablement , c'est irréfutable, on nous assène du swing à profusion ce soir!

Saudade time pour suivre avec  'Triste', une autre perle de Tom Jobim.

Il y a des années, tu as entendu Stacey Kent interprété 'Close your eyes', la version proposée ce soir, ornementée d'un scat acrobatique, tenait aussi bien la route que la DS du Général.

Des halètements de moribond amorcent  'Lamento' de Jobim  qui te renvoie vers une phrase de Pierre Barouh:  «Faire une samba sans une tristesse, c'est aimer une femme qui ne serait que belle.».

Le seul titre en français de la soirée sera une adaptation libre d'une bossa nova, comme avait pu le faire Sacha Distel avec ' Un amour, un sourire, une fleur' .

Le sax était absent ce soir et pourtant, tu as pensé à Stan Getz.

Toujours en portugais le trio enchaîne sur  une nouvelle plage mélancolique qui pourrait être ' Sempre no meu coração ' pour terminer ce concert élégant par ' Bye bye blackbird' .

Non, Perrine, les profiteroles n'étaient ni  indigestes, ni écoeurantes!