mercredi 29 novembre 2023

Album - Invitation - Michele Stodart

 Album - Invitation -  Michele Stodart

 Keepsake Recordings

michel 

Ce qui est singulier chez The Magic Numbers, le groupe d' Ealing, un district londonien, c'est qu'il est constitué de deux paires de frères/soeurs, d'un côté les Stodart ( Romeo et Michele), de l'autre, les Gannon ( Angela et Sean ). 

Un premier album sortait en 2005 , il leur a valu  une nomination aux Mercury Music Prize awards et aurait dû conduire le groupe sur une voie royale vers le succès et pourtant les Magic Numbers  n'ont jamais  entièrement décollé.

Aujourd'hui, le groupe compte 5 albums au compteur, le dernier 'Outsiders' datant de 2018.

Angela fait partie du collectif Sister Rosetta's, elle prête sa voix à différentes formations, dont Boxer Rebellion ou Ed Harcourt, mais aucune trace d'un enregistrement  sous son nom. 

Sean, le batteur, comme sa soeur, est crédité sur un album d'Ed Harcourt, mais n'a rien publié sous son nom.

S' il arrive à Romeo de se produire en solitaire, on ne lui connait pas d'enregistrements sous son identité.

La seule à faire une carrière solo est Michele Stodart, la bassiste des nombres magiques, un premier album, Wide-Eyed Crossing voit le jour en 2012, 'Pieces' le suit en 2016, son troisième effort solitaire, 'Invitation' pointe le bout du nez à l'automne 2023.


Tracks:

1. Tell Me (03:39)

2. The House (04:49)

3. Push & Pull (04:17)

4. These Bones (04:46)

5. Undone (04:37)

6. Come Dance With Me (05:55)

7. The Good Fight (04:36)

8. Drowning (05:56)

 
All Songs Written, Arranged & Produced by Michele Stodart 

 Track 6 - Co-written by Michele Stodart & Immy Doman
Track 3 - Piano / Violin Melody Line written by Andy Bruce 

 

credits-

Michele Stodart: vocals, bass, acoustic and electric guitar.

Romeo Stodart plays the piano on some tracks/ Andy Bruce on other tracks

Joe Harvey-White is on  steel guitar 

Will Harvey on violin or viola

Alice Phelps on harp

David Izumi Lynch on keys, mellotron and synths. 

 CJ Jones (drums)

 Nick Pini (double bass)


L'illustratrice Joni Belaruski signe l'artwork ( gothique à souhait, pas vrai Henri-Georges Clouzot),  l'artiste clame ...My work is about sex, death and love, about desire and obsession in all its forms. I use human and animal figures to illustrate the connection or disjunction between my reality and fantasy... beau programme!

 La photo centrale est attribuée à Janice Issit.


Entrée en matière ouatée et intimiste avec la piano ballad ' Tell me'. Comme Amy McDonald, Blink -182, Michael Bolton et quelques autres,  Michele ne veut pas entendre parler de rupture ...tell me it's not over ... Jean-Louis Aubert semble plus lucide et accepte l'inévitable  fracture.... Voilà, c'est fini, nos deux mains se desserrent de s'être trop serrées. La foule nous emporte chacun de nôtre côté, c'est fini, hum c'est fini...

La voix, émouvante et vulnérable, évolue au rythme d'un piano contemplatif,  joué en largo, il a fallu se contraindre sérieusement pour ne pas verser un flot de larmes. En vue du terme, un mellotron et un choeur sophistiqué ajoutent une touche romantique à cette torch song convaincante.

En fingerpicking, le folky ' The House' décrit une maison partant en décrépitude. Riche en métaphores, le texte associe la maison en ruine à  la fin d'une relation amoureuse. D'une voix embrumée, sur un accompagnement sobre et délié ( Michele aux guitares, acoustique et électrique, et à la basse, son frère au piano et  CJ Jones au drumming pudique),  l'artiste   partage sa mélancolie avec un auditeur, aux sens  forcément remués.

'Push And Pull'  offre une  orchestration plus riche, violon , alto, electronic beats et pedal steel s'ajoutent à la guitare, à la basse et aux drums, pour donner un fond country à la ballade qui survole la vie d'un musicien on the road et l'inévitable sentiment de séparation qui en découle. 

Un premier uptempo pointe le bout du nez, 'These bones' qui avec  ses teintes blues/jazz peut  faire penser à Joni Mitchell. Le morceau, pas vraiment squelettique,  voit l'apparition d'une contrebasse (Nick Bini) et dans son arsenal instrumental Miss Stodart a trouvé des tubular bells  pour carillonner en sourdine.

La voix, jouant au yoyo, épate, et, en délaissant la basse, Michele dévoile des talents de guitar player  incontestables.

Voix comme brisée  et guitare acoustique, gentiment pincée, amorcent 'Undone' , une plage sentant bon le British folk des sixties. L'apparition d'une harpe Renaissance et de synthés aériens, après trois minutes,  colorent la plage d'une nuance New Age proche des paysages sonores conçus par Secret Garden.

Oui, Frank Sinatra a interprété une chanson  intitulée  ' Come dance with me' , elle est  d'ailleurs devenue le titre d'un album.  Aucun lien de parenté avec le  romantic folk track 'Come Dance With Me' co-written by Michele Stodart & Immy Doman, qui nous ramène vers des gens tels que  Leonard Cohen,  Tim Hardin ( aargh son 'Reason to believe) ou  Carole King.

Un violon joué en pizzicato, la harpe frivole, le piano souple, les percussions subtiles  et l'acoustique  affable, forment un écrin idéal pour le chant vulnérable, légèrement voilé, de Michele. 

You took back my keys and you closed the door, sont les premiers mots ébauchant 'Good Fight', une country waltz dépeignant un amour qui s'éteint. Violon et pedal steel soulignent à la perfection l'impression d'abandon,  de désenchantement, de résignation, presque!

'Good Fight' n'est pas aussi larmoyant que ' I fall to pieces' de Patsy Cline mais les traces de regret,de déception et de frustration sont bien les mêmes. 

La dernière plage du recueil, ' Drowning',  n'est pas là pour te remonter le moral, il est question de  se laisser couler pour retrouver l'obscurité, accepter le néant qui s'est installé dans ton cerveau, musicalement ' Drowning' nage,  ou plutôt se noie,  dans les mêmes eaux ( once again) que les chansons les plus mélancoliques de Leonard Cohen et clôture un bel album,  à écouter religieusement, dans le calme absolu!

 

 

 

 

 



 

 



Thomas Frank Hopper | Spirit of 66, Verviers, le 24 novembre 2023

  Thomas Frank Hopper | Spirit of 66, Verviers, le  24 novembre  2023

 

ARTIST: THOMAS FRANK HOPPER
Even: "Paradize City - Tour 2023-2024"
Date: 24 November 2023
Venue: Spirit of '66
Location: 16, Place du Martyr - 4800 Verviers (BEL)
 
Setlist:
01.Back To The Wild. (Paradize City - 2023)
02.Paradize City. (Paradize City - 2023)
03.Dirtylicious. (Bloodstone -2021)
04.Come Closer. (Bloodstone - 2021)
05.A Song For The Devil. (Paradize City - 2023)
06.Into The Water. (Bloodstone -2021)
07.Tales From The Rails. (Til The Day I Die - 2018)
08.Crazy Mojo. (Bloodstone -2021)
09.Chimera. (Paradize City - 2023)
10.Tomb Of The Giant. (Bloodstone -2021)
11.Band Introductions.
12.Troublemaker. (Paradize City - 2023)
13.The Sinner. (Til The Day I Die - 2018)
14.Savages. (Bloodstone -2021)
15.Dog In An Alley. (Paradize City - 2023)
16.Tribe. (Paradize City - 2023)
17.Til The Day I Die. (Til The Day I Die - 2018)
 
Il y a des découvertes comme ça, tout à fait fortuites, sans que personne ne vous pousse, ni conseille, une pochette qui plait, une sonorité qui accroche juste assez pour focaliser votre attention et c'est peut-être le début d'une belle histoire d'Amour, ou même d'une passion. Ce fut mon cas avec Thomas Frank Hopper. C'est le nom du premier album qui a eu raison de moi, pas celui de l'artiste. Le dernier patronyme que j'ai entendu et qui ressemblait à celui-là, c'était dans le milieu du Foot, vous ne voyez toujours pas? Allez, un indice? On en trouve en Helvétie. Ca y est? Bravo, les Grasshoppers de Zurich!
Avec un nom pareil et au vu de leur palmarès, le club aurait peut-être eu plus de chances en athlétisme, spécialité "sauts"? Une sauterelle, ça peut sans doute aider, parce qu'au point de vue ballon rond, c'est pas Byzance!
Mais revenons au titre accrocheur: "Bloodstone". Ce titre m'a pris au piège à cause ou, Plutôt, (non, pas le chien de Mickey) et pas non plus le clébard de l'autre blondasse aux reflets capillaires orangés et douteux, le fameux Donald que les fans du dirigeable appellent "Trump-led Underfoot". Alors, pourquoi "Bloodstone"? Tout simplement parce que je suis fan de Judas Priest et que c'est le titre d'une de leurs chansons parue sur l'album "Screaming for Vengeance" (1982). Tant qu'à faire, jetez-y une oreille attentive. Pourquoi toujours un oeil? Moi je le fais aussi avec les oreilles, on appelle ça de la projection tympanique dans l'espace tridimensionnel. Le fait d'être seul, Don Quichotte dans mon délire, aurait tendance à me faire dire que je suis aussi con qu'errant. Si tu ne captes pas celle-ci, prend place dans la file qui se presse vers la sortie, je ne t'en voudrai pas.
En plein festival de Théâtre, j'ai donc fait une infidélité aux rôles de dames (Bonjour Charly...) pour me transporter jusqu'à Verviers. Si tout le monde fait çà, Wallons-nous, je vous le demande? et bien m'en a pris car ce spectacle est entré parmi ceux qui marquent une vie de concertiste. Pendant 1h25, le band nous a balancé ses flèches musicales sans presque jamais reprendre son souffle, spécialité de Jean-Luc Godard. jamais nous n'avons eu le temps de nous ennuyer tant l'intensité du concert était maximale.
Savant mélange de ses deux albums et de son unique EP, le natif de Bruges, en globe-trotteur avisé (non, pas à Visé, à Verviers t'ai-je dit) nous a servi un menu dont il a la spécialité, distillant avec soin les couleurs de sa palette musicale déjà tellement riche. Alliant, temps forts et passages plus noirs, Thomas sait ménager ses effets, passant avec un égal bonheur, du blues très roots à des rythmiques plus funk sans oublier les influences musicales telles que Led Zeppelin, Black Sabbath, quand ce ne sont pas quelques touches Hendrixiennes, pour faire bonne mesure. C'est marrant de voir comme ce slide-guitariste (mais pas que) à la recette et le chic pour tenir dans sa main un public déjà conquis avant les premiers accords. Super idée de quitter la scène pour venir au milieu de son public pour un acoustique à deux guitares et voix sur un "Dog In An Alley" super dépouillé mais tellement beau.
Excellente soirée avec ce jeune groupe qui fait partie des très rares à mélanger l'immuable avec le modernisme et à donner une autre couleur au Blues. Les puristes, comme à l'habitude, auront beaucoup de reproches à faire entendre à ceux qui voudront bien les supporter. Quant aux gens venus passer une excellente soirée sans se prendre la tête, c'est carton plein! Merci à Thomas et à son fantastique Band pour ce concert du tonnerre. La route s'ouvre en grand devant vous, alors "Put the Pedal to the Metal...)
Un conseil, dès qu'ils passent dans la région allez-y sans vous poser de question, vous m'en direz des nouvelles. Merci à mon pote Thomas d'avoir autorisé la captation live de ce concert. Bonne lecture de mon bouquin my friend.
Mitch "ZoSo" Duterck

mardi 28 novembre 2023

Alabama Mike à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 novembre 2023

Alabama Mike à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 novembre 2023

 

michel

 

Encore un dimanche à contempler les étoiles à Saint-Agathon.

Une semaine après James Armstrong, c'est son compatriote Alabama Mike qui a posé le pied gauche, et le droit, sur la scène de La Grande Ourse.

Michael Benjamin, aucun lien avec Mikaben, décédé sur un podium en 2022,  d'une crise cardiaque, naît en 1964  à Talladega, une grosse bourgade located in east central Alabama. Comme papa, Joseph Benjamin, était ténor vocaliste au sein d'un gospel quartet, tout naturellement le petit et frêle ( à l'époque) Michael, après un passage dans la marine de Tonton Sam, décide de tâter de la musique, il devient Alabama Mike et chante le blues, comme une copine de Patricia Kaas.

En 1999, il enregistre un premier single  Day to Day', ce sera également le titre de son premier album.

En 2023, la fiche mentionne cinq disques  sous son nom, le dernier 'Stuff I have been through' sent encore le talc.

La Grande Ourse était la dernière étape d'une tournée européenne pendant laquelle il était secondé sur scène par des Frenchies pas cons: Anthony Stelmaszack ( guitare) , Julien Dubois ( basse) et un habitué de la salle,  Fabrice Bessouat ( drums).

Le groupe occasionnel a reçu The Soul Shot Band comme nom de baptême.

17:30', les soudards, très cool ce soir, se pointent pour entamer une intro juteuse servant à annoncer, in French dans le texte, celui qui en 2010 a été auréolé comme Best New Blues Artist et qui plus tard a récolté d'autres awards tout aussi prestigieux: Mister Alabama Mike.

I'm ready for the blues, what about you, Saint-Agathon?

On est venus pour ça, Mike!

Voilà 'Think' pour l'ouverture, pas le classique d'Aretha Franklin, mais une reprise  de Jimmy McCracklin qui reçoit un traitement soul blues assez éloigné de l'original;

Le timbre du natif de Talladega doit autant aux bluesmen BB King ou Buddy Guy qu'à James Brown ou au crooner Lee Fields.

D'emblée, l'assistance est captivée par le jeu lyrique du grand  Anthony Stelmaszack, une des pointures de la scène blues bleu blanc rouge.

Mike, coiffé d'une cop's cap  et arborant une seyante  chemise mouchetée, a ramassé un harmonica pour entamer ' SSI Blues', un Chicago shuffle  pour gens dans le besoin, SSI =  Supplemental Security Income.

L'harmonica, grivois, se promène sur un tempo animé, assumé par une rythmique qui ne montre aucune faille,  Anthony hante la slide sans sourciller , La Grande Ourse savoure.  

Instant bizarre, Fabrice Bessouat fait mine de se tirer, il se ravise, séquence causette, merci Victor,  autour d'une tasse de thé,  puis on reprend le fil, décousu, tu as compris!

Are you ready to get funky, folks?

Venons en au fait, réagit un voisin.

Le midtempo 'Frustrate my life'  traite des éternels tracas que le bluesman subit au contact  de la gent féminine. Alabama Mike   a connu d'autres temps rudes, il les chante dans 'Stuff I've been through' le titletrack de son dernier CD, un  Southern soul qui sent fort les disques de chez Stax dans les sixties, tu penses à Johnnie Taylor ou à Eddie Floyd.

Aux pieds du gaillard traîne une liste de titres, le hic est qu'il ne la respecte pas et, au besoin, ajoute un morceau non prévu au programme.

C'est son droit le plus strict, rétorques-tu, d'accord mais le show s'en ressent, pas de ligne de conduite, il passe du coq à l'âne,  ça fait désordre, ceci n'enlève rien au talent des intervenants mais donne une impression de manque de cohésion.

Ainsi la suivante, pendant laquelle Fabrice Bessouat  gratifie l'assistance d'un solo de batterie pas débile, n'est pas à retrouver sur le menu prévu, elle dit.....Some people make love in the winter,  I like my lovin' in the pouring rain... et le chorus... tell me pretty baby ... est repris par la salle.

Il tient à nous faire visiter sa chambre à coucher, en oubliant de mentionner que l'admirable  slowblues  'Lonesome in my bedroom'  est une reprise de Luther Johnson.

Comme il s'éclipse pour boire un coup en coulisses, Anthony Stelmaszack en profite pour placer une digression lumineuse, estimée à sa juste valeur par les habitués du dimanche.

Le shuffle remuant 'Upset the status-quo' le voit esquisser un petit pas de danse quand il ne tire pas de sulfureuses lignes de son mouth harp, les Français transforment ce blues en pur joyau, un des meilleurs titres du set.

Saint-Agathon, you wanna party?

Yes!

Well, get up.

 Faut toujours faire ce que Jésus demande,  Lazare s'est levé et toute la salle avec lui.

Et c'est parti pour le désopilant ' Fat Shame' décoré de plusieurs coups de sifflet rageurs.

La salle danse, Mike, flic ou matador, dirige le ballet,  on se dit que là c'est parti pour une fiesta jusqu'au terme du concert, erreur, ...you can sit down, folks.

Il attaque le downtempo ' Somewhere down the line' ( Little Johnnie Taylor) , suivi par une surprise du chef,  non reprise sur la carte, un nerveux ' Give me back my wig' qui a rallumé la flamme vacillante.

Sur la lancée le  singalong ' Mississippi'  swingue à mort et tient le public en haleine, mais curieusement, il fait suivre l'upbeat par une reprise  de Blind Lemon Jefferson,  un poussiéreux 'One Kind Favour..See That My Grave is Kept Clean'.

Pas de fil conducteur, pas de ligne de conduite, tu passes du chaud, au tiède, au bouillant, et puis le soufflé retombe, c'est assez déconcertant.

Fabrice Bessouat s'est levé pour indiquer que c'est l'heure de la sortie, l'école est finie, Saint-Agathon ne l'entend pas de cette oreille et exige son bis, il l'aura, le fabuleux ' Black Cadillac' de Lightnin' Hopkins met fin à un concert en dents de scie.

En passant par le stand de merchandising, tu as pu constater qu'une majorité de l'assistance ne partageait pas tes regrets et se ruait sur les disques du bluesman de l'Alabama.


Prochain concert à La Grande Ourse, , le 9 décembre: Red Cardell et Soïg Sibéril!



'


 


 

dimanche 26 novembre 2023

MØSI au Barbe à Plouha, le 25 novembre 2023

 MØSI   au Barbe à Plouha, le 25 novembre 2023

 

michel

 La voyelle mi-fermée (ou moyenne supérieure) antérieure arrondie est une voyelle utilisée dans certaines langues. Son symbole dans l'alphabet phonétique international est [ø], et son équivalent en symbole X-SAMPA est 2.

Le symbole API est un o minuscule traversé par une barre diagonale, il est dérivé des alphabets danois, féroïen et norvégien.

Donc   MØSI  se prononce meusi et n'est pas moisi, schön,  nicht wahr.!

Non, les frères Joly, Marien, chouette sweat du Tomahawk Collective,  ( guitares, lead vocals) et Melen ( batterie, secondes voix et ricanements de laridés) ne sont pas Norvégiens, ils sont Bretons, comme toi et presque moi, tu les as croisés ( non, pas à Jérusalem) en 2021, à Bonjour Minuit, lors d'une session de Radio Activ ( cf compte-rendu).

Pascal, pas un agneau, avait été tellement impressionné par la prestation des duettistes qu'il s'est payé l'album 'Noble dans la défaite',  sorti peu avant, pour écrire une chronique ( ici).

Deux ans se sont écoulés, les Joly,  pas vilains selon Emilie,  ont moins tourné pour se consacrer à la confection d'un nouvel album, le numéro 4, dont la sortie est annoncée en 2024.

Comme ils sont  affables,  ils ont gratifié le Barbe d'une série de nouveaux morceaux, pour l'instant non bénis par l'évêque de Quimper.   

Une séance d'étirements, recommandés par leur coach sportif, précède la mise à feu, elle -même  préfigurée par un salut et quelques recommandations visant à protéger nos conduits auditifs, car au niveau décibels on dépasse l'autorisé, heureusement le radar du Barbe fait la grève, personne ne sera flashé!

L'archet gratte rudement  la six cordes, Melen compte les mouches, son frère déclare je suis un quatuor à cordes à moi tout seul, d'accord, mais ne va pas penser  à Johannes Brahms, le musicien préféré de Françoise, car ce quatuor solitaire est du genre fracassant.

Après 26 secondes, le frangin tabasse ses cymbales et 'Le temps où les arbres étaient vivants' connaît son vrai départ.

Très vite, un tourbillon post rock déferle en spirales dans le zinc, ton voisin en perd son béret , ce qui a fait dire à la jeune personne assise à ses côtés, mais vous êtes chauve, Marcel!

Sur scène,  les frères s'affolent, Melen martyrise caisses, toms, cymbales,  avec acharnement, Marien vient frotter sa guitare contre un ampli, l'effet est boeuf, les dernières feuilles  marcescentes décorant le chêne trônant sur la place de l'église  se sont envolées et après une brève accalmie, le duo reprend le cours de son récit tumultueux, pour soudain y mettre fin de manière abrupte. 

T'en as le souffle coupé et ce n'était que le premier round, les boxeurs quittent leur coin pour amorcer 'Sol', toujours extrait de l'album de 2021.

Urgence, souffrance, épouvante, colère irrationnelle, affres de l'enfer, quels crimes ont commis ces jeunes gens pour devoir les expier en public avant de mourir étouffés ( ... je ne peux pas respirer... sont les dernières paroles prononcées).

Le fond sonore est à l'avenant;  stridences, saturations et roulements de tambours lancinants et puis il y a la voix, à la limite du râle.

Pascal avançait Tool, on peut ajouter d'autres affiliés au post metal/sludge/  post hardcore, tels que Isis, Pelican ou Deafheaven, soit  des groupes  tous exécrés par ta petite soeur, qui ne jure que par   Taylor Swift.

Première nouveauté de la soirée, ' Les armées nouvelles',  le single qui annonce "Le brouillard jusqu'à la chute" à paraître au printemps 2024.


Une nuance de sinistrose au menu... C'est le futur qui sombre aujourd'hui plus qu'hier À la vôtre . Et les armées nouvelles nous empêchent de marcher Le brouillard, qui s'en mêle, nous regarde tomber...
Les visionnaires font très fort et pour enrober leur sombre vaticination, ils te confectionnent un écrin sonore à l'esthétique thrash metal, tout en accentuant le propos sinistre par de grands moulinets de guitare ( Pete Townsend a été impressionné), quand elle ne devient pas une arme de guerre.
Melen, qui frappe comme un boquillon sérieusement ébranlé, n'est pas en reste , le Barbe retient son souffle en attendant que l'orage passe.
 
Le duo nous avait déjà sérieusement malmené, on pensait, naïvement, que le pire était dernière nous , mais voilà que Marien déclare ' Jusqu'ici tout va bien', ça promet!
Quoi, non, il ne s'agit pas d'une reprise de Clou, le duo, à nouveau, nous promène sur des sentes quasi impraticables, faut affronter ronces, broussailles épineuses, fange nauséabonde, branches d'arbre déchirant la cornée, tandis que la batterie lourde entame une marche funèbre, moins mélodieuse que celle de Cherubini, et que la guitare, après avoir mis des lignes en boucle, nous place un solo bluesy qui a tiré quelques larmes au pourtant défunt Gary Moore .
Pour pimenter le mets, tu ajoutes  un  chant plaintif  à la préparation.
Bien mastiquer, avait dit le toubib, tu parles, le machin vire noise apocalyptique pour mourir sans crier gare.
'Contre le vent': suroît, noroît, nordet, suet, zef, kornog, gwalarn ... les vents, le Breton connaît, il sait qu'ils peuvent causer des dégâts, la 'musique' de  MØSI  est du même acabit,  elle t'emporte tel un fétu, seule alternative,   se laisser porter, comme le disait si bien Noir Désir!
Tu te souviens, ' Le cri de la mouette',...  A partir de 13 ans.,  Emmanuelle est sourde de naissance,  pour s'évader de sa prison, elle se met à crier. Des cris d'oiseau de mer....
Melen n'est pas sourd, il n'a plus 13 ans, mais lui aussi, la tête  couchée sur une caisse claire, pousse des cris de mouette, et franchement, ça te fout les jetons, tu trembles comme un saule, oui, comme  celui de Musset  au Père-Lachaise.
A chaque fois que tu entends ' Le vacarme des mouettes' tu enregistres les mêmes sensations.
Ce morceau, cinématographique, évoque Alfred Hitchcock, citoyen d'honneur de Dinard,  où mouettes, goélands, cormorans et albatros prolifèrent.
Paumes nues  Melen tambourine consciencieusement pour entamer ' Les chiens errants',.
Non, Gilbert, ils ne nous ont pas renseignés à propos de l'absence de  colliers, quand le batteur a ramassé ses bâtons, le morceau a pris une tonalité tribale, son frangin, à genoux s'amuse avec son jeu de pédales, il attend son heure.
Ça y est, la guitare pleure, le titre s'explique... j'ai rendu mes papiers, j'ai perdu ma maison... c'est du Victor Hugo sur fond blues/noise,  qui évoque en toi des images de Mark Lanegan.
Sont vraiment forts les frères Joly, pas besoin d'aller au cinéma, il suffit d'écouter et de fermer les yeux et le film défile sur l'écran cérébral.
Plouha, il en reste une, ' Inarrêtable', un dernier chant désespéré, intense et  dramatique.

Fin d'un  set coup de poing, qui a  eu le mérite de nous  permettre de se remettre en question.

Un message, c'était le dernier concert du groupe en 2023, il  faudra attendre 6 mois, minimum, pour le suivant... Crowdfunding toujours en cours, reste quelques jours pour soutenir le nouvel album.
 
Ici: https://www.helloasso.com/associations/productions-phar/collectes/m-si-nouvel-album

 

 

jeudi 23 novembre 2023

EP - GAMI – Step By Step

 EP - GAMI Step By Step

 B-Side Prod

michel 

Non, le jeu de cartes, c'est RAMI.

Non, il ne s'agit pas de meubles, conçus et fabriqués en France.

Et encore, non,  il n'est pas question d'une voiture verte imaginée par BMW pour sa gamme i.

GAMI est le projet de Capucine Trotobas, d'Aubagne, autrice, compositrice, interprète, cheffe de chœur ( Gospel Time Marseille).

Si elle prête sa voix au Minimum Ensemble de Martin Mey et au Bless it Quartet, quatre nanas férues de gospel,  elle dirige aussi, depuis quelques  années,  son propre combo , GAMI.

Au fil des ans, le line-up a évolué,  un premier EP ( Make a Path)  voit le jour en 2021 , Capucine tient la basse, chante et compose, Rémi Bernard manie la guitare et assure les backings, il s'occupe des arrangements et Judi Massonat manie les baguettes.


Novembre 2023, un nouvel EP atterrit dans les bacs, ' Step by Step'.

Le line-up est remanié: Vocals, Bass, Keys : Capucine Trotobas/ Guitar, Backing vocals : Rémi Bernard ( Avee Mana, Kriegelstein) / Drums : David Benzazon ( Blue Shot, Honeycomb Mind Experience,)

Tracks

Step by Step - Moon

Kid Memorial

Great Sorrow

Wasting

Sun Above the Clouds.





Capucine a pris l'artwork en charge, la photo, floutée, du trio est signée Manon Monchaux, formée à l' école supérieure nationale des Beaux - Arts de Marseille.

Un ciel crépusculaire à dominante bleue, là où William Turner se frotte aux pointillistes, naît l'art.

Pour entrer dans l'univers de Gami, pas besoin de prendre le mors aux dents, comme le suggère d'ailleurs la plage initiale, ' Step by Step- Moon', beat au ralenti pour un trip hop aussi planant que les meilleurs titres de Morcheeba.

Esthétisme stellaire, voix blanche et effets sidéraux sophistiqués, pendant plus de cinq minutes, l'auditeur a l'impression d'osciller en apesanteur dans l'espace céleste, heureusement aucune trace du Spacex , l'engin spatial XXL du mégalomane Elon Musk, ainsi il peut contempler astres et rémanents de supernova  en restant zen.

Entrée en matière super élégante. 

Si Radiohead, une influence majeure , a baptisé un de ses derniers albums  Kid A Mnesia ( une réédition de Kid A combiné à Amnesiac), le second morceau entendu sur le nouvel EP des phocéens se nomme 'Kid Memorial'.

Faut-il y chercher un rapport avec le Mémorial des Enfants d'Izieu, un monument à la mémoire des enfants juifs exterminés pendant la Shoah, c'est loin d'être improbable.

Le morceau entêtant et répétitif, aux lyrics sans cesse ressasser  ....Stuck in it Stuck in it Stuck in it Stuck in it...Eight billion of us are stuck into this, stuck in this mess... interpelle.

Oui, nous sommes 8 000 000 000 000 d'humains à dénaturer notre terre, forcément, c'est angoissant , que vont devenir nos gosses, sans vouloir jouer à l'oiseau de mauvais augure: dérèglement climatique, guerres sans fin, famines, pandémies, séismes et autres catastrophes naturelles... l'humanité fonce droit dans le mur, que le véhicule soit électrique ou thermique, c'est la chienlit, aurait proclamé le Général.

Emmanché  par une batterie métronomique sur laquelle se greffent une basse et une guitare tout aussi oppressantes, avant d'entendre Capucine marteler son propos à la manière d'un prédicateur inquiétant, le morceau petit à petit s'éloigne d'un schéma étouffant lorsque les claviers confectionnent une petite mélodie plus légère, accalmie de courte durée car le final sera nerveux.

Une composition datant de 2019, ' Great Sorrow' reçoit un traitement acoustique faisant la part belle aux cordes et au piano. Après l'entrée en matière minimaliste, oh, ne va pas la comparer à un mouvement initié par Pierre Henry ou par un autre adepte de la musique concrète,  mais il ne s'agit pas de rock, Capucine place un chant cotonneux, rangeant la plage dans la catégorie chill pop, proche de London Grammar ou de Ember Island.

Etonnant!

Arpèges ciselés et voix sucrée amorcent ' Wasting' , un titre qui monte insensiblement en puissance avant d'éclater en vue d'un terminus salement tourmenté.

Du coup on revient vers London Grammar qui avait baptisé une de ses compositions ' Wasting my young years'.

 The sun always shines above the clouds... une référence biblique?

A-t-elle un lien avec le dernier extrait de l'extended play, ' Sun above the clouds', la question reste ouverte.

Ce dernier titre, presque radieux,  prend des accents shoegaze pas désagréables, tout en confirmant que le groupe est à l'aise dans plusieurs styles de l'impressionnant catalogue indie .

 

Pour les Bretons, Gami sera en concert à Rennes le 7 décembre, Salle de la Cité.

Vas-y, tu ne regretteras pas le déplacement! 

 

 

 

 

 

 

 

Gov't Mule - Peace...Like A River WORLD TOUR - Cirque Royal - Brussels, le 17 novembre 2023

 Gov't Mule - Peace...Like A River WORLD TOUR - Cirque Royal - Brussels, le 17 novembre 2023 


Mitch ZoSo Duterck

ARTIST: GOV'T MULE.
EVENT: Peace...Like A River World Tour 2023.
Date: 17 November 2023.
Venue: Cirque Royal
Location: 81, Rue de L'Enseignement - 1000 Bruxelles
Country: Belgium.
Capacity: 3.500 (Not Sold Out)
 
 
Line Up:
Matt ABTS: Drums.
Warren HAYNES: Vocals & Guitar.
Danny LOUIS: Keyboards, Guitar, Trombone & Backing Vocals.
Kevin SCOTT: Bass Guitar & Backing Vocals.
 
Set # 1:
01.Blind Man in the Dark.
02.Mother Earth.(Memphis Slim cover)
03.Revolution Come, Revolution Go.
04.The River Only Flows One Way.
05.Devil Likes It Slow.
06.Peace I Need.
07.Time to Confess.
Set # 2:
01.Traveling Tune.
02.Rockin' Horse.
03.Snatch It Back and Hold It / Hold It Back / Snatch It Back and Hold It.
04.No Need To Suffer.
05.Gone Too Long.
06.Lively Up Yourself. (Bob Marley & The Wailers cover)
07.Mule.
08.Soulshine. (The Allman Brothers Band cover)
 
Ils étaient enfin de retour chez nous en ce dimanche frisquet de novembre et c'est le Cirque Royal qui leur ouvrait - cette fois ses - portes... chez nous on dit "49" puisque, comme vous le savez tous depuis que vous possédez les tables de multiplication, "cette fois ses" font "49". Et voilà, je le savais, ça commence par une pleine brassée de lecteurs qui nous quittent non sans avoir préalablement secoué vigoureusement le clavier de leur portable afin de voir si quelques lettres de l'alphabet ne s'y seraient pas traitreusement cachées.
La Mule du Gouvernement, lointaine cousine de celle du Pape, si on en croit les récits d'Alphonse " Baudet " pardon, Daudet, nous est revenue ("Mathilde" aussi dixit Jacques Brel). Celle qui focalise pour l'instant toute notre attention est menée à la bride par Monsieur Warren Haynes, né à Asheville (Caroline du Nord) le 6 juin 1960. Il a tout d'abord fait ses armes au sein de groupes divers (et même d'automne) tels que le Dickey Betts Band où il rencontre le batteur Matt Abst. C'est avec lui qu’il formera Gov't Mule en 1994 et sortira un album qui ne devait être qu'un one shot. Point final.
La demande est telle, qu'après 28 ans, le groupe est toujours là, avec près de 1.415.000 kilomètres parcourus au compteur, la Mule ne plie pas l'échine un seul instant et porte son fardeau avec courage et audace pour dispenser sans relâche la discographie que lui incombe. C'est à ce moment-ci que les chieurs sortent de l'ombre où ils se tenaient Tapis, et vont "Droit Au But"... Et hop encore un paquet de fidèles lecteurs qui s'en vont. Je crois qu'on va finir ça à deux, mon pote Lilyan et moi. Je disais donc, tous ceux qui se disent "là il est cuit, il n'a plus rien à dire, vont trébucher. Non seulement j'ai encore à dire, mais je vais aussi te raconter l' histoire de la Mule du Gouvernement.
A l'origine, le "Gov't Mule" est une loi adoptée en janvier 1865 qui promettait aux esclaves affranchis « 40 acres de terre et une mule ». Mais Andrew Johnson, le vice-président en poste, devenu président des États-Unis en avril 1865 suite à l'assassinat d'Abraham Lincoln le 15 Avril 1865 au théâtre Ford à Washington, refusera de l'appliquer. La "Mule du Gouvernement" sera donc synonyme d'une promesse non tenue. Une chose dont les Américains sont coutumiers!
Alors pour en revenir au concert, le groupe a tout simplement été musicalement magistral sans donner pour autant dans la démonstration technique. Pendant près de 2h20,le quatuor de virtuoses va nous faire passer par toutes les couleurs de son répertoire composé de tellement d'influences. Du blues pur au reggae à des passages dub, sans oublier le rock, le jazz et la fusion. A chaque fin de morceau, le public est scié par la qualité de la prestation qui n'a jamais viré dans la pure branlette d'instruments, ni à la démonstration stérile d'une technique dont personne ne doutait plus depuis longtemps. Je crois que tout un chacun a toutefois été très impressionné par Kevin Scott, le nouveau bassiste, qui remplace définitivement Jorgen Carlsson. Son jeu de basse est une véritable merveille.
Au niveau du répertoire, j'imagine bien que chacun avait ses préférences pour constituer sa propre set list basée sur la discographie déjà riche du band et qui se compose de 25 albums, tous styles confondus. C'est le moment du: "ils auraient dû jouer celle-ci ou celle-là" auquel chaque groupe se trouve confronté. Pour ma part, j'ai adoré l'hommage à Bob Marley avec l'immense "Lively Up Yourself" ainsi que les petits clins d'oeil à Led Zeppelin avec le thème de "Black Dog" suivi de peu par un petit détour du côté de "In memory of Elisabeth Reed" du Allman Brothers Band".
On en arrive maintenant à soulever un point qui divise toujours: l'attitude des artistes sur scène. Il y a des groupes qui ont besoin de beaucoup bouger, de haranguer les masses et de jouer à l'écolo-alter-mondialiste Bobo 'Bono'?), La mule n'est pas de cette race là. Warren Haynes n'est pas un grand communicateur, on le sait, et personnellement je m'en fiche car c'est sa musique qui me séduit. Si je suis là, c'est pour écouter un groupe qui nous en donne pour nos euros, sonnants et trébuchants, point barre! Quant au côté statique du groupe sur scène, ça ne me gêne aucunement, ce n'est certainement pas ça qui fait la qualité première d'un artiste. J'ai adoré, comme à chaque fois, la diversité, l'éclectisme, du groupe et son aisance pour passer d'un style à l'autre. Warren me confiait en interview que dans les petites villes isolées des Etats-Unis, tous les musicos du coin se réunissaient les weekends au saloon et jammaient ensemble. C'est comme çà qu'ils apprenaient à tout jouer, sans discrimination de genre ou d'origine et je trouve ça beau.
A signaler que depuis ses débuts, le groupe a autorisé, et même favorisé, l'enregistrement (audio) de ses concerts, ainsi que le partage, l'échange et la diffusion de ceux-ci, à condition que cela soit fait gratuitement (et exception faite des concerts édités par le groupe à des fins commerciales).
Mitch "ZoSo" Duterck

mardi 21 novembre 2023

James Armstrong à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 19 novembre 2023

 James Armstrong à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 19 novembre 2023

 

michel

 

Après le forfait d'Ivy Ford, tournée annulée, La Grande Ourse déniche un remplaçant de qualité: James Armstrong.

On mentionne un extrait de la bio du gars de L A, ayant vu le jour lors d'un mois où on déconseille de se découvrir, c'était  en 1957: James Armstrong had blues music in his blood from the very start. His Mom was a blues singer, his Dad played jazz guitar. Armstrong formed his first band in the 7th grade, and by age 17 he was touring the country.

Comme le bluesman aime débiter des anecdotes concernant son parcours, on les mentionnera au fil de l'analyse du concert.

Un point introductif: à 5 ans il voulait se vouer à la batterie ( trop compliqué pour lui, ajoutera l'espiègle Denis Agenet), à 7 ans il opte pour la guitare.

Sa discographie n'est pas surabondante, à peine 7 CD's, par contre il a fait 10 fois ( au moins) le tour de la terre pour faire entendre sa guitare jouer le blues.

Depuis fin octobre, il était en tournée sur le  Vieux Continent, visitant l'Allemagne, la Suisse, la Belgique et la France, le concert à La Grande Ourse clôturait son périple.

Comme souvent lorsqu'un musicien américain traverse les océans, l'équipe qui l'accompagne sur scène est constituée de mercenaires, ce soir, le talentueux  Denis Agenet, interprète/traducteur à ses heures perdues,  tient les baguettes ( vu maintes fois à Saint-Agathon) / à la basse on a vu le sobre Abdell B-Bop Bouyousfi/  et aux claviers, un improvisateur né,  Jean-Patrick Cosset .

 Les trois coco(rico)s ont déjà tourné aux côtés d'Ivy Ford, quel hasard!

Opener sans la star, un instrumental juteux, sentant bon  Booker T

Are you ready for the blues, propose Denis.

Bête question, personne ne s'était déplacé pour un concert de deep house.

Ladies and gentlemen, vos applaudissements pour James Armstrong.

Sans se presser, le Californien, vêtu d'un sémillant veston aussi beau que ceux que portent Chris Isaak, d'un futal noir, de pompes cirées et  d'un petit chapeau coquet, rapplique.

Dès les premiers accords, le public a compris qu'il n'est pas question de  se morfondre ce soir, ça va s'agiter ferme. 

' Why I sing the blues' emprunté à B B King  ouvre le bal, le jeu est fluide, la voix grasse et l'homogénéité du trio qui l'accompagne est exemplaire .

Tes voisins frappent le sol du talon, au premier rang, un gars, qui a eu des cheveux il y a longtemps, entame un solo d' air guitar savant, tout va bien!

It's the last show of the tour et croyez en mon expérience, c'est souvent le meilleur.

On t'avait prévenu, James est du genre storyteller à rallonges, le contact avec le public, il connaît.

Il enchaîne sur ' Got it goin' on' le titletrack d'un LP sorti en 2000, une pointe  de slide bien placée, pour nous prouver qu'il n'a rien perdu de sa dextérité,  malgré le coup de poignard qu'un malfrat lui a refilé en 1997, le laissant pour mort sur le plancher.

A force de travail, James a retrouvé tous ses moyens et il est bien alive and kicking.

' Blues has been good to me' ,  la soulful  song qui donne son titre au dernier album permet  à J P Cosset de placer quelques arabesques soignées,  à l'orgue.

Le blues, c'est bien, Robert Palmer, c'est pas mal, non plus, on vous joue son 'Addicted to Love', Denis s'occupe des secondes voix.

Qu'il y a des anges pour protéger les musiciens, victimes d'une agression, James Armstrong en est persuadé, de là, la composition ' Guitar Angels', une autobiographie chantée.

Jeu créatif et voix chaude ( à la Robert Cray)  et une leçon de morale... don't give up, les guitar angels sont là  pour te soutenir!

Plusieurs de mes chansons se retrouvent sur des BO's de films, notamment au générique de ' Speechless' avec Michael Keaton et Geena Davis , voici ' Bank of Love'.

Sa mémoire doit lui jouer des tours, car le titre repris dans le film de Ron Underwood était '2 Sides'.

Anyway,  son ' Bank of Love' balance généreusement , le funk dégouline à grandes eaux.

Un nouvel album est prévu pour 2024, 'Ragtop' se retrouvera sur cette plaque, un titre pour les amateurs de cabriolets à l'ancienne.

La seconde branlée de slide de la soirée a ravi le champion d'air guitar qui a mimé à la perfection la glissade sur les cordes imaginaires de sa Fender.

Pas de grosses surprises avec James Armstrong, son blues est des plus classiques, c'est ce que le public demande: de l'authentique et du  loyal!

Je n'ai jamais rencontré B B King, mais à chaque concert je reprends' The thrill is gone'.

Six minutes de bonheur intense!

James grimace, Saint-Agathon jubile!

S' il n'avait été musicien,James aurait pu être stand-up comedian, il nous balance une nouvelle anecdote, concernant sa conjugale,  elle  nous vaut le cocasse  ' Grandma's got a new friend'. 

Nouvelle incursion dans l'univers des standards du blues,  avec une version personnelle de 'Got my mojo working',  qui voit chaque intervenant placer un solo,  huileux pour l'orgue et la basse, fougueux pour le batteur.

Avant d'entamer ' Healing time' il évoque Mike Ross qui a écrit les lyrics de ce morceau retravaillé  pendant la pandémie.

Un autre de ses héros se nomme John Lee Hooker, so it's time to boogie on ' Boom Boom'.

Un coup d'oeil à la tocante, ouille, on approche du terme, Saint-Agathon j'ai besoin de votre aide pour le refrain de 'The blues is alright ' , capisce?

Eh, eh, the blues is alright et la guitare flambe de mille feux et le  fringant sexagénaire se paye un voyage dans la salle  et Saint-Agathon bat des mains, tape du talon et hurle à pleins poumons.

Fin d'un show flamboyant, donné par un gars généreux, qui revient avec ses desperados pour un rappel sous forme de boogie,  ' Six bar City',  qui a fait réagir Adrien... que six bistrots dans ce bled, c'est pas un endroit pour un Breton!


Dimanche prochain: Alabama Mike à La Grande Ourse!




 

dimanche 19 novembre 2023

Gros Coeur au Chaland qui Passe à Binic, le 18 novembre 2023

Gros Coeur au Chaland qui Passe à Binic, le 18 novembre 2023

 

michel

 Cœur blessé, torturé par tout le mal que tu m'as fait,  adieu je m'en vais le cœur gros....

Merci, Petula, mais il s'agit de Gros Coeur, qui bat, pas forcément la chamade, depuis un peu plus de deux ans entre Liège et Bruxelles.

Ces quatre garçons aiment le vent ce qui explique leur mini-tournée en pays Breizh. Après Nantes ( Guy Mollet, t'es un escroc), Rennes et Brest, c'est Le Chaland Qui Passe à Binic qui reçoit le muscle hypertrophié.

On les attend à 21h, comme la superficie du  zinc  avoisine les 13 m2, tu t'es dit qu'arriver suffisamment tôt est recommandé pour être certain d'y dénicher une place.

Très bon plan, car le matos du groupe, trois jeux de pédales à effets, deux claviers/synthés, deux guitares + un truc qui ressemblait à une guitare/mandoline, une basse, une batterie légèrement  tronquée car au lieu des différentes caisses ou toms, le frappeur s'est trouvé des congas et un jeu de timbales, quelques autres engins percussifs et  un mélodica, des 13 mètres carrés initiaux, il reste 5 mètres carrés, ainsi, personne ne mourra de froid ce soir!

Gros Coeur, ce sont: le grand Adrien Chapelle ( compositeur, bruiteur, ingénieur du son, dit sa fiche) aux lead vocals et à la guitare, un ex Alaska Alaska,/   Alexandre De Bueger à la batterie, vu avec Alaska Gold Rush, mais également actif chez Annabel Lee, ou Ada Oda/  Jimmy Geers, un mec  issu du groupe Ode to Space Hassle,  à la guitare, au synthé, aux percussions et secondes voix / Julien Trousson à la basse, au synthé et secondes voix , un ex - Walking Ghost Face, pas mal de ces groupes cités ont inclus des éléments psychédéliques et/ ou des rythmes syncopés dans leur musique. 

Gros Coeur, qui balbutiait encore,  a brillé lors de la finale du Concours du F. dans le texte de 2022 et depuis a tourné dans tout le plat pays avant de sortir un premier EP, judicieusement nommé 'Gros Disque', t'as pigé qu'on ne peut pas les taxer de  grossophobie.

Après une intro groove tribale, Adrien, d'un timbre fuselé entame ' Euphorique' au chant.

Comme tous les autres titres, la plage ne se soumet pas aux sempiternelles 3 minutes obligatoires pour espérer passer en radio, à l'heure où les ménagères ont branché le transistor, que ce soit sur Radio Bonheur, Océane, NRJ ou Fun machin, elle frôle les 8 minutes en passant par divers climats.

Les constituants psychédéliques croisent le funk ( une basse à faire frémir Bootsy Collins), le groove euphorique ( pas fait exprès) et les percussions ethniques, c'est tellement addictif qu' à tes côtés, deux jeunes personnes, délurées et subjuguées, ont entamé une danse chaloupée qui a ravi les musiciens. 

Gros coeur, après  un seul  titre, c'est  déjà une grosse gifle.

Ils enchaînent sur 'Kawa' bourré de la la la's  trompeurs, t'es fan de Kula Shaker, tu vas adoré, de Tame Impala, tu vas succombé, de chant choral , tu tombes à genoux, de chicorée édulcorée, tu vas détester.

Leur kawa c'est une drogue qui rend fou, mais que tu peux consommer sans risquer des ennuis avec la justice. 

La 'Java' de Gros Coeur n'est pas bleue,  Lucienne. D'ailleurs l'accordéon brille par son absence.

Leur java débute par des effets stridents et ressemble plus à une rumba sous acide, piquée d'afro beat  qu'à une valse musette désuète.

Eclectisme, tu dis... Pour le moins, car au fil des vagues déferlantes et des ondulations sinusoïdales, tu perçois encore un brin de métal ( hurlant), d'oriental disco tendance Taxi Kebab ou Lalalar, de new wave funk à la Allez Allez ( remember ' African Queen'),  une pointe de Transglobal Undeground, mais aucune trace de Maître Gim's.

Pendant 9 minutes tu suis les tribulations du quartet, l'acid dance  trance atteint  son paroxysme au terme  du morceau.

'Ventre Volcan' est pour tous les gens ayant mangé trop épicé.

C'est de l'humour belge, rétorque Joséphine.

Volcan dit:  éruption, coulées de  lave, explosions à répétition,  gaz  soufrés , chez Gros Coeur, tout ça devient magma épileptique hyper dansant..

Après un break pour dégazer le mélange en fusion, Adrien repousse Julien, prend ma place, petit, je te supplée au synthé, montre leur ton jeu funky à la basse.

Après ce léger relâchement, la machine repart de plus belle pour finir en cascades vertigineuses.

Binic, là on vous joue une nouveauté, on n' a pas encore déterminé le titre, on pourrait pencher pour ' La Grande Vague'.

Dis, Jimmy, c'est quoi ce truc?

Un vibraslap, mademoiselle, tu pourras frapper la boule au moment voulu.

Il a ramassé un instrument, électrifié,  à quatre cordes, qui n'était ni une basse, ni un cavaquinho, ni un ukulele, ni un banjo, ni une balalaïka, pour  le maltraiter sans indulgence. 

Les vagues déferlent, Kelly Slater a sorti sa planche en ajoutant:  à Binic c'est mieux qu'à Nazaré ou à Biarritz, la houle est monstrueuse.

L'angle psychédélique du morceau envoie quelques images à ton cerveau qui ressuscite d'autres psychedelic bands bruxellois, dont les fantastiques Moaning Cities ou Phoenician Drive, au background peut-être plus bluesy  que celui de  nos lascars.

Après une fausse fin pour nous rouler dans la farine ils reprennent leur trip surf tropical et puis annonce une dernière pièce musicale, avec des notes, destinée aux moines  du coin:  'Monique' .

Intro sidérale, éclaboussures soniques, accélérations hystériques, Monique est du genre impulsif , elle est exaltée et imprévisible, elle pourrait être le prochain ouragan qui risque de faire de gros ( encore) dégâts dans la planète musicale.

Si tu veux faire un cadeau de Saint-Nicolas à un pote, offre lui un ticket pour Gros Coeur qui se produit au Trix, Antwerpen, le 6 décembre!

 

 




 



 

vendredi 17 novembre 2023

Rival Sons + L.A. Edwards à l' Ancienne Belgique, Bruxelles, le 12 novembre 2023

 Rival Sons + L.A. Edwards à l' Ancienne Belgique, Bruxelles, le 12 novembre 2023

 Mitch ZoSo Duterck

 

Rival Sons + L.A. Edwards, l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 12 novembre 2023.
 
À tous, présents et à venir salut !
 On ne se connaît pas encore?
 Nous allons donc remédier le plus vite possible à cette lacune. Je taquine la plume comme d'autres le silure, au fil des concerts et des reportages qui se suivent, à chaque fois différents, comme les ours. Car, comme chacun le sait, les ours se suivent et ne se ressemblent pas... 
C'est donc pour faire plaisir à mon ami Jean-Pierre Vanderlinden alias JP Rock qui m'a fait l'honneur de me solliciter que j'ai accepté, non sans une certaine fierté, de vous écrire une petite bafouille, comme disait Pierre Perret, bafouille qui, je l’espère, vous permettra de découvrir mon univers à chaque fois en pleine mutation ainsi qu'un peu de l'ambiance générale du concert d'hier soir à l’AB. 
Si d’aventure vous étiez coupablement absents où stupidement enfermés à Forest National pour y subir GVF (je me contenterai de leurs initiales, prononcer leur nom me donne de grands maux de tête pour rester poli).
Comme disait un de mes amis amputé d'une jambe, on peut très bien vivre sans prendre son pied. Oui, c'est probablement vrai.
J’avoue pourtant que le concept ne m'enchante guère et que s'il y a moyen de ne pas tester la véracité de ces propos je serais le plus heureux des hommes.
Contrairement au 7ème art qui se laisse beaucoup trop souvent aller avec plus ou moins de bonheur à la reconstitution historique de pages entières et donc sans surprises de notre existence, les concerts ont ce côté imprévisible qui fait leur charme. En effet on ne sait jamais à quoi s'attendre quand on entre dans une salle de concert, souvenez-vous du Bataclan. Le cinéma a beau faire du relifting au niveau des acteurs, des réalisateurs, et même des affiches et des bandes annonces ou teasers comme on dit maintenant, la conclusion reste toujours la même, inéluctable. Mais qu'il soit teaser ou teaser et quart, on s'en fout, non? Là, je sens que je viens de perdre encore quelques lecteurs.
Contrairement à un concert, le grand écran est rigide, pas d'improvisation possible. Quand ça ne va pas, on entend s'abattre le verdict: "Coupez!". Prenons par exemple le multi oscarisé "Titanic", on sait de toutes façons bien que même si le film dure 3 heures et quelque, à la fin, leur truc pour riches va quand même couler et ce n'est ni James Cameron ni Leonardo Di Caprio qui y changeront quelque chose. Même si le beau Leonard, tortue Ninja moderne, se met à niquer tout ce qui bouge, entre le fond de cale et le pont supérieur, ce sera comme tout le monde. A l’eau ! Allo !
Étant donné ce qui précède j’en arrive encore à me demander pourquoi il y a tellement de gens qui continuent à regarder et à pleurer un personnage dont on sait pertinemment bien qu'il va boire la tasse. Nom de D… puisque vous le savez, choisissez un mec qui s’en sort, ce n’est pas compliqué tout de même !
Alors, pour vous amuser un peu, voici un petit truc qui marche à chaque fois. L'idéal c’est de vous pointer au cinéma discrétos, asseyez-vous au dernier rang pour les 2 dernières minutes du film et le générique. Étant donné la place stratégique que vous occupez et que vous avez intelligemment gardé sur les épaules la veste que vous portiez en entrant, vous faites partie des tout premiers à pouvoir quitter la salle obscure. Des centaines de paires d'yeux se tournent alors vers vous comme vers le messie (pas Lionel, l'autre). Les yeux écarquillés, ils vous dévorent, vous scannent, vous autopsient, afin de discerner ne fût-ce qu'un indice qui leur permettrait de dire que quelque chose a changé. Vous, Seigneur des Annaud comme disait Jean-Jacques, maître de l'écran géant, gardez la tête droite malgré les centaines d'yeux avides de sensations et de révélations, qui vous déchirent. Pendant près de 03h00 ils se sont agglutinés autour de gens qui ont tenté de distiller leur ignorance au prix de la révélation suprême. Généreux dans leur péroraison stérile, ils ont abreuvé les oreilles attentives de supputations qu'ils vendent comme argent comptant aux béotiens incultes qui les idolâtrent en silence. Un peu comme quand nous étions enfants et que nous composions en cachette le numéro de téléphone de l'horloge parlante que nous écoutions religieusement, en pensant être devenus des adultes... Au troisième Top, comme dirait ce malicieux barbu de Billy F. Gibbons.
C’est maintenant à vous d'entrer en jeu. Tout à fait relâché vous commencez à bouger lentement le bras gauche, avec une insistance de plus en plus marquée à hauteur du pliant du poignet (gauche lui aussi parce que si vous remuez le droit, ceux qui font la file depuis des heures ne le verront pas étant donné qu’ils se tiennent du côté droit, logique implacable de notre sens de roulage, pressés d'entrer qu'ils sont.
Choisissez alors un pigeon, mais alors, le bon gros pigeon de campagne, le Ramier qui remplit votre assiette en cas de disette. Vous fixez la personne dans les yeux comme si vous la connaissiez depuis des lustres et dans le même temps vous agitez de plus en plus vite le poignet dans un signe de mise en garde que personne ne peut ignorer, histoire de dire « Ah là là ! il s’en passe des choses dans la nouvelle version. » Vous lui donnez maintenant une tape amicale sur l'épaule en disant « Tu avais raison, c'est terrible. Et L’attaque des Zombies, c'est vraiment gore ! Encore merci hein vieux » Et vous le laissez là, tout hébété comme un veau de deux heures. Tout le monde le prend pour un traitre car il a juré ne rien savoir du film pendant toute l’attente dans la file dehors, le saligaud, l’infâme. » Le service de sécurité lui évite de peu le lynchage en bonne et due forme, style « Mississippi Burning » si tu vois de quoi il retourne.
En conclusion, allez aux concerts. La seule certitude actuelle c’est que Céline Dion annule toutes ses tournées aussitôt qu’elle ont été annoncées. Ouf ! On y a encore échappé, de peu!
Comment? Oui, ok, je l’ai promis, je me présente : On me connait sous le pseudo de Mitch ou de Mister Led Zeppelin. Ceux qui écoutaient Classic 21 s’en souviennent certainement dans les classiques de Marc Ysaye le dimanche matin. Musicien et auteur de 5 ouvrages dont « In The Evening & In The Light » une somme de plus de 1.000 pages sur Led Zeppelin. Je fais également partie des administrateurs du site Rival Sons UK & Europe depuis les touts débuts du groupe. Je suis tombé amoureux de leur musique, un genre qui me manquait tellement depuis la disparition du grand dirigeable. Une musique de qualité, tellement belle et prenante, variée et intelligente que j’en suis à mon 47ème concert du groupe, série en cours. Rival Sons est un quintette de Rock qui ne triche jamais, peu importe la raison, qu'elle soit technique ou matérielle, le groupe ira jusqu’au bout, sans se cacher derrière des excuses bidon. Je ne vais pas vous faire une apologie du band, le mieux que vous ayez à faire, c'est de les écouter et d'acheter leurs albums. La cerise sur le gâteau: venez les voir sur scène.
la bande à Jay Buchanan (chant et guitare), Scott Holiday (guitares, percussions et backing vocals), Michael Miley (Batterie et backing vocals), Dave Beste (Basse et backing vocals) et le petit nouveau, Jesse Nason (claviers et backing vocals) vont vous scotcher, je vous le promet. Comme le dit si bien Jay Buchanan, leur leader charismatique: "Nous sommes Rival Sons et on fait du Rock'n'Roll. Il n'y a pas de tricherie, pas de bandes cachées, rien derrière le groupe, aucun truc. Si ma voix lâche en cours de concert, comme cela vient de se produire à l'instant, eh bien, elle me lâche, mais nous, on continue à jouer!" Ca c'est de la sincérité! Nous sommes devenus amis au fil des années et j’en suis très fier. Allez venez nous rejoindre, vous ne le regretterez pas.
Ce dimanche 12 novembre commence bien pour la bonne et simple raison que nous sommes invités à assister au showcase très privé organisé par Classic 21. Une vingtaine de personnes tirées au sort sont présentes. Les Sons vont jouer trois titres dont "Bright Light", "Manifest Destiny (pt.1)" et "Mosaic". Les deux derniers faisant partie de mes morceaux préférés parmi la discographie du groupe. C'est un sentiment étrange que celui de se trouver tellement privilégiés d'assister à un mini-concert dans de telles conditions. Ca crée des liens, un peu comme des amants heureux de se retrouver, enfin, quand tout va bien et qu'ils entretiennent le feu à deux. Le concert est suivi d'une séance de dédicaces et d'une session photo. Pour ne pas faire s'évanouir les fans impatients et surtout les impatientes, dont certaines sont très jolies au demeurant, mon collègue Carlo et moi nous attendons que tout le monde soit satisfait avant de remettre au groupe un tableau qu'on doit au talentueux peintre Mono Marsia de Wavreille, une toile qui représente nos Rival Sons, bien évidemment. Grosse émotion de part et d'autre et félicitations longues et viriles. On se voit plus tard?
Après avoir subi une fois de plus L.A. Edwards qui n'aura pas fait l'unanimité comme groupe de première partie sur la tournée sinon au point que personne n'a aimé, les héros du band de Long Beach, California, montent sur scène sous une clameur assourdissante qui te fait dresser les poils sur les bras. Pendant les 108 minutes que dureront le concert, il n'y aura aucune faiblesse, aucun couac. Aux manettes, Neil, l'ingénieur du son canadien m'a invité à venir suivre le concert depuis le saint des saints, et ça ne se refuse pas. L'homme qui pilote le son fait encore des merveilles. Comme à chaque fois. l'Ancienne Belgique qui reste à mon sens la meilleure salle du pays, va brûler comme les flammes de l'enfer, une espèce de BBQ géant auquel vont se consumer le coeur et l'âme de chaque personne présente, venue rejoindre la messe Rock 'n' Roll célébrée par les cinq de Long Beach. Je croyais qu'il serait impossible d'égaler le concert de Cologne qui avait eu lieu la veille, tant au niveau qualité de la prestation qu'au niveau ambiance mais, en toute honnêteté, nous avons fait mieux à Bruxelles, ce que reconnaissaient sportivement certains de nos amis Teutons présents dimanche. Les avis étaient unanimes, on venait de prendre une claque géante et magistrale!
Il ne nous reste plus qu'à espérer que la prochaine galette soit du niveau de "Darkfighter" - "Lightbringer" les deux joyaux sortis à quelques mois d'écart en 2023. D'ici là, portez-vous bien et... "Keep On Swinging". Ne reculant devant aucun sacrifice, je vous livre la set list du concert.
Bien à vous, Mitch
Setlist :
01.Mirrors.
02.Do Your Worst.
03.Electric Man.
04.Rapture.
05.Darkfighter.
06.Open my Eyes. (w.drum solo)
07.Back in the Woods.
08.Pressure and Time.
09.Nobody Wants to Die.
10.Feral Roots.
11.Darkside.
12.Too Bad.
13.Face of Light.(w guitar solo)
14.Shooting Stars (Jay solo acoustic)
15.Mosaic.
16.Keep On Swinging.

jeudi 16 novembre 2023

Album - Thomas Frank Hopper - Paradize City

 Album - Thomas Frank Hopper - Paradize City

 Autoproduction

michel

Avec Thomas Frank Hopper et Ghalia Volt,  le blues made in Belgenland s'exporte dans le monde entier.

La dernière vient de sortir l'album ' Shout sister shout' ( cf chronique de Walter), Thomas Verbruggen, alias Thomas Frank Hopper , le kangourou wallon, né à Bruges, ex ville bourguignonne, quant à lui, a pondu un nouvel album ' Paradize City' , deux ans après ' Bloodstone' ( cf chronique de Pascal).

Si le mec brille sur scène, sa récente victoire au Belgian Blues Challenge 2023, où il a devancé la crème du blues belge en devenir (  The Blue Chevy's, David Ronaldo, Peddlin Pete, Travellin' Blue Kings, Stef Paglia, Wilk et Dirty 5) en atteste, on n'est pas certain, par contre,  qu'il puisse devenir un jour  prof d'anglais.

S' il avait mieux écouté Guns N' Roses  , il aurait su que 'Paradise City' s'écrit avec s et pas avec z , d'accord tu me diras qu'Indochine aussi utilise Paradize, mais eux ils sont français et la France  c'est aussi un pays où y a quand même pas cinquante millions d'abrutis....

Parenthèse fermée, revenons au troisième full CD de Thomas Frank Hopper.

TRACKLIST

1 - Troublemaker
2 - Tribe
3 - A Song for the Devil
4 - Chimera
5 - Paradize City
6 - Back to the Wild
7 - Dog in an Alley
8 - April Fool
9 - Crossroads
10 - Boundless

Dropbox ne nous a guère éclairé pour les crédits, on avance:

 Thomas Frank Hopper : chant | guitares électrique, acoustique & lapsteel  

Jacob Miller: basse | chœur 

 Diego Higueras:  guitare électrique

et   Nicolas Scalliet:  batterie et production

Un cinquième larron se voit sur une photo: sans doute,  Maxime Siroul, à l'orgue Hammond.


Une photo de pochette sobre, Thomas s'affiche  en cowboy,  guitare en bandoulière, il est  coiffé d'un Stetson  qu'il tient d'une main. Il y a du Bruce Springsteen dans cette  pose à la coolitude étudiée.

Début en fanfare avec ' Troublemaker', un bluesrock sentant bon le Led Zeppelin ou Rival Sons, avec un rôle prépondérant pour l'orgue Hammond et bien sûr pour la fameuse Weissenborn du chef, ce qui donne un accent sudiste à la composition.

Diego, un gars qu'on a déjà eu l'occasion de voir sur scène, place quelques riffs assassins, la rythmique, bien grasse, fait du bon boulot et c'est avec une conviction inébranlable que Thomas scande son propos.

Les bluesmen ne détestent pas les fauteurs de troubles, pas qu'ils cautionnent les casseurs style Black Bloc , mais ils sont nombreux à chanter les troublemakers.

 De Texas Flood ( Troublemaker blues) à Matt Schofield  en passant par Lightnin Hopkins  ou à Sean Chambers ( Trouble and Whiskey), les bad boys ont la cote!  

'Tribe' .... et pourtant Rival Sons n'est passé que le 12 novembre à l'Ancienne Belgique.... et puis il y a  ce refrain pompé sur 'Living Lovin Maid' du Zeppelin, Thomas Frank Hopper connaît ses classiques,  sa clique assure  sans sourciller.

Nicolas frappe comme feu John Bonham, les guitares mitraillent sans répit et si on a mentionné le batteur du Zep, il ne faut pas oublier John Paul Jones, la basse de Jacob le meunier s'en inspire sans scrupule.

' A song for the devil' , sorti en single, déchire, que ce soit  en enfer ou au paradis. Le signal est donné à coups de guitare/klaxon , puis les riffs saignants se succèdent tandis que Thomas parvient à faire oublier un certain Robert Plant, ces copains, aux choeurs, se montrent  plus éloquents que la manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois.

Ces gens sont démoniaques!

Retour en force de l'orgue sur ' Chimera' , allez, on va voir du côté des Doors et de l'exemplaire Ray Manzarek.

Après avoir allumé le feu, pas le tien, Johnny, l'incendie se déclare et, en un peu  plus de cinq minutes,  va ravager nos cerveaux,.

Ils enchaînent sur le titletrack de la rondelle, un ' Paradize city'  où tu croises Vincent Crane au coin d'une rue et, un peu plus loin, tous les sanguins de chez Royal Blood. 

Quoi, Geoffroy, tu y entends du Uriah Heep, ouais Mick Box, ce n'est pas un âne!

'Back to the jungle', on quitte le jardin d'Eden, direction la  vie sauvage, la jungle, les bêtes féroces, et la chaleur moite .

A grand coups de wah wah et de slide,  les  machettes des guitaristes, le groupe se fraye un chemin dans cette forêt hostile et quasi impénétrable, on ne compte plus les griffures sanguinolentes décorant nos bras et nos visages.

Et, toi, Sean, que fais-tu là?

Du repérage pour un film! 

Intro à la slide pour 'Dog in an alley', le ' Gallows Pole' de l'album. Parfois une accalmie légèrement country pour apaiser les esprits, ça fait du bien,  et pourquoi pas ne pas en profiter pour aller promener le chien.

Un poisson d'avril en automne, c'est pas une farce, mon cochon, ' April Fool' secoue sec, surtout avec l'harmonica ravageur qui bouscule tout sur son passage ( lors d'un showcase pour Classic 21, c'était Geneviève Dartevelle, connue sous le pseudo Harmogene, qui avait soutenu le quintet).

Un jour Thomas a affirmé  ...Whenever I'm on stage, my lapsteel is like a weapon... et comme il n'est pas le seul du groupe à être armé, les balles fusent à profusion, il y a intérêt à trouver un abri indestructible pour ne pas finir au cimetière.

Tu connais le ' Crossroads' de Robert Johnson, du Cream, des Doors, de Ten Years After ou de Cabrel et Paul Personne, celui de Thomas Frank Hopper, en mode boogie vicieux, s'approche plus de ZZ Top ou du Canned Heat.

En dehors des guitares, brutes et venimeuses, de l'orgue purulent, du drumming lourd et de la basse râblée, il faut encore compter sur une chorale, tantôt virile, tantôt huileuse,  pour soutenir le chant persuasif du leader qui tient à jouer le blues jusqu' aux petites heures.

Dernier virage, avec ' Boundless', la team propose un titre plus posé  qui meurt aux sons d'une guitare acoustique,  posée sur un orgue liturgique.

 Ici, encore, le timbre du Brugeois prend d'altières  intonations Robert Plant, mais de là à en faire un  pâle clone du Led Zeppelin, il y a un pas que nous ne franchirons pas, Thomas Frank Hopper a son identité propre, il a tout simplement bien digéré le blues rock des seventies pour le façonner à son image.

 Tu dis, Edouard?

T'as pas mentionné Greta Van Fleet!

Il fallait?

 

Anyway,  Paradize City, devrait ravir tous les fans de blues rock  pur jus,  tous  ceux qui  crient à la trahison lorsqu'un groupe utilise des  logiciels  et autres gadgets pour masquer leur manque de talent.

 


 


 





 

 

 

 

mardi 14 novembre 2023

Festival des chanteurs de rue - Fieffé Fou et Gabi - Quintin, le 11 novembre 2023

 Festival des chanteurs de rue - Fieffé Fou et Gabi  - Quintin, le 11 novembre 2023 

michel


Après le défilé costumé,  pendant lequel fanfare farfelue, indigènes, de tous âges, costumés et chapeautés,   une meute de chasse à courre, des sonneurs munis de cors, de fiers cavaliers et un cheptel d' oies sauvages, guidées par un border collie docile et infatigable et surveillées par le berger Bernard Alleno, ont battu le pavé et tenu  la foule, dense à cette heure,  en haleine, on remet le cap vers la scène Georges Brassens pour assister à un récital de Fieffé Fou et Gabi.      

Le duo occasionnel, non prévu  sur l'affiche originale, a fait forte impression dans les rues de Quintin.

Gabi Devilleneuve, guitare et chant, ( La Goutte, De la Mancha, Les Obsédés du Monde) et François Colléaux, le Fieffé Fou (iOta,  Tue-têt, St.Lô, Tcha K Fédérateur), accordéon et chant,  ont tous les deux une sérieuse carte de visite à présenter,  quand ils unissent leurs talents, les étincelles jaillissent.

Dès le premier titre,  on se rend compte  que le son est plus dense, plus électrique, que lors des concerts précédents,  le chant bouleverse, prend aux tripes...j'ai vu ta mémoire, la rue, les boulevards, j'ai vu la défaite..., merde, pas moyen de retrouver le titre de la première tirade, tandis que l'accordéon s'énerve et que la guitare, franche, dégage des ostinatos secs.

François attaque ' Mon petit garçon', une des chansons phares de Michel Tonnerre, quelques anciens dans le public l'accompagnent en sourdine.

Puis c'est au tour de Gabi de saisir le micro pour proposer son titre ' Dérangé' ( EP 'A Découvert') , voix éraillée, mélodie lumineuse et texte subtil, un joyau à chérir.

Reprendre Arno est tout simplement logique, 'Lola etc' colle à la peau du Fieffé.

Java , Volga, vodka, Kama Sutra, OK ...  mais l'after-shave, ça je veux pas!

En cette fin d'après- midi, l'accordéon est loin d'être rance et l'ambiance est intense.

Vas-y, Gabi!

Sur des accords flamenco,   Gabi Devilleneuve raconte  un vendeur de roses qui médite,... c'était mieux avant.... on l'entend dire souvent, oui, mais avant quoi?

François chante, non pas Villon, ni Fillon, non du Gabi:, ' Self Made Man' , que tu retrouves sur l'album 'Quel jour on est' de La Goutte.

Cette valse sociale interpelle, le rendu, énergique, épate, François a de la gueule ( très semblable à celle d'Albert Dupontel)  et une présence scénique unique.

Ce set de 30', à peine,  a paru bien court, malheureusement le timing serré n'autorise aucun rappel.

Pour nous le festival s'achève ici, on n'a déploré aucune goutte de pluie, si tout va bien, on revient pour l'édition 31. 



lundi 13 novembre 2023

Festival des chanteurs de rue - Les Bigorneaux d'lavoir - Quintin, le 11 novembre 2023

Festival des chanteurs de rue - Les Bigorneaux d'lavoir - Quintin, le 11 novembre 2023

 

michel

Oui?

Faut que je me soulage, vise le café-restaurant La Quintine qui propose des frites 100% belge, j'y vais.

Plus tard, elle te fait signe, amène...

Ah, oui, ça rigole, là-dedans, t'as un mec armé d'un piano à bretelles qui parvient à faire chanter toute l'assemblée en reprenant Georgette Plana et son impayable ' Riquita' .

C'est bien beau tout ça mais faut abandonner la jolie fleur de java pour un casse-croûte sur le pouce, à deux pas du troquet se trouve la scène Boris Vian, madame a repéré des huîtres, tu te rabats sur une saucisse - frite, tandis qu'un duo se prépare à entamer son tour de chant:  Les Bigorneaux d'lavoir, des gastéropodes du pays d'Auray,  madame ( Audrey Guégan) , une jolie rousse,  joue de l'accordéon diatonique et chante, monsieur ( Vincent Monfort) caresse  la contrebasse  et assure, parfois, les secondes voix.

Créneau?

Variété française  du début du siècle ( le précédent) jusqu'à nos jours.

' Les p'tits papiers' a été écrit par Serge Gainsbourg mais c'est Régine qui en a fait un tube.

Elle est canaille, Audrey, il est sérieux, Vincent, et le Jules de Fréhel, ce n'est pas un Apollon, 'Tel qu'il est', elle l'a dans la peau.

Tandis que tu fais la file à la buvette, le duo poursuit sa lecture des chansons populaires, il est question d'amour et de toujours, puis vient ' Trois petites de musique'  la chanson écrite par Henri Colpi et chantée par Cora Vaucaire, avant que Juliette Gréco, Yves Montand ou Nana Mouskouri s'en emparent.

' Femme Libérée' de Cookie Dingler reçoit un traitement altéré, ensuite on revient à la chanson réaliste avec ' Où sont tous mes amants ' de Fréhel.

T'as pas valsé avec tes frites, t'as regardé un couple tournoyer avec grâce quand, soudain, Audrey  entame 'Alors on danse' de Stromae en te toisant, c'était une plaisanterie, le titre, tronqué, servait d'introduction à 'Tous les mêmes' du même Stromae.

Le morceau débouche sur une guerre des sexes, car Vincent n'est pas d'accord avec le point de vue de sa madame.

Après un tendre  doublé Bourvil, 'La ballade irlandaise'/ ' Salade de fruits'  qui en principe devait clôturer la prestation , Audrey remarque qu'il leur reste quelques minutes, c'est juste suffisant pour proposer un pot-pourri  La Compagnie Créole, ' C'est bon pour le moral'  et ' Vive le douanier Rousseau'.

On prend congé en laissant les brigauds patauger dans les eaux bleues des Antilles.

Pause café dans le splendide établissement Chais les Garçons, bar à vin et café-concert, une adresse à retenir!

 

dimanche 12 novembre 2023

Festival des chanteurs de rue - Macadam Hirsute ( Yannick Accordéon) - Quintin, le 11 novembre 2023

Festival des chanteurs de rue - Macadam Hirsute ( Yannick Accordéon) - Quintin, le 11 novembre 2023  


michel


Nos pérégrinations nous emmènent face à la scène Juliette Gréco.

L'affiche annonce Macadam Hirsute.

En principe le groupe de Brem sur Mer, auteur des EP' s 'Tout pour la guinche' et  'Folles Envies'  se compose de trois musiciens:  Sian, Noël et Yannick, pas  aujourd'hui, seul Yannick, l'accordéoniste a rallié Quintin.

Résultat un répertoire complètement différent, et comme Noël, le chanteur attitré,  se traîne quelque part  sur sa luge, Yannick se voit obliger de manier l'instrument cher à Aimable tout en enfonçant une stomp box ,  mais aussi de seriner les paroles écrites par lui ou par d'autres.

'Si rien ne bouge' de Noir Désir est transformé en valse vendéenne, mais quand un yeehah agressif est lancé le morceau prend un caractère plus rugueux.

Il a de la gueule, le gringo à la casquette piquée à Robert Redford, le magnifique Gatsby.

Second titre, seconde reprise, 'Les Etoiles Filantes' des Cowboys Fringants.

Les passants se sont arrêtés, un couple tournoie,Yannick sourit et philosophe: chauffe, Marcel, pas besoin d'être bourré pour s'amuser! 

Les Ogres de Barback  estime que l' 'Accordéon( c'est) pour les cons' , Yannick nous chante ça en mode musette.

C'est pas Angélique, la copine des Ogres,  qui se colle à lui, c'est mamie Marie-Paule, toute de rouge vêtue, qui tient à se faire tirer le portrait à côté du romantique jeune homme.

Tiens, un bisou, pour te remercier, mon chou.

Yannick, souriant: "je crois que j'ai  une touche" , on continue avec la  valse du bon papa qui se prétendait capitaine, ' Pépé' de La Rue Kétanou.

Les Hurlements d' Léo ont choisi leur nom d'après  'Léo' des VRP, des adeptes  de la chanson populaire.

Yannick nous narre la triste vie de Léo, orphelin dès la naissance, gigolo, détenu, amoureux transi et pour finir, victime de la déprime.   

Si les VRP chantaient Léo, les Têtes Raides chantent ' Ginette', ça fait plus de trente ans que cette  valse accordéon  rend fou.

Sans pause, le chanteur de rue embraye sur 'L'accordéoniste' des Hurlements d'Léo, c'était pas le même que celui que chantait La Môme.

La Rue Kétanou encore, du côté de la Seine, mais ça aurait pu être le bois de Boulogne, pour   'Les hommes que j'aime'.

Deux secondes, Quintin, il me faut un coup de jus de gingembre  pour soigner mes cordes vocales, puis je reprends.

Jamel Laroussi a composé ' J'veux du soleil' en 1991, en 2023, le tube imparable d' Au P'tit Bonheur  continue à faire rêver toute la France.

Il enchaîne sur un instrumental celtique avant d'achever son set par ' Ma faute à toi' , un dernier La rue Kétanou, retravaillé en version bilingue français/espagnol.



Yannick Accordéon a séduit les passants par sa vivacité et  sa  sincérité, pas mal pour un concert au pied levé!







Festival des chanteurs de rue - Mr Tronc & Mr Poche - Quintin, le 11 novembre 2023

 Festival des  chanteurs de rue - Mr Tronc & Mr Poche - Quintin, le 11 novembre 2023

 

michel

 La tempête Ciaran a perturbé tous les plans du Festival des Chanteurs de Rue à Quintin.

Initialement prévu pour les 4 et 5 novembre, les organisateurs ont été dans l'obligation de décaler l'événement d'une semaine.

Le premier jour du festival coïncide donc avec les cérémonies commémorant l'armistice de la Première Guerre Mondiale.

Le programme a lui aussi été pas mal chamboulé, de nombreux artistes prévus n'étant pas libres aux nouvelles dates, plus question d'accueillir une trentaine de groupes, le panel est réduit à 18.

Il en fallait plus que ça pour miner l'enthousiasme du comité organisateur et des nombreux bénévoles ayant décidé que la 30è manifestation aurait lieu dans la joie et l'allégresse.

 Pluie ou soleil, la météo ne joue aucun rôle, pas de nouvel ouragan annoncé, cap sur Quintin!

Arrivés ( pluriel, because madame a daigné t'accompagner)  sur place vers onze heures , nous déambulons au hasard , un vin chaud plus tard, nous nous arrêtons devant la scène Georges Brassens qui  prévoit une prestation de Mr Tronc & Mr Poche à midi.

Mr Tronc et Mr Poche sont deux oiseaux rares: comédiens, mimes, musiciens, clowns, aussi farfelus que talentueux.

On n'assistera pas à un concert mais à un spectacle burlesque digne des Frères Jacques: redingote ou jaquette noire empruntée au roi Charles,   pantalon anthracite, papillon, de nuit, tout aussi noir, chemise d'un blanc immaculé, petit chandail, trop court, d'un brun délavé, couche de gomina  made in France pour l'un, crâne lisse  et pommettes cramoisies pour l'autre, ils sont  nettement plus attendrissants que le légionnaire qui se reposait dans le lit d'Edith.

Grégoire Rey est Monsieur Tronc, il joue de la guitare, chante, sert des salades   et, comme son compère, il a piqué une mini trompette en plastic ( jaune pour lui, écolo pour Mr Poche) à son petit-fils, avec laquelle il chahute  lors des meetings politiques.

Michel Seib est Monsieur Poche, il joue de la contrebassine ( poubelle piquée à un voisin, manche à balai, emprunté à une sorcière et corde récupérée à la déchetterie), sert lui aussi des salades, sans les vers, et chante, il fait aussi pouet pouet dans une trompette, ayant appartenu à Miles Davis bébé. 

Ces deux farfelus ont créé la Compagnie de Poche, spécialiste en théâtre absurde, normal vu que l'un deux ressemble à la cantatrice chauve.

Pendant une petite demi-heure, nos musiciens/boute-en-train   vont dérider le public en chanson et  en facéties diverses.'

Après une version jazzy minimaliste et assassine  de ' Tata- Yoyo'  suivie  par une séquence de baffes à gogo, pires que celles qu'Oliver Hardy refile au pauvre Stan Laurel, on a droit à une session de kung-fu, suivie d'un haka, aussi effrayant que celui que danse les quinze All Blacks avant de se frotter à leur adversaire du jour.

Vous aimez le rawk'n'roll à Quintin, vous connaissez au moins?

Oui, Annie Cordy, c'est rock et Rika Zaraï, aussi, mais moins que Mireille Mathieu.

Sont forts en Bretagne, et celle-ci vous reconnaissez?

 C'est parti pour une version fangeuse de ' Le Loir et Cher' de Michel Delpech et après avoir versé quelques larmes, car il ne reste que cinq minutes avant l'acte suivant, le duo partage l'audience en deux clans, à gauche les aah  aah aah's, à droite les putain de toi  et Georges Brassens au milieu.

'Putain de toi' , la pluie et le beau temps, le boucher Don Juan  et le cocu,  sont interrompus par le carillon de la basilique Notre-Dame-de-Délivrance, c'est l'heure de la prière, les guignols terminent leur prestation par un saut périlleux sous des  applaudissements nourris.

Caustique et comique, ce show ne refile pas la colique et déride les zygomatiques.