mercredi 29 novembre 2023

Album - Invitation - Michele Stodart

 Album - Invitation -  Michele Stodart

 Keepsake Recordings

michel 

Ce qui est singulier chez The Magic Numbers, le groupe d' Ealing, un district londonien, c'est qu'il est constitué de deux paires de frères/soeurs, d'un côté les Stodart ( Romeo et Michele), de l'autre, les Gannon ( Angela et Sean ). 

Un premier album sortait en 2005 , il leur a valu  une nomination aux Mercury Music Prize awards et aurait dû conduire le groupe sur une voie royale vers le succès et pourtant les Magic Numbers  n'ont jamais  entièrement décollé.

Aujourd'hui, le groupe compte 5 albums au compteur, le dernier 'Outsiders' datant de 2018.

Angela fait partie du collectif Sister Rosetta's, elle prête sa voix à différentes formations, dont Boxer Rebellion ou Ed Harcourt, mais aucune trace d'un enregistrement  sous son nom. 

Sean, le batteur, comme sa soeur, est crédité sur un album d'Ed Harcourt, mais n'a rien publié sous son nom.

S' il arrive à Romeo de se produire en solitaire, on ne lui connait pas d'enregistrements sous son identité.

La seule à faire une carrière solo est Michele Stodart, la bassiste des nombres magiques, un premier album, Wide-Eyed Crossing voit le jour en 2012, 'Pieces' le suit en 2016, son troisième effort solitaire, 'Invitation' pointe le bout du nez à l'automne 2023.


Tracks:

1. Tell Me (03:39)

2. The House (04:49)

3. Push & Pull (04:17)

4. These Bones (04:46)

5. Undone (04:37)

6. Come Dance With Me (05:55)

7. The Good Fight (04:36)

8. Drowning (05:56)

 
All Songs Written, Arranged & Produced by Michele Stodart 

 Track 6 - Co-written by Michele Stodart & Immy Doman
Track 3 - Piano / Violin Melody Line written by Andy Bruce 

 

credits-

Michele Stodart: vocals, bass, acoustic and electric guitar.

Romeo Stodart plays the piano on some tracks/ Andy Bruce on other tracks

Joe Harvey-White is on  steel guitar 

Will Harvey on violin or viola

Alice Phelps on harp

David Izumi Lynch on keys, mellotron and synths. 

 CJ Jones (drums)

 Nick Pini (double bass)


L'illustratrice Joni Belaruski signe l'artwork ( gothique à souhait, pas vrai Henri-Georges Clouzot),  l'artiste clame ...My work is about sex, death and love, about desire and obsession in all its forms. I use human and animal figures to illustrate the connection or disjunction between my reality and fantasy... beau programme!

 La photo centrale est attribuée à Janice Issit.


Entrée en matière ouatée et intimiste avec la piano ballad ' Tell me'. Comme Amy McDonald, Blink -182, Michael Bolton et quelques autres,  Michele ne veut pas entendre parler de rupture ...tell me it's not over ... Jean-Louis Aubert semble plus lucide et accepte l'inévitable  fracture.... Voilà, c'est fini, nos deux mains se desserrent de s'être trop serrées. La foule nous emporte chacun de nôtre côté, c'est fini, hum c'est fini...

La voix, émouvante et vulnérable, évolue au rythme d'un piano contemplatif,  joué en largo, il a fallu se contraindre sérieusement pour ne pas verser un flot de larmes. En vue du terme, un mellotron et un choeur sophistiqué ajoutent une touche romantique à cette torch song convaincante.

En fingerpicking, le folky ' The House' décrit une maison partant en décrépitude. Riche en métaphores, le texte associe la maison en ruine à  la fin d'une relation amoureuse. D'une voix embrumée, sur un accompagnement sobre et délié ( Michele aux guitares, acoustique et électrique, et à la basse, son frère au piano et  CJ Jones au drumming pudique),  l'artiste   partage sa mélancolie avec un auditeur, aux sens  forcément remués.

'Push And Pull'  offre une  orchestration plus riche, violon , alto, electronic beats et pedal steel s'ajoutent à la guitare, à la basse et aux drums, pour donner un fond country à la ballade qui survole la vie d'un musicien on the road et l'inévitable sentiment de séparation qui en découle. 

Un premier uptempo pointe le bout du nez, 'These bones' qui avec  ses teintes blues/jazz peut  faire penser à Joni Mitchell. Le morceau, pas vraiment squelettique,  voit l'apparition d'une contrebasse (Nick Bini) et dans son arsenal instrumental Miss Stodart a trouvé des tubular bells  pour carillonner en sourdine.

La voix, jouant au yoyo, épate, et, en délaissant la basse, Michele dévoile des talents de guitar player  incontestables.

Voix comme brisée  et guitare acoustique, gentiment pincée, amorcent 'Undone' , une plage sentant bon le British folk des sixties. L'apparition d'une harpe Renaissance et de synthés aériens, après trois minutes,  colorent la plage d'une nuance New Age proche des paysages sonores conçus par Secret Garden.

Oui, Frank Sinatra a interprété une chanson  intitulée  ' Come dance with me' , elle est  d'ailleurs devenue le titre d'un album.  Aucun lien de parenté avec le  romantic folk track 'Come Dance With Me' co-written by Michele Stodart & Immy Doman, qui nous ramène vers des gens tels que  Leonard Cohen,  Tim Hardin ( aargh son 'Reason to believe) ou  Carole King.

Un violon joué en pizzicato, la harpe frivole, le piano souple, les percussions subtiles  et l'acoustique  affable, forment un écrin idéal pour le chant vulnérable, légèrement voilé, de Michele. 

You took back my keys and you closed the door, sont les premiers mots ébauchant 'Good Fight', une country waltz dépeignant un amour qui s'éteint. Violon et pedal steel soulignent à la perfection l'impression d'abandon,  de désenchantement, de résignation, presque!

'Good Fight' n'est pas aussi larmoyant que ' I fall to pieces' de Patsy Cline mais les traces de regret,de déception et de frustration sont bien les mêmes. 

La dernière plage du recueil, ' Drowning',  n'est pas là pour te remonter le moral, il est question de  se laisser couler pour retrouver l'obscurité, accepter le néant qui s'est installé dans ton cerveau, musicalement ' Drowning' nage,  ou plutôt se noie,  dans les mêmes eaux ( once again) que les chansons les plus mélancoliques de Leonard Cohen et clôture un bel album,  à écouter religieusement, dans le calme absolu!