Fête de l'Huître sur le port de plaisance de Paimpol, le 11 septembre 2016
Septième édition de la Fête de l'Huître à Paimpol, un soleil radieux, la grande foule et des tonnes d'huîtres avalées, des plates, des creuses, des énormes, plus grosses qu'une paluche de grizzly, servies grillées à l'huile d'olive ou à la crème et comme en Bretagne toute fête digne de ce nom se déroule en musique, trois groupes sont proposés: Sacré Bordée, Trio Cornic et Red Cardell!
14:20', Paimpol, nous voilà, Les Frères Cornic, que tu avais croisés lors d'un Fest Deiz à Pontrieux déambulent déjà sur le quai, à la plus grande joie des curieux.
Cet après-midi, François ( bombarde) et Julien Cornic ( biniou) sont accompagnés par Romain Pansard au tambour.
Les sonneurs et leur comparse s'y entendent à merveille pour créer une bonne humeur générale.
Ils s'arrêtent face à chaque échoppe, prennent place à la table d'Yvonne Goëllec et de son amant, Yann Kerouarn, le conjoint d'Yvonne est au foot, leur balancent un plinn énervé, reprennent leur chemin, attaquent une gavotte puis une mazurka, ils sont désormais suivis par tout un cortège, battant des mains, sauf ceux qui se promènent armés d'une bouteille de bolée de Paimpol, et riant à gorge déployée.
Leur route s'achève, provisoirement, face au podium, une ronde se forme, 46 Paimpolais(es) et une touriste bronzée, tournoient aux airs de ce Rond de Saint-Vincent. L'heure du concert de Red Cardell approche, le trio reprend sa procession en sens inverse, toujours talonnés comme le font les mouettes et goélands filant le bateau de pêche retournant au port, par une nuée de badauds conquis par leur entrain et talent.
Red Cardell
Groupe né à Quimper en 1992, considéré, à juste titre, comme un pilier du rock breton, une flopée d'albums, le dernier 'Un monde tout à l'envers' de 2016, des milliers de concerts mais toujours une fougue juvénile et une efficacité à toute épreuve.
En 2016, le line-up de Red Cardell consiste en Jean-Pierre Riou, chant virulent, guitare et casquette- Jean-Michel Moal à l'accordéon, deux membres d'origine ( avec une pause carrière pour ennuis de santé pour Jean-Mi) et Pierre Sangra ( guitare, violon, mandoline, ukulele) , homme à tout faire pour Thoms Fersen + le Nantais Hibu Corbel, à la batterie et programmation.
Une équipe redoutable à laquelle il a été proposé de donner un concert en deux parties.
Un rock celtique bien torché et un brin nostalgique , ' J'entends souffler', sert de balance.
Paimpol a déjà pigé qu'il va passer un excellent moment.
Pierre troque sa guitare contre une mandoline, les fumiers rouges nous emmènent à Paris, 'A Rochechouart', une ancienne salle de boxe reconvertie en salle de spectacle, puis, toujours sur le dernier ouvrage, le titletrack ' Un monde tout à l'envers'. Un soupçon de Téléphone, un brin de Lavilliers, quelques relents de Noir Désir , deux pincées de The Silencers ou de Horslips , un clin d'oeil aux précurseurs, Alan Stivell, Dan ar Braz, Red Cardell brasse toutes ces influences et impressionne.
'Une autre vie' réfère à Alan Vega, disparu il y a peu, l'accordéon virevolte, les rimes en ume se succèdent, tu tangues gentiment quand soudain le rafiot est pris dans une houle furieuse, le final rock'n'roll nous a tous salement secoués.
'Juste se le dire' démarre sous forme de ballade mais comme tout slow rock qui se respecte le morceau se termine en orage épique.
Sangria passe au violon.
Tu dis?
Sans gras, ah, bon, Sangra, d'accord, la suivante se nomme 'A Montparnasse' et cet air nerveux date du second album, 'Douleur', de 1996.
T'avais rien demandé à tes talons, ils battent le pavé, t'avais rien demandé à ton bras gauche, il se redresse poing fermé, tu te retournes, le mec derrière toi fait pareil, plus loin, madame a entamé une danse tribale.
Et toi, Roger?
Tout gaze, ça plane pour moi, qu'il dit!
On termine le premier set par un singalong, annonce la casquette avant d'entamer 'Fantômes', un reggae/Higelin armoricain, agité et frondeur.
Intermède et nouvelle intervention des ineffables Frères Cornic.
La seconde mi-temps est entamée avec ' Cinéma' un titre Nouvelle Vague, composé à Locquirec.
Après cette rengaine dédiée au septième art, les gars de Quimper décident de replonger dans leur passé et proposent le punk rock ' I closed my eyes', un morceau tourbillonnant propice au cercle circassien.
Je dédie la suivante, un fox trot, à tous les bouledogues, au programme du ' Petit bistrot': le PMU du dimanche, de la musette, un verre de vin blanc, puis un autre, patron, la bouteille s'il te plaît, et du plaisir, beaucoup de plaisir.
Sur le chemin du retour, un képi, pas de bol, tu viens de perdre trois points.
Sur la lancée punk, ' Kas Ha Bar', rock de casbah à fond la caisse, précède celle qu'une dizaine de joyeux réclamaient depuis 10', l'héroïque ' Rock'n'Roll Comédie'!
L'odyssée rock se prolonge avec un nouveau titre véhément, scandé en anglais ( 'Andro') , dont on extrait un emprunt à Blue Suede Shoes...one for the money two for the show ... le plancher de bois est envahi par une troupe furieuse entamant une ronde fiévreuse.
Après ce morceau de bravoure, Jean-Pierre Riou déclare qu'on arrive au terme de la noce.
Cest l'heure du galop, Messala, une chevauchée fantastique baptisée 'We've got to be alone', à couper le souffle à Gary Cooper , John Wayne, Alan Ladd et autres visages pâles bouffant du peau rouge.
Pas question de se quitter sans un rappel.
Regardez ce qu' on a trouvé à côté de la scène, deux premiers communiants, les Frères Morvan, Yvon et Henri ont reçu l'autorisation d'en chanter une ou deux avec nous.
Folie générale pendant la version rock de 'Joli Coucou' et; comme ils tiennent une forme post-olympique, ils étaient aux jeux de 1936, on vous balance un andro de derrière les fagots.
Essouflée après sa danse sauvage, ta compagne se dit qu'une petite bière et une huître géante ne peut que la requinquer.
Ce que femme veut...