On ne s'ennuie jamais dans les Côtes d'Armor... même un mardi à l'heure de la pause déjeuner!
Imaginés lors de la saison 2003/2004 par La Passerelle, en partenariat avec le Conservatoire de Musique et de Danse de Saint-Brieuc, les concerts sandwichs sont devenus des rendez-vous incontournables de la vie briochine. Ils permettent en toute convivialité de faire une pause-déjeuner en musique, un sandwich à la main.
Pas de thon/salade au menu mais un concert de la Maîtrise de Saint-Brieuc, dirigée par Goulven Airault, chef de choeur de la Manécanterie de St-Brieuc depuis quelques années.
Le concert doit débuter à 12:15', le forum est plein à craquer cinq minutes avant le coup d'envoi: des retraités avides de culture, des écoliers accompagnés par les enseignants, des salariés profitant de l'heure de table pour assister à une représentation, tout ce beau monde mâchonne et palabre en attendant l'arrivée des petits chanteurs et de leur mentor.
Deux pianistes se pointent, ils partageront l'instrument: Jacqueline Maes et Pierre Dissert, ils sont suivis par une trentaine d'enfants tous vêtus d'un dessus blanc et d'un dessous noir ( pantalon ou jupe), ils ne semblent pas vraiment intimidés, une quinzaine d'entre eux ont pris place derrière les pupitres, les autres se sont alignés à l'étage ou dans les travées, le jeune chef s'agite, c'est parti, le choeur d'enfants a entamé le Huron Carol ' Jesous Ahatonhia'.
Les voix sont justes, claires, angéliques, le choeur fait d'emblée forte impression.
Ils se sont tous regroupés face au dirigeant et attaquent un frémissant chant sacré , écouté silencieusement par l'assemblée entière, Erwan et Ganaël ont arrêté de grignoter leurs chips pour ne pas perturber cet instant magique.
Première intervention verbale de Goulven Airault qui nous rappelle que la psallette de Saint-Brieuc existe depuis 1420 avant de présenter le chant suivant, 'For the beauty of the earth', composé par le Londonien John Rutter.
Deux garçons plus âgés s'avancent, ils s'illustreront pendant le modern Christmas classic ' Mary did you know', ils sont relayés par une demoiselle à la voix pure, puis par un jeune garçon pétri de talent avant de revenir terminer le carol, l'un en chantant, l'autre en battant des mains.
Ensuite le maître de cérémonie nous propose un saut dans le passé, un chant baroque du 18è siècle suivi par deux pièces composées par Charles Camille Saint-Saëns, 'Sub Tuum Praesidium' et un 'Ave Maria'.
Pas de doute, ces pieux enfants sont atteints par la grâce.
Le répertoire s'avère éclectique, on retraverse les océans pour entendre le negro spiriual 'Joshua Fit The Battle Of Jericho', l'intervention incroyable d'une jeune fille nous renvoie vers l 'immense Mahalia Jackson, et puis, toujours chez Tonton Sam, le standard jazz 'A child is born' en version française.
La concentration est extrême, voix et souffle sont sous contrôle, le travail du chef de choeur porte ses fruits, le résultat s'avère exceptionnel.
Il décide de changer de cap et propose deux pop songs, 'Earth song', de Michael Jackson et ' Chandelier' de Sia,
C'est beau à pleurer.
Comme certains d'entre vous fredonnaient en sourdine, je vous propose de nous accompagner pendant le refrain de 'Zum zum gali', un canon hébreu acrobatique.
On arrive au terme du voyage, il aura fait couler quelques larmes, 'Happy Christmas, War is Over' de John Lennon était le morceau idéal pour se quitter.
Le public, debout, quémande un bis.
Le pianiste entame une jolie mélodie, un gamin effronté l'interrompt, se dirige vers le micro et clame: je désire confectionner une tarte aux pommes, on lui refile un tablier, d'une voix de soprano parfaitement maîtrisée, il entame ' La tarte aux pommes' de Julien Joubert. La mélodie touche à sa fin, quatre ou cinq choristes ont saisi des plateaux pour distribuer des quartiers de tarte aux pommes dans le public.
Tandis que le forum se vide on passe à la cafeteria pour avaler en espresso avant de regagner notre chaumière.
Prochain concert-sandwich: le 8 mars!