3 For Swing au Centre de Congrès, Saint-Quay-Portrieux, le 27 décembre 2018
Depuis quelques années, le collectif “Quand le Jazz est là”, responsable du festival Jazz au Château, s’associe à la mairie de Saint-Quay-Portrieux, pour organiser un concert de jazz gratuit pendant les vacances de Noël.
En ce brumeux jeudi, le Centre de Congrès de la coquette station balnéaire accueille 3 For Swing, un trio se produisant régulièrement dans les clubs de jazz les plus huppés de la Ville Lumière.
Forcément, la salle n'était pas loin d'afficher complet.
Après une brève allocution d'un responsable de l'association organisatrice, suivie d'un mot du maire de Saint-Quay, féru de jazz, place à la musique.
Jacques Schneck, un sosie de Pierre Brasseur, prend place derrière le Yamaha, magnifiquement raccordé ( sic), Christophe Davot, un double de Jacques 'Magellan' Spiesser, saisit sa guitare et Laurent Vanhée, qu'une voisine, ex-yéyé, compare à Frank Alamo, relève la contrebasse qui était appuyée contre le piano.
Pour se dégourdir les phalanges, le trio amorce un instrumental, histoire de faire ses gammes à la manière de Nat King Cole, Wesley Prince et Oscar Moore, les protagonistes du Nat King Cole Trio, car le répertoire de 3 For Swing est exclusivement constitué de morceaux figurant au catalogue de celui qui a mille fois mérité l'épithète The Velvet Voice.
Jacques, le doyen, tiendra le rôle dévolu à la speakerine, la charge la plus lourde incombant à Christophe Davot, il lui faut assumer le chant, il aura le bon goût de ne pas singer Nathaniel Adams Cole dont le timbre est inimitable ( "the velvety rasp, the growl, the soaring softness, the pristine
enunciation, the crispness, the supple vibrato that didn't compromise
strength....." écrivait un admirateur pour dépeindre la voix de Nat) , mais grâce à une absorption modérée de Pouilly - Fuissé, sa voix lui aura permis de séduire un bon nombre de personnes d'un sexe, autrefois qualifié de faible.
Un passage au Ritz pour prendre le thé c'est plus raffiné que de l'avaler dans un bar mal famé du Bronx, ' When I Take My Sugar to Tea'.
Après un soliloque du piano, la guitare, lyrique, prend les airs, le carré de sucre, lentement, se dissout dans l'infusion, la petite cuiller est déposée sur la soucoupe, tandis que la contrebasse tricote en douceur.
Du grand art!
On quitte le cinq étoiles pour vous décrire ma petite amie, 'Little girl', une gamine vive et as sweet as can be.
La fille n'est pas difficile, tout ce qu'elle désire c'est la 'Frim Fram Sauce' , la contrebasse va lui servir ce frichti avec le sourire.
'Errand boy for rhythm' est un bel exemple de polyrythmie, ce titre précède un premier exercice de crooning, 'Sweet Lorraine' que le trio a enregistré en 1943.
Tu disais, Suzie?
It's divine!
No, my dear, Nat King Cole wasn't a drag queen!
Place au medium tempo propice à la danse, ' Straighten up and fly right'.
Cool down, papa, pas question de suer!
Sylvie et Johnny avaient un problème, pour Nat, c'est simple, 'The trouble in me is you'.
Oui, Jean-Paul?
L'enfer, c'est les autres!
Direction Le Louvre pour dévisager le mystérieux sourire de 'Mona Lisa'.
Certains affirment avoir vu Lisa Maria Gherardin faire un clin d'oeil au crooner lorsqu'il a visité le musée.
Le trio embraye sur 'Besame Mucho' et c'est Dalida qui a souri.
Pause, cd's à vendre...
Après 20 minutes, les trois forçats rappliquent et d'emblée attaquent 'It's only a paper moon', tandis qu'une lune véritable éclaire la Manche.
Macron, t'as dit, tu traverses.
Pour trouver du boulot?
Non, du soleil!
'On the sunny side of the street'.
La guitare batifole, le piano sautille, la contrebasse rebondit, Nat smiles!
Vous l'avez remarqué, nous jouons sans batteur, le tempo est assuré par Laurent, il est jeune, il a du souffle, écoutez-le cabrioler pendant 'Sometimes I'm happy'.
Oui, Saint-Quay , vous pouvez le soutenir, non, Jules, pas en frappant des mains, en claquant des doigts.
La version instrumentale de 'Honeysuckle Rose' a pris une tournure Chutes du Niagara, il faut penser à prévoir un gilet de sauvetage.
Après une longue intro guitare/voix, Jacques et Laurent rejoignent leur comparse pour terminer la ballade magique 'Nature boy'.
Le joyeux 'It's better to be by yourself' est chanté en trio avant d'amorcer 'Is You Is, Or Is You Ain't My Baby', que Monsieur Schneck, et pas Chnoque ou Schleck, attribue à un saxophoniste de rhythm'n'blues, sans le citer.
Que dit Google?
Louis Jordan!
Après l'immortel ' Unforgettable' , le morceau préféré de ton paternel, l'équipe enchaîne en fondu sur 'Route 66'.
Le voyage s'arrête à Santa Monica, le trio salue, profère les remerciements d'usage et se dirige vers le parking pour remonter dans la Chevrolet.
Le public les rappelle, ils ne sont que deux, guitare et upright bass, à entonner 'I got rhythm'.
Le pianiste, malicieux, les rejoint en cachette, la cavalerie, légère, charge, Errol Flynn en tête, et sur la lancée propose un second bis, 'My baby just cares for me'.
Dans le ciel il y avait autant d'étoiles que dans les yeux de ta compagne!