The Abelians et les Soirées Cerises, c'est Shah Jahan et Mumtaz Mahal, le Duc de Windsor et Wallis Simpson, Tristan et Iseult, ou, pour ne blesser personne, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud... leur histoire d'amour dure depuis près de quatre ans!
Tu n'avais plus croisé le groupe progrock depuis une soirée de juillet 2011 au Libre Air à Saint-Gilles.
Leur passage au Rock Classic te donne l'occasion de voir la nouvelle mouture des abéliens.
Isomorphes?
Non, Bruxellois!
Much water under the bridges durant les 30 derniers mois, exit JR Dierickx ( JPsy) et Christian Lynge, désormais les vocaux sont assurés par Sebastien François ( chanteur de Purple Years, a Tribute to Deep Purple) et derrière les fûts, apparition d'une touche féminine, la percutante ( oui, oui Steven, on ajoute et très séduisante) Daphné Svanias ( Unhealthy, Voltrage... soit un background hard rock!). Le mètre 98, Nathan Goldman, guitars - Jonathan-Jefferson Bridoux, alias Louis Couperin, aux claviers et Alberto Marchetti, aka A. Kurtz don't call me Kojak, or Ben Kingsley, à la basse, sont toujours présents.
Quelques godets en compagnie de Steven et madame, Walter et la Hollande et Yves, fidèle à Hoegaerden, Fred Cerise prenant soin du fond sonore ( j'ai bricolé une compil dans le genre du groupe... tu parles Soft Cell, Creedence Clearwater Revival, Edwyn Collins, il n'y a pas mieux comme space rock) bonjour Corentin, il est 21h30', le rade est bondé, la fête peut commencer!
Une ouverture étirée amorce ' Bathroom Tale', si les 'Tales from Topographic Oceans' de Yes font 81:15, il faudra attendre une bonne dizaine de minutes avant de vider la baignoire des Abelians.
Tous les éléments du rock symphonique sont présents, une composition/sonate complexe faite de mouvements lents ou agités, bucoliques ou jazz fusion, une armature rythmique cohérente, des vocaux à la croisée des timbres de Greg Lake, Jon Anderson ou de Justin Hayward.
Comme en 2011, la magie opère!
Tu dis, Gaspard?
Camel, oui, mais aussi Le Orme, Genesis, bien sûr, Barclay James Harvest et tout ce qui se veut progressive ou Eurorock.
D'une démarche feutrée les 'Red Tigers' quittent la savane, sur fond baroque d'orgue Fantaisie et Fugue en sol poli, le chant se fait ' Hang on to a dream' version The Nice ou 'Melancholy Man' des Moody Blues, la guitare plane à la sauce Gilmour , quand soudain un pied écrase la wah wah, les mangeurs d'homme s'ébattent désormais en mode fusion à la Gentle Giant.
Fatigués, les mammifères récupèrent pendant un break Wakeman, concocté par J J Bridoux, puis une nouvelle cavalcade et un final planant.
Quel film!
A la majesté explosive de 'From a single tear' succède 'Evil talk' et ses sonorités de harpsichord vite remplacées par une démonstration d'Alberto, digne des meilleurs moments de John Wetton.
On n'avait pas encore mentionné King Crimson, c'est fait!
' Without a word'.
Birdy?
Hey you can tell the world
That you're leaving
And you can pack your bags
And spread your wings...
Non, une ballade pastorale, une rêverie...chamber music for organ, drums, guitar and bass with some peaceful vocals.
Une nouvelle composition, 'Hidden rainbows', dominée par la frappe lourde de la frêle Daphné, guitare et basse dirigent l'astronef, t'as vu l'arc lumineux, là, derrière le nuage, l'orgue voltige, le chant inquiète, t'avais dans l'idée d'étancher une soudaine soif, le bar se trouve à une distance approximative de 1,316 parsec.
On attendra le retour sur terre.
Là-haut, t'entends 'Two shadows', un aria floydien, lent, aérien et brumeux.
En fermant les yeux tu peux voir Marie-Antoinette et Louis XVI esquisser un menuet courtois pendant 'You Say', tandis que Rameau trempe les lèvres dans un verre de frais Vouvray.
Nath amorce, sournoisement, une variation Led Zep pas catholique, les bruitages de 'Whole Lotta Love' bousculent la cour, Rameau réapparaît et ordonne la reprise de la danse noble, tu parles, il a à peine tourné le dos que les exécutants cravachent méchant.
Une montée en puissance aux relents jam mixant prog et funk, c'est la folie chez les courtisans qui s'ébrouent comme la populace la plus vulgaire.
Furax, le maître de danse exige la reprise du thème.
Ainsi fut fait.
'Born on a windy night', l'accouchement a pris du temps... contractions, cris, pleurs et crispations avant l'expulsion, dehors Eole dirige un ballet agité.
La dernière, 'Noemy's Sky'.
Au lieu de citer Robert Fripp, Peter Hammill , Tai Phong , Popol Vuh... on va ressusciter quelques prophètes nationaux: Lagger Blues Machine, Waterloo, Kandahar, Machiavel du temps de Letecheur, Pazop ou Banzaï...l'âge d'or selon certains!
Gros succès, mille fois mérité!
Yves: t'en bois encore une?
On s'est arrêté à cinq, on devient vieux!