lundi 9 juillet 2018

Sandrine Ricard dans " La dernière danse de Monique" lors de la Déambulation de l'Asso Chiche à la plage du Moulin à Etables-sur- Mer, le 7 juillet 2018

Sandrine Ricard dans " La dernière danse de Monique" lors de la Déambulation de l'Asso Chiche à la plage du Moulin à Etables-sur- Mer, le 7 juillet 2018


L'asso-chiche n'est pas une association pour dyslexiques amateurs de charcuterie , son but est de promouvoir des projets culturels.
 En ce radieux dimanche de juillet, l'association organise une  déambulation décalée à la plage du Moulin à Etables-sur-Mer: le programme prévoit une initiation à la pêche à pied, menée par un cousin du professeur Tournesol, un spectacle de la compagnie La Choupa Choupa, "La Dernière Danse De Monique", un solo de Sandrine Ricard, une danseuse, acrobate, comédienne, artiste de cirque qui n'avait pas l'air de carburer au pastis mais qui se désaltérait à l'alcool blanc, un concert de Ti'Jam et pour finir la soirée, la présence d'un deejay.

C'est une habitude dans le coin: l'horaire est fumeux, l'affiche disait, on démarre à 16:30', t'y étais pile à l'heure!
Tu épluches les écriteaux pour constater que Monique dansera à 18h, Ti'Jam soundcheckait, t'avais pas soif, t'avais pas ton bikini non plus, tu t'es allongé sur la plage...les cheveux dans les yeux
et le nez dans le sable... t'étais tout seul, perdu  parmi la centaine de bronzés, il y avait le ciel, le soleil et la mer, des coquillages mais pas de crustacés.
Tu as pris la couleur du homard bleu cuit, tu t'es relevé pour prendre place sur une banquette en attendant la saltimbanque.
Monique s'extirpe d'une cabine de plage, constate qu'il y a du monde, elle est tapée, cette  lady, sur le crâne, un casque de motard ayant appartenu à Giacomo Agostini, une Gitane dans le bec et, comme le thermomètre n'indique que 32° C à l'ombre, elle s'est emmitouflée dans une fourrure mitée, trouvée aux Petits Riens.
D'emblée elle apostrophe un mioche qui se met à pleurer, avise un gars affublé d'une veste de jogging hivernale, bégaye, propose un siège au petit Jeannot qui décline l'offre...c'est sympa, de ne pas avoir emmené trop de gosses, les enfants, ça craint.
Je vous préviens, ma tirade dure 40', mettez-vous à l'aise, tu veux ma cigarette, petit... le gamin a 5 ans!
Le ton est donné, de l'humour, du bien gras qui tache, le professeur Choron se frotte les mains!
C'est  incroyable plus personne ne fume dans ce pays où la vitesse est réduite à 80km/h.
Je dépose ma clope et on démarre, bon, t'as remarqué, c'est pas un théâtre, il n'y a pas de rideaux rouges, on fait comme si, donc j'ouvre les tentures invisibles et tu applaudis.
Après avoir lampé une rasade de gnôle, la frappée poursuit son soliloque farfelu avant d'entamer des exercices de gymnastique périlleux.
Après les acrobaties burlesques, place à la tragédie, au choix Sophocle ou Shakespeare, Monique c'est Antigone, Clytemnestre, Andromaque et Annie Cordy , elle peut faire rire et pleurer.
Sur fond de piano, elle nous soumet une étude de naïade aérodynamique qu'elle termine en se laissant choir dans un relax sur roulettes un fauteuil archaïque  piqué dans la résidence Sainte-Ursuline où elle était passée rendre visite à une tante grabataire.
Elle joue avec l'antique siège médical comme  le ferait un résident de l'institution où on cache les membres de la famille hospitalisés contre leur gré. Dans le Cuckoo's Nest, tonton occupe la chambre  avoisinant celle de Jack.
Non, pas l'éventreur, Nicholson!
Vagues à babord, vagues à tribord, la mer est houleuse ce soir, où sont les rames, dis, toi, Benoît, tu veux bien être ma terre d'accueil?
Elle enfile les patins à roulettes que son père avait  gagnés en collectionnant des boîtes de lessive et c'est reparti pour une série de cascades sans filet, elle se prend une pelle, s'enfile une petite goutte, nous rassure 'je gère', pique une crise hystérique, appelle à l'aide, refait deux tours de piste en déséquilibre, perd un patin, fait connaissance avec le plancher, tu ris à gorge déployée à ses gags dignes de Charlie Chapin ou de Buster Keaton.
Il me faut un homme, un vrai, un légionnaire, je suis Monique Magique, ça doit pouvoir se trouver, elle chante sur l'air de 'Michelle' de Mc Cartney et un peu Lennon, reprend ses cabrioles très physiques en brassant adresse, humour et sensualité.
Une séquence flirt, une réplique qui tue, je veux un homme playmobil gonflable, elle se choisit un prince charmant qui doit enfiler la pantoufle à Cendrillon ( de nouveaux patins), se remet à valser comme une dingue sur 'Hard Times' de Gary Moore, envoyé par la sono.
Le blues rock l'incite à entamer un striptease plus athlétique qu' érotique, elle le termine allongée au pied de Roméo, lui tend la main et à deux, ils saluent le public qui  fait un triomphe à Monique!