Art Base, rue des Sables, face au Musée de la BD, pas tout à fait un caf'conc' , pas vraiment une salle de concert, l'espace est cosy ( pas plus de 80 bipèdes, ils seront serrés comme des sardines dans une boîte d'Impérial si ce nombre est atteint) , l'accueil cordial, les responsables organisent expositions et concerts focusing on Latino, Indian, Greek, Manouche and classical music.
D'ailleurs le bar propose ouzo et raki à des tarifs honnêtes.
C'est dans ce lieu paisible et confidentiel que Lara Leliane dévoilera les plages du CD 'Free' que Monseigneur Léonard a eu le temps de baptiser avant que Rome n'accepte sa démission.
Sparkling water ( JP) et mousse, un petit 1/4h de patience, trois musiciens sur scène: Boris Schmidt à la contrebasse, jazzman luxembourgeois déjà maintes fois croisé ( Fanny Bériaux, Pierre de Surgères, Pascal Mohy...) - Nicolas Dechêne à la guitare (Géraldine Cozier - Follow the River- Pierre Vervloesem - Turlu Tursu..) et Sep François aux drums et percus ( Ifa y Xango, Book of Air...), puis apparaît Lara Leliane, vêtue d'un seyant haori d'un blanc immaculé.
Une minute de silence, figée, les yeux mi-clos, la caryatide se concentre avant d'entamer la première plage de 'Free', 'Nothingness'.
Le néant est vertigineux mais également feutré, de discrets arrangements jazzy décorent une mélodie susurrée d'une voix soyeuse.
Des points de repère?
Difficile: Liz Green, Laura Nyro, Vashti Bunyan, toutes adeptes d'un style éthéré.
On passe à la langue de Voltaire, 'Les deux gros poissons', cool latino samba-inflected vibes.
Isabelle Antena chantait 'Les poissons des mers du Sud' , a priori les pisces de Lara pataugent dans le même bassin.
En te rappelant les origines grand-ducales de Boris, c'est la charmante Claudine Muno que ton cerveau a décidé de mettre en avant-plan.
L'album se lit chronologiquement, voici tout en infimes effleurements ' Before the world was made', Sep caresse les toms d'un frôlement de balais, Boris travaille à l'économie et Nicolas distille des notes ciselées, tandis que la voix de Lara voltige indolemment pour frôler les lambris du plafond.
Tu n'oses pas toucher à ta Jupiler de peur de briser le charme.
Le groupe poursuit sur une note optimiste, un brin épicurienne, 'Enjoyable life', c'est la regrettée Phoebe Snow qui s'impose à ton esprit, fantasque en cette douce soirée.
'Les joiejos '.
Pardon?
Mon ami vietnamien est incapable de prononcer oiseaux, pour lui les joiejos c'est beau.
Le morceau Douanier Rousseau du set.
De superbes arrangements agrémentent le freak folk 'Little Master' qui précède la déclaration d'amour, charmante et volatile, en mode trois temps, 'Valse Amoureuse'.
'Free', la presse du Nord associe Lara Leliane à Feist ou Alela Diane, 'Free' n' aurait en effet pas dépareillé sur un album de l'auteur de 'The Pirate's Gospel'.
Rossignol, et un couplet en espagnol?
Si, le mélancolique ' La prima vez' .
L'album et le premier set s'achèvent par 'Little Artemis', venue sans carquois.
Pause
Le second set sera consacré à des plages non reprises sur 'Free'.
Tout le monde est prêt, mais Marie-Hélène a passé une importante commande au bar et se tape de fréquents allers-retours du comptoir à la table où siègent ses copines, Lara & co attendent patiemment la fin du manège, le visage de Marie-Hélène, confuse, a vaguement rougi, elle a repris place et la vestale a entamé a capella un lament inspiré, étiqueté 'Beuys' ( l'artiste allemand?) sur le manuscrit gisant à ses pieds.
L'exercice est audacieux, la trapéziste travaille sans filet mais arrivera au terme de la manoeuvre sans casse.
'We are creators' dégage des fragrances soft rock/americana subtiles, la guitare fluide de Nicolas séduit Marie-Hélène, le message de la chanteuse, adepte du coaching, est clair ..I declare you more mighty than the king on his throne...
Merci, docteur!
Le jazzy 'The call' précède une reprise, le tango/jazz, 'Throw it away', de la regrettée épouse de Max Roach, Abbey Lincoln.
Superbe rendu!
Changement de style radical avec le souriant ' Ce sera tout, demoiselle' à l'esprit Jeanne Moreau.
Il en reste une, présentation de la formation, de l'ingé son, des musiciens ayant collaboré à l'album, un grand sourire, Lara s'éclipse en oubliant d'interpréter 'Let come that summer'.
Franche rigolade sur scène et dans le public qui entendra pourtant ce sixties folk subtil car Lara s'est ravisée et a rejoint ses compagnons sur le mini-podium.
Prochains concerts:
le 5 juin à Asse - le 6 à Bever -le 4 juillet avec Lylac à Louvain-la-Neuve!