The Animals & Friends et Alexi O à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 20 avril 2024
michel
Après avoir quitté Paimpol et sa Fête de la Coquille Saint-Jacques, ta boussole t'indique la direction de La Grande Ourse, à Saint -Agathon, qui programme une légende, célébrant the 60th anniversary of The Animals self-titled debut album.
La tournée des ANIMALS, après un crochet par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, s'arrête pour deux dates en France: à Vauréal dans l'Oise et à Saint-Agathon. Un grand coup de chapeau à Melrose pour avoir réussi à signer le groupe, désormais mené par John Steel, the only original bandmember playing in the current incarnation of The Animals!
A 21h, devant une salle bien garnie ( les papies et mamies avaient emmené des teenagers, assez surpris en entendant l'âge du batteur ( 83 piges), aussi enthousiastes qu'eux), Alexi O s'installe.
Alexi Orgeolet, un guitariste ayant étudié la musique hindoustani, qui se produit souvent en duo avec Alan Rouz ou en trio avec le groupe Andrée, mené par Faustine Audebert ( Fæst), s'installe sur une chaise, dépose un instrument bizarre ( une sorte de lapsteel) sur ses cuisses, l'accorde, avant d'entamer son set.
Comme un gars dans l'assistance l'interroge à propose de son jouet, il nous informe qu'il s'agit d'une harp Weissenborn guitar ou guitare/harpe hawaïenne ( it has seven main, four bass and seven treble strings).
Il la joue d'une main, en picking, de l'autre, en slide.
' Virtual bar ' , un folk blues, lent, chanté d'un timbre proche de celui de John Martyn, ouvre les débats, au bar matériel, les buveurs de mousse ne prêtent aucune attention au barde et éclusent leur pression en commentant les news de la semaine.
Faisant fi du bruit de fond gênant, Alexi propose 'The Sleep' , une mélopée exotique, suivie par 'Houseband' proposant une image, non virile, de l'homme au foyer.
La suivante, toujours aussi nonchalante, s'écoule à la vitesse d'une rivière lente d'Asie ou du Costa-Rica.
Absence totale de remous, à peine un léger frémissement engendré par le mouvement d'une truite argentée, que des vaches, s'abreuvant à même le cours d'eau, contemplent d'un oeil amorphe.
Technique irréprochable, chant habité, mais sentiment de monotonie, partagé par un voisin qui s'assoupit.
'Hunters' un jazz blues aux senteurs Leo Kottke se montre légèrement plus rythmé et c'est avec ' Andy', un copain des Rita, que s'achève un concert poliment applaudi par un public bienveillant.
The Animals & Friends.
En 2010, à Lessines, tu assistes au concert d'Eric Burdon and The Animals, tu avais eu l'occasion de croiser la route des autres Animals, ceux de John Steel, lors des Gentse Feesten de 2008 et plus tard en 2011 au Swing Wespelaar.
Les deux formations t'avaient laissé une excellente impression.
2024, Animals & Friends!
Line-up totalement différent: Pete Barton – bass, excellent vocals John E. Williams – guitar, vocals et Mick Gallagher – keyboards s'affairaient en 2008 et 2011, aujourd'hui, ce sont Danny Handley ( Boogie Williams & The Imperials, Danny Handley Blues Project , Ric Lee's Natural Born Swingers )– guitar, vocals/ Barney Williams ( The Milltown Brothers, Boogie Williams & The Imperials) – keyboards, vocals et Norm Helm ( Gary Boyle, Midnite Johnny, The Conquistadors) – bass, backing vocals, qui accompagnent l'inusable John Steel.
Comme Danny est du genre bien élevé, avant de ramasser sa Gibson, il lâche un good evening, everybody, un salut bien accueilli par la Bretagne.
Et c'est parti avec 'Baby, Let Me Take You Home' de 1964, le premier single gravé par les Animals.
Après la présentation des artificiers, c'est l'increvable 'It's my life' et sa basse caractéristique, qui déboule.
Claviers piquants, guitare lourde et drumming précis, remember, remember... qu'il dit, et non seulement on se souvient, mais on hurle à tue-tête.
La magie ressurgit , Danny nous rappelle qu'aux origines les Animals étaient un des premiers r'n'b bands au UK, ils reprenaient 'Bright lights, big city' de Jimmy Reed , ce sont nos yeux et nos pavillons que les bright lights illuminent ce soir .
John est pareil à lui -même, avec les nouvelles bêtes, il a fait le bon choix, Danny est non seulement un excellent vocaliste et guitariste, il est également un entertainer né, qui a le sens de la communication, Barney vaut Mickey Gallaguer et le jeu de basse de Norm égale celui de John Entwistle des Who.
'I believe to my soul' de Ray Charles permet à Barney de se mettre en évidence aux vocaux et à l'orgue. Des frissons parcourent ton épine dorsale, les yeux de ton voisin clignotent.
Accélération sévère après le gospel de Ray, 'I'm crying' secoue l'assemblée, pas le temps de sortir le kleenex, ils enchaînent sur une autre perle ' Bring it on home to me' de Sam Cooke.
Pas mal de groupes se sont cassés la gueule en reprenant ce classique, pas les Animals!
'Don't bring me down' ( Gerry Goffin/ Carole King) , sa guitare à la Dave Edmunds et son orgue de foire, précède 'Big boss man' que Danny décore d'un solo crapuleux, avant un exercice de boogie woogie du pas borné Barney.
En Australie, on a joué devant des milliers de filles en bikini, pas de mini-slips à Saint-Agathon, mais une ambiance du tonnerre ( beaucoup mieux qu'à Brest).
Barney au chant pour 'Im going to change the world' de 1965.
Du changement il y eut , la question reste en suspens pour savoir si c'est mieux!
Amorce nocturne de Chopin pour l'indémodable ' Don't let me be misunderstood', toute la Grande Ourse a tremblé et vibré.
Une claque phénoménale!
Moins connu ' Inside looking out' voit Barney vapoter en cachette, pendant que ses potes s'emballent, il attendait son tour pour nous placer une intervention éclairée, le morceau part en jam funky, Norm se tape un solo de basse pas con, puis vient le grand moment de Danny qui brode et place quelques bribes de Santana dans l'exercice.
La grande classe, ces gens s'amusent et font le job, pas comme des fonctionnaires fatigués, mais comme des jeunes loups aux dents longues.
Le medley Bo Diddley, 'Hey, Bo Diddley/ Who do you love' voit le train débouler à une vitesse TGV, Danny Handley a sorti le fusil mitrailleur, tous aux abris!
Calmé, il lance, we're gonna make Saint-Agathon sing the blues, 'Night time, is the right time', qu'ils ont enregistré avec Sonny Boy Williamson, le voit se promener dans la salle en incitant le peuple à reprendre le refrain.
A toi, Norm, la basse lance un mémorable 'We've gotta get out of this place' qui parachève une prestation exemplaire.
Ils se tirent, mais tout le monde sait qu'ils vont se repointer.
John quitte ses fûts pour présenter un titre enregistré il y a 60 ans, il qui n'a pas pris une ride, la version des Animals de 'House of the rising sun' restera à jamais la plus plébiscitée.
Le vétéran nous rappelle que Bob Dylan, en l'entendant pour la première fois, est sorti de sa voiture pour tabasser le capot en mesure.
Rideau!
Comme un mec l'écrivait: John Steel and his friends are keeping The Animals' timeless and captivating catalogue live on stage, it speaks to everyone, older fans but also to the younger generation!
PS : Let the good times roll, baby!