Paul Imberechts dit Jules du TRAVERS, les jazzmen belges devraient lui ériger une statue, ce gars a fait plus pour la Gaule musicale qu'un empereur glorifié par le Grand Jojo.
Le Travers, une institution aujourd'hui disparue, merci promoteurs de tous poils, c'était Jules, un Gaulois ne se laissant pas abattre, il crée Travers Emotion et continue ses activités au Marni à Ixelles et au Rideau Rouge à Lasne.
En 2013, il met sur pied un festival à Sart-Risbart ( août 2013 - Les Sentiers de Sart Risbart ), sans oublier que depuis quelques années il a repris en main l'organisation de concerts gratuits ( le dimanche, en été) dans le Parc Royal, l 'événement ayant choisi Royal Park Music Festival comme identité.
On mentionnera encore la production et distribution de disques sous le label Travers avant de passer au menu dominical: le Jacques Pirotton Trio!
Le valeureux Pirotton, tu l'as croisé dans les années 80 au sein du Jacques Pelzer Quartet au Brussels Jazz Rally ( ancêtre du Jazz Marathon), une époque bebop/ cool jazz , tu n'as donc pas connu ses années rock, tu l'as revu avec Steve Houben, un jazz teinté d'influences world ( quoique l'étiquette n'existait pas encore à l'époque), puis tu as perdu les traces du guitariste, mais ce fan de René Thomas ne pointait pas au bureau de chômage de Xhoris en attendant l'âge de la retraite, sa discographie s'est enrichie, elle doit compter une petite dizaine de plaques en tant que leader, le dernier enfant a pour nom, 'Stringly 612'.
Cet après-midi, il est flanqué de Benoît Vanderstraeten à la basse, un vieux complice ayant côtoyé des pointures internationales ( John Scofield, Scott Hendersen, Michel Petrucciani ...) ou noires/jaunes/rouges (Steve Houben, Jacques Pelzer, Mimi Verderamme, J P Catoul, Bruno Castellucci..) et de Stephan Pougin à la batterie ( Steve Houben, Anne Wolf, Rêve d'Elephant Orchestra....).
Tu flânes en attendant 14h30', cadre bucolique, douce température, légère brise, public patient et relativement clairsemé, le climat est propice à l'errance de l'esprit.
Jules annonce les artistes qui se dirigent vers le kiosque.
Jacques, fataliste: Merci, d'être venus à l'heure de la sieste.
Une entrée en matière duvetée ('Commando Scaphandrier', ôte le casque Cousteau, on t'a reconnu), les arpèges soyeuses du guitariste ( oui, il y a du Frisell ou du Scofield dans ce jeu, mais qui a influencé qui?) sont brisées par le jeu Pastorius de Benoît, tandis que l'efficace Stephan assure seul un soubassement solide sur lequel les voltigeurs peuvent s'appuyer.
Du jazz?
Fi des étiquettes, un caprice musical.
Le lyrique ' La théorie des cordes', aux senteurs d'Afrique noire combine élégance, sobriété et exotisme.
La mélodie volatile, éthérée virevolte dans ce ciel troublé d'un peu de brume à peine, tout semblait azur... ( sorry, Victor, voleur je suis!).
Une voisine: exquisite chamber jazz à la Pat Metheny.
'December 13th' ( album 'Parachute'), un exercice de trampoline exigeant souplesse et dextérité.
La même voisine: Charlie Byrd!
Dans un marronnier, des perruches confirment le bien-fondé du jugement.
Une ballade aux arabesques précieuses , 'Vague à lame' , surréalisme pas mort!
Un critique subodore un arrière-goût 'House of the rising sun' dans les lignes de 'Neige', ton odorat doit être sérieusement altéré, cette plage filmique te rappelle Narciso Yepes besognant sur Rodrigo.
Il y a 30 ans Benoît et moi on jouait déjà 'Black ears', des oreilles tendues vers un Brazilian jazz coloré et effervescent.
Retour au dernier album, 'Banitza', une course sur un sentier sinueux du côté des Balkans.
Le trio salue l'assistance qui réclame un bis!
'La valse immonde', un trois-temps pas dégueulasse!
Un concert racé!