mercredi 27 mars 2019

Album - Freaky Old Nation - Freaky Old Nation.

 Album - Freaky Old Nation - Freaky Old Nation.

In Vlaams-Brabant, tu avais Freaky Age avec le fils de Luc Crabbe, désormais, du côté de Libin, tu as Freaky Old Nation.
On a écrit désormais, ce n'est pas pour te faire plaisir, Charles, et c'est trahir les faits car le trio a vu le jour en 2014 avec une première mouture rikiki, monstrueuse, avant d'opter pour F O N.
Peu après le groupe tâte de la scène, l'entente entre les trois individus,  pour ne pas dire l'osmose, se confirme et   Thibaud Mathieu  : batterie/Joe Grosjean  : chant, guitare/ Jérôme Davio  : basse décident d'enregistrer un EP trois titres.
Trois ans plus tard, ils font appel aux bonnes âmes pour une opération de financement participatif devant leur permettre de sortir un full album.
La collecte a porté ses fruits, l'objet, mixé et masterisé par Roland De Greef, le boss chez Moonzoo records et accessoirement membre fondateur de Machiavel, existe et se vend chez plusieurs disquaires ou  lors des concerts du groupe.

 Tracks-

Yellow Come
4:00
Any Other Kiss
5:34
In Your Car
3:16
Fire Far Away
3:31
Polar Bear
3:37
The Same
2:44
It's All Right
4:11
Chaos
5:07
Domination
5:04
Heart Breaking
4:32

Tu glisses le  disque optique dans le lecteur, ton index exerce une pression souple sur PLAY et le power pop ' Yellow Come' défile. 
 Ça sent bon les Shoes ( les Ricains), le Dwight Tilley Band et autres Cheap Trick qui nous balançaient un rock décomplexé dans les seventies.
 'Any other kiss' bénéficie d'une intro élégante, ce midtempo, porté par la voix grave de Joe, explose soudain en grunge acerbe avant de reprendre un rythme plus serein.
Un morceau qui mériterait some airplay sur Classic 21.
Pour démarrer, votre voiture a besoin d'une impulsion fournie par le démarreur, brrr, brrr, ....à première vue elle ne connaît aucun problème ta caisse, ' In your car' démarre au quart de tour et poursuit sa route, rectiligne, en mode poppy.
Elle a garé la Clio puis constate, t'as vu il y a de la fumée à l'horizon, ' Fire far away', la guitare tranchante et les cool vocals ne s'éloignent pas du sillon rock bien torché.
Ensuite le trio t'invite à faire connaissance avec un des derniers ursus maritimus, ce  'Polar Bear' s'inquiète du réchauffement climatique, comme pas mal d'adolescents qui préfèrent se promener en rue plutôt que d'assister aux cours, mais nounours le fait sur fond de guitares et chorale propices au singalong.
Thibaud en profite pour marteler comme une bête aux abois, le morceau doit cartonner en concert!
Faut penser à préserver sa monture, on lève le pied, le tempo s'assagit avec ' The same' .
Plus aucun radar en vue,  sans excès démesurés, on reprend de la vitesse avec 'It's all right', encore un power pop bien ficelé.
'Chaos', son chant épileptique , ses riffs mordants, sa rythmique métronomique,  risque de te laisser knock-out. Tu peux toujours t'en remettre à Nietzsche qui affirmait ...il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante..
' Domination' débute par un discours philosophique, suivi par une succession de riffs de guitare venimeux, il s'agit  du titre, quasi instrumental,  le plus rugueux et musclé  d'un album qui s'achève avec ' Heart breaking', entamé par des bruits de moniteur cardiaque aux abois, une nouvelle  pièce âpre  et efficace.

Freaky Old Nation vient de pondre un premier album qui tient aussi bien la route que la DS du Général De Gaulle, le groupe annonce une série de concerts au printemps.
Il s'agit de tenir  leur page facebook à l'oeil!


lundi 25 mars 2019

Dana Fuchs à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 24 mars 2019

Dana Fuchs à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 24 mars 2019

Les grands noms blues se bousculent à La Grande Ourse, une semaine après Steve Guyger, la flamboyante Dana Fuchs s'en vient fouler les planches de la coquette salle de Saint-Agathon.
La belle madame, la quarantaine sexy, oui, Fernand, elle a a oeuvré comme effeuilleuse avant de se lancer dans le blues rock, termine le volant européen de sa tournée en Bretagne.
Oui, Carlos, son dernier ( le 9è) album, 'Love Lives On', a reçu un 9/10 chez Concert Monkey et elle compte en interpréter quelques extraits en ce début de soirée.
Quoi, encore, des pans de  biographie?
Elle va les dévoiler, pendant le show.
Dernier enfant d'une ribambelle de six gosses, papa boit, grandad se donne la mort, une soeur, alcoolique,  suit le même mauvais exemple, un frère succombe, victime du cancer, la vie en rose ne lui était pas destinée, elle, aussi, a failli sombrer mais s'en sort finalement.
L'alcool, la drogue, la mort, deviennent des sujets récurrents dans son répertoire.
A Saint-Agathon, la ponctualité est respectée, à 17h, le band se profile pour envoyer une entrée en matière tonitruante, la leading woman apparaît bras levés, elle est grande, scintillante, appétissante, ajoute un voisin sentimental.
Bonswar, tonight, it's the last date of our tour, let's celebrate life together... c'est ce qu'on compte faire, baby!
Le fidèle et doué Jon Diamond ( guitar), le Néerlandais Walter Latupeirissa ( basse) , une pointure ayant joué avec Snowy White, Ambeon, Ina Forsman ou Tasha Taylor, e a, et les transalpins Piero , baby, Perelli ( drums) et Nicola Venturini (keys) avaient entamé l'intro de 'Ready to rise', Dana de sa voix éraillée embraye, ce blues funk vient te tirailler les entrailles, les riffs âpres du gars de New York, l'orgue bien pute et la rythmique en béton armé ont tôt fait de convaincre la salle que l'équipe engagée par la rock chick n'est pas destinée à jouer la queue de classement.  
Hervé, mon grand, éloigne ce ventilateur, il me gêne,  thank you, boy.
Next song is for all the departed et j'en ai perdu beaucoup, ' Calling angels' et ses relents Motown, même sans les cuivres, met en évidence un timbre proche du gospel.
Personne n'est étonné d'apprendre que Dana ait été choisie pour incarner Janis Joplin dans 'Across the Universe' de Julie Taymor, sa voix est tellement proche de celle de la Pearl qu'il n'y a que Layla Zoe pour lui faire concurrence.
Pendant un break, elle explique qu'elle était au chevet de sa mère mourante lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, that's the circle of life, people!
Le juteux ' Sittin on' m'a été inspiré par un moine bouddhiste et la suivante 'Nobody's fault but mine' est de la plume d'Otis Redding.
J'ai fait l'album à Memphis, ça s'entend, non?
Effectivement, c'est drôlement collant et funky, lady!
You know, je connais Jon depuis que j'avais 19 ans, ouais, pas si longtemps au fond, elle sourit, on a écumé tous les clubs de la City , après toute cette dépense d'énergie on ralentit la cadence avec 'Faithful sinner', en pensant à mon paternel.
La ballade, douloureuse, précède ' Sad Solution' et ses relents politiques.
A première vue Donald n'est pas son pote, hey Trump, listen to my song, tu déconnes grave, mec!
Mais ce n'est pas neuf , en 1971 Gil Scott-Heron écrivait déjà ' Home is where the hatred is' ( un hit énorme pour Esther Phillips), et rien n'a changé, too many guns, too many killings... 
'Sedative' est porté par une guitare aux senteurs surf alors que sur l'album le fond musical  mixe r'n'b et saillies métalliques. 
Elle fait preuve de diversité, tant mieux.
Tu dis, Marc, tu te demandes combien de fois elle s'est retrouvée à genoux?
C'est vrai, ça, le jeu de scène de cette madame est loin d'être statique et ses copains abattent un boulot de professionnels exemplaire.
Un petit rock, Saint-Agathon?
Yeah!
OK, 'Backstreet baby' qui permet à bambino Piero de placer un solo de batterie pas idiot.
Je viens t'aider, Piero, et soudain elle insère ' Sympathy for the Devil' des Stones dans sa tirade.
We call our next tune the whisky song et pourtant je carbure au Contrex, 'Long long game' date de l'album 'Songs from the road',  le morceau est illuminé par un solo de basse ( cinq cordes) époustouflant de Walter, sans prévenir, la clique enchaîne sur 'Under Pressure 'en mentionnant Mercury et en oubliant David Bowie, pas bien!
Merci beaucoup la France, bye, bye, elle laisse les garçons achever le n°1 hit du UK en 1982.


Rappel.
Nicola en éclaireur, suivi de près Dana qui lui caresse le crâne, ça porte bonheur, et entame la seule lovesong ( un voeu de maman) de la playlist, too bad, je l'ai baptisée ' Misery', le final en vue la romance vire 'reggae, Bob a reconnu son 'No woman, no cry'.
Ah, finalement, l'acoustique qui sommeillait près de la batterie n'était pas un élément décoratif, Dana la ramasse pour la dernière salve de la soirée, ' Battle lines', basée sur une citation de Platon.

Au revoir la France, I love you!



samedi 23 mars 2019

Shakespeare Project Trio à la Médiathèque de Guingamp le 23 mars 2019

Shakespeare Project Trio à la Médiathèque de Guingamp le 23 mars 2019
A Binic, on célébrait Le Printemps des Poètes, notamment en invitant la poétesse  Maram al-Masri, à Guingamp, la Médiathèque municipale a rendez-vous avec  Shakespeare et organise un concert poético/lyrico/ electro/free jazz du Shakespeare Project Trio, basé sur les sonnets du citoyen le plus célèbre de Stratford-upon-Avon.
A 15h, la salle de spectacle ( de capacité restreinte) affiche complet, un responsable se charge d'une brève introduction avant de céder la place au Shakespeare Project Trio.
 On doit la conception du Shakespeare Trio, le français, pas celui de Brighton, à Bernard Lepallec , directeur artistique de l'association Ar Jaz , un collectif proposant un projet de vie musicale autour du jazz et des musiques improvisées.
A l'origine, le projet était prévu pour un septet, il s'est finalement réduit à trois éléments: 
Bernard Lepallec aux saxophones, Pierre Stephan :bidouillage électronique ( le bricoleur est à l'origine violoniste et a collaboré avec pas mal de formations bretonnes dont Hastañ,  Maëlstrom 4tet, Pennou Skoulm, Le bal tribal des frères Molard, Ronan Le Bars Group,  The Celtic Social Club...) et, enfin,  le philosophe Steeve Brudey comme récitant/chanteur.
Le parcours de ce dernier, dont le look évoque Seal ( sans la balafre) ou Skin, en moins Skunk, d'après une voisine espiègle, est pour le moins singulier, il abandonne la philosophie pour le théâtre et le chant lyrique, ce qui lui vaut de devenir  la voix du « Shakespeare Trio » qui met en musique des sonnets du brave William. 
Le collectif a gravé un CD ' Contre ce temps', reprenant plusieurs sonnets sur les 154 édités en 1609. Détail on ignore si l'éditeur  a utilisé an authorised manuscript from Shakespeare or an unauthorised copy.
On sait que cette littérature était considérée comme osée, voire  obscène au 17è siècle.
En ce samedi après-midi ensoleillé, le trio nous propose huit sonnets, sept d'entre eux traduits par Yves Bonnefoy ou Pascal Collin et un poème en version originale.

La séance est précédée d'un long moment de silence permettant la mise en condition des intervenants, puis la voix de Steeve, solennelle, entame les premiers vers du sonnet 23, en français...
As an unperfect actor on the stage,
Who with his fear is put besides his part... donne, je suis comme un acteur égaré sur la scène qui par la crainte passe à côté de son rôle... Pierre Stephan entre en action en ajoutant des bruitages insolites, d'abord en bruit de fond, puis en avant-plan lorsque l'acteur se tait.

Le texte est mis en loops pour former un canon avec le récitant, le climat créé, chargé de mystères et de Verfremdungseffekten, est propice au recueillement et à la réflexion, d'ailleurs le public, médusé, n'applaudira pas au terme du poème.
Un solo de free sax amorce la seconde pièce, 'C'est vrai, j'avoue' au texte chantonné.
Le public, attentif, retient son souffle, tandis que Steeve Brudey se confesse sans pudeur.
L'émule de Miller Puckette ébauche la troisième phase en façonnant une substance sonore aquatico surréaliste mixant les aventures sous-marines  du commandant Cousteau et la Music for Installations de Brian Eno, la composition est troublée par le vrombissement d'un cyclomoteur descendant la Place du Champ Roy, la pétarade ne déconcentre pas le comédien qui attaque 'Contre ce temps', d'abord en forme récitée , ensuite sous forme de lieder psalmodié en contratenor altus, à la manière de James Bowman, le saxophone donnant des touches free jazz à ce mouvement baroque.
Le public, toujours pétrifié, hésite à applaudir, les machines viennent d'entamer, d'une approche wagnérienne,  virant sonorités de clavecin, le sonnet suivant, assis sur un siège, tel le Penseur de Rodin, le récitant attend avant de se relever pour pousser un cri d'épouvante ponctué par des crissements effrayants et une note de sax plaintive.
Les hurlements se succèdent avant les premiers vers, 'Honte à toi 'sur fond bourdonnant est entrecoupé de râles et de soupirs tandis que l'instrument à vent divague.
Othello au repos pendant l'amorce  trip hop de ' J'ai fait bien attention',  débité d'une voix de fausset. Après cette séquence La Cage aux Folles, Bernard Lepallec nous la  joue Ornette Coleman et place un solo douloureux.
Un dancetrack techno se greffe sur la tirade puis, d'un timbre de rhétoricien plaçant son discours à Hyde Park, Steeve scande 'Je suis ce que je suis'.
Shakespeare on the dancefloor nous invite à la danse et c'est au terme de ce sonnet techno que Guingamp tape des mains pour la première fois.
Le trio enchaîne sur un chant sacré désacralisé, au texte inintelligible, cette litanie sur fond caoutchouteux est accompagnée  par la chorale des condamnés au purgatoire, elle se fond sur le sonnet 66 où il est question de corps vierges offerts à des désirs brutaux.
Une partition lancinante, obsédante, accompagne ce texte puis vient le temps du silence, de la méditation,  annonçant une dernière harangue, in English,'Two loves I have', clôturant un spectacle captivant  ayant transporté un auditoire médusé  dans l' univers fantasque du barde immortel.
 








vendredi 22 mars 2019

Album - Clément Abraham Quartet - The Outsider

Album - Clément Abraham Quartet - The Outsider

Le quatrième album de Clément Abraham paraîtra le 1 avril 2019.
In Lebanon, an April Fool joke is revealed by saying "كذبة أول نيسان " , on s'attend au pire dans la France macronienne, dans quelques jours.
Ce qui n'est pas une farce est la date de la release party consacrée à l'objet: le 31 mars au Run Ar Puns à Châteaulin.


Clément Abraham, un des fils du gardien de phare/écrivain, Jean-Pierre Abraham et frangin de Clet , restaurateur de meubles, peintre, sculpteur, street artist, sort du Conservatoire  de Cergy-Pontoise à la fin du siècle dernier puis, comme il adore Martin Circus, il s'éclate au Sénégal, y enregistre un album solo ( il est batteur, on avait omis de le mentionner), 'Assaman si', aujourd'hui introuvable.
Revenu dans l'hexagone sous l'ère Chirac, il se cherche des alliés pour former un quartet qui intégrera l'héritage noir dans son jazz bebob.
Après les albums 'Translation' ( 2015) et 'Turn around' ( 2017), le petit gars du Finistère nous propose ' The Outsider', sans Jared Leto mais avec Nicolas Peoc'h au sax alto, Charles Bordais au piano et Simon Le Doaré à la contrebasse.

Tracklist:
Native Song
A Bourbon Chaser
March for Ellison
Underground
Short Story
Theme for Harriet
B Boy
Why Not
The Insider.

Ils ne sont guère nombreux les batteurs/compositeurs, mais Clément Abraham est de la lignée Max Roach. La première plage, 'Native Song', navigue dans le même bassin,  permettant l'improvisation de tous les protagonistes, que celui  du pionnier du bebob et quand on a le bonheur de pouvoir compter sur un sax de la qualité de Nicolas et d'un pianiste aux doigts de fée, on savoure le morceau comme si les interprètes déclinaient l'identité Charlie Parker, John Lewis ou Nelson Boyd.
Barman, ' A Bourbon a Chaser ', please.
De là à insinuer que ce jazz s' absorbe de préférence dans un cabaret, il n' y a qu'un pas que tu n'hésites pas à franchir et si tu croises Lauren Bacall , tu lui proposes un daiquiri.
'March for Ellison'  combine classicisme et  élans impromptus, tour à tour, le piano ou l'alto se payent une escapade en pouvant compter sur une assise rythmique infaillible.
Ici encore l'ombre des plus grands papillonne dans le studio.... Thelonious Monk, Art Blakey, Sonny Stitt ou Ray Brown. 
Place à l'élégante ballade 'Underground' , le groove dégouline en nappes sinueuses, ce sous-terrain est plus velouté que celui emprunté, il y a des lustres, par Lou Reed , John Cale et Sterling Morrison.
Ne nous demande pas si  Guy de Maupassant aimait le jazz , avait-il conscience que du côté de La Nouvelle-Orléans ou dans le Missouri, la communauté Afro-Américaine vivait aux rythmes du ragtime et du cakewalk, mais s'il devait refaire surface en 2019, le romancier devrait apprécier la  preste 'Short Story' pondue par le quartet de Clément Abraham.
Pur hasard, coïncidence fortuite, en 1883,  Henry-René-Albert-Guy de Maupassant publiait 'Miss Harriet', Clément et sa clique propose ' Theme for Harriet' , cette romance a -t-elle été conçue pour la vieille fille ou fait-elle référence au 'Harriet's theme' que Lee Holdridge a composé pour Old Gringo, on ne croit pas une seconde à cette seconde éventualité, on est plus proche de Coltrane plays the Blues que de John Barry, un grand  compositeur  de musique de film, by the way.
Les rythmes syncopés du vibrant  ' B-Boy'  plairont aux inconditionnels de break dance, tout comme aux afficionados de hard bob.
Le sax, lyrique, amorce ' Why not' , un piano, leste, le relaye, à l'arrière, on sait que le batteur sourit en frottant ses caisses de ses balais tandis que la contrebasse galope pour tenir le rythme imposé par Charles.
Revoilà, le sax, ça cavale ferme.
Si demain, à Saint-Cloud, dans la sixième, tu tombes sur un canasson du nom de 'Why Not', tu mises 10 € pour moi, sans rien dire à ma conjugale, s v p!
Il est marrant, Clément, il a baptisé l'album ' The Outsider', mais c'est avec 'The Insider' que s'achève le périple.
Un jazz limpide, efficace, évitant le tape à l'oeil, accessible aux profanes comme aux férus de thèmes plus pointus.

Le Quartet se produit à Hôtel Bar Boutik Le Saint Yves  à Tréguier, le 29 mars.
C'est gratos, tu peux inviter ta copine!

mercredi 20 mars 2019

Défilé de décès de la quinzaine: Eddie Taylor Jr., George Benson, Asa Brebner, Danny Kustow, Hal Blaine, John Kilzer, Yulia Nachalova, Yann-Fañch Kemener, Dick Dale, Andre Williams, David White , Bernie Tormé,

Le 8 mars, à 46 ans,  Eddie Taylor Jr. a rejoint son paternel au paradis des bluesmen.
Quand ton père a joué avec  Jimmy Reed, John Lee Hooker, Elmore James et d'autres grands, il est normal que toi aussi tu tâtes de la guitare.
Junior, comme son père,  est resté fidèle  au Chicago Blues et a enregistré une demi-douzaine d'albums.
Une santé fragile l'a tenu éloigné des scènes et des studios pendant de longues années, son dernier LP date de 2015, Stop Breaking Down.

George Benson, le saxophoniste de jazz, pas the new boss guitar, est décédé le 9 mars.
Dans les sixties il travaillait comme session musician pour Motown et son sax s'entend donc sur quelques enregistrements de Marvin Gaye.
Sa bio mentionne: George Benson's vast performance credits range from Louis Armstrong to Lena Horne, Stevie Wonder to Lionel Hampton, Ella Fitzgerald to Milton Berle.
Il n'aura gravé que deux albums comme leader,   "Detroit's George Benson Swings and Swings and Swings" et "Sax Master", la liste est bien plus longue comme sideman.

 Danny Kustow, le guitariste du  Tom Robinson Band , est mort le 11 mars.
Danny fait partie du band de celui qui a connu le succès grâce à '2 4 6 8 Motorway' depuis les débuts, en 1976. 
Lorsque Kustow quitte le groupe en 1979, celui-ci arrête les frais pour revenir brièvement en 1989, le temps d'une tournée.
Après l'aventure TRB, Danny joue avec Jimmy Norton's Explosion ( comprenant Glenn Matlock) et plus tard  Time UK, il a également fait partie de The Spectres et The Planets.
C'est Tom qui avait appris la triste nouvelles aux journaux: 
“I'm devastated to have to tell you that my dear friend and former guitarist Danny Kustow died in the Critical Care ward at Bath Royal United Hospital on Monday."


Les Modern Lovers de Jonathan Richman sont  le premier groupe de renom auquel le nom d'Asa Brebner est associé, il tient notamment la basse sur ' Back in your Life' de 1979.
Le lineup des Modern Lovers est aussi flou que la vision musicale de Jonathan, on retrouve Asa plus tard chez  Robin Lane and The Chartbusters avant de démarrer une carrière solo en dents de scie.
Le monde musical l'avait perdu de vue jusqu'à l'annonce de son décès il y a quelques jours. 

 Le batteur Hal Blaine est décédé lundi 11 mars à l'âge de 90 ans.
 Harold Belsky, en fait, s'était fait connaître dans les sixties comme membre du collectif  de musiciens de studio "The Wrecking Crew".
Ce grand musicien doit s'entendre sur plus de 6000 singles dont 150 se sont retrouvés dans le top ten américain.
Impossible de citer tous les noms avec lesquels il a joué, on pointe les  Sinatra ( Frank et Nancy) , les Beach Boys, Neil Diamond, les Ronettes, Simon et Garfunkel, les Byrds, Johnnny Rivers.....  
Kevin, un titre?
'Batman theme' ( The  Wrecking Crew).
Miranda?
' Johnny Angel' de  Shelley Fabares .
Jérôme?
'Good Vibrations' des Beach Boys!
Ringo ajoute:
“God bless Hal Blainen peace and love to all his family Goodbye Hal an incredible musician."

Le Billboard:  John Kilzer, Memphis Singer and Songwriter, Dies at 62.
L'homme qui n'a connu qu'un succès d'estime à la fin des années 80 s'est pendu le 12 mars.
Il n'aura enregistré que trois albums, le premier "Memory In The Making" est considéré comme un collector's item.

Le 16 mars, Yulia Nachalova, chanteuse, actrice et présentatrice russe  est décédée à l'hôpital, elle avait 38 ans.
Celle qui était considérée comme une star chez Poutine ( surnommée the Russian Mariah Carey) avait enregistré sept albums.  

 L'artiste breton  Yann-Fañch Kemener s'est éteint ce samedi 16 mars, des suites d'une longue maladie.
Le chantre de la gwerz et du  kan-ha-diskan avait enregistré  son premier vinyle de gwerzioù en 1977, "Chants profonds de Bretagne".
Sa discographie, imposante, compte une quarantaine d'albums.
Il a fait partie des groupes Barzaz, Les Ours du Scorff et plus récemment il avait formé un trio avec  Erwann Tobie et Heikki Bourgault.
Plus de 1500 personnes lui ont rendu un dernier hommage à l'église de Sainte-Tréphine où le Bagad de Pontivy a sonné l'arrivée du cercueil.

On te dit surf music, un nom te vient à l'esprit: Dick Dale!
Le pionnier est décédé le 16 mars à 81 ans.
Si Pulp Fiction l'avait remis en selle, Richard Anthony Mansour, le guitariste de Boston , roi de la Fender, avait déjà commencé à sillonner les scènes rock depuis 1959.
A la  question, donne-nous un titre , forcément tu répondras  ' Misirlou' un rebeticko transformé en surf par Dick et devenu un tube mondial.
Réduire le roi de la reverb à Misirlou serait injuste: 'Let's go trippin' , 'Jungle Fever', 'The Scavengers' , 'Peppermint Man', ' Del-Tone rock' sont d'autres morceaux que les deejays aiment à passer durant les soirées vintage.
Le calendrier de Dick Dale annonçait encore des concerts jusqu'en novembre.

Avec le décès d'Andre Williams, une autre légende quitte la scène.
La carrière du fantasque Andre  commence également dans les années 50, il fait partie des Five Dollars et se fait déjà remarquer par un jeu de scène osé.
'Bacon fat' le propulse au sommet des charts , il se met à écrire pour d'autres, Ike et Tina Turner enregistre son 'Shake a Feather', il supervise le travail des Contours, s'occupe d'Edwin Starr, bref, il ne tient pas en place.
Toutefois, il ne néglige pas sa carrière solo et enregistre plus de quinze albums, le dernier en 2016 'Don't ever give up'.
Mais l'homme était surtout une bête de scène, pour l'avoir vu sur un petit podium lors d'un festival à Jette, tu peux témoigner de son énergie et de son pouvoir de séduction,sur les gamines alors qu'il avait déjà atteint l'âge de la pension depuis belle lurette.

David White, un membre fondateur de Danny and The Juniors, s'est éteint le 17 mars, à 79 ans.
Il rejoint ainsi le leader du groupe de doo-wop, Danny Rapp qui est décédé en 1983.
Danny and The Juniors, c'est quoi?
'At the Hop', jeune homme, un tube monstrueux, datant de 1958.
David avait également composé 'Rock and Roll is here to stay' , que Sha Na Na a repris en 1969.
Le pianiste avait quitté les Juniors en 1959 pour se lancer dans la production  avec John Madara, ils ont, e a, signé des hits pour Chubby Checker ou Lesley Gore.
Par après on retrouve le duo au sein des Spokesmen (  un hit  "The Dawn of Correction"), sans pour autant abandonner leur travail de production.

Le guitariste Bernie Tormé, décédé dimanche, a tenu les grattes chez Gillan ( Deep Purple/ Black Sabbath)  de 1979 à 1981.
Il avait également remplacé Randy Rhoads au sein du groupe de Ozzy Osbourne, et  fait, brièvement, partie d'Atomic Rooster, le temps d'un album.
Avant d'avoir joué avec ces pointures, Bernie avait fait ses armes chez Scrapyard et fondé son propre Bernie Tormé Band.
De 1988 à 1990, il fait partie de Desperado  et en 2006 il se lance dans l'aventure GMT (  Guy McCoy Tormé), groupe   qui a sorti trois albums, dont un Live.
Une pneumonie l'a emporté à l'âge de 67 ans.




lundi 18 mars 2019

Steve Guyger and the European All Star Band (1ère partie : Blues Trégor Star Band) à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 mars 2019

Steve Guyger and his European All Star Band (1ère partie : Blues Trégor Star Band) à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 mars 2019

Des 88 constellations qui peuplent le ciel terrestre, la Grande Ourse est sans conteste la plus célèbre de toutes dans l'hémisphère nord.
Octobre 2014: Saint-Agathon découvre sa salle de spectacle.
La Grande Ourse,  inaugurée officiellement en ce beau jour d'octobre, abrite une salle de spectacle, une loge, une cuisine, un hall avec bar et espace de réception, des toilettes. Elle dispose d'un théâtre de verdure et d'un espace fumeur à l'extérieur.
Le 17 mars 2019, un double concert blues attire pas mal de monde  rue de Hent Meur, à 17h, le Blues Trégor Star Band doit ouvrir la session!

Au mois d'août dernier, tu croisais la même formation à Lézardrieux, à l'époque l'affiche indiquait  The Fabulous BBB.
On nous prévient: la formation menée par  Lionel André  est de géométrie variable, de carrée elle peut se convertir en losange et, forcément, changer d'étiquette, aujourd'hui Lionel ze drummer, Do Pinsard, basse, Marc Ennaji, guitares et ma casquette est plus vieille que moi, Little Houd ( Johan Houdart), voix et fesses  fatiguées + harmonica ont opté pour le   Blues Trégor Star Band.
Futé, il déclare: bienvenue à la Grande Ourse, là où il n'y a que des stars ( sauf Ringo), avant de nous raconter l'histoire d'une nana qui parle beaucoup, 'Honey Hush'.
Comme durant l'été, le long du Trieux, la guitare de Marco impressionne, la rythmique, mixte, assure sans frémir et le barbu convainc.
Bonne idée que de confier l'avant-programme à ces ex-jeunes gens!
Après nous avoir abreuvés d'un proverbe berrichon, il propose ' You can't ask a horse to fly', Icare avait essayé, Crin Blanc, non!
On passe en mode laidback avec 'I got something' puis Marc change de jouet  ( une Epiphone) avant d'embrayer sur 'Help me'  , m'en sors pas tout seul, bébé, faut que tu viennes à mon secours.
Tu dis, James?
... This is a man's world, this is a man's world
But it would be nothing, nothing without a woman or a girl...
Little Houd a déniché un tambourin qu'il secoue avant d'attaquer  'Give a cup of coffee to your daddy', un four o'clock boogie.
Pas le temps de draguer la serveuse du salon de thé, Lionel a déjà entamé le classique ' Stormy Monday', un voisin murmure, la tempête a sévi toute la semaine, c'est la chienlit au potager.
Les amateurs de rumba, n'hésitez pas à danser, il n'y en  qu'une au menu: 'Who's been talking'.
Jean Gabin a souri en voyant le ténor esquisser un pas de danse.
Un détour par la ferme de Nicole pour ' Little red rooster'.
Non, c'est pas du coq au vin, c'est du coq à la slide.
Un ustensile que Marc utilise encore pour 'I can't be satisfied'.
Les gars du Trégor achèvent leur chapelet avec le standard  ' Got my mojo working'.
Tu dis, Cathy?
C'était top!
Oui, Madame!

Break de quinze minutes, un passage au bar s'impose!


Steve Guyger and the European All Star Band.
Si aux States, Steve Guyger, from Philadelphia, one of the finest blues harp players in the world, tourne avec son propre combo, The Excellos, lorsqu'il traverse les océans, il s'acoquine avec une bande de légionnaires qu'il a baptisés The European All Star Band.
En provenance de Barcelone, tu as  Victor Puertas aux keys, en Catalogne il dirige son propre combo,Victor Puertas and The Mellow Tones, aus Deutschland, vient le guitar hero Kai Strauss, copain de Memo Gonzales, qui collectionne les Blues Awards,  et, enfin,  deux locaux, Pomp It Up ( alias  Philippe Scemama)  à la basse ( Gas Blues Band/ Wab and the Funky Machine/ The Juice...) et Pascal Delmas à la batterie, un Toulousain que tu as croisé derrière Shaun Booker il y a trois ans.
Mais venons en au valeureux sexagénaire Steve Guyger, si sa disco se compte sur les doigts d'une main , le Handy Award nominee est sur la route depuis plus de quarante ans, dont près de 20 au service de Jimmy Rogers.
Ce spécialiste du diatonique comme du chromatique, il les fourre dans toutes les poches de son veston et de son froc, a également joué aux côtés de Sammy Davis, Charlie Musselwhite ou Buddy Guy.
Avant de mettre le cap sur l'Allemagne, la Dream Team s'arrête à Saint-Agathon.
L'Europe démarre le set sans le Ricain en nous balançant un instrumental swing boogie blues ("Two bones and a pick" de T-Bone Walker )  , histoire de se mettre en jambes.
Toujours sans le chef, en mode Fats Domino, le quartet largue un boogie  chanté par Victor Puertas.
C'est Kai qui annonce l'arrivée du harp player, put your hands together for Steve Guyger, qui décide de débuter son numéro par ' School is over', un morceau qu'il a enregistré en 2008 sur 'Radio Blues'.
Le  jeu d'harmonica et  le chant se complètent à merveille, Steve nous replonge dans les grandes années de Chess Records avec Little Walter ou James Cotton.
A 67 balais, le bonhomme nous montre qu'il est loin d'être usé , il le prouve avec le remuant  'Shake that boogie'  et 'Same old thing' hissant haut l'étendard du Chicago Blues.
Les bluesmen et les nanas, une histoire malheureuse... I cry for you each and every night.... bébé, je suis trop vieux pour changer, you stay on my mind... avec la guitare et l'harmonica qui soupirent. Abattement et incompréhension, tel est le lot du chanteur de blues!
Sonny Boy Williamson ( le second) wrote 'Come on back home' ,  en 1951, ça rockait ferme, à l'époque!
Saint-Agathon, j'ai failli transpirer, it's time to slow it down, avec un Chuck Berry flegmatique, le joyau 'Wee wee hours'.
Kay Strauss n'a probablement aucun lien de parenté avec le compositeur de la 'Radetzky Marsch' mais il connaît la musique, Steve, quant à lui, passe du chromatique au diatonique sans sourciller, ses plaintes ont fait frémir tous les crocodiles des Côtes-d'Armor.
Changement de rythme avec ' I wish you would' de  Billy Boy Arnold, en mode Bo Diddley, ça secoue!
'Little Rita' et ses parfums country ont beaucoup plu à John Wayne, l'heure du dîner approchant je quitte la petite Rita, ça sent vachement bon dans le coin, 'Somethin's Smellin' Good-At My Baby's house'.
Un gars soutien que le jeu de Steve Guyger est aussi moody que celui de Kim Wilson, c'est pas une insulte!
Certains l'attendaient avec impatience, le slow purulent, le truc qui te donne envie de te coller à Dolly Parton pour tournoyer pendant cinq minutes en reposant ton front sur son accueillante poitrine, il est là, 'I can see by your eyes'.
Juste grandiose!
Memphis Slim, Jimmy Rogers, B.B. King l'ont enregistré, nous aussi on a l'intention de faire trembler la baraque, ' Rock this house'.
L'Espagne quitte son piano et entame un duel à l'harmonica avec Philadelphie, puis vient le solo de Pascal, le machiniste rajoute une volée de charbon dans la vieille loco, elle souffle, elle suinte, elle est sur le point d'exploser, quand l'équipage, soudain, décide que c'était la dernière station.
Un salut, direction les loges, où ils ne resteront que 60 secondes car La Grande Ourse  les rappelle.

OK, guys, on leur fait ' So glad you're mine',  key E,  et on va  dédicacer nos CD's.
Encore un beau dimanche  à La Grande Ourse!




 










dimanche 17 mars 2019

Album - The Marshals – Les Bruyères Session

Album - The Marshals Les Bruyères Session

Sont d'où ces copains de Pat Garrett, Wyatt Earp et Dog Bull?
Tu ne vas pas le croire, du Bourbonnais, de Moulins, pour enregistrer leur cinquième méfait, ils se sont planqués dans un fenil dans le hameau des Bruyères-d'Ates, qu'un bon GPS doit dénicher à Bourbon-l'Archambault.
Tout naturellement, la plaque a été baptisée ' Les Bruyères Session'.
Pour ce bel ouvrage, mis en musique mono/ live, Laurent Siguret – Harmonica/ Thomas Duchézeau – Drums/ Julien Robalo – Guitar, vocals ont reçu l'aide de Fabien Larvaron, qui est venu tabasser des congas et secouer des maracas alors que la fermière trayait Cunégonde, une Salers pas farouche.


Tracklist :
01. Same Old Life
02 Gold And Glitter
03 Silhouette
04 Let It Shine
05 On The First Day
06 Dark Room
07 Down My Place
08 Northern Blow
09 Run Through The Jungle

' Same old life', effectivement pas grand chose n'a changé depuis que Creedence,  en 1968, enregistrait l'immortel 'I put a spell on you' de Screamin Jay Hawkins sur leur premier Long Playing.
T'as déjà pigé que les Shérifs ( pas les punks de Montpellier, ni les frangins de Laetitia), ne trempent pas dans une fange rap débile ( un pléonasme, selon les détracteurs les plus virulents), leur truc, c'est du roots rock  fleurant bon le blues,  la swamp music, le boogie et éventuellement le country blues.
Ils sont partisan d'un style direct, primitif,  basé sur une rythmique solide,  avec élans poisseux de l'harmonica et une voix rocailleuse, pas de gimmicks électro, pas de synthé... du pur, du dur, du vrai!
Toujours tout en spontanéité pour la suivante, ' Gold and Glitter', spécialement conçue pour les orpailleurs  de l'Allier.
'Silhouette', qui évoque Roty Gallagher,  virevolte comme un fadet des tourbières malicieux, la plage est suivie par ' Let it shine' porté par une guitare languide.
Une nouvelle fois  l'ombre des Fogerty et de Doug Clifford plane, on a omis le brave Stu Cook, les Marshals évoluent sans basse.
' On the first day' ,  le premier jour, Dieu créa la lumière et à la tombée de la nuit il conçut Jimi Hendrix et le monde ne fut plus jamais le même, puis, comme il faisait torride, il a pensé à la bière, du coup le nombre de fidèles a décuplé !
Son fils, plus tard, a refait le coup en multipliant les pains!
' Dark Room' pour répondre à Cream, sans doute, on se paye un petit tour dans les bayous où tu croises des sales bêtes, des insectes chiants mais aussi le fantôme de Tony Joe White.
Thomas a dû apercevoir une  scatophage du fumier, il tabasse tout ce qui l'entoure pour entamer 'Down my place', la gratte crasseuse le rejoint, puis la voix vient psalmodier sa litanie, en sourdine, Laurent saupoudre de lignes d'harmonica discrètes ce bouillon épais. Là encore, on pense à Jimi , Mitch Mitchell et Noël Redding ( à la rythmique, pour le coup).
Une première ballade, après 25' de rugosité, ' Northern blow' apporte un souffle de vent frais sur ces paysages marécageux et moites.
C'est par une reprise, que les bouviers clôturent leur session, leur version de 'Run through the jungle' du CCR a le mérite de s'éloigner de l'original  en permettant à l'harmonica de Monsieur Côtes du Rhône de divaguer dans cette forêt tropicale où Tarzan aurait de la peine à retrouver sa progéniture.

' Les Bruyères Session', une rondelle que tout amateur de roots rock authentique se doit de posséder dans sa collection de produits vintage.



samedi 16 mars 2019

William Z Villain et Walter's Choice à La Citrouille de Saint-Brieuc le 14 mars 2019

William Z Villain  et Walter's Choice à La Citrouille de Saint-Brieuc le 14 mars 2019

Le 14 mars 2019, ton horoscope prédit: Vous aurez une légère tendance à la parano, mais elle peut vous être très utile pour débusquer les menteurs et notamment ceux qui cherchent à vous manipuler..
Comme la tendance était légère, t'as débusqué un nombre réduit de menteurs, enfin pas plus que les jours précédents, à peu près  tous les politiciens et tous les astrologues bidon.
Sinon, il pleut et le vent secoue tout, pas une raison pour ne pas mettre le cap sur Saint-Brieuc où la Citrouille programme William Z Villain  et Walter's Choice.

Un concert assis, une fois n'est pas coutume Place Nina Simone.
21:00 pile,  Walter's Choice!
Le duo de Vannes,  formé par Salomé Le Galloudec et Hugo Legrand ( né en 2011, la petite, désormais grande, Salomé était encore au lycée), qui le mois dernier a remporté le Tremplin de l'Armor à Sons et se produira donc au fameux festival à Bobital en juillet.
Les complices ont sorti un album sept titres en 2018 mais ont étoffé leur répertoire depuis.
Genre?
Pop/folk, passant du soyeux  au musclé avec une inflexion marquée sur les harmonies vocales.
Salomé et Hugo manient tous deux l'acoustique avec élégance, à leurs pieds traînent divers ustensiles percussifs: stompbox, foot jingle ou  foot tambourine.
En prenant place sur leur siège respectif, ils sont accueillis par un cri enthousiaste d'une fan locale, ils répondent par un beau sourire et amorcent ' Left behind', un folk fébrile rappelant les meilleurs titres d' Angus et Julia Stone ou de The Civil Wars.
Le chant en harmonie ou en cascade séduit, La Citrouille a compris que cette première partie n'est pas à dédaigner.
Ils embrayent sur une seconde plage tout aussi mélodieuse, non reprise sur leur enregistrement de début 2018.
C'est à Cocoon que tu penses, il paraît qu'un nouvel album est prévu en 2019, si tu te demandais si le band existait encore.
Le frais et entraînant 'Older'  précède une plage plus sereine, la ballade ' Full of dust' sublimée par la voix caressante de Salomé.
L'amorce de ' Careful' s'avère plus sèche, les voix se répondent, on leur promet d'être prudents!
Une longue intro, digne d'America , amorce ' New Friend' qui te donne envie de tracer un parallèle avec Dan San, dont nous sommes sans nouvelles.
La suivante, punchy, pose la question ...what if I try to change my mind... , elle précède la présentation des musiciens, invisibles, couchés à leurs pieds et les dernières salves: 'Invisibubble' ? / Another parasite'  et  ' Helicopter' qui doit les ramener dans le Morbihan.
Walter's Choice: un duo plein d'avenir!

22:10' -  William Z Villain
Ils sont deux à se ramener, Benjamin Bill du Wisconsin, qui a opté pour la bannière William Z Villain,  et un batteur, qu'il présentera comme étant Lucien.
Tandis qu'il ramasse sa National Resonator, blanche, huit cordes, le Errol Flynn lookalike, lance d'un accent patate chaude, ça va , mes amis, ce soir, mon ami Lucien m'accompagne à le batterie!
C'est la première date de ma tournée française qui me conduira aussi en Belgium.
Le Monsieur a deux albums dans son escarcelle, le dernier, 'Stonedigger', est sorti en octobre dernier mais c'est par une nouveauté, ' 5/8'  sur le papelard,...oh my God, oh my God I think I'm dead... comme lyrics, qu'il ouvre le bal.
Le chant est peu banal, saccadé et speedé, musicalement, on oublie  le critère blues que certains lui ont collé, on est plus proche d'un univers déjanté du style Beck que du shuffle ou du twelve bar, chers à Robert Johnson.
La suivante '  Clave (We had Clavbligations)' est tout aussi insolite, il nous la joue en crooning caoutchouc, son style cabaret cintré et nonchalant  évoquant parfois  Tom Waits.
' Anybody gonna move' confirme ces rapprochements, ce gaillard est un as pour brouiller les pistes, le chasseur de primes qui espère l'épingler n'est pas encore né.
Lucien, t'as une setlist?
Montre, dis,  on est où, ici?
Saint Priou?
Saint- Brieuc, pas facile à prononcer!
On y va , direction, les îles exotiques,' Spike my brain', un uptempo aux senteurs cha cha cha, à écouter en buvant du champagne.
WZV est de l'espèce imprévisible, il nous gratifie d'un numéro de trompette buccale, Dizzy Gillespie n'était pas disponible, puis roucoule comme une vahiné venant de croiser Paul Gauguin, dur, dur, de ne pas éclater de rire, mais ne crois pas qu'il s'agit de bouffonneries, il sait parfaitement ce qu'il fait et le fait à la perfection.
Après une enquête locale sur la raison d'être des dolmens en Bretagne il propose un singalong, 'Uncle Bill goes Hi-Fi',  and Saint- Brieuc goes la la la la!
Soyez plus énergiques, nom de D., ou j'arrête le concert!
LA LA LA LA....
Il en fait des tonnes, ça marche!
Une ballade, non identifiée, plus ou moins apaisée mais  non sans effets de voix,  pour suivre et puis quelques détails à propose de la tenue vestimentaire.
Si je ne porte pas de cravate c'est parce qu' Air France a égaré ma valise, mais pas ma brosse à dents, elle était dans mon sac à dos, Lucien, fais gaffe, tiens le tempo, petit, on attaque 'Homesick', un truc acrobatique.
Dites, les amis, j'ai vu une rivière, elle a un nom?
Comment, Wet?
Non, with G, Gwet.
Presque, Gouët!
Merci, voici 'Stonedigger'.
Tu dis, toi là-bas, t'es Ricain, tu comprends ce que je dis, alors et il entame un discours en patois du Wisconsin, un monologue incompréhensible même pour  Jerry Zucker.
Voici l'histoire d'un juge ayant mis des gosses en tôle, ' Paper Trail' et puis un morceau que j'ai composé avant de quitter mes chats pour vous distraire ( ' Simple song'?).
Dis, Lucien, on a commencé à quelle heure, je fatigue.
Quoi, 22:10', merde, on n'a plus de chansons.
Lucien: William, continue à déconner et je rentre chez moi!
Reste, je leur envoie ' Something beautiful' , un tango écrit par Clem Snide.
Barry Manilow qui passait par là a crié au génie.
Nouvel emprunt,  la magnifique ballade ' Blue Crystal Fire' de Robbie Basho avant le tumultueux  ' Seven breakin' mixant ballade susurrée et jeu de guitare débridé.
On doit se quitter, les amis, voici l'ensorcelant 'Her song.
Bye, bye...I don't wanna sing another one!

Reviens, crie la salle.
Il obtempère, consulte son petit carnet et opte pour 'Horizon' d'Aldous Harding , une perle de sensibilité, avant d'aller signer ses CD's.
 William Z Villain, de la race des grands entertainers!




















jeudi 14 mars 2019

The Braves au Chaland qui Passe, Binic, le 13 mars 2019

The Braves au Chaland qui Passe, Binic, le 13 mars 2019

Le groupe  australien The Braves  se paye une tournée franco-hispanique pendant le mois de mars, en ce venteux mercredi, leur van fait escale à Binic, au Chaland Qui Passe.
Beast Records, leur label français, développe des liens étroits avec le petit port breton et son Binic Folk Blues festival organisé par la Nef D Fous.

Le Chaland Qui Passe, au départ 'L'Atalante', a été tourné par Jean Vigo et est sorti en salle en 1934, ta grand-mère se souvient encore de Michel Simon en ineffable père Jules, l'affiche du long-métrage brille au mur du bistrot, qui doit faire 3 mètres sur trois, comptoir inclus.
Ce troquet est à peine plus spacieux que la cage de Louie, ton canari albinos, il faut arriver à l'heure pour se coller aux musiciens.
21:15', appel des troupes, flûte, le batteur manque à l'appel, il draguait une nénette sur la terrasse.
Cinq minutes plus tard, après un passage au bar pour se ravitailler en Coreff, il a pris place, le trio The Braves peut entamer sa performance!
Le dandy Ethan Lerversha (batterie), le marin Jesse Bolte (basse) et l'oeil de lynx fatigué, carburant à la gnôle,  Kelly Watson (guitare),  ont sorti trois albums, leur dernier né ( Carry on the Con), distribué par Beast Records, a été béni par Robert Mitchum en 2018.
Les Aussies jouent à l'improvisation, sans playlist, et tu ne dois pas leur demander après le set ce qu'ils ont interprété, ils ne s'en souviennent plus, mais ils ajoutent que most of the songs come from the new album.
Tracklist de l'objet:  Hanging church/ Lifting of the veil/ Side by side/Big sleep/How the money rolls in/ People/Gilda/ Behind the red door/ The good son.
Tu espérais pouvoir compter sur ta fine audition pour capter les lyrics, peine perdue, les instruments rageurs couvraient les voix des deux chanteurs/compositeurs, Kelly et Jesse.  
Kelly, l'oeil absent: bonjour, euh bonsoir est plus approprié, we are The Braves from Melbourne,  c'est parti pour un premier brûle-gueule brutal et rugueux à souhait.
Le style de truc que les cracheurs de feu rêvent d'utiliser pour leurs fantasmes pyrotechniques.
La basse et la guitare alternent les parties vocales, Ethan, en souriant, maintient une cadence fulgurante, tous les amateurs de raw rock sont à la fête, ceux qui préfèrent le lisse ont quitté le rafiot.
One, two, three, four, ils embrayent sur un second dark punk/blues évoquant à la fois Jon Spencer, The Birthday Party, ou les Doors des débuts, Kelly nous gratifie d'une envolée métallique hispanique ayant fait fuir les crotales dissimilés sous les bancs.
Le downtempo  bien crade qui suit est décoré de hurlements de loups à l'agonie sur fond de fuzz chaotique, sans pause Jesse a embrayé sur un nouveau garage punk à faire pâlir Kim Salmon.
La suite demeure homérique, mixant envolées gothiques, attitudes glam, atmosphères Nick Cave, duels fratricides, Kelly quand il ne tend pas le manche de sa guitare sous tes narines, vient se frotter à Jesse qui le repousse sans ménagement, l'impétueux guitariste s'étale sur le drumkit, un gars dans l'assistance ramasse les morceaux, tandis que le trio achève la plage monstrueuse.
Après un titre issu de l'album All Through Paradise ( 'Hocust', sans doute) , Binic a droit au martial ' How the money rolls on' décoré de riffs métalliques nous rappelant au bon souvenir de Wall of Voodoo.
' Gilda' annonce la basse, avant d'entamer une ballade à laquelle il manquait  Kylie Minogue pour faire un tube cyclopéen.
Ces mecs ont acquis une patente pour produire un bastard sound féroce , ils nous balancent deux dernières décharges abrasives avant de questionner le tenancier du troquet: on continue ou on arrête ici?
A votre guise, semble dire le patron.
Vu, on range l'artillerie, on a soif et demain, Rouen nous attend!






mercredi 13 mars 2019

Album - Bruce - Captain, we've lost Bruce

Album - Bruce - Captain, we've lost Bruce

Bruce, t'es où?
Capitaine, on a paumé Bruce!
Doit pas être bien loin, t'as essayé tous les bistrots d'Aarschot et de Scherpenheuvel?
Tends l'oreille, si ça cogne sec, que la guitare crache le feu et qu'une voix éructe un hymne punk binaire c'est que Bruce n'est pas loin...
Troisième album pour le clebs à trois têtes, Wim/Bart/Peter, et toujours  de l'énergie à revendre, 12 morceaux, tout est dit en moins de 20 minutes, ils peuvent retourner picoler!

Menu:
Captain, we've lost Bruce 02:07
Death by Chocolate 01:02
What Fuss 01:34
Bucket List 02:35
Paint Your Wall 01:39
Iceberg 01:59
Amanda Stopwatch 02:07
One Man Demolition Squad 00:57
The Referee from Tonypandy 01:03
Six Inches Playboy 00:57
Refreshment Trolley 01:16
Wait till you see my Tattoo 02:27 
Le premier single donne le titre à l'album,  ce cri d'alarme  en mode speed punk, d'une simplicité déchirante, va ravir tous les fans des Ramones et sans doute d'un autre combo flamand nerveux, Speedozer!
' Death by chocolate' n'a pas été choisi par Nutella pour sa nouvelle campagne publicitaire, en une minute et deux secondes, Bruce a réussi à t'assommer pour le compte, l'arbitre a conclu au knockout!
Bruce refuse de rejoindre son coin et balance la suite, brutale, ' What fuzz' et ' Bucket List' à l'amorce presque calme, mais cette histoire de famille tourne au porno/sado/maso.
Carré blanc et guitares stridentes sur fond de drumming houthakker blend!
'Paint your wall', aucun détail en rapport avec le prix du Matisse, mais fils, dans la vie il te faut un but, mets-le dans ton crâne, boum, boum, boum!
Tu voulais descendre de la machine, ces cons ont encore accéléré, résultat le Titanic s'est tapé un 'Iceberg'.
Qui va arrêter la horde sauvage?
'Amanda Stopwatch' peut-être , elle a l'air de valoir le coup d'oeil cette nana, de longues jambes, no brains, on s'en tape..... Amanda Stopwatch  c'est   la cousine punk d'Amanda Palmer!
Quoi, tu penses aux Kids en entendant 'One Man Demolition Squad' et aussi aux Stiffs à cause du fuck you! 
A  punk rock artifact, selon RickyBilly!
Passons à la triste histoire du 'Referee from Tonypandy' dont la gamine s'est fait un  piercing avec un sifflet dans les narines .
Bordel, sont fous, les jeunes!
Il y a moyen de le faire plus concis et plus hargneux: 'Six inches Playboy' fait 57 secondes, dans le temps tu vidais ta Stella en deux secondes!
Sex and drugs and rock'n'roll, il disait,  jusqu'ici c'était calme du point de vue sexe, tu te sentais comme Alex et ses malchicks en quête de devotchkas, direction la plage pour mater les topless girls et surtout celle qui manoeuvre le chariot à rafraîchissements, la  'Refreshment trolley' girl veut que je lui passe du Nivea sur l'épiderme.
En cadence!
Dernière rafale, avant de revendre le MAS38 à un barbouze : ' Wait till you see my tattoo'.

La release party aura lieu le 12 avril in De Haven à Aarschot, ça va faire mal  !






lundi 11 mars 2019

Shake Shake Go en showcase au Cultura Langueux, le 9 mars 2019

Shake Shake Go en showcase au Cultura Langueux, le 9 mars 2019

En soirée t'étais attendu à Tréguier pour le tour de chant de Jil Caplan, l'affiche indiquait 21h, donc tu avais largement le temps de faire un crochet par le Cultura de Langueux qui, profitant de la venue de Shake Shake Go au Grand Pré, invite le groupe franco- anglo-gallois à un mini-concert au fond du magasin.
Le groupe a sorti un second full LP, ' Homesick' durant l'automne 2018 et a repris le chemin des salles de concert depuis fin janvier.
A 16:40', ils sont trois à investir le podium, deux casquettes,  Kilian Saubusse au cajon et shakers et Virgile Rozand à la guitare sèche, la rouquine ardente et scintillante Poppy Jones occupant le centre de la scène.
Ce soir ils seront cinq ( avec un clavier et une basse) et l'électricité remplacera les instruments acoustiques.


Poppy ne peut cacher ses origines, quand tes papiers indiquent  Welshpool comme lieu de naissance, tu n'as pas l'accent créole: we're Shake Shake Go, we're going to play a few songs for you!
Le trio entame le showcase avec leur dernier et imparable single 'Dinosaur'.
Elle a quelque chose, Poppy, la fougue de la jeunesse, a strong voice , comparable à celle d'Amy McDonald et un physique attrayant.
Ces dinosaures n'ont rien du fossile empâté, ils se meuvent avec la grâce de springboks capricieux.
Déjà Langueux a succombé aux charmes de la demoiselle et de ses copains qui enchaînent sur une ballade/singalong engageante,  datant de 2016, ' We are now'.
Le public fredonne avant d'applaudir à tout rompre.
'Alright' nous conforte dans l'idée que Poppy se complaît dans le downtempo mettant en évidence sa voix soul, évidemment, en version épurée, il manquait l'intervention lumineuse d'un orgue, too bad!
Ce soir, vous aurez un real drumkit et un orgue, venez, il reste des places!
Next one is an old song, dès les premières mesures Langueux a reconnu le hit des débuts 'England skies'.
Crac, crac, crac, sabotage non voulu, elle sourit malgré les larsens, le refrain ...Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh don't wait for England to chime... est pour nous!
Loïc: Poppy, épouse-moi!
Pas aujourd'hui, petit!
We'll finish with a couple of songs of 'Homesick', en commençant par l'ensoleillé et exotique 'Mahi Mahi' et c'est par le danceable ' Come back to me' que se termine un showcase ayant tenu toutes ses promesses.
Avant de mettre le cap sur le Grand Pré, le trio doit se taper une longue séance de dédicaces et sourire pour les nombreuses photos souvenirs.

Le 21 mars au Trabendo ( Paris)!







dimanche 10 mars 2019

Jil Caplan au Théâtre de l'Arche à Tréguier, le 9 mars 2019.

Jil Caplan au Théâtre de l'Arche à Tréguier, le 9 mars 2019.

La chapelle du  petit Séminaire de Tréguier remplace l'ancien édifice épiscopal, construit en 1648 selon certaines sources, en  1662-1664, d'après d'autres historiens, elle est devenue   la salle de spectacle du Théâtre de l’Arche en 1992.
Le monument demeure majestueux  et, en pénétrant dans l'auditorium, la hauteur des voûtes en arc plein cintre frappe l'imagination, il a fallu un prodige technique pour obtenir une acoustique efficiente dans ce bâtiment néo-roman.
Lannion-Trégor Communauté y programmait ce soir la revenante Jil Caplan , qui, depuis une quinzaine de mois, tourne pour promouvoir son album 'Imparfaite', sorti en 2017, après une période de silence d'une décennie.
'Imparfaite' est né de la rencontre improbable de Valentine Guillen-Viale, alias Jil Caplan, et de Patrick Leguidecoq,  dont l'étiquette artistique mentionne Romane, un guitariste nourri au biberon Django Reinhardt, notamment connu pour avoir enseigné les rudiments de la guitare manouche à Thomas Dutronc.
Le concert est annoncé à 21h, le public patiente avec Bob Dylan en bruit de fond, on a connu pire!
Les cloches de Saint-Tugdual sonnent neuf coups, la chapelle est plongée dans l'obscurité, la scène est éclairée par un faible limbe lumineux rougeâtre, quatre musiciens prennent place: Romane, à la gratte,  Mathieu Chatelain, à la pompe,  Laurent Delaveau à la contrebasse et Don Juan ( dixit Jil)
Lambert Boudier à la  batterie.
En guise de mise en bouche, ils entament un instrumental, un swing manouche pétillant, ayant ravi le fantôme de Stéphane Grappelli, qui regrettait toutefois l'absence de violon.
Ils ébauchent un second thème quand soudain,  un aigle noir surgit de coulisses, au pas de course, pour agripper le micro.
Elle est splendide, Jil, chemise et pantalon noirs, cravate sombre, bariolée, effilée comme un stiletto elle a un petit look Chrissie Hynde, anno 1975.
Elle a embrayé sur 'Avec les oiseaux', un  titre  aussi léger qu'un voyageur sans bagage.
La voix papillonne tandis que le quartet enfile ses mailles malicieuses. 
Tu dis, Johnny ( pas l'idole des jeunes, un zazou)?
Elle est swing. 
Oui, Fanny, tu penses à Enzo Enzo, pourquoi pas! 
Et toi, Julie.
A Blues Trottoir!
Chouette!
Jil salue, se décoiffe, s'inquiète de notre santé, ça va, merci, puis attaque une chanson d'amour, car sans l'amour rien n'existe, elle s'intitule 'Est ce que tu m'aimes?'.
Une interrogation que madame ne t'adresse plus!
Tandis que Romane égrène ses notes, Jil, frivole, le gratifie d'un bisou sur le nez.
Le virtuose reste imperturbable.
 ' Petite larme' une valse bluesy est suivi par 'En attendant que tu reviennes', une nouvelle chanson d'amour, celle-ci exprime la colère.
Une brouille swing...mec, tu m'as rendue buisson d'épines, c'est fini, tire-toi!
Tréguier, figurez - vous que la prochaine a 28 ans, je me demande ce que j'ai fichu pendant ce laps de temps, des fois j'ai l'impression d'être un fantôme de moi-même, c'est bon, les copains s'agitent, je quitte le divan du Dr Mabuse et on vous envoie 'Natalie Wood'.
Elle en a des choses à raconter, la madame, Romane scrute ses ongles, faudrait que je me tape une manucure, ah, elle a fini de monologuer, allons-y pour ' Fille de persévérance'.
Elle en a connu des déboires de coeur, cette belle nana qui embraye sur la ballade douce-amère ' A peine 21' suivie par un autre titre plus ancien, ' Comme sur une balançoire', entamé en duo guitare/voix.
Lambert, en sourdine, vient caresser un tom de ses balais, tac, tac, c'est parti, ils s'y sont tous mis pour un  Brazilian jazz à la française.

Elle émeut, Miss Caplan quand elle la joue Astrud Gilberto et qu'elle peut compter sur une équipe d'exception!
Un soupir, elle se prend la tête entre les mains, murmure...l'amour ( encore), la souffrance, oublie le confort... quelques fois je me demande si j'ai encore un coeur qui bat, souffle  ' La charmeuse de serpents'.
Virage country and western avec ' Toi et Moi' puis l'histoire de la rencontre avec un des héritiers de Django, tu sais le gars qui a la tronche du type qui joue sa DS au poker et qui sait à peine que les Beatles sont anglais, le style Lino Ventura, tu vois, pour te dire que, au départ, nos univers sont aussi proches que ceux du chien et du chat, mais on l'a fait, cet album!
Il est bien, Romane, un petit bémol, sa femme est du style Bonnie, faut pas que j'embrasse son homme en public!
Retour aux chansons avec ' Le temps qui passe' et puis une fameuse claque qui a vu Tréguier se lever pour applaudir, 'Madeleine' de Jacques Brel.
Trenet et Michel Legrand, c'est pour dans 20 ans!
Jean-Christophe ( Urbain, des Innocents) n'est pas là ce soir, Mathieu doit le remplacer en picking folk, lui, le king de la pompe, mais, ça va aller, il a appris pour 'Tout ce qui nous sépare', le tube des débuts.
Braves gens, le rideau va tomber, on vous joue un dernier morceau mais avant cela je me débarrasse de cette cravate, déboutonne la chemise, défais ma chevelure , c'est mieux pour jouer à l'écuyére, ' Nos chevaux sauvages' termine le set  en forme de ruade!

Rappel:
Elle revient, une cigarette au coin des lèvres et un flacon d'alcool à la main, nous raconte la genèse de 'Un charmant squelette' qu'elle a écrit après la lecture de l'interview d'Arielle Dombasle dans Marie-Claire, oui, je ne lis pas Céline tous les jours... puis la femme fatale propose 'Les gens' en s'accompagnant aux fingersnaps.
Un petit coup de gnôle avant la dernière: 'Stravidarius' !
 Fin d'un concert radieux ayant ravi le Trégor!

Prochaine date, le 17 mars à Orthez!



 

Thomas Howard Memorial au Pixie à Lannion, le 2 mars 2019

PIXIE Lannion le 2 Mars 2019 – Concert de Thomas Howard Memorial par Pascal (PéO)


 Le Pixie est un lieu très agréable à Lannion qui a l’avantage de disposer d’un bar, d’une belle surface, d’une scène estrade proche du public avec un minimum d’équipements en éclairage et en sono, idéal pour accueillir des concerts à dimension modeste. Il mériterait d’être plus souvent rempli car l’affiche est de qualité et l’accueil bien sympathique. Ce soir, c’est une soirée organisée par Bock à Bloc, association de brasseurs locaux qui ont prévu la restauration ‘épicée’ et de quoi épancher la soif après ce repas appétissant … mais ce n’est qu’une mise en bouche. 
Au programme musical, Kig Ha Face B (aha bravo pour la farz) qui, loin d’être des légumes, ont plutôt du jarret et ambianceront magnifiquement la soirée au son des vinyles extrêmement variés mais, avec comme point commun, de donner la banane et des fourmis dans les jambes. Cette soirée sera conclue par le groupe électro-rock ‘Choose’ dont je ne verrai que 3 morceaux mais l’objet de cette chronique concerne Thomas Howard Memorial, la dream team quasi locale, qu’on suit de près car les membres sont actifs (à quoi pensez-vous ? A la même chose que vous gros dégoûtants!) et ont des projets musicaux alléchants, originaux et aboutis. Le groupe est composé au chant, à la guitare et parfois aux synthés de Yann OLIVIER (ex batteur des géniaux feux Craftmen Club et membre du nouveau projet ‘Stade’), de Elouan JEGAT aux chœurs, à la guitare et aussi aux synthés (ancien des oniriques Elk Escape et de Fingers and Cream, initiateur du très beau Skopitone Sisko finaliste du tremplin l’ampli de Ouest France et qui se produira à Art Rock 2019 et aussi partenaire de Yann dans ‘Stade’), Vincent ROUDAUT à la basse et aussi aux synthés (ancien Elk Escape) et Thomas KERBRAT, à la batterie (ex. JMK à la place de l’habituel Camille Courtes) Malgré la sinusite de Yann, le groupe semble en super forme, heureux de jouer et de présenter ses nouveaux morceaux. Le public, assez nombreux, apprécie le style des bretons avec des départs atmosphériques sombres portés par des claviers souvent menaçants ou des touches de piano lancinant, puis les morceaux surfent sur des rythmes marqués et orageux me faisant penser à Interpol (voir Joy Division) et des éclairs de guitare à la Pink Floyd sous forme d’envolées lyriques. La voix de Yann est haut perchée et tranche avec son regard de tueur en série mais la série est musicale et pleine de sourires ce soir. On sent, en effet, une forte complicité et cohésion entre les musiciens. Vincent invite l’assemblée à s’approcher pour mieux communier et il n’hésite jamais à malmener sa basse dont il se sert comme un étendard ou parfois une baïonnette quand il n’est pas accaparé par les claviers. Avec Thomas … Kerbrat , ils assoient la rythmique de Thomas … Howard, bien solide laissant beaucoup de libertés aux guitares. Elouan vit sa musique intensément, il danse avec les loups ou plutôt avec sa guitare la secouant dans une attitude très rock'n';roll, visage tendu et sur la corde raide jusqu’à ce que la note s’envole, lumineuse, aérée, envoutante et captivante. Le groupe n’est pas avare, il assure un concert de plus d’une heure et nous tiens toujours en haleine (pas toujours fraîche mais c'est à cause de la bière), pourtant on souffre avec Yann dont la voix donne des gros signes de fatigue et le rhum ne pourra rien contre le rhume. Grosse débauche d’énergie, This is a ground attack ! Yann transperce le public, monte sur un retour, brandit sa guitare comme une arme. Le public exulte, et en redemande , encore, encore, un rappel !! Oui, le public est dur, mais les musiciens sont radieux, Yann s’accroche … à sa guitare … sans filet … ou si, juste en équilibre sur un petit filet … de voix !. Il n’en peut plus, six feet under ! It's over, this is the end, c’était trop bien, encore, encore, on reviendra !! Vivement la sortie du nouvel album (en gestation analogique au studio Kerwax). 
 NB : Les titres joués, avec très peu d'anciens morceaux (sous réserve de confusion dans mon esprit car j'ai volé bien haut) : Des nouveaux titres 'Tunnel' 'A river of sand' puis un grand classique du lac 'Rupture' et encore de nouveaux titres 'The call' et 'Le moment' en français dans le texte ! Et encore du neuf 'New told lies' 'Alive' 'Revolution' 'Irma's death Toll' et du vieux classique 'How to kill kids' 'avant de finir (in lake) 'Six feet under' et le vieux classique 'Ground attack'. Ma liste n'est sans doute pas infaillible mais ce n'était que du bon à bloc ! 

PéO

samedi 9 mars 2019

Carte blanche à L - Raphaële Lannadère au Centre Culturel de La Ville Robert à Pordic, le 8 mars 2019

Carte blanche à L - Raphaële Lannadère au Centre Culturel de La Ville Robert à Pordic, le 8 mars 2019

Le 8 mars,  la planète célèbre la journée internationale des droits des femmes, si l'ONU a choisi cette date en 1975 , un National Women's Day avait déjà vu le jour en 1909, aux USA.
La place des musiciennes  dans un univers résolument machiste pose question en cette journée de mobilisation féminine.
Le  Centre Culturel de La Ville Robert a, pour l'occasion, invité L (Raphaële Lannadère) et lui a donné carte blanche pour concocter un programme devant illustrer le sujet.
Ce soir, la dame ne cachant pas ses attaches à la région mosane, ne donnera pas un récital traditionnel, la veille, à Lannion, son répertoire était centré sur son troisième album, 'Chansons', pas de violons au menu chez Robert, mais deux guitares, une batterie et une complice pour chanter et réciter des textes que la petite troupe a mis deux jours à peaufiner pour ce spectacle éphémère.
La création, périssable, est basée sur le thème de la sorcellerie, le goût prononcé pour la littérature et pour l'univers de Barbara , a poussé la chanteuse à façonner un spectacle cohérent et sagace en forme de lecture musicale, mêlant chansons et textes puisés à droite et à gauche ( Homère, Michelet, Plutarque...).
Après une brève allocution de  Marie Casagranda, responsable de la communication du centre culturel, les musiciens, Max Delpierre, Antoine Montgaudon ( guitares) et Frédéric Jean ( batterie) précèdent les deux voix, la grande Estelle Meyer, étincelante en robe gitane vermillon et Raphaële Lannadère, plus sobrement parée.
Estelle entame  a capellla, d'un chant ample et profond, la mélopée ' Miram' , une guitare se greffe sur la plainte et après une frappe soudaine sur le gong, la plage se teinte de coloris americana que n'auraient pas renier Calexico ou Marianne Dissard.
L prend le relais en récitant un texte poétique décrivant une femme  à la fois fille de la jouissance et de l'abstinence.
 Floppy Le Redoux, l'héroïne du  "Château des enfants volés" de  Maria Gripe, n'est probablement pas aussi laide, fourbe et effrayante que la reine Grimhilde, l'antagoniste de Blanche-Neige, mais elle est la première sorcière ayant marqué Raphaële enfant.
Le voyage au pays des magiciennes se poursuit, après avoir croisé Circé au détour d'une vallée alors qu'Euryloque se méfiait,  Estelle Meyer, d'une voix grave, nous chante la légende de 'El perro negro y la Llorona'.
On quitte les terres hispaniques pour bifurquer vers Bruges  et se payer  een bezoek aan de  tentoonstelling "De heksen van Bruegel" à l'Hôpital Saint-Jean.
Bienvenue dans le monde des rites sataniques, des persécutions, de la laideur et de l'horreur! 
Raphaëlle enchaîne sur 'Burn the witch' de Radiohead, rendu à la manière d'une Patti Smith envoûtée .
Georges le savait,  Grand Pan est mort, puis c'est la gitane qui amorce une saeta à la manière de
Rocío Márquez.
Jules Michelet passait par là ... Quelle puissance que celle de la bienaimée de Satan, qui guérit, prédit, devine, évoque les âmes des morts, qui peut vous jeter un sort, vous changer en lièvre...le Satanisme est partout!
Et voilà la femme esprit, celle de la grande expansion des eaux, le terminus du  trip sensoriel n'est pas en vue, on croise une autre visionnaire, Lhasa... elle prédit 'Soon this space will be too small' .
Savais-tu qu'en Occident les femmes sont loin d'adopter la meilleure position pour accoucher, la faute aux obstétriciens et aux maternités trop clean?
Estelle soupire, halète, souffle avant d'entamer son 'Cantique', une valse érotique, lumineuse, à laquelle succède un texte de Starhawk, qualifiée de sorcière néopaïenne, lu par son amie.  
Le  'Joga'  de Björk précède une séquence d'hypnose propice à l'incantation, nous voilà liquéfiés et prêts pour 'A kind of magic' de Queen, interprété en close harmonies avant un bridge noise.
Tout se calme, L exhume Valéry.
Non, pas François, Paul, celui du Cimetière Marin!
Il faut un mot fin, si vous êtes une femme et que vous avez enfanté, vous êtes sorcière!
Ainsi soit-il!
Salutations et remerciements.

Pordic rappelle les alchimistes.
Quoi, un bis, le stock est épuisé, sorry!
Ludovic avance:  refaites-nous Queen!
D'accord, vous vous chargez des choeurs!
Feel the magic in the air ....