mardi 30 avril 2024

Album - Boomerang by The Darts

 Album -  Boomerang by The Darts 

Alternative Tentacles Records 

Garage-punk-rock grrls

The Darts, à ne pas confondre avec les British  Darts,  qui ont aligné plusieurs hits  doo-wop dans les seventies, ni avec  le  jeu de fléchettes, désormais  reconnu comme sport dans le monde entier, même si les Belges préfèrent la dénomination Vogelpik,  viennent de Phoenix, le groupe naît des cendres du sulfureux combo The Love Me Nots ( vu au festival Roots & Roses de 2016, un grand souvenir) qui a jeté l'éponge en 2017.

Nicole Laurenne et Christina Nunez décident de continuer ensemble, elles recrutent de nouvelles javelines, Rikki Styxx (The Two Tens, The Dollyrots, Thee Outta Sites) aux drums et Michelle Balderrama ( Brainspoon) à la guitare,  pour former The Darts.

Très vite leurs shows brûlants attirent l'attention, les filles enregistrent deux EP's, puis l'album 'Me. Ow' .

Sur le suivant, 'I like you, but not like that', Meliza Jackson ( decker, Rose Colored Eyes) tient la guitare .

En 2022 paraît l'EP 'Love Tsunami', avec un nouveau changement de line-up,  Etti Bowen,  est appelé  à l'aide pour se charger  du drumming.

Fin 2022,  Mary Rose Gonzales ( call me Beef), qui officie chez Bev Rage and the Drinks,   est engagée pour tenir les baguettes sur 'Snake Oil' .

Avril 2024, un nouvel album paraît , 'Boomerang' ,  même staff que sur  'Snake Oil' : Nicole Laurenne on vocals and Farfisa, Christina Nunez on bass and backup vocals, Meliza Jackson on guitars, and Mary Rose Gonzales on drums.

 Tracks:

01. Hang Around
02. Are You Down
03. Pour Another
04. Your Show
05. Liar
06. Slither
07. Photograph
08. Hell Yeah
09. Night
10. Welcome To My Doldrums
11. Dreaming Crazy
12. You Disapppoint Me
13. The Middle Of Nowhere

 Produced by Mark Rains at Stationhouse Studio

 Cover photo by Thierry Causera, Design by Louise Sordoillet. Cover graffiti from the insane walls of L'Ecurie in Geneva

Parlons-en de la photo,  elles ne sont pas qu'un peu là ces filles au look 'I'm so  sexy and I know it',  elles exhibent toutes les quatre une pose mi-arrogante, mi- narquoise, l'air de dire à l'élément mâle,  rien ne nous impressionne, les gars!

Si le titre de l'album te fait penser à ' Comme un boomerang'  de Serge Gainsbourg, (chouette version de Dani et Etienne Daho),  on est à mille lieues de la pop chic made in France, avec ce projectile pervers des filles de Phoenix.

'Hang around': que la garage party commence! 

Le Farfisa, aussi fougueux que chez Sam the Sham and the Pharaohs ou chez les méchants The Lords of Altamont , donne le ton, le morceau écrit à l'époque de Snake Oil avait tellement frappé Jello Biafra que les filles ont décidé de l'inclure sur leur nouvel album.

Excellente idée, car ce titre, entêtant et tournoyant, aux riffs de guitare cinglant,   et aux backings vocals ruisselants , sent bon les sixties, et nous renvoient vers des groupes tels que The Luv'd Ones, The Shaggs  ou She Trinity.

Si t'as la gueule de bois, que tu peux pas payer tes factures, que ta petite amie s'est tirée, écoute 'Are you down', sa guitare vicieuse, la basse  qui gronde, le jeu de batterie sec et le chant fougueux, tu seras requinqué aussi sec et, comme nous, tu gueuleras le refrain à tue-tête!

OK, ça t'a donné soif, ça tombe bien, elles proposent le légèrement plus calme 'Pour another'.

Il semblerait que l'alcool doit être consommé avec modération...ça c'est bon pour la pub, sur la bouteille de Four Roses t'as cherché en vain la notice: harmful to health et puis comme le chante Nicole: pour another, you are not my mother!

'Your show', chanté d'un timbre soul,  est bourré d'effets psychédéliques, la guitare twangy surf de Meliza et l'orgue, en arrière-plan, devraient beaucoup  plaire à Quentin Tarantino. 

Retour au fond tapageur avec   ' Liar',  décoré  d'un gimmick à l'orgue proche de 'Peer Gynt'  d'Edvard Grieg .

Après cette bourrade brutale, elles proposent ' Slither' , un downtempo ensorceleur  qui doit permettre de recharger les accus.

La basse de Christina Nunez s'affole sur 'Photograph', encore un titre furieux qui connaît un mouvement apaisé au bout d' une minute 20".

 40 secondes plus tard , l'orgue, sournois, annonce la fin de la trêve, on repart au front, accompagnés par un chant saccadé pour se donner du courage et foncer tête baissée vers les lignes ennemies.

C'est à nouveau  Christina qui donne le signal de départ sur 'Hell Yeah', sa basse tonitruante n'a rien à envier à l'intro de 'Ace of Spades' .

Petits soli de guitare  crapuleux, Farfisa qui zigzague tel un bougre pris de boisson   et chant véhément , 'Hell Yeah' est probablement la  plage la plus bestiale du recueil.

Retour des climats acides  avec ' Night' ,  sur lequel l'orgue joue en pointillé,  tandis que la voix de Nicole prend des coloris tendres, auxquels on n'est guère habitué.

Ce soir, la nuit sera douce, dixit Francis Scott Fitzgerald!

'Welcome To My Doldrums' va  rameuter tous les fans des Sonics, des Seeds ou des Blues Magoos, les amateurs de fuzz, de garage volcanique et de sensations fortes.

Un tourbillon aussi spectaculaire que les récentes tornades ayant frappé l'Iowa!  

Rêve ou  cauchemar ' Dreaming crazy' risque de causer quelques wet dreams, que t'auras du mal à expliquer à maman. L'orgue liturgique fait vite place à une guitare scintillante, la voix  veloutée,  minaude, les Darts, quand elles sortent du garage, peuvent jouer aux séductrices.

Ecoute le toubib si ton organisme exige un apport en vitamines, tu écoutes 'You disappoint me', un titre   qui  doit éliminer  les risques de  maladies cardiovasculaires  et d'hypertension, le headbang est conseillé!

Le seul morceau dépassant les trois minutes, la ballade  incandescente à consonance lynchéenne ,  'The Middle Of Nowhere', met fin à  un album explosif.

With  ' Boomerang' the Darts are hitting the target, once again... on les attend de pieds fermes  en Europe cet été!

 

 




dimanche 28 avril 2024

Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024

 Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024

michel

Une semaine après le concert mémorable des Animals, La Grande Ourse accueille un autre géant , à peine plus jeune, toujours en provenance du UK: Wishbone Ash .

Le groupe de Torquay, né en 1969, est un des  premiers à avoir utilisé le concept des twin lead guitars.

A 21h, une foule drue peuple la belle salle de Saint-Agathon , un homme sort des coulisses: Paul Cowley.

Si le gars a vu le jour à Birmingham ( au UK , pas la ville chantée par Randy Newman), il réside depuis près de 15 ans dans le Morbihan, il a gardé une pointe d'accent britannique, qui fait toujours sourire la boulangère de son village.

A son actif, huit albums d'acoustic blues,  plus proche de Taj Mahal, de Mississippi John Hurt, d'Eric Bibb   ou de Ian Siegal, quand il se met à l'acoustique,  que de Popa Chubby ou de Danny Bryant.

Comme bagage, il  a emmené deux guitares, une acoustique et une resonator guitar.

Bonswar tout le monde, je m'appelle Paul Cowley, je vis à Allaire, c'est dans le Morbihan.

Il débute en balançant des accords ciselés  sur le dobro, qu'il accompagne d'un murmure harmonieux.

Le morceau ( Simple Life) prend une autre voie quand d'un pied il enfonce une stompbox pour rythmer la mélodie.

La liste de ses girlfriends défile  , il y a eu Jean, Tracey, Grace... tout en énumérant ses conquêtes , la slide glisse sur les cordes. Au bout du compte il semble avoir déniché  la bonne... she was the one for me..  ai oublié son nom, mais c'était pas Marine.

Son jeu en picking  et sa voix évoquent le grand Richard Thompson, c'est sûr,  Paul Cowley n'est pas un donkey.

Il poursuit avec un second country blues , toujours habilement fignolé ( bottleneck et arpèges s'accordent subtilement), la voix  attachante, légèrement nasillarde , se fond sur les accords de guitare.

Il y a quatorze ans, il prospectait en Bretagne, il tombe amoureux  d'une vieille maison aux volets bleus, un hic majeur, le montant pour la remettre en état dépassait largement ses moyens, il en reste tout de même une chanson.

'Maison Bleue' s'entend sur l'album 'Close to you'  de 2013 ( PS , le cottage ne niche pas à San Francisco, Maxime).

Il enchaîne sur 'On my way', un titre évoquant, par son côté nonchalant, un certain J J Cale,  qui n'a pas été surnommé The Breeze pour rien.

L'autobiographique 'One way ticket'  précède le plus ancien  'Don't need too much' pour lequel La Grande Ourse est mise à contribution, le refrain et les claps sont pour vous, guys!

Il a suivi les conseils de la maman de Lynyrd Skynyrd.... be a simple man.... ne fais pas de cinéma, sois honnête...

Le mélodieux 'Red fence'  t'invitant à contempler le ciel en position assise, près de la clôture tout en sirotant un café, ( une philosophie épicurienne) achève ce concert hautement apprécié . 

Wishbone Ash

31 octobre 1971, au Wolu Shopping Center ( Bruxelles), T Rex était prévu comme tête d'affiche, le groupe de Marc Bolan fait faux bond, c'est Wishbone Ash  qui vient de sortir ' Pilgrimage' qui succédera à Pete Brown and Piblokto, Warhorse ( de Nick Simper) et  Lagger Blues Machine ( les locaux) , sans oublier  une alerte à la bombe qui  a obligé la nombreuse assistance  à quitter les lieux pendant un moment,  qui  clôture la soirée.

Une gifle monumentale, dès le lendemain tu cours acheter l'album.

23 ans plus tard, Wishbone Ash est toujours là; mais la mouture est différente: Andy Powell , Ted Turner, Martin Turner et  Steve Upton étaient sur scène à Bruxelles, en 2024, le line-up se lit: Andy Powell – guitar, vocals /     Bob Skeat – bass, backing vocals/     le formidable,  Mark Abrahams – guitar   et Mike Truscott – drums.

Bob Skeat a pas mal roulé sa bosse, il est cité, e a,  chez Gilbert O'Sullivan, Toyah Willcox, Colin Blunstone,  Stéphanie de  Monaco ou  Russ Ballard.

Mark Abrahams a joué chez Coyote et a tourné aux côtés de Walter Trout.

Le dernier arrivé, Mike Truscott,  a fait partie, tout comme Mark, du groupe Coyote.

Une bande son annonce l'arrivée du groupe,  dès l'entame,  les deux guitares s'enflamment sur  l'instrumental qui lance le concert 'Real guitars have wings' , jamais titre n'a mieux porté son nom.

Andy: raise your hands, Saint-Agathon!

Des centaines de paluches s'élèvent vers le plafond et des cris d'enthousiasmes fusent de partout.

Ils enchaînent sur 'We stand as one ' qui ouvre l'album 'Coat of Arms'  de  2020, un hymne prog rock, mixant énergie et éléments planants.

Les deux guitares excellent, Mike frappe juste et fort et le souriant Bob bétonne l'ensemble.

Sur 'Argus' :  ' The king will come ' qui avec ses accents folky viennent nous secouer  de la tête au pied. Mick Abrahams hante la wah wah, Andy répond en souriant,  pendant plus de huit minutes, le roi   fait le tour des troupes.

'Warrior'  son intro raffinée et 'Throw down the sword' , se succèdent comme sur l'album ,  la montée en puissance et la force épique de ces compositions touchent au génie.

Le public ne s'y trompe pas et réagit en conséquence.

Anecdote, lors d'un de leurs shows à Austin, un vendeur de sandwiches  est abattu par un client excédé, le triste fait divers leur a inspiré ' Rock 'n 'Roll widow'  qui voit Mark Abrahams  manier, avec brio, une lap steel guitar, transformant ce titre en Southern rock  sinueux.

La setlist annonçait 'Ballad of the beacon', pas sûr que le titre ait été joué, par contre après avoir lancé I hope you like the blues, c'est bien ' Baby what you want me to do' de Jimmy Reed  qui fuse.

Les guitares s'en donnent à coeur joie, tandis que la rythmique imprime le classique twelve bar tempo.

Une grosse claque,  suivie par  l'instrumental 'The Pilgrim'  , conçu pour tous ceux qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle.

Détail croustillant, Andy Powell a failli se faire lyncher après avoir questionné  le public ' Are we still in Normandy?".

A l'arrière, Mike s'est levé pour marteler ses cymbales à l'aide de maillets feutrés., il opte pour la position assise dès que le morceau commence à s'énerver sérieusement, c'est là que Bob et Andy entament la partie chantonnée,  avant le final phénoménal.

Sur la lancée, 'Blowin free'  souffle un vent frais sur la plaine, Bob et Andy entament un ballet à faire pâlir Francis Rossi (  c'est pas le cousin de Tino)  et Rick Parfitt, c'est  à Mike qu'échoit l'honneur de terminer le morceau.

Tu l'attendais, voici l'incroyable ' Jailbait' ... I'm wondering why your face no longer shines...  le visage de ton voisin s'est plus que légèrement empourpré quand Bob a pointé sa basse à 5 cm de son nez, heureusement pas aussi allongé que celui de Cyrano.

La salle est en ébullition et la messe n'est pas encore dite.

Un jeune homme est venu murmuré un message à Bob, qui joue les intermédiaires auprès d'Andy.

Signe de tête affirmatif, we've got a request, 'Sometime world' , une ballade à écouter sur 'Argus'.

Sympa du groupe d'avoir fait une entorse au menu.

Du coup pas de 'Lady Whiskey' au programme , c'est avec le monumental ' Phoenix', en pensant à l'Ukraine, à Gaza et à toutes les régions où sévit la guerre ( le phénix renaît de ses cendres, comme tu le sais), que s'achève un  concert fastueux.

 

Le public applaudi à tout rompre, pas une âme ne songe à quitter le navire , pour éviter l'émeute, Wishbone Ash revient  et propose ' Living proof'  aux relents The Who et enfin l'instrumental éthéré  'Peace' !

 

A l'argus, la cote de Wishbone Ash est au plus haut , nettement supérieure en tout cas à celle de modèles plus récents,  polluant à l'électricité!




 









vendredi 26 avril 2024

Jazz ô Château - Anatole Jazz Quintet au bar Le Mustang, Saint-Quay - Portrieux, le 26 avril 2024

 Jazz ô Château - Anatole Jazz Quintet au bar Le Mustang, Saint-Quay - Portrieux, le 26 avril 2024

michel

 

L'édition 9 du Festival Jazz ô Château démarre par un concert gratuit, à 11:30', ce vendredi 26 avril.

Le Bar Le Mustang à Saint- Quay - Portrieux,  tenu par des gens sympas,  accueille  l'Anatole Jazz Quintet.

Non ces jeunes gens ridés , parfois chevelus ou plus rarement  chauves, ne sont pas originaires d'Asie mineure, leur local de répétition  niche à Saint-Brieuc.

Le répertoire est  éclectique,  allant du mainstream, à la bossa nova en passant par tous les bops, le jazz rock, le swing, l'afro cubain, le flamenco, la fusion ou le jazz pour les agents de propreté urbaine.

11:25:  ce n'étaient pas les grosses chaleurs sur la terrasse du Mustang , malgré le temps frisquet, le public a répondu à l'appel des sirènes de la note bleue pour assister au récital de Damien Quarré ( saxophone)  qui ne portait pas  de chaussettes rouges aujourd'hui, Christian Provost ( guitares) un monsieur  qui fait dans l'opposition, Eric Petiau ( piano électrique), Manuel Huguenin ( basse) et Gilles Durand (batterie).

On commence par quoi, les copains?

' Footprints' de Wayne Shorter, ça vous va?

Une mise en train élégante,  dégoulinant de groove, qui forcément laisse des traces sur la plage.

Ils enchaînent sur ' Les feuilles mortes' ,  ramassées à la pelle l'automne dernier.

Si les feuilles ont succombé , le jazz du quintet est bien vivant, Manu se tape un petit solo bien rond, suivi d'une escapade du saxophone, complétée par un roulement de tambour.

J'arrive, dit le brave Eric qui balance une couche de claviers toute  propre, la guitare reprend le thème,.

Dans le champ, Prévert et Kosma , admiratifs, ont souri. 

Sont pas mauvais, glisse Alice, émerveillée, à sa voisine qui écluse un kir breton.

Return Forever de Chick Corea avec  ' 500 miles high'  va nous emmener haut dans les cieux.

Guitare et piano brodent, la rythmique assure, le sax nous la joue Joe Farrell, dommage,  Flora Purim n'avait  pas pu faire le déplacement.

Le choix du programme se fait au vote, après délibération ils ont décidé,  qu'étant donné les températures fraîches, un petit trip au Brésil ne peut pas faire de tort, ils optent pour la bossa nova, 'Garota de Ipanema'.

Pourquoi pas a émis Stan Getz. Christian Provost a troqué sa flamboyante guitare rouge contre une semi-acoustique.

Après un nouveau conciliabule, c'est  ' La Fiesta' de Chick Corea qui jaillit, sans castagnettes mais avec pas mal d'étincelles.

Sont bons, conclut Alice, sa voisine est aux lavatories!

On quitte les Ibères et les danseuses de flamenco,  pour écouter du be bop avec  Charlie Parker  , 'Au Privave'.

Un morceau débridé du Bird, et c'est à un autre Byrd ( Charlie) que tu penses en entendant  Christian Provost aligner des riffs souverains.

Avant la pause, on  joue un titre pour les mouettes et les goélands, 'Conference of the birds' du contrebassiste Dave Holland.

La pluie fait son apparition, quelques spectateurs disparaissent.

Set 2

Pour les Bruxellois dans l'assistance, ' Bluesette'  de Toots Thielemans, personne n'a sifflé, pas même Toots.

Chick Corea numéro trois: ' Spain'.

Chick était un grand fan de  Narciso  Yepes , d'arabesques andalouses et  de broderies de Tolède.

Anatole aussi!

Depuis plus d'une heure, Gaston réclame ' Take Five' de Paul Desmond, un hit monumental pour Dave Brubeck.

Son voeu sera exaucé,  la version proposée par les Briochins valait à coup sûr  le déplacement, des applaudissements nourris ont ponctué  le rendu embrasé.

Christian avait promis un jazz rock, il arrive et clôture  le show, voici  'Trains' que Michael Brecker avait composé pour  Steps Ahead.

Une fantastique  ébullition de  jazz fusion, agrémentée d' un solo de guitare bien rock.


"A ne pas rater" avait indiqué l'organisation sur le prospectus, c'était bien vu!



 


 

jeudi 25 avril 2024

EP Sin Miedo - Chu Chi Cha

 EP Sin Miedo - Chu Chi Cha

 production: Sonica Vibes

Genre: electronic cumbia

michel 

Chu Chi Cha, est plus facile à prononcer que six saucisses sèches pour l'archiduchesse  de Sichuan

Arrivé à  Marseille avec son accordéon, en provenance du Chili, David Santis s'associe avec Loli (ta ) Ponce, violon/chant au sein du trio de Ruts, pour former Chu Chi Cha.

Le duo écume tous les bars des Bouches-du-Rhône pour faire danser  collectionneurs de santons et amateurs de bouillabaisse aux sons colorés de la cumbia.

Leurs performances ne passent pas inaperçues, très vite l'annonce COMPLET s'affiche dans les salles où ils se produisent.

Quelques singles voient le jour et, en avril 2024, ils accouchent d'un premier EP ' Sin Miedo'!

5 canciones.

1. Te toca. 04:24 ; 2. Anne dit no. 04:17 ; 3. Refugiado · 04:20 ; 4. Culo del mundo · 05:24 ; 5. Yo quiero · 05:57. 

Lolita Ponce: voix, violon, percussions, boîtes à rythmes (drum machines, samplers, synthesizers)  .

David Santis: voix,  accordéon, boîtes à rythmes (drum machines, samplers, synthesizers) .

Crédit photo et visuels: 4to Mundo/Aeline Dunand/ Emmanuel Guigou/ Thibaud Ponce.

Le duo, bleuté, sur fond sombre, arbore de distingués masques-lunettes fluo, fabriqués sans huile de palme  (30€ chez Frenchys,) , normal qu'avec un tel accessoire, ils n'aient peur de rien, comme le dit le titre de l'EP.

Le duo a repris 'Te toca'  ( touche-toi)  , un morceau de Combo Ginebra , groupe de new Chilean cumbia  dans lequel officiait David.

Chu Chi Cha habille la cumbia d'éléments electro  et ça marche. Les deux voix se complètent remarquablement, les beats techno n'anéantissent nullement les sonorités acoustiques de l'accordéon et du violon, le petit sifflement Ennio Morricone a beaucoup plu à madame, quant à ton chat, il s'est mis à courir derrière sa queue.

Ambiance dans le salon. 

Et que dit, Anne?

Comme la poupée de Polnareff, elle dit: non!

'Anne dit no'  qui peut se prononcer ' Andino',  combine électro virevoltant, cumbia péruvienne, rythmes cubains, flow hip hop, cris de condors et  appels de félins en chaleur, pour t'entraîner vers un état second,  proche de la transe.

Chu Chi Cha est le nom du sorcier!

Plus sérieux ' Refugiado' aborde le thème  des réfugiés, les milliers d'individus contraints de quitter leur pays dans l'espoir d'une vie meilleure, ailleurs.

Un titre  à rapprocher de certaines plages  prônant la justice sociale, que l'on peut entendre chez La Mano Negra.

La danse n'exclut pas la réflexion!

"Où tu m'emmènes, dis. Où tu m'entraînes, dis. Va pas si vite, dis,  attends-moi!"

Ecoute, Gilbert, ils ont décidé de nous emmener dans le ' Culo del mundo' , sur fond de tango frelaté et corrosif.

Astor Piazzolla, depuis le Cementerio Jardín de Paz à  Buenos Aires, a applaudi à leur ingéniosité!

L'extended-play prend fin sur les rythmes  contagieux de ' Yo quiero', une véritable explosion sonore, truffée de gimmicks futuristes sur lesquels se greffe un chant fébrile.

Pour terminer le mois d'avril, Chu Chi Cha se produit encore à Lautrec et à Toulouse.

Salue La Goulue,  si tu la croises!

 

mercredi 24 avril 2024

Fête de la Coquille Saint-Jacques - Jim Murple Memorial et Snakes in the Boots - port de Paimpol, le 21 avril 2024

 Fête de la Coquille Saint-Jacques - Jim Murple Memorial et Snakes in the Boots  - port de Paimpol, le 21 avril 2024

 

michel

 

Seconde journée festive à Paimpol.

Tous ceux qui n'ont pas fait une indigestion et qui ont cuvé leur cuite, sont revenus pour un deuxième tour .

Côté concerts, deux groupes au programme: Jim Murple Memorial et Snakes in the Boots!

14:00, les vipères sont lâchées, Hervé Bazin s'est collé face au podium pour assister à la prestation de Snakes in the Boots.

On sait qu'un jour, un python royal s'est fait la malle du côté de Rennes, par contre on ne l'a pas retrouvé dans une paire de santiags.

Snakes in the Boots, c'est un trio de rockabilly pur jus, composé de Thibaud Lefaix (chant, guitare acoustique), Matthieu Clervoy (guitare électrique) et Stéphane Ferlay (contrebasse).

Deux jeunes pousses et un vétéran, car l'ineffable Stéphane, aussi facétieux que Collaro, a pas mal roulé sa bosse ( Steve and the Ghosts, The Four Aces , The Hill Brothers, Vince & the Moon Boppers, Gena & the Midnight Loners , e a) .

Thibaud, très classe dans son costard brun clair, Matthieu, le barbu, en bleu ( normal) et Stéphane, en blanc crème, entament leur chapelet par 'Brown eyed handsome man' que Chuck Berry a gravé en 1957.

Pas de piano, pas de batterie, mais ça remue  en cadence:  bananes ,  vintage updos  et bras tatoués sont à la fête.

Après le nerveux 'Forty Nine Women' de Jerry Irby  vient   ' Barking at the wrong tree' de Don Woody.

Tous les cabots de Paimpol ont aboyé en réponse aux wouah, wouah, wouah .. du chanteur.

Après Carl Perkins et son  ' Gone, gone, gone'  et quelques balivernes imaginées par Stéphane, c'est ' Don't you do me no wrong' qui est lâché.

On te conseille la version d' Imelda May.

Mathieu reste stoïque, mais nous sert des riffs fluides, Stéphane travaille en slapping ou pince ses cordes lestement, le chant de Thibaud marie twang et flamboyance, son acoustique jouant le rôle de la rhythm guitar, ces gars connaissent leur job!

Un autre  point positif  : le répertoire. Ils ont le bon goût de servir des titres pas trop connus, ainsi t'as pas retrouvé le morceau où il était question d'une robe de mariée, ni  celui où un premier couple s'est essayé au lindy hop .

Le classique 'All by myself' de Johnny Burnette  a engendré l'enthousiasme, puis on a suivi Johnny Cash sur les berges de la ' Big River' où les peupliers s'agitent au vent.

Buddy Holly s'est ramené , il était prêt  à récupérer old Annie qui s'était tapé le ' Midnight shift'.

'I'm left, you're right, she's gone', quand Elvis pleure, il le fait avec classe.

Stéphane se sent une âme de stand up comedian, après un numéro burlesque, le trio entame le credo rockabilly ... we gotta rock, we gotta roll... comme Bill Haley l'avait promis on va bousculer le bazar ce soir, les petites rafales, incisives, de Matthieu giclent allègrement.

Et le trip continue, avec some Texas rockabilly 'Rocking Daddy'    de Sonny Fisher, suivi par l'histoire d'une nana who loves to mess my hair up, ce qui est vraiment chiant,  vu  les tonnes de  brylcreem  appliquées  avec soin .

' Thirsty mule' , une de leurs compositions, inspire Véronique Sanson, qui s'enfile un kouign-amann rapidos, pour pouvoir danser comme une jument  assoiffée.

Puis vient une romance en formule  downtempo, suivie par 'Rockin' Rollin' Stone' d'Andy Starr,  que le maire du village a connu sous l'identité de Franklin Delano Gulledge.

Gene Vincent a entamé une course avec le diable, ce dernier  a gagné l'épreuve avant d'être disqualifié pour usage de produits dopants.

'Red ants in my pants', ça pique, est de leur plume et George Jones n'a pas chanté que de la country, 'How come it'  remue salement.

Les reptiles terminent leur show par ' Big Iron' de Marty Robbins, le titre préféré de John Wayne.

L'organisation les repousse sur le podium pour un double bis, le fabuleux  'Pretty bad blues' de Ronnie Self  ' et 'That's all right' d' Arthur Crudup, version Elvis Presley.

Fin d'un  set revigorant! 

16:00 Jim Murple Memorial.

Après le rockabilly breton, le rocksteady/ska de Montreuil. 

Jim Murple Memorial, c'est près de trente  ans de scènes diverses, de festivals, de foires ou  de kermesses.

Evidemment, les musiciens qui ont gravé 'Rhythm & Blues Jamaïcain' en 1998 ont cédé la place à d'autres artilleurs, Romain Dallaine, lui, est toujours là, derrière caisses, fûts et cymbales.

On avait annoncé six musiciens et une chanteuse:  une guitare, une contrebasse, des claviers cachés derrière le capot d'une traction-avant, une batterie , une trompette et un saxophone.

Faux:pas de trompettes, mais deux saxophones!

Line-up probable: Romain Dallaine ( drums), Alban Le Goff, un prince albanais (keys), Thomas Schutte ( guitare), Pascal Blanchier ( contrebasse) , sans doute Xavier Bizouard ( saxophone) et un inconnu ( peut -être Mat le Rouge, alias Mathias  Luszpinski, au second sax), le chant est assuré par la séduisante Nina Dallaine.

L'excellente deejay s'adapte aux groupes programmés, après 'The beat goes' en version Prince Fatty  et ' One step beyond' de Madness, les gars de Montreuil se pointent pour balancer un instrumental rocksteady purulent,  présentant de légers relents ' Tequila' ( The Champs), l'orgue, en roue libre, donnant le ton.

Apparition de Nina qui pique un petit sprint, agrippe le micro et entame un premier ska endiablé, suivi par le bouillant ' Let's spend some love' .

Le standard jazz ' Love me or leave me' ,  à l'origine chanté  par Ruth Etting , prend d'autres couleurs interprété par Jim Murple Memorial, les saxophones en état d'effervescence, l'orgue sautillant et le chant pétillant de Nina  ont rapidement conquis le public.

Si tu veux que tout se passe bien, ' Keep cool', le message est engageant, le fond musical encore plus!

Paimpol chaloupe , quoi de plus normal dans un port.

Changement de style avec 'Romeo', un calypso à roucouler  sous un balcon à Vérone.

Si tu aimes Harry Belafonte, tu vas kiffer ( quel bête mot) , un second calypso.  ' C'est pas bon'  voit un orgue en pleine  ébullition, le truc évoque l'inimitable ' Shame and scandal in the family' de Shawn Elliott.

' C'est pas sérieux' nous renvoie vers une autre époque, celle  des Chats Sauvages.

 Face au podium tous les matous, mistigris, minettes et aussi quelques  souris peu farouches,   twistent en cadence.

Ils embrayent sur un ska philosophique,  'Pour être heureux'.

Tiens, Baloo est sorti de sa jungle!

Retour au reggae avec la queen of the Jamaican soul,   Phyllis Dillon  et son  'Love Was All I Had'.

Puis vient une autre grande dame, Wanda Jackson et  une longue  et mouvementée version  de 'Funnel of love'.

En 1959,  Carol Fran enregistrait ' Knock, knock' , un rhythm 'n'  blues  imparable, le combo de Montreuil reprend cette perle.

Après un nouveau titre aux fortes  senteurs  Caraïbes , le groupe propose un  dernier morceau, positiviste, ' A hand'  dont le refrain est repris par un public charmé par ce récital aussi  chatoyant que chaleureux.

Et comme il reste trois minutes, on en refait une, annonce Nina.

'Le temps de l'amour' , nous replonge à la grande époque de Françoise Hardy.

 Jacques Dutronc, l'auteur du morceau , jouait encore de la guitare pour El Toro et les Cyclones.

 

Good vibes in Paimpol on this sunny afternoon ( merci The Kinks)!

 









lundi 22 avril 2024

Fête de la coquille Saint-Jacques au Port de Paimpol - SBRBS et Les Kitschenette's, le 20 avril 2024

 Fête de la coquille Saint-Jacques au Port de Paimpol - SBRBS et Les Kitschenette's, le 20 avril 2024

michel

 

Pour l'édition trente de  la Fête de la coquille Saint-Jacques, il fallait se rendre à Paimpol, c'est ce que plusieurs centaines de camping-caristes avaient dans l'idée une semaine avant le début des hostilités,  le 20 avril!

Du coup, c'était la galère pour larguer ton tacot à proximité des quais.

Le marché, les dégustations, les spectacles de rue, les expositions, les visites de rafiots, les démonstrations de sauvetage en mer, l'élection de Miss Mollusque, c'est pas ton truc, tu t'es déplacé pour les concerts.

La Nef D Fous était en charge de la programmation.

Le premier jour prévoit à 15h : SBRBS ,  à 17h : Les Kitschenette’s, à 19h : Bops,  à 20h30 : Komodrag & The Mounodor et à 22h30 : 2 Many LULU’s.

Un emploi du temps copieux te permet d'assister à la prestation des deux premiers groupes.

SBRBS

Sous un soleil printanier le trio de Saint-Brieuc, aux fringues  "le noir est de rigueur" , rapplique.

Tu les connais pour les avoir croisés à Bonjour Minuit ou à La Grande Ourse,  tu sais que Marie Herbault  ( basse et vocaux) et Hadrien Benazet ( guitare et vocaux), flanqués de Franck Richard aux baguettes , ne font pas dans la dentelle,  ni dans l'arsenic, leur credo c'est le stoner/hard  bien rêche.

Attaque en force avec ' Blessings' , un  chant scandé , une  guitare acerbe, une  basse massive et un drumming ramassé, en résumé:  un anathème plutôt qu'une bénédiction !

Fuzz en continu pour amorcer   ' Heavy hearted',   plus grunge que coeur blessé! 

' Common lightning' est amorcé par des riffs T Rex , une cassure brutale intervient  alors que les têtes  headbangaient en mesure, la reprise n'en sera que plus brutale.

Hadrien a reçu un autre jouet, Franck attaque la suivante, ' The devil you know' ,   de front,  la guitare grésille, les voix grincent, ça pilonne dur.

La guitare initiale, immaculée, refait son apparition, ' Be brave' vient nous secouer fermement , en fondu déchaîné , 'How to trick someone into loving you'  matraque pire qu'un CRS s'acharnant sur un manifestant ayant trébuché à ses pieds. 

'UU' fait moins de deux minutes , le titre, relativement serein,  permet à Hadrien de s'essayer à  la broderie en pizzicato.

L'accalmie ne dure jamais, avec 'In control'  on retrouve les combats dans les tranchées, Franck vient de s'apercevoir qu'une cowbell se cache près d'une cymbale, il la martyrise brutalement, ses copains s'égosillent à l'unisson ...It's a matter of time, manner of mind I'm kissing last minute swerves...

'Pretty Steady Place',  qui s'entend sur l'EP de 2019,   voit le guitariste entamer quelques pirouettes  artistiques tout en lâchant des riffs meurtriers.

La fausse fin a surpris quelques spectateurs, l'explosion finale les a estomaqués.

Un petit tour aux  Caraïbes,  à 'Belize'   that's way too far,  avant les dernières cartouches, 'Life, shapes , now'  et  le bestial ' This is gonna suck'.

SBRBS, fidèle à son image, a gratifié Paimpol d'un set carré, compact et  sans compromis.

17:00,  Les Kitschenette's.

Un signe à l'excellente disc-jockey  qui vient de passer une version féminine de "I got a woman" de Ray Charles, qui devient ' I got a man' , on connaît celle de Judy Blank , on ne  lui a pas demandé qui chantait, car Les Kitschenette's  ont envahi la cuisine.

Tu les avais rencontrés au Binic Folks Blues Festival de 2019, comme tout le monde, t'avais apprécié.

En 2024, le line-up est différent: plus de Anne Saï, pas de Claude Enée non plus , indisposé, il  est remplacé par Romain, un légionnaire/batteur, par contre les maître-queux, Ludovic Renoult, alias Ludo Kitsch, et Lucie Maugrenier, alias Lulu,  sont toujours de la partie,  Gregory Fachon manie toujours guitare et orgue Philacorda, Lou' Szymanowski, mise en pli exemplaire,  tient la basse,   le nouveau guitariste se nomme Stéphane Larronde-Larretche.

Tenue de travail immaculée pour les marmitons,  chandail noir et robe en laine BCBG pour Lulu, Ludo a opté pour une cape de matador, une chemise blanche et une cravate retenue par une épingle,  empruntée à Karl Lagerfeld.

En attendant le coq et sa moitié, les  valets de cuisine balancent une intro sauce moutarde, périmée depuis 1966,  baptisée 'Rodéo'.

Les stars en piste, 'Le jerk à Pépé' est lancé, Lucie au sax, Ludo au chant.

Un voisin, connaisseur, lance,  Au Bonheur des Dames , Emile Zola a opiné du bonnet.

Les Problèmes, pas encore Charlots,  ont composé ' Pop jerk' en 1966, Antonin, un fringant Paimpolais  ayant fui l'Ehpad, entame une danse de sauvage ( dixit Mémé) ,  qui a  beaucoup amusé Lili et ta conjugale, toutes deux fans de Thierry Hazard.

Le trip sixties se poursuit avec ' Plus personne' , un truc qui sonne plus Lio ( habillée)  que Paul Personne.

Tu veux du twist toxique, voici 'Le poison', tu veux du Gouda,  voici 'Envoie-moi un Sexto' , une adaptation pour les  djeuns de 'Send me a postcard' des Shocking Blue.

Lulu encore plus vamp qu'Alice Donna attaque ' C'est pas prudent', l'orgue caracole, les backings cajolent.

José Salcy, tu connais?

Non, je connais José Bové.

On ne te parle pas de bovins, mais de chats, si dans une brocante tu déniches 'Les Filles-Chats' ( miaou, miaou) , achète, c'est un collector's item.

Eric Charden a composé ' C'est ma vie' pour Stone , un truc plus nerveux que ' Il y a du soleil sur la France' .

Surfing time, kids, ou comment 'Route 66' se mue en ' Jusqu'en 66'.

Il dit: la suivante est groovy !

Tu t'attendais à du Simon & Garfunkel, erreur , 'La nouvelle guerre de 100 ans' est là pour venger Jeanne d'Arc.

Un peu d'Australian beat music en direct d'un garage de Brisbane, voici ' Tu en fais trop' dont les compositeurs originaux sont Royce "Baby" Nicholls et Mal "Beaky' Clarke, membres des Fabulous Blue Jays.

Les Lionceaux versus les Scarabées 'Je te veux tout à moi' ou ' I wanna be your man' , Reims ou Liverpool, Raymond Kopa ou Ian Rush, au choix!

Après une dédicace pour un fan de Tressignaux, qui n'est plus là, et la perle oubliée de Francine Sarall ' ça m'est bien égal', c'est 'Ne te crispe pas' , une adaptation twist, orgue en folie, de 'Help Yourself' de Jimmy Reed qui est asséné.

Leur dernier single ' Breuvage del amor' ( Love potion n° 9) doit requinquer tous les asthmatiques, les Argan, et autres grabataires.

Et enfin, ' J'ai l'air de quoi' d'inspiration Jacques Dutronc et le subtil ' L'ascenseur' clôturent un concert revigorant et haut en couleurs!

Une bière plus tard, tu prends la direction de Saint-Agathon pour assister au concert des Animals.










The Animals & Friends et Alexi O à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 20 avril 2024

 The Animals & Friends  et Alexi O à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 20 avril 2024

michel

 

Après avoir quitté Paimpol et sa Fête de la Coquille Saint-Jacques, ta boussole t'indique la direction de La Grande Ourse, à Saint -Agathon, qui programme  une légende, célébrant the 60th anniversary of The Animals self-titled debut album.

La tournée  des  ANIMALS, après un crochet par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, s'arrête pour deux dates en France: à Vauréal dans l'Oise et à Saint-Agathon. Un grand coup de chapeau à Melrose pour avoir réussi à signer le groupe,  désormais mené par John Steel, the only original bandmember playing in the current incarnation of The Animals!

A 21h, devant une salle bien garnie ( les papies et mamies avaient emmené des teenagers, assez surpris en entendant l'âge du batteur ( 83 piges), aussi enthousiastes qu'eux), Alexi O s'installe.  

Alexi Orgeolet, un guitariste ayant étudié la musique hindoustani, qui se produit souvent en duo avec Alan Rouz  ou en trio avec le groupe Andrée, mené par Faustine Audebert ( Fæst), s'installe sur une chaise, dépose un instrument bizarre ( une sorte de lapsteel)  sur ses cuisses, l'accorde, avant d'entamer son set.

Comme un gars dans l'assistance l'interroge à propose de son jouet, il nous informe qu'il s'agit d'une harp Weissenborn guitar ou guitare/harpe hawaïenne ( it has seven main, four bass and seven treble strings).

Il la joue d'une main, en picking, de l'autre,  en slide.

' Virtual bar ' , un folk blues, lent,  chanté d'un timbre proche de celui de John Martyn, ouvre les débats, au bar matériel, les buveurs de mousse ne prêtent aucune attention au barde et éclusent leur pression en commentant les news de la semaine.

Faisant fi du  bruit de fond gênant, Alexi propose 'The Sleep' , une mélopée exotique, suivie par 'Houseband'  proposant une image, non virile, de l'homme au foyer.

La suivante, toujours aussi  nonchalante, s'écoule à la vitesse d'une rivière lente d'Asie ou du Costa-Rica.

Absence totale de remous, à peine un léger frémissement engendré par le mouvement d'une truite argentée, que des vaches, s'abreuvant à même le cours d'eau, contemplent d'un oeil amorphe.

Technique irréprochable, chant habité,  mais  sentiment de monotonie,  partagé par un voisin qui s'assoupit.

'Hunters' un jazz blues aux senteurs Leo Kottke se montre légèrement plus rythmé  et c'est avec ' Andy', un copain des Rita, que s'achève un concert poliment applaudi par un public bienveillant.


The Animals & Friends.

En 2010, à Lessines, tu assistes au concert d'Eric Burdon and The Animals, tu avais eu l'occasion de croiser la route des autres Animals, ceux de John Steel, lors des Gentse Feesten de 2008 et plus tard en 2011 au  Swing Wespelaar.

Les deux formations t'avaient laissé une excellente impression.

2024, Animals & Friends!

Line-up totalement différent: Pete Barton – bass, excellent vocals     John E. Williams – guitar, vocals  et   Mick Gallagher – keyboards s'affairaient  en 2008 et 2011, aujourd'hui, ce sont Danny Handley ( Boogie Williams & The Imperials, Danny Handley Blues Project , Ric Lee's Natural Born Swingers )– guitar, vocals/ Barney Williams ( The Milltown Brothers, Boogie Williams & The Imperials)  – keyboards, vocals et  Norm Helm ( Gary Boyle, Midnite Johnny, The Conquistadors)  – bass, backing vocals,  qui accompagnent l'inusable John Steel.

Comme Danny est du genre bien élevé, avant de ramasser sa Gibson, il lâche un good evening, everybody, un salut bien accueilli par la Bretagne.

Et c'est parti avec 'Baby, Let Me Take You Home' de 1964, le premier single gravé par les Animals.

Après la présentation des artificiers, c'est l'increvable 'It's my life' et sa basse caractéristique, qui déboule.

Claviers piquants, guitare lourde et drumming précis, remember, remember... qu'il dit, et non seulement on se souvient, mais on hurle à tue-tête.

La magie ressurgit , Danny nous rappelle qu'aux origines les Animals étaient un des premiers  r'n'b bands au UK, ils reprenaient 'Bright lights, big city' de Jimmy Reed ,  ce sont  nos yeux  et nos pavillons que les bright lights illuminent ce soir .

John est pareil à lui -même,   avec les nouvelles bêtes, il a fait le bon choix, Danny est non seulement un excellent vocaliste et guitariste, il est également un entertainer né,  qui a le sens de la communication, Barney vaut  Mickey Gallaguer et le jeu de basse de Norm  égale celui de John Entwistle des Who.

'I believe to my soul' de Ray Charles permet à Barney de se mettre en évidence aux vocaux et à l'orgue. Des frissons parcourent ton épine dorsale, les yeux de ton voisin clignotent.

Accélération sévère après le gospel de Ray,  'I'm crying' secoue l'assemblée, pas le temps de sortir le kleenex, ils enchaînent sur une autre perle ' Bring it on home to me' de Sam Cooke.

Pas mal de groupes se sont cassés la gueule en reprenant ce classique, pas les Animals!

'Don't bring me down' ( Gerry Goffin/ Carole King) ,  sa guitare  à la Dave Edmunds et  son orgue de foire, précède 'Big boss man' que Danny décore d'un solo crapuleux, avant un exercice de boogie woogie du pas borné  Barney.

En Australie, on a joué devant des milliers de  filles en bikini, pas de mini-slips à Saint-Agathon,  mais une ambiance du tonnerre ( beaucoup mieux qu'à Brest).

Barney au chant pour 'Im going to change the world'  de 1965.

Du changement il y eut , la question reste en suspens pour savoir   si c'est mieux!

Amorce nocturne de Chopin pour l'indémodable ' Don't let me be misunderstood', toute la Grande Ourse a tremblé et vibré.

Une claque phénoménale!

Moins connu ' Inside looking out'  voit Barney vapoter en cachette, pendant que ses potes  s'emballent, il attendait son tour pour nous placer une intervention éclairée, le morceau part en jam funky, Norm se tape un solo de basse pas con, puis vient le grand  moment de Danny qui brode et place quelques bribes de Santana dans l'exercice.

La grande classe, ces gens s'amusent et font le job, pas comme des fonctionnaires fatigués, mais comme des jeunes loups aux dents longues.

Le medley Bo Diddley, 'Hey, Bo Diddley/ Who do you love'  voit le train débouler à une vitesse TGV, Danny Handley a sorti le fusil mitrailleur, tous aux abris!

Calmé, il lance, we're gonna make Saint-Agathon sing the blues, 'Night time, is the  right time',   qu'ils ont enregistré avec Sonny Boy Williamson,  le voit se promener dans la salle en incitant le peuple à reprendre le refrain.

A toi, Norm, la basse lance un mémorable 'We've gotta get out of this place'  qui parachève une prestation exemplaire.

Ils se tirent, mais tout le monde sait qu'ils vont se repointer.

John  quitte ses fûts pour présenter un titre enregistré il y a 60 ans, il   qui n'a pas pris une ride, la version des Animals de 'House of the rising sun' restera à jamais la plus plébiscitée.

 Le vétéran  nous rappelle que Bob Dylan,  en l'entendant pour la première fois,  est sorti de sa voiture pour tabasser le capot en mesure.

Rideau!

Comme un mec l'écrivait:  John Steel and his friends are keeping The Animals'  timeless and captivating  catalogue live on stage, it speaks  to everyone, older fans  but also to    the younger generation!

 

PS : Let the good times roll, baby!


 



 







 

lundi 15 avril 2024

Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024

 Pandapendu et bou  à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024

michel

 

Pour célébrer la sortie de son premier album,  'Satellites' , le panda qui a quitté les forêts de l'Himalaya pour se pendre dans les Côtes d'Armor, a investi, avec ses petits copains, le club de Bonjour Minuit. 

Ambiance zoo en folie place Nina Simone, d'autant plus que le support, bou, avait emmené une belle bande de  partisans presque aussi allumés qu'eux.

bou: une rime?

mou, raté! doux, à côté! roux, peroxydé mais pas roux ! saoul, trop tôt! flou, enlève le l....

Avant la prestation du combo, basé à Rennes avec des transfuges briochins, on jette un oeil  à l'imposant  barda déployé sur scène, outre les instruments traditionnels, tu contemples une batterie de casseroles, des fleurs, pas arrosées, et des  coeurs en  carton , soit un décor Bonhommet et Tilapin ou Club Dorothée, selon la chaîne choisie.

Ils sont cinq, jouent tous de tous les instruments ( guitares, basse, keys, drums, shakers, wood-blocks, claves, tambourins et marmites) et chantent, soit en harmonie, soit à tour de rôle.

Ils disent s'appeler  Blaize, Go, Léonard, Atide et Illy!

Il semblerait que leur identité véritable sonne, dans le désordre,  Philémon Hummel, Mathilde Hamon, Hugo Ablain, Basile Tuauden et Lény Roiné. 

On trouve la trace de certains d'entre eux chez, e a,  Ebel Elektrik, Ihris, Off Swing Quintet, Hola Laurel, Mansion's Cellar,  Catherine Baseball, Don Dias....

L'an dernier ils ont enregistré un cinq titres, un petit frère ( ou une petite soeur) doit naître en mai.

Genre?

Il le qualifie d'art absurde, dans ce melting-pot tu trouves: du baroque pop, du hip hop,  du post disco, du rock choral, des touches de mainstream, de la transe, du noise, un brin de kraut et des tonnes d'humour!

Sur les papiers gisant sur le sol tu lis 'Costellax' comme titre du premier morceau, tu ignores s'il s'agit d'un laxatif, d'un enfant non reconnu d'Elvis Costello, d'une ville des Alpes-de-Haute-Provence ou  d'un héros de série télévisée, ce que tu sais par contre, c'est que ce morceau élastique passe par différents mouvements. Démarrage sautillant et frais,virage prog, improvisations dada, tu peux penser à Weezer, ayant flirté avec les Breeders, aux Mothers of Invention se tapant une choucroute avec  les B52's .

Seconde plage après un jeu de chaise musicale, tout le monde change de place et de jouet, 'Do you wanna talk about your sister'  est lancé, ce morceau tonique évoque Arcade Fire.

Une intro nippone amorce ' Kamloops'  au chant, scandé et saccadé, reposant sur des boucles enroulées autour de percussions tribales puis vient le virage hip hop. Pas facile de les suivre dans leur trip chaotique ne manquant pas d'intérêt.

Quoi, , Adèle?

Ce truc déchire!

D'accord!

Avec ' Don't restrain' ils nous balancent une nouvelle plage montagne russe pleine d'écume.

Si tu dois gerber, Carole, évite de le faire sur mes pompes, cirées ce matin. 

Sont aussi dingues que Freak It Out, vus à Langueux!

'Family Dish' débute sur fond de rengaine enfantine , le morceau vire noise , Blaize,  mordu par un scorpion amené par le sable du Sahara, se pique d'une crise d'épilepsie, il vient se coucher sur la loop station d'un des guitaristes, du coup, toute la troupe enchaîne sur un hymne, en forme de valse,  à la gloire de Saint Brilleux, une ville plus briante que Saint-Nazaire, un vrai désert.

'All is as it should be'  marie pop à la Maria Carey  et final tribal à rendre fou Carlos Santana et sa clique.

Par contre on se demande ce que l'ami Pierrot venait faire au clair de la lune.

Vachement déconcertant, leur cocktail! 

'No City' , ses sirènes et ses manifs d'étudiants, précède la dernière du set ( après un signe de l'organisation) ,  un midtempo presque classique  prévu pour le prochain EP!

Un set malicieux, non dépourvu d'intérêt! 

Pandapendu.

Tu vois un rapport entre Pandapendu, Aya Nakamura, Thérèse, Makoto San et Kazy Lambist?

Sont tous casernés dans le même jardin zoologique? 

Faux, sont tous dans la playlist de Phenixwebzine!

Donc après l'EP éponyme, sorti en janvier 2022, Yann Ollivier  revient avec un premier full album: "Satellites", toujours épaulé à l'écriture par Maxwell Farrington, comme lui un père Noël à ses heures perdues,  et produit par un autre pote,  Elouan Jégat, membre, au même titre que Yann, du regretté Thomas Howard Memorial.  

Depuis la dernière fois où tu les as croisés, l'équipe n'a pas changé, le coach est satisfait de leur tenue sur le terrain: Yann Ollivier ( chant, guitare, mellotron) ,  Thomas Kerbrat ( batterie, programming)  et  Gregory Perrochon ( basse)  se pointent vers 22:20' sous les vivats d'une foule acquise à la cause du panda.

Thomas, de ses doigts agiles, manie les boutons du sampler et balance l'intro du mélodieux  ' Vaporise' .

La voix veloutée du barbu, le drumming précis et radieux de Thomas, la basse caressante de Greg, tout s'emboîte à merveille pour faire de 'Vaporise' un exemple parfait de dream pop finement fignolée.

'L'Ange'  a la peau douce, tout le monde le sait.

Après ce midtempo céleste vient 'Fajitos et Parasol' , encore plus délicat qu'une brise printanière .

Un éloge au farniente où le seul effort autorisé est de tendre la main pour saisir le mojito qui traîne sur une table à l'ombre du parasol.

Elle est pas belle la vie?

Mais oui, Richard, on est bien là!

Lignes de basse Peter Hook,  sans crochet,  pour introduire le tube 'Ruskof' . Yann est passé derrière le mellotron, on le suit ,  dans l'idée de voler le soleil, car si au Qatar on ensemence les nuages pour produire de la pluie, en Bretagne on préfère le soleil.

Une mute trumpet invisible et un drumpad bien caché  amorcent ' Falling in love with you' , un titre à la cool qui pulse élégamment  et atteint le niveau des productions de Vampire Weekend ou de Tame Impala.

Yann, très à l'aise, se paye une promenade de santé dans le public, Gregory et Thomas,  détendus,   sourient.

Bonjour Minuit, ready for the ' Pyjama' party?

Le refrain addictif et faussement naïf  ... Mais oui, je sais, que je suis en pyjama et qui le sait que ce soir je dors dans mes bras. Mais oui, je sais que je suis en pyjama,  l'envie froissée, cocooning avec mon panda... est repris par tous  les gosses,  de 6 à 70 ans, présents dans la salle .

C'est comme le fou rire,  irrépressible!

Si Voulzy a fait un tabac avec 'Le coeur grenadine' ,  Pandapendu  devrait cartonner avec ' Pyjama'.

' Surrender', et ses flagrances trip hop,  sera le morceau le plus sombre du set mais pas le moins apprécié.

'Summertime', ou l'été sans les Indiens, fait dans la synth pop soyeuse, t'invitant à danser un slow, en bermuda, avec une fille bronzée,  corps athlétique, ventre plat et  dents blanches.

Mais fais gaffe car les bébés requins peuvent dévorer le coeur des jeunes présomptueux !

La basse new wave de Greg donne le ton sur 'My tragi-comic mystery', Thomas, tout en tapotant ses caisses,  manie l'échantillonneur, qui balance  des sonorités typiquement Factory , années 80, Yann plane, de là haut, il survole Manchester.

Sur l'album ' Le Pire' est chanté en duo avec Maxwell Farrington, il n'est pas présent ce soir, cela n'empêche pas le morceau de tournoyer joyeusement.

'Le minois ' nous renvoie vers une époque lointaine, celle où Alain Chamfort  chantait ' Bambou' ou 'Manureva'.

Grâce, frivolité  et  souplesse, un trio gagnant!

Toujours en mode pop rêveuse, 'Paris-Londres', son chant synthétique et  ses sonorités éthérées,  renvoie vers des groupes tels que Lush ou les oubliés The Sundays.

'Thanks' suit la même voie, le jeu tout en finesse de Thomas, la basse au groove raffiné de Gregory et le chant murmuré de Yann, bercent  le coeur et apaisent l'esprit , mieux qu'une séance de Qi Gong, tarifiée à 45 €  l'heure.

'Believe it' et sa basse ' Blue Monday' invite à la danse  et c'est avec le titre ' La révérence', aux senteurs Christophe,   que le groupe prend sa retraite.

 

Pandapendu, ce sont des arrangements soignés, des ondulations fluides, une pop solaire et sophistiquée, jouée par trois individus qui ne se prennent pas la tête. 

Tu peux  consommer sans modération, aucun effet indésirable à craindre sauf, peut-être,  un risque d'addiction!

 


 



 





 

 





 


samedi 13 avril 2024

EP - Altered Five Blues Band - ‘Testifyin’

 EP - Altered Five Blues Band - ‘Testifyin’

Blind Pig Records 


electric soul blues


michel

 Altered Five Blues Band naît en 2002 sous l'identité Altered Five, à Milwaukee , une ville qui a vu naître des gens aussi recommandables que Steve Miller, les Violent Femmes, James Chance, Al Jarreau, The Baroques, Les Paul ou  le fabuleux Spencer Tracy et encore, Reginald Lisowski, le catcheur, connu sous le surnom The Crusher.

Le band débute dans les clubs locaux en jouant des reprises  blues, leur premier album, '  Bluesified' de 2008,  ne contient que des covers retravaillées en mode bluesy , si 'Fortunate Son' du Creedence paraît normal, 'Hot Legs' de Rod Stewart peut surprendre.

Sur ' Gotta earn it ' de 2012, les gars du Wisconsin  introduisent plusieurs compositions de leur plume.

Quatre plaques compètent leur discographie: 2014  Cryin' Mercy  / 2017  Charmed & Dangerous  /  2019  Ten Thousand Watts /  2021  Holler If You Hear Me

Lors de leur passage à La Grande Ourse à Saint-Agathon, en mars 2023, la liste s'arrêtait là, nous sommes en 2024, les gars nominés lors des 44th Blues Music Awards pour 'Song of the Year' de 2023 avec le titre "Great Minds Drink Alike", reviennent avec un cinq titres flambant neuf: ‘Testifyin’!

Témoigner quoi?

Leur attachement au soul/blues généreux et efficace.

 

  1. Don't Tell Me I Can't 03:44
  2. Whiskey Got Me Married 03:51
  3. Brand New Bone 03:18
  4. I've Got The Scars To Prove It 05:10
  5. You Can't Win (If It Ain't Within') 03:38

Line-up: Jeff Schroedl. Electric Guitar ; Jeff Taylor. Lead Vocals ; Mark Solveson. Bass Guitar ; Steve Huebler. Piano/Organ; Alan Arber on drums, soit les gens que les assidus de La Grande Ourse ont pu admirer l'an dernier.

The album has been produced by Tom Hambridge

La pochette, des plus classiques, affiche un cliché, retouché esthétiquement,  du quintet. 

Démarrage en force avec le funky soul blues 'Don't tell me I Can't' pour lequel Max Abrams au saxophone et Julio Diaz à la trompette viennent apporter leur concours et ajouter une touche Muscle Shoals Horns à cette composition à la fois musclée et juteuse.

L'orgue de Steve Huebler et la guitare incendiaire de Jeff Schroedl, qui a écrit le morceau, s'en donnent à coeur joie, la rythmique, bien charpentée, jointoie le mélange, aucune fissure à craindre et puis il y a le timbre déterminant de Jeff Taylor, puissant et chaud à la fois.

Un message?

Faut pas prétendre que je ne peux pas, ça peut prendre la journée entière, mais je vais y arriver, capisce?

Devant le maire: Jeff Taylor, un flacon de Johnnie Walker et une madame dont les jambes ressemblent à celles que tu peux voir sur l'image illustrant ' Legs' de ZZ Top, voilà, en bref l'explication du titre 'Whiskey Got Me Married'.

Un twelve bar  blues vicieux, renforcé par l'harmonica  cinglant et affuté, tel un sabre de samouraï, du légendaire Jason Ricci.

Jeff Taylor  a dû  avaler des litres de pur malt pour disposer d'une tessiture vocale à ce point râpeuse, Big Joe Turner est jaloux.

Petit piano ,lors du démarrage, il est couché sur une rythmique  à 12 mesures typique, faut attendre un peu avant d'entendre Jeff Schroedl placer les stiletto licks dont il a le secret.

Après les anecdotes   boozy,  une histoire d'os,  like a dog with a 'Brand new bone' I can't leave you alone.

Jason Ricci est à nouveau de la partie pour étoffer  ce swampy blues canin.

Fais le beau, toutou, secoue la queue, va chercher le bâton... c'est sûr, il est sérieusement accroc, cette madame  le mène par le bout du nez.

Pas de blues sans  slow assassin, voici  “I’ve Got the Scars to Prove It.”, dominé par l'orgue Hammond de Steve Huebler. 

Jeff Schroedl nous place un long solo fluide nous rappelant le regretté Gary Moore, Jason Ricci quant à lui ajoute une ligne d'harmonica, histoire de camoufler toutes ces  cicatrices psychologiques .

L'autre Jeff gémit à faire pleurer Jacques Brel, ... Non Jef, t'es pas tout seul, mais arrête de pleurer comme ça devant tout le monde... 

Un grand morceau! 

Pour boucler l'exercice,  '  You Can't Win (If It Ain't Within')  déboule à une allure qui a mis tous les radars de la highway en alerte, le baryton du bullfighter impressionne à nouveau, la section rythmique ne tombera pas en panne, autonomie illimitée, Jeff , en mode Freddie King, multiplie les petits soli , et  l'orgue de Steve rappelle feu Gene Taylor, ex Canned Heat, Fabulous Thndebirds,  The Blasters , James Harman... un mec qui a eu la bonne idée d'emmener ses claviers en Belgique pour terminer une vie  bourrée de péripéties.

Cinq titres qui pètent le feu...

 The blues is still alive and well, disait Buddy Guy, il suffit d'écouter l' Altered Five Blues Band pour en être convaincu.






vendredi 12 avril 2024

Jazz Ô château - conférence de presse au Kasino de St Quay -Portrieux, le 11 avril 2024

 Jazz Ô château  - conférence de presse au Kasino de St Quay -Portrieux, le 11 avril 2024

A l'aube de la neuvième édition, se déroulant  du 26 avril au 5 mai, toute l'équipe de Jazz ô Château a réuni la presse au Kasino de Saint-Quay-Portrieux, la station qui, pour la première fois depuis des lustres,  est baignée par un soleil éclatant.

Une première pour la nouvelle présidente de l'association Quand le Jazz est là, Sylvie Guillemy, c'est à elle que revient l'honneur de dévoiler le programme.

Quelques nouveautés en 2024: un village exposition dans les jardins du château de Pommorio et une résidence artistique  pour promouvoir la pratique et l'apprentissage de la musique, des élèves des écoles de musique de Ploufragan et de Langueux ont eu l'occasion de travailler autour du répertoire du groupe  Voilà,Voilà:  ils se produiront sur scène pour accompagner les Voilà, Voilà dans leur répertoire Rhythm'n'Blues et Swing, le dimanche 5 mai  à Tréveneuc, tout cela a été rendu possible grâce au partenariat avec le Département et Saint-Brieuc Armor Agglomération.

La tradition est respectée, concerts gratuits et payants vont se succéder.

Free of charge -

 

Le 26 au café Le Mustang à St Quay, à 11:30':  Anatole Jazz Quartet 

Le 29: Les Amateurs, à 11:30', au Bar de l'Ecume à St Quay 

Le 1 mai, au Kasino ( réservation souhaitée): Philippe Beston Trio.

Le 2 mai: au centre des congrès à St Quay: Philippe Dardelle Quartet

Le 5 mai: place du bourg à Tréveneuc à 11h: Stratus sextet.

à 15h: une chorale gospel se produit à la salle des Loisirs de Tréveneuc, puis vient de concert de Voilà Voilà.

 

Concerts payant au Château de Pommorio-

le 3 mai à 18h: au jardin, Singin in the Rennes. 

et à 21h:la star, Robin McKelle

Le 4 mai:

18h au jardin;: Quartier Libre Tio

Suivi par un double concert, piano à l'honneur, avec Simon Denizart et Yessaï Karapetian.

 

Pour être complet: le 30 avril au cinéma Arletty, un documentaire consacré à Thelonious Monk

le 4 mai: une master class menée par Sophia Tahi

toujours le 4 mai: Claq'n Tap de Lannion viendra étaler son savoir-faire lors d' une démonstration de claquettes  

Guillaume Kosmicki donnera une conférence consacrée aux Compositrices du Jazz.

 

Après le mot des édiles, place au buffet!


Billetterie sur le site ou à l'office de tourisme de Saint-Quay.


PS: l'an dernier les concerts au Château affichaient en grand: COMPLET!

 

 



mercredi 10 avril 2024

album - Mick Torres Plays Too F​*​*​*​ing Loud - Chatte Royal

 album -  Mick Torres Plays Too F​*​*​*​ing Loud  - Chatte Royal

 Kapitan Platte

michel

math rock/post rock 

Chatte Royal:  manque pas un e, me glisse un amateur de polars qui a lu Tera Papars.

Comme on n'est ni là pour faire du San Antonio, ni pour décrire l'anatomie d'une madame qu'on ne connaît pas, on s'en tient à Chatte Royal.

Le groupe existe depuis 2020, il a pondu ( bizarre  pour une chatte) deux EP's ( ' Septembre' en 2020 et 'Petit Pansement' en 2022),  en mars 2024, il nous lègue un full album : Mick Torres plays too f***ing loud!

Diego Di Vito, l'instigateur du projet, fait aussi partie de We Stood Like Kings,  le band mené par  Judith Hoorens, tu les as vus quelques fois, mais à l'époque la guitare était tenue par Steven Van Isterdael.

La maffia est bien présente au sud de Bruxelles, donc Diego  a aussi joué chez Romano Nervoso et  il place quelques accords pour  Ana Diaz et Isadora.

Dennis Vercauteren, le batteur, présente un beau bristol: les vétérans Such a Noise,  du jazz avec le Téo Crommen octet et TWID Quartet,  du métal avec Trevox Nala, il accompagne encore la chanteuse Perdriya,  mais ne joue pas au foot.

A la basse, de Valenciennes, le barbu François Hannecart , il sévit chez Oddism et Mister Alv & Sweet Soul, et il a sorti sa raquette chez Jimi Connors Experience.

La recrue la plus récente se nomme Téo Crommen, fils de Thierry, le pape de l'harmonica, et copain de Denis.

Ce guitariste au background jazzy dirige son ensemble et a foulé des scènes avec, e a,  Green Moon ou le Oakstreet Trio.

Tout ce beau monde est donc crédité sur  'Mick Torres Plays Too F​*​*​*​ing Loud ', un album dont le dessin de la pochette  représente une chatte blanche, aux oreilles roses, couronnée d'un diadème serti de pierres précieuses.

Philippe Geluck n'est pas dans le coup, Otto Messmer, non plus, et ne nous demande pas qui est ce Mike Torres qui joue trop fort, on l'ignore, comme Vercauteren, il ne joue pas au foot, ni à Anderlecht, ni à Liverpool.

tracks:

 1. BONJOUR
2. VICTORIA WONG PT.2
3. ZIO NERVOSO
4. SUSHI
5. POU MI
6. INTERLUDE
7. MARTY MCFLY
8. LA TRAHISON 

Le math rock/post rock est  souvent synonyme de musique instrumentale, c'est le cas avec 'Mick Torres Plays Too F​*​*​*​ing Loud ' qui débute, car ces gens sont d'une politesse presque surannée, par le titre 'Bonjour'.

Une salutation concise, elle fait 1' 17", après une intro ciselée, aussi sinueuse que certaines broderies de Steve Hackett, la grosse artillerie intervient  et ce qui ressemblait à une composition de John Dowland, interprétée par Jan Akkerman, explose en méchant  post rock, style Explosions in the Sky, sans perdre le sens de la mélodie, d' harmonieux arpèges transpercent le chaos.

Les noms de baptême imaginés par les parents de ces 8 enfants interpellent, comme il s'agit d'une histoire sans paroles, tu te demandes qui est cette 'Victoria Wong' , t'as bien compris que part 2 renvoyait à leur premier EP, sur lequel tu pouvais entendre la première manche.

Victoria Wong, donc, une pianiste canadienne? une actrice? une blogueuse? une volleyeuse? un médecin? ... aucune importance, la composition, exubérante, enchaîne mesures asymétriques, riffs sereins,  contrepoints, envolées prog rock, drumming indompté ,  pizzicatos subtils,  passages agressifs, sans qu'il soit question de chaos, ces gens maîtrisent l'art de la variation à la perfection.

Le schéma se répète avec la suivante, 'Zio Nervoso'.

Cet oncle nerveux est-il  Giacomo Panarisi, l'apôtre du spaghetti rock et  collectionneur de panneaux de signalisation mentionnant La Louvière, on peut se poser la question!

Démarrage en force, apaisement fugace, il n' y a que Dennis Vercauteren à maintenir un cap sec, les autres jouent à saute-mouton, passant de l'olympien, au féroce, avec quelques pointes de hardcore, pour, ensuite,  revenir au cinématographique.

Quand tu y penses, la Belgique est terre bénie pour le math- ou post rock, depuis sa création le Dunk Festival à Zottegem ( désormais Gand)  a programmé la crème du genre: Pelican, Mono, And So I Watch You From Afar, This Will Destroy You, Thee Silver Mt Zion et les gloires locales inspirées par tous ces grands noms: Cecilia:Eyes,  Madensuyu, Casse Brique, Brutus, Glass Museum ... Chatte Royal attend son tour.

Après avoir quitté le tonton d'Ascoli, on se tape un Japonais, comprends - nous bien, un resto japonais, pour avaler des ' Sushi ' , sans mayonnaise s v p!

Assez plaisanté, ni les gens de Kyoto, ni Chatte Royal sont des amateurs de gimmicks médiocres, leur math rock est du genre élaboré et robuste, donc, petit chat, bien  mâcher le poisson.

Les guitares, souvent abrasives, virevoltent, bricolent des accords  imprévisibles et contrastés, tandis qu'à l'arrière une rythmique rugueuse scelle le mur sonore d'une couche d'enduit qui tiendra le coup pendant au moins un millénaire.

Et que proposez - vous comme boisson avec les sushi?

Bête question: du saké  non dilué!

'Pou Mi'.

C'est du créole?

Aucune idée,  ils vivotent à Mons, c'est peut-être du wallon tendance picard, mais pas surgelé!

Après une intro à la guitare,  aux sonorités poétiques, style Premiata Forneria Marconi,  basse et batterie viennent changer la donne et muscler la composition, mais le math rock, c'est comme un yo-yo, ça monte, ça descend.

Et ça demande de l'adresse, le fils du voisin s'est tapé un rendez-vous avec l'arracheur de dents après s'être  expédié   le jouet  sur  la mâchoire.

Un 'Interlude' ça sert à meubler un trou et ça te permet de te diriger vers le frigidaire, d'en sortir une Maes, de la décapsuler  et de la vider d'un trait avant 'Marty McFly'.

Back to the Future , du  math rock  comme B O pour une suite de la trilogie starring Michael J Fox,  comme ce dernier connaît quelques problèmes de santé, les producteurs ont pensé à Dany Boon.

Un jour, euh, un soir, t'as assisté à un concert de Don Caballero au Recyclart, c'était tellement puissant et percutant qu"en sortant du trou, t'as vu un mec, présent dans le bunker, essayer de singer le jeu du batteur en martelant les poubelles de la rue, t'as ressenti la même impression à l'écoute de 'Marty McFly'.

Il en reste une, ' La Trahison'  que tu ne risques pas de confondre avec un titre de Vitalic, car s'il est vital d'écouter Chatte Royal, on n'en dira pas autant de la techno/ disco/ synth wave pour supermarché du bricoleur de Dijon.

Chacun son truc,  rétorquent les fans  de bidouillages électro, une argumentation défendable, donc on revient à l'ultime morceau de l'album qui, pendant près de huit minutes,  propose un condensé de  toutes les caractéristiques évoquées dans ce qui précède: en bref, désintégration des codes de la métrique pour faire place à l'inspiration créatrice!


Le 11 mai Chatte Royal se produira lors du Godifest à Godinne!


 

 

 



 




 


dimanche 7 avril 2024

Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024

 Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume  à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024

michel

 L'association Arsen'Ic à Binic a pour but  d’aider les créateurs à réaliser leurs projets, de la création à la diffusion, dans les domaines de l’audiovisuel  de la musique, et de l’événementiel.

Elle a fait la une de la presse locale pour l'organisation d'un festival de courts-métrages amateurs, cette année encore, si tu te sens une âme de réalisateur, tu peux participer au concours, date limite pour envoyer ton mini-film : le 30 septembre.

En ce premier samedi d'avril, l'association joue sur un autre tableau: l'organisation d'un double concert à l'Estran, le centre culturel de la cité balnéaire.

Les invités, Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume, originaires de la région Rhône/Alpes,  connaissent bien Binic, pour y avoir tourné un court-métrage, suivi d'un gig impromptu au Chaland Qui Passe.

Le concert est annoncé à 19:30, heure à laquelle on dénombre une vingtaine de personnes, dont 15 membres de la famille  d'un des artistes,  dans une salle qui peut accueillir 250 âmes, bien ou mal nées, ça craint!

Heureusement que l'événement est gratuit,  on n'ose imaginer le résultat s'il avait fallu débourser un on deux billets de banque  à l'entrée.

Solution: retarder le moment du kick off et attendre l'éventuelle arrivée d'un peloton de retardataires.

19:50, courte allocution de l'organisation et premier concert: Fleur Sous Bitume!

Ce n'est probablement pas un hasard si Bertrand Blohm, artiste  franco-allemand,  a choisi Fleur sous Bitume comme pseudo, phonétiquement Blume et Blohm sont proches et puis il connaît peut-être la poésie d'Emile Goudeau.....Que t’importent la rose, et l’humble marguerite, et l’insupportable muguet ? Le bitume a des fleurs dont le parfum irrite : va donc m’y cueillir un bouquet....

Ceci dit, ne va pas le comparer à Charlotte Julian,  la fleur de province.

Par contre, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, pas mal de rappers le citent comme source d'inspiration.

Le jeune homme, à  la frêle apparence  semble sortir de l'adolescence et pourtant son parcours débute il y a plusieurs années, son premier EP date de novembre 2019, il était précédé de quelques singles.

En principe, Bertrand est accompagné sur scène par le pianiste Armand Cheneval, ce soir la fleur est seule à pousser sur le macadam ( sans penser aux dames de petite vertu, expression désormais surannée).

Après être sorti des coulisses, le garçon ramasse sa guitare acoustique ( ce n'est pas courant du rap joué à la guitare) , s'accorde , égrène quelques notes pour entamer 'Dans le noir', un titre à la poésie nocturne désabusée.

Au bout d'une minute, Simon Tabardel, derrière les manettes du sampler, balance un son soigné  qui vient se greffer sur le  jeu de guitare et la voix.

L'acoustique est délaissée pour la suivante  tout aussi introspective et sentant la déprime, dans sa tête..... des idées noires...  des constats... traquer ...les assassins de rêve...

Tout le set sera constitué de chansons mélancoliques aux couleurs ternes, le gris est dominant

La solitude, le spleen, les doutes, l'indécision, l'impression de vivre dans un monde où tu n'as pas ta place, Bertrand chante tout cela, parfois en mode folk, souvent  sur un flow rap, oui mais du rap romantique, plus proche de Lamartine... L'âme triste est pareille au doux ciel de la nuit. Quand l'astre qui sommeille de la voûte vermeille a fait tomber le bruit... que de Booba ou de Kalash Criminel.

Alternant titres à l'acoustique et flow clair sur bandes enregistrées, il peut évoquer Stromae, dans ses titres les plus intimes ou les plus sombres ( L'enfer), et  Sage Francis, de l'autre côté de l'Atlantique.

'Et à chaque fois qu'on entend l'orage' extrait du dernier l'album ' Organiser le chaos' exhibe  à nouveau sa vulnérabilité et  sa sensibilité exacerbée.

Dans ' J'en veux',  il confesse ...  plus de 40 chansons que je n'ai pas finies... mais il ne veut pas sombrer dans le noir, les étoiles, il les a vues tomber, d'où le constat: ce monde, il n'en veut pas!

On te l'a dit, il n'est pas à sa place dans cette société matérialiste.

100% déprime,  on lui a dit... quand vas-tu trouver un vrai métier, ce que tu chantes n'a pas de sens... ( 'En boucle') et pourtant il se pourrait bien que la prophétie de Gilles Archambault “La vie est impitoyable pour les rêveurs.”, un jour deviendra "Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves" ( merci Eleanor Roosevelt).

Mon père est Allemand, je manie donc la langue de Goethe, aussi je prends la liberté de chanter 'Egoist' de Jeremias.

 Musik für die Seele, a dit Adrianna, elle a vu juste, une très belle ballade folk, un des highlights du set, suivi d'un second titre en allemand, 'Ozean' d' AnnenMayKantereit, beau comme du Ben Howard.

Après une histoire d'oeufs et de mouillettes, il vient interpréter ' Fantôme'  dans la salle où il est rejoint par Simon, le duo embraye sur 'Choisir'  et 'Mon ami' , titre dans lequel pointe une once d'optimisme, pour achever ce set attachant avec 'Petit pot' dont le refrain est repris en choeur par un public sous le charme.

Entracte boisson! 


Inversion des rôles, Fleur sous Bitume derrière la console et Simon Tabardel sous les feux de la rampe.

Simon a quitté l'Ardèche pour aller tâter du rap/ hip hop  à Lyon.

En principe il est accompagné par des jazzmen, ce soir la musique de ceux-ci est sur bande.

Là où Bertrand émeut, Simon fonce,  à l'aide de punchlines qui tapent juste: flow fulgurant,  jeux de mots éclairés et  sens du paradoxe, pas de rimes  avec déprime, ni avec frime,   mais plutôt avec  je vis donc je m'exprime! 

Discographie: quelques singles, un EP et un album.

Démarrage sans fond sonore, il jongle avec les mots, nous déclare préférer quand on peut mentir.. un signe vers Bertrand, la bande est lancée, ça tombe bien, il avoue  ... même ma mère est une machine...

Sur scène, le garçon se déplace beaucoup, accompagne son chant d'une gestuelle agitée, se retrouve à genoux, rebondit, pointe du doigt vers le public, bref, il vit ses titres et convainc facilement un auditoire qui vibre au son de ses trouvailles.

Après avoir en vain chercher sa maison dans une ville musée , il nous chante les 'Jonquilles'.  Les jonquilles ne sont pas fleurs bleues, Simon, non plus, son coeur saigne, ses mots cognent.

Jusqu'ici les titres interprétés n'ont  pas été enregistrés, ils ont probablement été baptisés, mais nous n'étions pas à l'église lorsque le prêtre a versé de l'eau sur leur crâne.

En entendant ses textes bien torchés, c 'est à M C Solaar et, dans une moindre mesure, à Orelsan  que tu penses.

T'as aimé l'image de la fille au regard abyssal et l'accompagnement jazzy qui rapproche Simon de Guru Jazzmattaz, un gars ayant travaillé avec des pointures: Courtney Pine, Ronny Jordan ou Carleen Anderson.

Le  brillant '2 secondes'  s'entend sur le mini-album 'Enchanté'  et si un gars affirme ' C'est de la balle, ce truc' , ça signifie que c'est vraiment fort.

Il poursuit avec 'Léviathan' du rap biblique qui pique.

 Bécaud affirme que  la solitude ça n'existe pas, ce n'est pas l'avis de l'Ardéchois, qui pense qu"elle fait des trous dans les baskets.

T'as eu beau creuser, t'as pas vu le rapport, quoique,  près de la gare t'as vu un sans-abri dont les pompes étaient en très mauvais état.

Retour à l'album de 2021 avec ' A mon avis' , plein d' associations, si pas scabreuses, du moins  insolites, ici aussi Stromae  doit être une source d'inspiration.

La bande  envoie un solide solo de trompette et on se dit que ça doit être sympa  d'assister à un concert de Simon accompagné par des musiciens, il n'y aura pas Miles Davis, mais bon, Airelle Besson n'est pas mal.

'Pas grand chose' confirme le goût de Simon pour la Note Bleue, et les fans de Johnny ont noté...  Oh, Marie si tu savais... sinon il y avait aussi Othello et Marc Bolan déguisé en T Rex.

Il enfile sur un rap tendance zouk et achève son  set  éloquent.    Dans la salle, tout en sautillant  il chante l' amour familial et l'importance de l'amitié.

A cinq mètres, Jackie Chan, une figure folklorique  bien connue du Chaland qui Passe  multiplie les interventions  exubérantes, au grand dam d'un monsieur moins jeune qui l'observe d'un oeil réprobateur.


En guise de rappel, Simon et Bertrand  entament un ballet chanté, qui a certainement  dû convaincre le maniéré Camille Combal.

 

Le rap n'a pas besoin d'être sexiste pour plaire,  Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume, l'ont bien compris!