Mitski Miyawaki, alias Mitski: |
A 20h pile, les draperies séparant scène et coulisses s'écartent pour faire place à Personal Best!
Mariel Hemingway et Scott Glenn?
Non, un indie rock/punk quartet mixte ( deux filles, deux gars), originaire de Portsmouth , un album sortait en 2015 ( Arnos Vale), un EP en 2014, un deux-titres en 2016 et tout récemment un split single ( Rollies) avec sur l'autre face une plage du groupe Bruising, de Leeds.
Le chef ( lead guitar et lead vocals) est Miss Katie Gatt, la blonde El Morgan s'occupe des secondes voix, son instrument lui sert de rhythm guitar, à l'arrière, aux drums, Jason Cavalier, il a laissé sa monture aux écuries du tram et, enfin, à la basse, un gars qui vote socialiste, Tom Baker, le boulanger et l'écuyer are sharing vocals where it calls for it.
' Rollies' ouvre, un hymne punky à la Sleater-Kinney ou Green Day en jupons qui, d'emblée, te met de bonne humeur.
Pas question de se prendre la tête avec ces nanas et ces petits gars du Sud du UK, t'as juste envie de battre le plancher du talon et de secouer la tête en suivant le tempo enlevé.
'The tide' est encore plus sautillant et inclut de ludiques éléments garage.
Après un crochet par le bureau de poste, ils nous envoient une sympathique ' Love letter' avant de proposer la toute première chanson composée par le groupe ' Don't let them touch you' aux chouettes accents Phil Spector.
Katie attaque ' What you at' solo, les copains rappliquent après la quote of the day...all this talk is masturbation... on pense aux Breeders, à Magnapop et à d'autres bands with female vocalists des eighties.
Une ou deux vannes, dont une attaque sous la ceinture destinée à Jason, pour briser la glace et on enchaîne sur les suivantes ayant pour nom ' Gone', 'The Mission' , 'If you meet someone in love' et la préférée du boss, ' Love is on your side'.
Mes agneaux, on vous quitte avec ' This is what we look like', on vend nos articles dans le corridor.
Plein de bisous à tous!
Super sympa, ce band!
Mitski
Le dernier album de la dernière coqueluche de l'indie new-yorkais se nomme ' Puberty 2', le concert bruxellois fera la part belle aux onze plages de cette oeuvre.
Le premier à quitter les loges est Casey Weissbuch, un batteur barbu au crâne caché par un bonnet, il lance les hostilités tandis que Mitski Miyawaki saisit sa basse et qu'un guitariste, qui ne ressemblait pas à Callan Elizabeth Dwan, on suppose qu'il s'agissait du producteur Patrick Hyland, se poste face à elle, 'Dan the Dancer' est du genre musclé, les effets industriels produits par la pedalboard du guitariste ont fait grincer quelques dents.
La jeune personne semble insatisfaite et va palabrer avec la guitare avant de se décider à entamer le downtempo 'Once more to see you'.
Toujours pas calmée, elle reprend la discussion avec son guitariste, puis attaque ' Francis Forever' un extrait de 'Bury me at Makeout Creek' de 2014.
Si t'aimes la pop unicolore et lisse, tu passes ton chemin, chez Mitski les plats sont proposés crus et n'attends pas un sourire de la serveuse, c'est pas le genre de la maison!
Le fond de ' I don't smoke' demeure rugueux, ' First love/Late Spring' apporte un semblant de calme et si ' I bet on losing dogs' démarre comme une chanson d'amour:
... My baby, my baby
You're my baby, say it to me
Baby, my baby
Tell your baby that I'm your baby... , qui a priori n'a rien à voir avec le titre, il s'agit d'un lament sombre te mettant mal à l'aise.
One, two, one...avec ' Townie' on revient au rock rugueux évoquant une P J Harvey jeune.
Un quidam a attendu la fin du morceau pour envoyer un 'bonjour' humoristique à l'intention de la petite frangine de Soeur Sourire, elle réagit, se présente, puis amorce ' Thursday girl' aux effets de guitare surf.
' Your best American girl' , le premier single de ' Puberty 2', une attaque à peine déguisée de l'American dream, déclenche l'enthousiasme.
En entendant les envolées noisy tu penses autant à Nirvana qu'à Cat Power.
Elle vient de trouver le soutif lancé sur scène par un plaisantin.
' C'est pour moi', elle ramasse délicatement l'objet, le pose sur un ampli, le super efficace Casey a déjà ébauché 'Drunk walk home' d'une frappe martiale. Au jeu enragé des garçons, Mitski répond par des cris tempétueux.
Le set vient de gagner en intensité, la basse rebondit ' I will' est sur les rails et c'est avec l'enivrant ' Happy' qu'elle prend congé des musiciens.
I'm going to do a few songs all alone, comme à mes débuts, elle débute par le profond ' A burning hill' aux accents folky , auquel succède 'My Body's Made Of Crushed Little Stars' qui fait passer Sonic Youth pour des enfants de choeur.
' Last words of a shooting star', un morceau poignant, termine un set de 50'.
Elle revient, seule, après un bref détour par les loges, nous prévient: this one is gonna be a bit louder..
Elle n'a pas menti, ' Class of 2013' a sérieusement secoué la Rotonde, ta voisine a eu beau enfoncer ses index dans les oreilles, tu as vu ses cheveux se dresser sur son crâne.
Mitski disparaît après cette attaque sonique, Bruxelles continue à applaudir pendant de longues minutes, l'artiste reviendra pour nous remercier en ajoutant ' I don't think I'll play another song!
Personne ne lui en a voulu!
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