vendredi 3 février 2023

Session live Radio Activ' avec Phoque à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 février 2023

 Session live Radio Activ' avec Phoque à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 février 2023

 

michel

Le copain de ta gamine a un chouette T-shirt, un gentil animal moustachu te sourit quand tu le regardes, le logo dit  'Phoque you, fuck you'... t'as voulu le même, madame t'a dit... t'as plus l'âge, pôv vieux...  du coup, tu t'es acheté un marcel mettant en évidence tes biceps inexistants, le texte dit ' ras le bol'.

Quoi?

Tu t'en fous, tu veux un croquis écrit du concert de Phoque à Bonjour Minuit.

Primo, on n'a vu aucun pinnipède mais bien trois bipèdes d'âge mûr, mais pas périmés et pas tous chevelus.

Secundo, ils étaient munis d'instruments.

Tertio, on nous dit qu'ils sont originaires de Saint-Brieuc, ce qui n'est pas tout à fait crédible, car dans le tas on a noté un brexité.  Alec Nash, vendeur de fringues ( quel mic mac) , batteur et chanteur ( mais pas de charme) , a vu le jour du côté de Northampton ( dans le Northamptonshire , connu pour son fameux Northamptonshire blue, un gorgonzola fait à base de lait du Jersey).

Ses copains ont pour nom,  Michael Besqueut, bassiste, choriste et président de B M et Christophe Grosset , guitares et lead vocals.

Il est 18:55',  Marcus termine son entretien avec Muriel concernant les futurs concerts dans la salle de la place Nina Simone.

L'animal marin, tricéphale, prend place et nous lance une séquence pré-enregistrée, la voix off aux intonations Kill Bill / Blood Simple, t'hésites, te glace les sangs, ce n'est qu'un détail, si tu considères ce qui va suivre.

Bang, un coup de massue sur une cymbale, une guitare qui hurle, Alec en fait tout autant, on vient de lui arracher une molaire, l'intro s'achève, ' Weddell' est désormais sur la voie ferrée.

Des rails très noise rock, t'as vraiment craint un déraillement: vitesse excessive, turbine surchauffée, problèmes d'aiguillage, toutes des conditions pouvant provoquer un incident majeur.

Christophe te regarde droit dans les yeux, son regard signifie pousse-toi, armé de sa gratte il te bouscule pour venir taquiner un  public  qui vient de comprendre qu'un phoque ce n'est pas un bisounours.

T'avais plus subi une telle radicalité depuis un concert de La Jungle, de jeunes Montois démontés.

Ils enchaînent sur ' Gulabi', un titre que tu n'entendras pas sur l'EP 'Phoque',  sorti en octobre.

Mêmes gimmicks samplés, bruits de machines soufrant d'indigestion, guitare féroce, à faire pâlir les gars de chez Drive Like Jehu, chant screamo, idéal pour faire fuir les rats, batterie baston et basse percutante.

Les amateurs de cassures rythmiques sont servis, le son est massif, les boxeurs n'hésitent pas à frapper sous la ceinture, là où ça fait très mal.

Interlude dit le papier, les machines s'en chargent, puis vient ' Belle Brise' entamé par un message de la  Miss Météo de la Baie.

Comme le vent vient du Nord - Ouest, les jupes des filles se soulèvent, une déflagration soudaine annonce un ouragan, du coup Stéphanie se terre.

Noise, post rock, math rock, hardcore se chevauchent pour percer les tympans au plus profond.  

Légère accalmie, ' Charlie' lis-tu sur la setlist colorée, alors que Christophe venait de chatouiller le pied de micro avec sa guitare et que Michael, ayant quitté le mur auquel il était adossé, entame une danse tribale face aux premiers rangs.

Un cri destiné à réveiller le personnel glandant dans la cuisine  a failli  faire intervenir le gars de la sécu qui fumait une clope au bas de l'escalier.

' Hoolock' et ' Hosh'  se succèdent, il est question de l'arbre généalogique du guitariste, qui est parvenu à remonter jusqu'à Abel, le frangin de Caïn.

Sur scène , le carnage se poursuit, quelques pincées de Rage Against The Machine, puis  un assaut au lance - flammes, Phoque travaille dans l'incandescent.

Pause interview, des noms sont balancés: Battles, Foals, Sonic Youth, mais pas Ed Sheeran.

Comme le phoque est défendu par Greenpeace et d'autres organisations prônant la protection de l'environnement,  on suppose que 'Greta' fait allusion à  Greta Thunberg et pas à Greta Garbo, la Divine.

' Athena'  précède ' Leslie' , sans que  le scénario ait subi de profondes modifications: pas de fioritures, pas de concessions, on te balance du compact, de l'intransigeant, du serré.

Parfois tu crois entendre un soupçon de Led Zeppelin , sinon les siphonnés de chez  Don Caballero pointent aussi le bout du nez. 

Christophe termine le sautillant ' Gaia'  à genoux.

Dès qu'il a achevé  le signe de la croix , le trio reprend le chemin des tranchées pour nous asséner ' OH-King' .

Les hyènes se déchainent depuis plus de 50 minutes, la basse, parfois métallique,  gronde, la guitare glapit, les effets larsen fusent et le brave Alec, ne te fie pas à son look Zanini,  s'acharne sur son saint-frusquin en poussant, de temps en temps, des beuglements de boeuf emmené à l'abattoir.

Un message: remember to look at the stars  and not at your feet.

T'as pas suivi le conseil de peur de mettre un pied dans une merde de schapendoes hirsute.

Ils viennent d'entamer ' Hub' , un  morceau écologique construit sur un Wall of Sound, pas fabriqué à base   de  carton modulaire.

L'outro, furieuse, se meurt en stridences agressives.


Fin d'un concert tonitruant qui doit préparer les assidus de la salle à la soirée métal de samedi ( Seth• Deliverance • Mütterlein).