Flashback.
Considérations en période de (post)-confinement... par NoPo!
BACK TO BEFORE AND ALWAYS... XTC - Making Plans for Nigel extrait de Drums and Wires 1979
1976, XTC (ecstasy) cherche-t-il vraiment à placer son public dans un état extatique?
En tous cas, il ne laisse pas Antoine de Caunes de marbre; il le met à
l'affiche dès 1978 dans la cultissime émission 'Chorus'. A l'époque, les
musiciens chantent la pop et la statue de la liberté qu'ils n'auront
pas car ce titre sera interdit d'antenne en Angleterre. Leurs 2 premiers
albums un peu expérimentaux interpellent par une personnalité originale
puis 'Drums and Wires' en 1979 assoit la maturité du groupe.
Cette
année là, j'achète ma 1ère stéréo et je passe beaucoup de temps allongé
entre les 2 enceintes pour m'imprégner de cette musique merveilleuse
(j'en garde la tête... allongée et la chair de poule mais mes oreilles,
les 2, ont résisté).
La pochette représente la simplicité
complexe (et inversément) d'XTC. On devine un visage dans ce dessin
faussement enfantin qui intègre les 3 lettres de leur nom dans sa
structure : un 'X' pour l'arrête du visage, un 'T' pour le nez et les
sourcils et un 'C' pour un oeil. Les couleurs crient leurs différences
rouge, jaune, vert et bleu foncé. Le titre de l'album, suggérant une
écriture manuelle noire, bave dans un coin en diagonale.
Comme
souvent, les compositions oscillent entre le sens mélodique du bassiste
chanteur Colin Moulding et les idées inventives et parfois
déstabilisantes d'Andy Partridge chanteur guitariste. Les plus réussies
trouvent leur équilibre dans un exercice de funambule ou comment jouer
avec une batterie et des fils électriques par une créativité débridée et
comment Steve Lillywhite donne une puissance exacerbée à ce son.
L’œuvre démarre directement par son titre majeur devenu un tube malgré sa conception finement sophistiquée qui reste abordable.
Les paroles sur un sujet rare évoquent un enfant handicapé qui aime
parler et qu'on lui parle. On peut y voir la sensibilité d'Andy et ses
peurs, notamment celle de la scène.
On fait juste des plans pour Nigel... le jeune Nigel a besoin d'un coup de main!
Encore une fois, un rythme syncopé presque dégingandé (impossible à
suivre sur une piste de danse sans se démantibuler le dos), déstructure
une mélodie pourtant évidente. La batterie de Terry Chambers en tête,
sans fils, s'enfile dans un démarrage poussif genre locomotive à vapeur
et lance le titre sur les rails. Un riff de guitare grinçante, entrelacé
par une basse bondissante, se fraye un chemin cahin caha. La basse
redonne un coup de manivelle à chaque tour, accompagné de 4 petits bip
bip bip bip, puis un petit cri régulier,,à la vil coyote, donne son
approbation comme un chef de gare. On sent la fumée et l'odeur du
charbon (ils exploiteront le thème en 84 dans 'The big express' et son
train à charbon d'âme!) ou de l'acier (l'usine où travaille Nigel).
2 guitares s'entrecroisent sur le refrain enjoué et chantent le bonheur
de Nigel, un pont enjambe superbement cette rivière sonore et
bouillonnante dans l'acier fondu.
Le mini solo de Dave Gregory
égratigne aux entournures avant que le morceau ne s'étire vers des
chœurs séduisants posés sur des ouh ouh ouh en fond.
Les musiciens
anglais voulaient être Beatles à la place des Beatles... des Beatles
dissonants, des Beatles bruyants mais des Beatles quand même. Dans
l'album suivant 'Black sea', peut-être leur sommet, on trouve 'SGT
Rock', comme un clin d’œil au sergent poivre. La suite de leur carrière
confirmera leur recherche de la mélodie ultime, celle qui parait simple
dans sa complexité (et inversement) comme savaient si bien le faire ...
les intouchables Beatles!