Ruf’s Blues Caravan 2016 THE BLUE SISTERS featuring Ina Forsman (Finland), Layla Zoe (Canada), Tasha Taylor (USA) - Kunsthumaniora Brussel - Laeken- le 22 septembre 2016.
Une organisation de la Brussels Blues Society qui a eu du mal à digérer l'organisation du 5th European Blues Challenge, tenue à l'Ancienne Belgique en mars 2015, plus d'un an de léthargie, mais l'équipe ne se décourage pas et avec Le Montmartre est quasi le seul organisateur à proposer des concerts blues aux Bruxellois.
Les Bruxellois qui se font tirer l'oreille, pas la grande foule ce soir, heureusement les étudiants, fougueux, du Kunsthumaniora eux sont venus en masse pour encourager leurs copains de 2 Times Nothing qui assurent l'avant-programme et les séduisantes Blue Sisters qui les suivront.
C'est beau la jeunesse, et tu te dis, qu'en entendant 35 gorges de moins de 18 ans reprendre 'I'd rather go blind' en choeur, tout espoir n'est pas perdu, ils ne sont pas tous accro à Tomorrowland!
Parenthèse, notons la présence de quelques pontes de la politique bruxelloise dans la grande salle de l'établissement scolaire de Laeken, Guy Vanhengel, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale ( Finances, Budget et Relations extérieures), avait emmené quelques relations et semble s'être bien amusé ce soir, il tenait d'ailleurs à se faire prendre en photo avec la sculpturale Tasha Taylor à la fin du show!
2 Times Nothing.
Ils sont cinq, ne péteront pas un mot, mais nous balanceront pendant une petite demi-heure un contemporary jazz/hip hop/ funk/fusion/ avant-garde de haute tenue, qui a tenu les plus âgés en haleine et a été accueilli avec enthousiasme par les copains.
Line-up: Maurice de Clerck - Sax, keys+ une sorte de melodica électronique/ Arto Van Roey - Guitar ( plutôt lead) /Jorick Hens - Guitar ( rythmique) /Jacob Hus - Bass et Jef Cruyssaert - Drums.
Ils nous confieront après coup avoir interprété toutes des compos personnelles ( il existe un EP 5 titres sorti chez Perron Zes) , en tout cas la première plage proposée ressemblait sérieusement à 'Feel like making love' de Roberta Flack, mais jouée à la manière de Gato Barbieri, avec un sax sensuel et une basse bien ronde.
Trois autres compositions suivront, fusionnant funk, électronique, acid jazz, hip hop ou nu-jazz. Une ballade romantique avec des envolées de sax à rapprocher de Jimmy Giuffrè ( ' Lady Bird' ), un jazz inventif ( Fuck Box) tel que peut le pratiquer Lander Gyselinck, lui aussi amateur de Frank Zappa, comme le quintet de ce soir probablement, et un jazz-funk digne de Herbie Hancock, voyant la guitare d'Arto prendre des sonorités John Scofield.
C'est une certitude, 2 Times Nothing a devant lui un bel avenir et risque sous peu de se voir programmer lors des festivals de jazz les plus importants.
THE BLUE SISTERS featuring Ina Forsman (Finland), Layla Zoe (Canada), Tasha Taylor (USA).
Depuis 2005, Ruf Records a lancé le projet d'une tournée 'Blues Caravan' voyant trois 'jeunes' artistes blues arpenter les scènes du monde, de beaux noms ont ainsi eu l'occasion de se retrouver à la même affiche pour interpréter quelques titres en groupe, mais aussi présenter leur travail personnel, e.a.: Deborah Coleman, Joanne Shaw Taylor, Erja Lyytinen, Cassie Taylor, Dani Wilde, Samantha Fish, Sue Foley, la regrettée Candye Kane, Oli Brown, Roxane Potvin, et bien d'autres!
En piste pour la douzième édition de l'entreprise, trois sémillantes nanas, auxquelles on a collé l'étiquette Blue Sisters, la Canadienne, une star chez nous, Layla Zoe, Ina Forsman, une grande copine de Guy Verlinde et rising star of the Finnish blues scene et la fille cadette de Johnnie Taylor, The Philosopher of Soul, l'actrice, guitariste et chanteuse Tasha Taylor, qui aura fait le plus d'effets sur l'élément mâle, autant attiré par une plastique étonnante que par sa prestation torride.
Elles sont trois au devant de la scène, avec derrière elles un autre trio redoutable, Davide Floreno ( le mari d' Erja Lyytinen) à la guitare, le Néerlandais Walter Latupeirissa ( Snowy White, Dana Fuchs, Alquin ( oui, ça date), Ambeon...) à la basse et sans doute Markku Reinikainen à la batterie, pour entamer le tube d'Aretha Franklin 'Chain of fools', les sisters alternent les vocaux, assument les choeurs en trio et gagnent les coeurs du public venu se coller face à la scène, car les madames sont loin d'être hideuses.
Exit le Texas et le Canada, il reste la pin-up finlandaise qui choisit la plage qui ouvre son unique album, 'Hanging Loose', pour débuter son exercice solitaire, la voix chaude interpelle, ce r'n'b saignant séduit d'emblée la tribu de collégiens (nes) à tes côtés, ils ( elles) se déhanchent sincèrement.
Ina enchaîne sur ' Farewell' qu'elle adresse à tous les gens qu'elle ne veut plus voir, un petit fond reggae ajoute une pointe d'exotisme à cette plage remuante.
Un premier slowblues très jazzy ' Bubbly Kisses' évoque des cabarets fréquentés par Humphrey Bogart et autres tombeurs cyniques et élégants, laissant des pourboires conséquents aux vendeuses de cigarettes bien roulées.
La suivante ( ? 'Don't hurt me now' ou 'Devil may dance tonight') , laid-back, permet la mise en évidence des excellents musiciens entourant les trois grâces et c'est avec une impeccable version de 'I'd rather go blind', first recorded by Etta James, superbe solo plein de feeling de Davide Floreno, que prend fin la prestation solitaire de Miss Forsman, acclamée comme il se doit.
Tasha Taylor prend la relève, c'est dur de ne pas rester fixé sur ses jambes galbées, mais quand elle amorce 'What difference does it make' sur 'Taylormade' de 2011, ce sont tes jambes et tes hanches qui ont la bougeotte, de la soul, de la vraie, celle qui sue, qui sent le sexe, qui fait du bien.
My taylor is not rich, my taylor is hot, very hot!
Jamais de pluie ou de gel avec son 'Weatherman' qui groove à mort.
'Try a little tenderness' d'Otis Redding, chanté avec ses tripes, t'arrache une larme, puis la soul diva
enchaîne sur deux titres que chantait papa, le formidable 'Last two dollars', un soul blues dégoulinant et la bombe Stax ' Who's making love to your old lady' qui met fin à son formidable set.
Troisième acte, Layla Zoe, la rouquine flamboyante est une habituée de nos scènes nationales, elle n'a jamais déçu!
A peine a-t-elle lancé, a capella, d'une voix rocailleuse ...if you believe in love put your hands in the air...qu'une vague agitée de mains adolescentes se lèvent dans les airs, les vieux se contentant de lever leur pils, après ces invectives, le band embraye sur un blues tournoyant, 'Leave you for good', un extrait de 'Shades of blue' de 2006.
Elle aura pas de mal à retrouver un autre mec, il y avait une cinquantaine de candidats dans la salle.
L'ardente enfant nous annonce a funky one to move our hips, 'Workhorse' , un canasson pas vache, décoré d'un solo de basse gluant de Walter le batave.
Après avoir attribué une tape sur la croupe de la bête, Layla, qui aime Clapton, amorce le slow blues 'Don't wanna hurt nobody'.
Elle se fait, tour à tour, charmeuse, tendre, poignante et agressive en questionnant ...babe,where did you go last night... t'as failli lui dire que t'étais à la messe, mais ton haleine t'a trahi.
McKinley Morganfield, qui connaît?
Huit mains se dressent.
Et Muddy Waters?
59 mains dans les airs.
Voici son 'Hoochie Coochie Man', devenu woman pour l'occasion!
On rappelle toutefois aux puristes que le standard est de la plume de Willie Dixon!
Une version de feu, titillant les sens et des parties intimes de l'anatomie mâle, avec, une nouvelle fois, la mise en exergue du travail effectué par Davide Floreno.
Ovation monstre, la firegirl invite ses copines à la rejoindre sur le podium, le trio attaque le poisseux r'n'b 'Tell Mama' d'Etta James et termine le set avec un autre classique au répertoire de Miss Peaches, 'Down in the basement' .
Si Markku était resté en retrait jusqu'ici, la troupe lui accorde un drum solo pas con avant de terminer la party dans les sous-sols.
Un bis s'impose, ' Come together' termine ce show apprécié par tous.
Les prochaines haltes de la caravane auront lieu aux Pays-Bas ( Bosch Blues le 25/09) et en France ( plusieurs dates)!