jeudi 23 juillet 2020

BACK TO BEFORE AND ALWAYS..... XTC

Flashback.

Considérations en période de (post)-confinement... par NoPo!


BACK TO BEFORE AND ALWAYS... XTC  - Making Plans for Nigel extrait de Drums and Wires 1979
1976, XTC (ecstasy) cherche-t-il vraiment à placer son public dans un état extatique?
En tous cas, il ne laisse pas Antoine de Caunes de marbre; il le met à l'affiche dès 1978 dans la cultissime émission 'Chorus'. A l'époque, les musiciens chantent la pop et la statue de la liberté qu'ils n'auront pas car ce titre sera interdit d'antenne en Angleterre. Leurs 2 premiers albums un peu expérimentaux interpellent par une personnalité originale puis 'Drums and Wires' en 1979 assoit la maturité du groupe.
Cette année là, j'achète ma 1ère stéréo et je passe beaucoup de temps allongé entre les 2 enceintes pour m'imprégner de cette musique merveilleuse (j'en garde la tête... allongée et la chair de poule mais mes oreilles, les 2, ont résisté).
La pochette représente la simplicité complexe (et inversément) d'XTC. On devine un visage dans ce dessin faussement enfantin qui intègre les 3 lettres de leur nom dans sa structure : un 'X' pour l'arrête du visage, un 'T' pour le nez et les sourcils et un 'C' pour un oeil. Les couleurs crient leurs différences rouge, jaune, vert et bleu foncé. Le titre de l'album, suggérant une écriture manuelle noire, bave dans un coin en diagonale.
Comme souvent, les compositions oscillent entre le sens mélodique du bassiste chanteur Colin Moulding et les idées inventives et parfois déstabilisantes d'Andy Partridge chanteur guitariste. Les plus réussies trouvent leur équilibre dans un exercice de funambule ou comment jouer avec une batterie et des fils électriques par une créativité débridée et comment Steve Lillywhite donne une puissance exacerbée à ce son.
L’œuvre démarre directement par son titre majeur devenu un tube malgré sa conception finement sophistiquée qui reste abordable.
Les paroles sur un sujet rare évoquent un enfant handicapé qui aime parler et qu'on lui parle. On peut y voir la sensibilité d'Andy et ses peurs, notamment celle de la scène.
On fait juste des plans pour Nigel... le jeune Nigel a besoin d'un coup de main!
Encore une fois, un rythme syncopé presque dégingandé (impossible à suivre sur une piste de danse sans se démantibuler le dos), déstructure une mélodie pourtant évidente. La batterie de Terry Chambers en tête, sans fils, s'enfile dans un démarrage poussif genre locomotive à vapeur et lance le titre sur les rails. Un riff de guitare grinçante, entrelacé par une basse bondissante, se fraye un chemin cahin caha. La basse redonne un coup de manivelle à chaque tour, accompagné de 4 petits bip bip bip bip, puis un petit cri régulier,,à la vil coyote, donne son approbation comme un chef de gare. On sent la fumée et l'odeur du charbon (ils exploiteront le thème en 84 dans 'The big express' et son train à charbon d'âme!) ou de l'acier (l'usine où travaille Nigel).
2 guitares s'entrecroisent sur le refrain enjoué et chantent le bonheur de Nigel, un pont enjambe superbement cette rivière sonore et bouillonnante dans l'acier fondu.
Le mini solo de Dave Gregory égratigne aux entournures avant que le morceau ne s'étire vers des chœurs séduisants posés sur des ouh ouh  ouh en fond.
Les musiciens anglais voulaient être Beatles à la place des Beatles... des Beatles dissonants, des Beatles bruyants mais des Beatles quand même. Dans l'album suivant 'Black sea', peut-être leur sommet, on trouve 'SGT Rock', comme un clin d’œil au sergent poivre. La suite de leur carrière confirmera leur recherche de la mélodie ultime, celle qui parait simple dans sa complexité (et inversement) comme savaient si bien le faire ... les intouchables Beatles!