Wonderboy au Barbe, Plouha, le 7 novembre 2025
michel
Quoi, Gal Gadot?
Tu dois confondre avec Diana Prince a k a Wonder Woman, le wonder boy est rennais, son état civil indique Sébastien Thoreux.
Le mec de chez Tally Ho?
Lui-même, il a aussi fait partie des The Wankin' Noodles, pas des andouilles, ou d' Ämyglam, mené par la satinée Mia Delmaë.
Après avoir déserté le fief d'Etienne Daho pour écumer des bistrots de la capitale, on retrouve sa trace du côté de la Vilaine en 2011, où sous le label Wonderboy, il participe aux Transmusicales.
L'album 'Going nowhere fast' était sorti un an auparavant, un second LP, 'Borrowed Nostalgia', voit le jour en 2017, ensuite l'adepte de jeux vidéos se consacre à Tally Ho!
Il y a un petit temps, Sébastien ( guitare, chant) ressuscite Wonderboy, forme une nouvelle équipe en gardant le batteur ( plus programming, shakers, et synthé) Florian Pardigon ( Cancre, SBRBS, Republik, Bye Bye Panke, Championne, etc...) et en dévoyant Louis Cozic ( basse) un des frangins de chez Bops et Hadrien Benazet ( guitare, claviers ) de chez SBRBS.
Ce soir Le Barbe entendra l' album ' Death of a drum machine', sorti en octobre.
Comme il est du genre bien éduqué, Sébastien nous demande si on est prêts et si le concert peut débuter.
D'un doigt léger, Florian appuie sur le sampler, un son propre se répand, 'Disco Cabrado' est lâché.
La basse pointe le bout du nez, le wonderboy, d'un timbre courbaturé, entame son récit, Hadrien a sorti l'ebow pour faire geindre sa guitare, Sébastien répond en plaçant quelques riffs torturés, tandis, qu'à l'arrière, Florian passe du drumming consciencieux au synthé classieux.
Parenthèse , ne te fie pas au disco du titre, on est plus proche de l'indie aux guitares réverbérées à la The Brian Jonestown Massacre que de Donna Summer.
' All I recall': ...you never get what you expected ... chante le patron d'une voix désabusée, plus loin, il ajoute...you die a million times... ceux qui espéraient de la gaudriole en sont pour leurs frais, les textes de Wonderboy sont sombres, mélancoliques, l'accompagnement sonore, méticuleux, sent fort l'ouest américain.
Tac, tac, tac, fait Florian avant de fixer le gars de chez Bops qui active sa basse bien ronde, on largue les amarres pour l'oxymore 'Anxiety honey' .
Les guitares, d'influences surf, ( on adore Chris Isaak) bien plombées, répondent à la drum machine.
Tu te laisses porter par ce downtempo envoûtant quand soudain une poussée d'adrénaline insidieuse te conduit vers un final tourmenté.
De gros beats samplés amorcent ' If I called you sweetheart' , une guitare aux relents Velvet Underground jaillit, puis vient la voix, flegmatique!
Qui dit le Velvet pense à Lou Reed, on suppose que Sébastien est fan du compagnon de Laurie Anderson, celui qui a chanté une Sweet Jane.
' Stagger Home' est sorti en single, normal, le morceau, présentant des effluves Alan Vega, est catchy en diable et vient s'imprégner dans tes cellules avant l' explosion en vue du terminus.
La ( messe) basse de Louis amorce 'I'm gonna sing today' , un nouveau downtempo engourdi au fond musical minimaliste, les bandes façonnent des sonorités d'harmonium, les guitares obliquent vers un psychédélisme qui peut évoquer Syd Barrett.
Chez Wonderboy tout est question de climats, tu baignes dans un éther cotonneux, émaillé de petites trouvailles subtiles.
Pas de cinéma, de l'efficience et du savoir-faire!
Avec 'Howlin' on se paye un saut dans le passé, cette plage heurtée s'entend sur 'Borrowed Nostalgia'. En spoken -word, sur un arrière- plan de guitares stridentes, on a droit à un funk blanc tendance post punk ( Gang of Four).
Encore plus agressif, voici, toutes griffes dehors, ' Would it make it alright' , là où The Fall rencontre Tuxedo Moon!
La boîte à rythmes ne chôme pas, elle engage le brumeux 'It sounds so sweet', la basse frémit, Adrien est passé derrière les keys, la voix au phrasé chanté-parlé ( image de marque de Lou) débite son propos faussement mielleux.
L'embarcation tangue mollement, comme le dit le titre, it sounds so sweet, tellement sweet, que tu te mets à revoir tous ces grands artistes disparus: David Bowie, Nico, Johnny Thunders, David Johansen ou Marc Bolan .
Dans le public quelques solides allumés bavassent bruyamment, manifestement, ils ont atterri au Barbe pour boire un coup entre potes, le concert servant d'alibi à leurs libations.
Le groupe ne s'en offusque pas et enchaîne sur un second white funk ( ' Camera' est mentionné sur le feuillet) ayant inspiré Josiane et sa copine, elles ont entamé une danse robotique saccadée tandis que Hadrien concocte des effets de guitare percutants et que Sébastien nous lâche ..you still believe in America... , malgré un président fêlé.
'Breakdown Buzzcocks', une adaptation libre de ' Breakdown' des Buzzcocks, bourrée de gimmicks à la 'Collapsing new people' et d' effets d'ebow magnétiques termine un set qui a tenu toutes ses promesses .
Entre indie, art rock, post punk et shoegaze, Wonderboy a plusieurs cordes à son arc et devrait faire un tabac au Supersonic ( Paris) le 25 novembre.