dimanche 10 décembre 2023

whoman au Barbe, Plouha, le 9 décembre 2023

whoman au Barbe, Plouha, le 9 décembre 2023

 

michel

Après Astérix chez les Belges, voici Tintin et compagnie chez les Bretons.

Ce samedi, Le  Barbe accueillait whoman , un quartet bruxello-gantois, en ses murs  décorés nativité pour la circonstance.

Plaît-il?

Oui, whoman avec h, it's an obsolete spelling of woman, nous dit-on, d'ailleurs pour ta gouverne et pour ne pas créer de polémiques, Bruxelles ou Brussel vient de   bruoc sella, termes devenus broek zele et enfin ce que tu connais de nos jours.

Fermons la parenthèse étymologique et revenons à whoman:   two men, two women, deux gantois(es), deux bruxellois(es) : Gent begint, met   ( des jumeaux) Ambroos en Mira De Schepper . Ambroos a évolué au sein de Kosmo Sound,  Azmari, Stompin’ Caravan,  Mos Ensemble, Bandler Ching ( e.a;) et, avec Mira, au sein du groupe familial De Schepper 4tet et chez  Gaspar, un combo mixant pop et musique des Balkans. 

Pour Bruxelles,  Lou Wéry,   au background jazz, on note,  the Y.Q, Matraka, le duo PiLou, un autre duo avec   Martin Salemi, Paradoxant, Stace, Beautiful Badness , etc... et Gaspard Sicx, lui aussi issu du jazz, a voyagé  avec  Garance Midi, Fievel is Glauque, Jordi Grognard, Lara Humbert Quartet, Teddy's Brain Drain   et son propre quintet..., il est aussi crédité sur l'album 'Spinning the Wheel' de run Sofa .

Le groupe achève une mini-tournée française au Barbe, avant de reprendre le chemin du plat pays.

Le projet est relativement récent, whoman naît début 20 21, voyage pas mal:  aux Gentse Feesten, en Californie, dans les Alpes ( ils font une tournée acoustique et  concoctent un clip dans un refuge) , reviennent en Belgique, où ils jouent à droite et à gauche, remettent le cap vers des sommets élevés,  enregistrent un single, puis un  EP ' Night's Ferries' après avoir adopté un nouveau line-up, celui qu'on a croisé à Plouha, Gaspard, le batteur, est le dernier arrivé.

Ambroos, chant, mandoline électrique, guitare, basse / Mira, synthés, guitare, chant/ Lou,   synthé analogique 6 voies, piano électrique, basse, chant, sont là depuis les débuts du groupe. 

'Shiny' débute par un gimmick orientalisant au synthé, la batterie, effacée, entre en action, les instruments à cordes rappliquent, et Ambroos, qui n'est pas chirurgien,  susurre une mélopée lumineuse ( normal, vu le titre), sa soeur jumelle et Lou  assurant les secondes voix. Le Barbe, magnétisé,  se laisse flotter  sur une vague dream pop en rêvant à des sirènes ( Bashung s'était des murènes).

Pour amplifier l'envoûtement  qui s'est emparé de nos esprits et de nos âmes, Ambroos entame un sifflement aussi ensorcelant que les notes magiques du joueur de flûte que les frères Grimm ont évoqué dans  Der Rattenfänger von Hameln.

'Morning dew' ( bizarrement la playlist mentionne morning due ), qui n'est pas repris sur l'EP, débute par une intro fragile, ton cerveau te renvoie des images de Tim Rose chantant sa version de 'Morning Dew' , qui n'a rien à voir avec la rosée matinale chantée par whoman.

Si tout était serein aux petites lueurs de l'aube, la composition évolue et le tempo monte d'un cran au fil des heures.

'Another Friday' marie la grâce de Cocteau Twins et le chant choral ,  en soubresauts, de groupes tels que Bodies of Water ou Broken Social Scene.

whoman  possède un don rare, celui de construire des compositions élaborées, aux mouvements variés passant du complexe au limpide. 

Leur langage musical, si on peut lui coller l'étiquette, vague,  d'indie se rapproche de la richesse orchestrale  des grands maîtres de la musique classique.

Cassures, fausses fins, accélérations subites, adagio scherzo... une symphonie des éclairs, dirait Zaho de Sagazan.

Le souffle de la montagne emmanche  'Errance' , Ambroos fignole quelques accords jazzy , Gaspard ( quelle finesse de jeu) refile trois coups de baguette sur le cercle d'une caisse claire, puis Lou se colle aux lead vocals, en français.

Le morceau épouse des sonorités trip hop/ nu soul, tandis que le synthé de Miss Wéry nous la joue Jozef Dumoulin.

... le temps s'estompe... chante-t-elle, elle a raison, le temps n'existe plus, le Barbe  ondule, comme la feuille qui vient de quitter la branche et qui danse, heureuse d'être libre.

'Backwards' est prévu pour le prochain album, trois voix, en parlando, chuchotent la mélopée,  tantôt  en avant, tantôt en arrière.

Démarrage obscur pour la  suivante ( ? Dump the view? )  qui présente des caractéristiques  nu jazz  à la Moloko.

Petit interlude qui permet aux filles de switcher de place et d'instrument. La mandoline électrique, huit cordes,  ( forcément, tu revois Rory Gallagher) attaque  'Maandagje' qui va nous entraîner...  into the water deep ...  on a failli y croiser PJ Harvey, on  y a surtout vu des êtres marins fabuleux, et on a regretté de ne pas avoir emporté une bouteille de plongée de 12 litres, car en apnée, c'était pas évident.

Chacun reprend sa place.

 D'une voix déformée, Ambroos entame leur premier single ' Daily Aw' ' (where we ended up ) , les filles, d'un timbre enfantin, le rejoignent et la plage, aux allures faussement naïves, est sur les rails.  

Riffs à la mandoline  aussi élégants que ceux de Paddy McAloon de  Prefab Sprout, voix aériennes, percussions subtiles, basse ronronnante, et synthés vaporeux, c'est du grand art!

En principe ' Bleach' ,  un morceau dominé par une  basse énergique, qui passe ( le morceau) du caoutchouteux au virevoltant, ,  en mettant  toujours en évidence les harmonies vocales , devait clôturer la prestation mais le quartet se ravise et propose un rappel à la clientèle ravie.

 ' Nameless' , un titre joué en acoustique dans les Alpes,  a reçu de  nouveaux  arrangements où les accords bluesy se marient, initialement, avec de célestes vocalises, suivies par un chant aux voix entrelacées .


whoman, un groupe éminemment original, au potentiel immense, se produira  au Trefpunt ( Gent) le 18 décembre, allemaal daarnaartoe!