mercredi 30 novembre 2022

Album - JP Den Tex – The Starlight Adventure

Album - JP Den TexThe Starlight Adventure

 Label - Comme Les Chansons

michel 

Janvier 2012, Toogenblik, Haren, JP Den Tex,  un concert organisé par feu Luc Gheldof!

Douze déjà, que tu n'as plus rien entendu du  zwervende singer/songwriter, Jan Piet den Tex, geboren in Arnhem,  un jour d'hiver, en 1950,  où le thermomètre est monté jusqu'à 9°C.

Si le premier album sous son sigle ( Heartbeat) sort en 1980, ce fils du peintre et artiste graphiste Kees den Tex,  était déjà actif dans le milieu roots ( le mot n'était guère utilisé à l'époque) made in Holland depuis le début des seventies, il a fait partie du groupe Tortilla ( tout comme son frangin Emile Den Tex), de Turquoise ( dans lequel on retrouvait une autre star , aujourd'hui défunte, Thé Lau), de The Original City Machine, un projet d'Emile, et  tout comme Herman Brood, JP a pendant un moment joué avec Vitesse, un groupe fondé par  Herman Van Boeyen qui a tenu les baguettes chez quelques pointures pop rock néerlandaises: Tee Set, Supersister, Livin' Blues e.a.

En 2022, la discographie du troubadour, au visage buriné et éternellement coiffé de son petit bonnet de laine, se chiffre à près de 20 unités, son dernier né a été baptisé The Starlight Adventure.

Il contient dix plages à écouter sous la voûte céleste par une nuit claire et constellée d'étoiles. 

1. Stendhal Sonata
03:19
2. Dancer in the Dark
03:56
3. Stendhal Syndrome
03:52
4. If Time Is All It Takes
04:30
5. Like a Twig in the Wind
03:27
6. If I Were a Painter
04:38
7. Pickin' up the Pieces
02:55
8. Milan
03:22
9. A Sudden Shift in Mood
03:47
10. Someday (I'll Be Strong)
02:57

The 10 songs of  ‘The Starlight Adventure’ were composed by JP Den Tex and pianist/producer Rob van Donselaar

JP: vocals, some acoustic guitar

 Rob van Donselaar: piano, Hammond , Fender Rhodes, harmony vocals, percussion

Martijn Van Agt: guitars

Maarten Van Damme: guitars

Hein Offermans: bass, double bass

Martijn Bosman: drums

Denise van Donselaar: harmony vocals,lead vc on A Sudden Shift in Mood

Marius Bos; accordion

 Asia Czaj and Ewelina Krysiak : violin

Ekaterina Degtiarev: viola

Stanislav Degtyarev: cello

Bart Wagemakers: string arrangements, percussion


Pochette sombre: un clair de lune laisse entrevoir un paysage montagneux à l'arrière - plan, un piano à queue trône à l'avant - plan, pour justifier le titre de l'album, quelques étoiles sont visibles à gauche d'un sommet aride.


Il s'agit d'un concept album, toutes les pistes sont liées à un thème: le syndrome de Stendhal.

Comme une de tes connaissances a suivi quelques leçons, par internet, données par  Burrhus Frederic Skinner, il a daigné lever un coin du voile: "Stendhal lors d'une visite à la basilique Santa Croce de  Florence, passe par un état à mi-chemin entre l’extase esthétique et une transe mystique, au contact direct des grands artistes qui ont contribué à donner son âme au lieu."

En d'autres termes et en résumé:  l'art peut détériorer les sens, Henri Beyle l'a appris à ses dépens, ce qui ne l'a pas empêché, plus tard, d'inspirer une certaine Jeanne Mas.

Il y a toute une histoire derrière  'Stendhal Sonata', il y a une trentaine d'années, Jan Piet lors d'un voyage en Lombardie, fait la connaissance d'un certain Jim Molineaux, un aventurier admirateur de Stendhal, qui comme lui ne jure que par la culture européenne, italienne de préférence, le monsieur ( a- t-il réellement  existé?) décide de monter un spectacle itinérant nommé 'The Starlight Adventure',  basé sur l'oeuvre de l'écrivain chérissant  les aventures romanesques.

 Lord Jim ( merci Joseph Conrad) compte sur le singer/songwriter néerlandais pour composer l'introduction de son vaudeville, il faudra attendre 30 ans pour que  la ' Stendhal Sonata' voit le jour.

A la manière de Procol Harum, époque 'Grand Hotel', cette sonate repose à la fois sur le jeu d'orgue et de piano majestueux de Rob van Donselaar et la voix lasse du crooner de Arnhem,

Des percussions discrètes complètent le tableau.

Tu veux d'autres parallèles: Marc Cohn, Jackson Browne, Bruce Hornsby, Peter Cetera....

Avec ' Dancer in the Dark', JP propose une seconde piano ballad dégoulinant de nostalgie.

Ici l'instrumentation est plus riche, si le piano est toujours bien présent, les guitares et les choeurs  habillent élégamment cette valse,  qui te fait plus penser aux ballerines de Degas qu'aux paysages d' Ippolito Caffi ou aux  toiles solennelles de  Giuseppe Diotti.

Ton esprit tend à rapprocher le timbre serein de JP à celui de   Gordon Lightfoot, auteur de l'épatant  ' Sundown'. 

'Stendhal Syndrome'  raconte une errance dans les musées et palais florentins, puis une promenade sur le Ponte Vecchio  en compagnie  du   romancier/essayiste, féru de Lord Byron,  l'escapade peut conduire au fameux syndrome .   ...your hands begin to tremble, your head is spinning round... . 

Une nouvelle fois l'apport de  Rob van Donselaar est primordial, la slide  de Martijn Van Agt venant toutefois  égratigner,  à bon escient ,  le tapis, moelleux, confectionné par le piano-forte et l'orgue.   

Une chanson d'amour se doit d'être drapée de strates de violons, c'est le cas pour 'If Time Is All It Takes' , même si le chanteur confesse ...I know  true love isn't for me..,

... I know the outcome from the start, I will lose again and  play that blues again...  mais rien ne t'empêchera d'aimer encore!
Lucidité, résignation, OK, mais le jeu de l'amour est un éternel recommencement.
 
L'accordéon Tex Mex de  ‘Like a Twig in the Wind’ plaira aux fans de Ry Cooder et de Flaco Jiménez. Des Alpes jusqu'à Moscou, les brindilles voltigent au gré des vents, et puis il y a eu toi,  je suis tombé amoureux, too bad, ce fut Waterloo.
Il a de l'imagination, Jan Piet , et son éclectisme fait plaisir à entendre, avec ' Twig in the Wind' il est en lice pour les  Tejano Music Awards.
Pensait-il à  Joan Miró pour' If I were a painter', le Catalan, à un moment donné, lui  aussi voyait tout en bleu.
Une nouvelle fois  la mélancolie dégouline à grands flots, c'est Verlaine qui écrivait ...  Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville .
 Quelle est cette langueur qui pénètre mon coeur ?...
On retrouve cet état d'esprit dans la voix éreintée du poète et aussi dans l'orchestration sensible du morceau: piano, guitare acoustique, backings murmurés  et cordes doivent créer un climat propice aux propos embruinés du narrateur.
Tu ne trouveras aucune concordance entre le 'Pickin' up the Pieces' de JP den Tex et ' Pick up the Pieces' d'Average White Band.
 Il n'est pas question de funk mais de swamp music, sentant bon Lafayette ou Baton Rouge.
OK, ce n'est pas du Lynyrd Skynyrd, mais ça sent fort le bayou et quand il chantonne...laissez les mauvais temps rouler... tu sais que Zachary Richard est dans le coin.
La ville de la valse?
Vienne?
Pas pour JP, et oublie Paris, même si le morceau évoque ' Where do you go to my lovely' de Peter Starstedt,   c'est à 'Milan' qu'il nous invite à tourner en mesure.
 Pas trop vite Matilda, concentre- toi, suis les mouvements de l'accordéon, du piano et des violons. 
Le rossignol d'Arnhem y va d'un refrain en français, d'un autre en allemand,  pour terminer par quelques bribes d'italien.
Immer noch Wehmut, Denise van Donselaar et JP den Tex se partagent les vocaux sur  la ballade sentimentale   'A Sudden Shift in Mood'  et c'est avec 'Someday (I'll Be Strong)', toujours dominé par le jeu quasi liturgique de  Rob van Donselaar que s'achève le voyage, largement autobiographique, proposé par un auteur au sommet de son art.





 

   

 

 


 

mardi 29 novembre 2022

EP Joulie Fox - 'Love is a Blessing'

 EP Joulie Fox - 'Love is a Blessing'

NoPo

 

JOULIE FOX Love is a blessing EP 2022

Tout commence par le duo Chilè, vraiment chilled, composé de Joulie Fox et du producteur Damien Ricaud.
L'expression 'Wild heart', solo single de 2017 par la polonaise installée en Angleterre, définit peut-être sa personnalité et sa résilience.
Son premier EP vient de sortir avec 5 titres relatant 5 histoires d'amour malsaines et pourtant elle y croit encore puisqu'elle l'intitule 'Love is a blessing'.

La jolie photo de la jolie Joulie sur la couverture annonce la couleur, vive.
La tête de la jeune femme, cheveux blonds tirés et tressés en un espèce de signe de l'infini, possède une prestance, confirmée par des yeux et une bouche très maquillés sombrement.
La peau est lisse et nette, le regard assuré. 'LOVE is a blessing' reprend la couleur de la crinière. Son nom se couche discrètement mais dans une police alambiquée noire en bas à gauche.

Tracklisting
1.Fever 03:26
2.Bring Me 02:45
3.Running 02:57
4.1985 03:36
5.Someone Else's Name 03:49
Music: Joulie Fox & James Yuill
Mix: Rafał Smoleń
Master: Michael Scherchen

Partie sur des bases élevées avec son premier groupe et remarquée par la critique, Joulie enchaine sur un envoi qui devrait faire mouche commercialement.


'Fever' fait monter la fièvre, sûr! Les claviers accompagnent un rythme électro robotique qui ne dévie pas d'un iota.
La chanteuse montre sa voix solide, engagée et ample.
Des handclaps électroniques soutiennent la cadence et les claviers se diversifient et prennent un souffle épique sur le refrain.
L'histoire inverse la légèreté dansante du morceau :
'I knew loving you is a pact with the devil
Then we started falling deeper into the hell'
Sur le clip, sorte de road-movie macabre, l'artiste femme fatale (aux verres de lunettes rouge sang), se venge d'un ex et finit par aller, en voiture, l'enterrer dans la campagne au son de son autre titre 'Running' défilant sur l'auto-radio.
Comme chantait Thiefaine : 'ça va cartonner!'

'Bring me' tout aussi clinquante et chatoyante me rappelle les grandes heures de Madonna jusqu'à son timbre de voix.
Le démarrage se fait quasi a capella (à plusieurs reprises tout au long du titre) puis un gros beat fait éclater les effets de synthé parfois giflé, parfois soufflé, parfois en gimmick et parfois tout ensemble.
Sur le film soigné, inspiré par Matrix, l'image s'apparente, un peu, à un jeu vidéo où le personnage reste sous-contrôle (thème du texte traitant d'une dépendance toxique). Hit Hit Hit!   

Le clip de 'Running' défile dans des paysages sauvages de rase montagne. La balade folk, qui s'y promène, comme une âme perdue cherchant l'amour, vous ensorcèle.  
Le piano rythmé se mêle aux claviers luxuriants parfois déchirants et parcourus d'un éclair de guitare, le tout diffusant une mélancolie profonde (aux airs de Kitty Coen http://www.concertmonkey.be/albumreviews/kitty-coen-ep-disco-lemonade).
La voix basse, fascinante, au long des couplets s'envole sur le refrain, enveloppée par des choeurs qui se prolongent ensuite.
Une composition sobre mais totalement captivante.

'1985', un an de plus que le '1984' futuriste de Bowie en 1974.
L'ambiance coïncide plutôt avec l'éclosion de Madonna sur l'album 'Like a virgin' et le 'film Recherche Susan désespérément'.
Grosse caisse et, à nouveau, handclaps électro lancent un rythme jubilatoire.
Un épais son de basse renforce le beat alors que les claviers et choeurs soutiennent, en arrière plan, la voix suave de la Polonaise.
Une guitare dessine discrètement des enluminures. Une piste joyeuse pour le parquet glissant à accompagner par des lala lala la lalala cadencés.

'Someone Else's Name' entonne dans un clavier pulsé auquel répond une voix dans l'écho.
Les vocaux, aux intonations à la Annie Lenox, donnent le ton alors qu'un groove gonfle puissamment aux percussions électros. Le chant se mélange à des choeurs et effets divers au synthés.
Le retour des handclaps et gimmicks au clavier viennent agrémenter le morceau qui alterne passages sobrement éthérés puis multi-couches gonflées.


La progression de Joulie Fox sur cet EP, par rapport aux singles précédents depuis son échappée solo en 2017, est flagrante.
L'enregistrement démontre maturité et cohérence dans le style électro-pop énergique et optimiste.
Elle se rapproche, à présent, d'artistes comme Gwen Stefani, Eurythmics, Pink et bien sûr Madonna. Une valeur sûre qui va faire parler d'elle!






 

lundi 28 novembre 2022

The Dandy Monkeys au Dôme à Saint-Brieuc, le 24 novembre 2022

 The Dandy Monkeys  au Dôme à Saint-Brieuc, le 24 novembre 2022

 

NoPo 

MY TAYLOR IS BITCH - DANDY MONKEYS au Dôme à Saint-Brieuc le 24/11/2022
PART II DANDY MONKEYS

Je disais donc en fin de Part I :
"Je remarque le petit singe en jouet accroché au kit de batterie de My Taylor is Bitch, sans doute le monkey du dandy, super transition non?"
 

DANDY MONKEY garantit le circuit court. Ils se forment en 2014 à Guingamp. Engagés est leur credo et ça n'a rien à voir avec l'église qui en prend pour son grade!
Après quelques mouvements dont un changement de bassiste et le départ récent (moins d'un mois) de leur dernier chanteur, 4 survivants résistent encore en réorganisant attaque et défense :
Drums & choeurs : Dav' (David morvan)
Bass : Bobby (qui remplace Nicolas Savard depuis le mois d'Avril)
Guitar : Kriss (Christophe Ambroise)
Guitar & vocal : Jimmy Dorey


Efficace le changement de plateau, voici donc venir les Dandy Monkeys.
Après l'intro, Jim annonce une heure de concert. On se prépare à l'échauffement (bah, My Taylor avait déjà fait le boulot).

'Virtuelle réalité', une gangrène, démarre pourtant dans un rythme sautillant. Les textes engagés et le ton cynique n'interdisent pas les 'lala lalala' en fin de course.

Jim présente 'Tentacules' comme une incitation à terminer la phrase du refrain 'Les tentacules de l'Etat t'en...'. Ils ne s'en priveront pas eux même au bout du bout.
La provocation ne contrarie pas le gros groove de leur rock. La basse montre ses muscles et David cogne comme un dératé!
 
Un arpège à la guitare ouvre pour une 'Femme sans nom' puis laisse place à un riff droit. Des jouets pour des hommes sans visage, on comprend.
Le ton lourd de sens, autant que musicalement, les fait perdre (nos sens) en nous bousculant. L'essence, les musicos, eux, n'en manquent pas!

La guitare de Kriss tapisse chaque morceau de notes excitantes. Elle ouvre le bal, en wah-wah, avant de dégainer un riff acéré.
Les couplets déroulent sur une rythmique dansante pour mieux trancher avec le refrain enragé.
Un dernier pont finement ciselé monte jusqu'au solo percutant. 'Le bal des enfoirés' claque sa foi.

'Nuit de cristal' ou les manifestations violentes anti-juives du 9 Novembre 1937 en Allemagne.  Le titre ramone dans une atmosphère aussi lugubre qu'un Nirvana millésimé.
La cadence martiale plombe les accords des guitares qui s'accrochent comme elles peuvent.
Le cristal ne luit pas dans la nuit noire, ce sont des débris de verre sur lesquels on perd l'équilibre.

'Sous la croix' raye la religion d'une croix rouge, épaisse et baveuse, un vrai réquisitoire contre les prêtres! Punk attitude!
C'est pas gai mais ça rame pas! Un bon riff tueur et des secousses autant dans le rythme que dans les textes qui balancent.

'Perpette' n'avance pas pépère et ne s'enferme pas.
Kriss prend de chouettes positions pour la photo sans pour autant lâcher les riffs... enfin si, ils les lâche, le bougre, et que dire de Bobby, en grand écart et grimaces?
Il doit avoir trop mal aux cuisses! David crashe ses cymbales, la Charleston souvent ouverte (j'ai dit Charleston, faut pas confondre!)...

La survie aujourd'hui, une 'Utopie'? Un slow? Si! Son ... son envoie valser les danseurs sur un arpège touchant avant que la basse grondante ne décide de déclarer les hostilités.
Jim avait invité les spectateurs à danser tendrement; David l'avait corrigé, la douceur n'ira pas jusqu'au terminus.
A la cassure, 'Utopie' cé... (justement fallait que j'aille aux WC!), c'est idéal pour un bon pogo des familles!
Un riff furieux s'emporte et tout le monde suit.

A l'intro de 'Mon roman' la guitare fait des bulles et pétille.
On saute ensuite sur une mine, gros riff qui bastonne en alternance avec un ornement sombre soulignant une profonde remise en cause personnelle dans les mots.

'Face au miroir' encore un slow? Une balalde, un peu déchirée, dirons-nous qui laisse de la place à une basse orageuse.
Une corde électrique pleure puis le riff serre les dents pour faire front à l'avenir.

Le répertoire tape les 4 titres de l'EP 'Evolution', fait 'maison'.
Le dernier 'Obsession' n'a rien à voir avec le tube de danse latine d'Aventura.
Court, il démarre avec une basse batterie, complices dans les rebonds. Le riff simple et l'accélération fulgurante s'apparentent aux hymnes keupons.

'Eva' dont nous en rêvant, l'arpège tend sa toile comme un drap.
La rupture abrupte fait tout vriller vers un espèce de rockabilly balayé sur les cordes..

Jim rend hommage à Steven, leur chanteur disparu... chez les chtis, c'est pire d'après lui!
Quel humour corrosif!

'La rumeur' glisse insidieusement sur une valse à 3 temps. La guitare en profite pour fignoler ses arpèges et ses accords.
A deux, c'est encore mieux, l'enchevêtrement fait frémir voluptueusement (et me faites pas dire ce que je n'ai pas dit!).
Nous encaissons avec délectation le solo furieux et on se laisse bercer jusqu'à lalalala rumeur.


Malgré ce parti pris, dénonciateur et parfois dépité, les musiciens partagent le plaisir de donner et de partager. Amen!


Merde, Jeremy bosse demain et sa nuit de sommeil se réduit comme peau de chagrin! On file sous les dernière notes d'Etat de fait' tombant toujours aussi drues dans des constats amers.
Dehors, la nuit est obscure, heureusement, il reste des étoiles...
L'estaminet gagnerait à être plus connu, programmation riche et variée (et surtout pas avec un 'a' devant), on ne rechigne pas à monter ses marches jusqu'au Dôme... Stairway to heaven?


SETLIST
1-Intro
2-Virtuelle réalité
3-Tentacules
4-Femme sans nom
5-Le bal des enfoirés
6-Nuit de cristal
7-Sous la croix
8-Perpette
9-Utopie
10-Mon roman
11-Face au miroir
12-Obsessions
13-Eva
14-La rumeur
15-Etat de fait



dimanche 27 novembre 2022

My Taylor is Bitch au Dôme à Saint-Brieuc, le 24 novembre 2022

My Taylor is Bitch au Dôme à Saint-Brieuc, le 24 novembre 2022

 

NoPo 

MY TAYLOR IS BITCH - DANDY MONKEYS au Dôme à Saint-Brieuc le 24/11/2022
PART I MY TAYLOR IS BITCH

Jeudi... la journée des étudiants... heu nous, pas vraiment!
J'ai Jeremy avec moi, finalement on peut encore tricher, enfin lui peut, moi j'ai redoublé!

Le Dôme fait bien les choses sauf la com. Heureusement, l'inspecteur Monkey repère cette soirée double concert.
Plein centre, en haut de quelques marches, la belle salle dispose de suffisamment de place y compris sur sa belle scène.

On boit une bonne bière et les potes de Radio Activ' se ramènent, en nombre, nous aider à patienter.
MY TAYLOR IS BITCH va débuter car ils viennent de faire les balances, nous explique David, batteur des DANDY.
Demain au beau BARBE à PLOUHA, ce sera l'inverse puis à Pleumeur-Gautier, faudra tirer au sort...


MTIB? 3 mecs hyper cools :
Marco guitare et chant, le barbu poivre et sel, à lunettes et casquette, tatoué sur les bras, tee shirt noir The Killers 'World destruction Tour', belles chaussure sport rouges,
Vince, basse et chant, tee-shirt noir et baskets, barbe rase et cheveux... ben ça raréfie,
Ninou batterie et choeurs, tee-shirt magenta qui finira totalement trempé, cheveux avec une bande surépaissie au centre et ensemble moustache petite barbe autour de la bouche.
Les gars, ensemble musicalement depuis 2020, ont fait la route de Saint-Pierre-de-Bœuf (en bord de Rhône à la croisée des départements de la Loire, l'Ardèche, l'Isère et à quelques kilomètres de la Drôme et du Rhône) juste pour nous (ou presque).


Ils aiment le punk californien des années 90 mais pas que.
Dès les 3 premiers morceaux, j'entends citer SUM 41 (grand vainqueur des références), Offspring, Green Say, Blink 182, Good Charlotte (pas californiens mais bien dans le move).


'Ghost' se cache d'abord dans un piano enregistré puis des voix posées délicatement. La batterie se sent délaissée et lance un motif en appelant les guitares à la rescousse.
Mélodie emballante, énergie communicative, quoi de mieux pour démarrer? La voix de Marco me fait penser à Paul Weller et un passage, énergique et heurté, rappelle The Jam.

Sur 'Nothing here is real', Vince monte bien plus dans les aigus avec une belle maitrise. La guitare gratouille et ça me chatouille les pieds.
Le refrain monte dans un plaisir non feint, musiciens comme spectateurs. On se trémousse, on trépigne, on trébucherait presque, très excités...

'Stand in the line', bien dans le ton du punk californien, déboule à grande vitesse sous les coups de boutoir de la batterie. ça danse sur le parquet!
Le riff de guitare énerve bien et sur le refrain, Vince donne un bon coup de voix derrière celle de Marco en lead (Vince l'aide quoi, enfin non mais si!).

'Nothing lasts forever' entonné d'abord par Marco puis les deux voix, en harmonies, avec le soutien de Ninou, rendent magnifiquement bien.
L'entrain des musiciens nous emporte sur leur route du rock avec une recherche mélodique de tous les instants. On a tellement envie de chanter avec eux, ça parait si évident que ça ne l'est pas! Rien ne dure à jamais mais continuez les gars!

'I can't believe it' ne fait pas baisser le niveau avec son rock bien foutu. Le morceau commence doucement sur un ton bas (et non une bas(s)-ton) mais fait monter l'émotion sur le refrain.
Plus il avance, plus on se laisse prendre par ces accords de guitares et ses voix croisées ou ensemble. En fait, My Taylor is rich et bigrement!
Marco permute plusieurs fois de guitare, il en a trois (pas comme papa qu'en a 2 mais plutôt un extraterrestre!).

Je suis à peine étonné de la reprise du top track 'Surrender' des excellents Cheap Trick, quel bon goût messieurs!
Par contre, on ne s'y attend pas, 'I'm so excited' des Pointer Sisters fait mouche et pas tsé tsé (merde, je l'ai déjà faite celle-là, je radote!).


Toujours fringants après plus d'1h20 de punch et une bonne dizaine de morceaux, Vince propose 'Un deux trois soleil' en jeu musical, basculant au farfelu, avec les trois candidates endiablées devant la scène.
Attention! C'est My Taylor is BITCH pas BEACH. Facile à se rappeler non?
Super set dans la bonne humeur et le vrai rock (ah bon, y'a du faux?), le public (jeune) reste capté et debout jusqu'au bout.
L' EP 4 titres sorti en janvier est hautement recommandable, du high level!


Je remarque le petit singe en jouet accroché au kit de batterie, sans doute le monkey du dandy, super transition non? Tout de suite, la suite ...

samedi 26 novembre 2022

The Dandy Monkeys et My Taylor is Bitch au Barbe à Plouha, le 25 novembre 2022

 The Dandy Monkeys et My Taylor is Bitch au Barbe à Plouha, le 25 novembre 2022

 

michel 


Une mini-tournée bretonne pour le combo punk de Lyon, My Taylor is Bitch, elle passe par Saint-Brieuc, Plouha et Pleumeur-Gautier.

Ce sont les copains costarmoricains, tout aussi punk,  les Dandy Monkeys, qui ont invité les gones sur leurs terres.

Vendredi, 19:30', un bisou à madame, direction, le Barbe, pour la seconde date du Breizh tour à double affiche.

The Dandy Monkeys ont la lourde mission de chauffer une salle, qui n'a pas fait le plein à 20h.

20h et des broutilles, un T-shirt Iron Maiden, un Ultra Vomit, un Ernie Ball et un quatrième, neutre, prennent place au fond du zinc: The Dandy Monkeys.

Ils doivent connaître les Kinks qui ont chanté l'Apeman et le Dandy!

Le groupe existe depuis un bon moment ( 2014), il résulte de la fusion des combos Miss You et Bullet Train.

Depuis le line-up a évolué: David Morvan est toujours derrière les fûts, à la basse il doit y avoir Yohann Caudal, Christophe Ambroise se charge probablement de la lead guitar  et Jimmy Dorey ( sans s, il ne joue ni du sax, ni de la clarinette) donne de la voix et s'applique à la guitare rythmique.

En fouillant, on leur a découvert un EP baptisé 'Evolution', titre normal pour des copains de Charles Darwin.

Dav' donne le départ par une série de frappes brutales sur les toms et autres éléments de son kit, la basse ronfle, les guitares embrayent, ' Tentacules' se nomme ce titre  octopode et vénéneux.

Un décollage très rock, qui nous renvoie vers les diatribes coup de poing dans ta gueule de Trust

. ... Tentacules,  je t'encule...   l'état t'encule...

Le message est bien passé!

Soniquement moins énervé, ' Femme sans nom'  véhicule toujours un discours engagé... les femmes sans nom et les hommes sans visage... tu vois, de quoi il s'agit!

La lead guitar tire les ficelles, les copains abattent un boulot éloquent, et le chant de Jimmy  convainc.

' Nuit de cristal', les singes nous renvoient- ils en Allemagne, en 1938,  lors du le pogrom contre les Juifs du Troisième Reich, peut-être, car les ruelles sont des terres hostiles!

La suivante est destinée aux curés aimant les petits enfants, ' Sous la croix'.

Ils ont sorti l'artillerie lourde, le Vatican n'a pas réagi, l'évêque de Loc-Envel va toutefois proposer de les excommunier.

Une basse brise vitrine amorce ' Face au miroir' , un French rock virulent pendant lequel la guitare se permet quelques envolées lyriques.

Plouha, à vous d'imaginer un titre pour la suivante, il faut trois syllabes et un final en ION.

Ton voisin hurle "liposuccion".

Refusé.

Le coach de Laure Manaudou  avance ' Natation'.

Va pour natation, mais tu sais que la plage se nomme 'Obsession' et que ce titre percutant cogne aussi fort que les poings de Mike Tyson.

Il faut une chanson d'amour, ce sera ' Eva' dédiée à Eva Green.

 Un titre à deux vitesses, flegmatique lors du premier mouvement, avant de sortir la cravache pour une seconde manche qui cavale.

'La Rumeur' débute par une amorce House of the Rising Sun, les riffs mélodiques de la lead se promènent sur un tempo assez soutenu, puis la rumeur enfle et le truc s'emballe tandis que la chorale plouhatine est mise à contribution pour assurer des backings intellectuels.

Il est l'heure de présenter la tribu avant de proposer une dernière salve fumante ,' Etat de fait'  .

Un set efficient ayant emballé l'assistance, plus nombreuse désormais!


Les singes regagnent leur planète et cèdent la place au tailleur de Lyon, au nom équivoque: My Taylor is Bitch!

Hello, we are Marco, Ninou and Vince, on confectionne des fringues sur mesure depuis 2020.

Ninou, de descendance iroquoise, martyrise les drums, Vince, le dur au coeur pastel, tient la basse et assure les lead vocals et Marco qui a lu Love Is a Dog from Hell gratte des six cordes électrifiées et assure, de temps en temps, les vocaux.

Avant de démarrer leur prestation, les couturiers se bécotent tendrement puis prennent place.

Tu dis, leur tenue vestimentaire?

 Des T-shirts, un Bukowski,un Hightowers et un dernier au logo énigmatique.

Trace discographique: l'EP 'Ghost Tracks'.

Style: du punk à l' américaine, plutôt Green Day que Ramones.

Dès l'entame, le grand Marco, moins chauve que Pantani, se sent des fourmis dans les chevilles et part se promener dans le bistrot. 

Vince , forcément un Taylor, entame ' Radio' au chant, comme ça pique, soudain, les projos s'éteignent.

Les restrictions énergétiques n'ont pas duré, les Russes ont rétabli le courant et le groupe attaque 'Sunburst', pas le morceau de Bob Seger, un autre coup de soleil.

La machine est bien huilée, on s'est enduit de Nivéa, et on bat la cadence, ces jeunes gens montrent une belle énergie qui plaît aux gens du cru.

' Nothing lasts forever' sonne comme du Sum 41 gaulois et pourtant t'avais failli les croire quand ils avaient déclamé ce soir on ne joue que des slows.

Slow est une notion capricieuse.

Toujours dans le moule skate punk, le trio balance ' S O S' suivi par ' Losing myself' , tu penses à Queensrÿche, c'était pas ça, on reste dans le domaine Blink-182 , The Offspring , Good Charlotte, du pop punk énergique, enjoué et relativement simpliste.

Tu viens de rajeunir de plus de trente ans, c'est merveilleux, t'envisages même de draguer les gamines.

Les grains du  chapelet défilent ' Mother Nature', puis ' Voices'.

A tes côtés, une fille enthousiaste, sirotant son neuvième Muscadet, lâche ' On vous aime'.

Les groupies bretonnes sont de sortie!

Le trio sourit, Ninou ( une bête, ce jeune homme) bastonne de plus belle, et  comme Plouha en veut plus, c'est ' I want more' qui déboule.

Enchaînement sans pause sur le survolté 'I can't believe' ,  les clients du Barbe sautent sur place, les barmaids turbinent, les kangourous se marrent, tout baigne!

' Nothing here is real'  permet à Vince de jouer avec la nouvelle pédale que le Père Noël vient de lui offrir avec un peu d'avance, tu veux essayer, Loïc, tu appuies ici, tu sens le groove?

Du coup, Loïc, stand up comedian pendant ses loisirs, prend place sur scène et nous joue un numéro fluorescent tandis que Vince marmonne...it's time to say goodbye... message compris, le farfelu  reprend sa place au comptoir où l'attendait une mousse fraîche.

Marco ramasse une seconde guitare, toute belle, toute blanche, il a mis plus de cinq minutes pour l'accorder, il a fallu meubler, ce fut laborieux.

C'est parti pour 'Searching for fun', on n'a pas cherché pendant des heures, ça fait plus de 50' que Plouha s'amuse.

Voilà, il en reste une.

'So Excited' hurle une fan du groupe.

Pas prévu au programme, on termine par ' Standing in the line'.

Ils étaient sur le point de remballer leur marchandise, le public  marque son désaccord, on demande l'avis du patron, c'est bon, encore une et c'est avec une version musclée de ' I'm so excited' des Pointer Sisters que Lyon achève une prestation tonique, fort appréciée.

 


 








vendredi 25 novembre 2022

Album - "Ursa Minor" de Bayernn

 Album - "Ursa Minor" de Bayernn

 

 HELEM 58 Pics Creator

 

 Je viens de découvrir le sens d'une expression lue fréquemment et que je n'arrivais pas à transposer dans mon quotidien à un point que c'était pour moi des "mots à la mode" qui finalement avaient peu de sens. Puis, ce matin je suis entré en état de grâce, j'ai pu à mon tour entrer dans la sphère de ceux qui savent la vraie signification de cet état ou pendant un instant, ton corps et ton esprit ne t'appartiennent plus vraiment. Ce moment qui fait à la fois couler une larme de joie sur ta joue gauche tant qu'une larme de peine coule sur ta joue droite, qui te fait frissonner et remonter de fortes émotions que ton corps ne peut contenir. Seule la musique pouvait me faire découvrir cette sensation qui fait tant de bien que tu ries ou que tu pleures. Cet état, cette sensation, je l'ai finalement souvent éprouvée sans savoir lui donner un nom, c'était donc pour moi l'occasion d'utiliser enfin ces mots . Quand j'ai acheté le CD de Bayernn en "crowdfunding" par amitié pour l'artiste et pour la profonde sincérité qu'il m'avait inspiré à chacun de ses passages sur scène que j'ai eu le bonheur d'apprécier, je n'étais pas conscient de ce qu'il allait m'apporter. Ce matin, mes déambulations sur les réseaux m'ont donné l'envie pressante de réécouter ce titre ou la voix grave de Christophe vous tranche le coeur comme les lames acérées de Freddy (Vous savez ? ce comédien qui n'a jamais coupé ses ongles....) la magie a à nouveau opéré, l'artiste m'a vidé de mes émotions comme peu savent le faire. Alors, comme je vous aime bien, je vous invite à "vider les bacs" de la Fnac ou Mediamarkt et de découvrir cette perle si ce n'est déjà fait, c'est du Prozac musical à écouter sans modération,  si possible les yeux fermés pour bien pénétrer votre âme. Vous devriez ressentir très vite que l'artiste à mis tout son coeur et ses tripes dans ce projet qui à défaut de lui apporter gloire et richesse vous apportera à vous beaucoup d'émotions bienfaisantes. Christophe est entouré de merveilleux musiciens qui rendent plus forts encore ses mots alors fermez fort les yeux et ouvrez bien les oreilles et apprenez vous aussi ce qu'est un ....... "Moment suspendu"

 Tracks

Pale White Horse

Cage of Storm

Eyelids

Forest

Runes

Ursa Minor

Unfurl

Disfigured Men

Dust Curls Wind Sighs

The Ferris Wheels

 Roma

 

 Christophe Willems : chant

 Piotr Paluch - Piano 

Jean-François Assy - Cello 

Nicolas Stevens - Violin

 Coline Everaerts - Trumpet


Josias Delcourt - Trumpet

Album - Bazar Bellamy - Trompe La Mort

 Album - Bazar Bellamy  -  Trompe La Mort

Label Delaprod

 

Michel

 

Non, pas de chronique culinaire, OK,  il est question de Monsieur Georges, mais aucun rapport,  et svp, ne va pas  confondre Trompe La Mort et le champignon,   trompette de la mort, Bazar Bellamy fait du French Rock, du viscéral, du sale, qui éclabousse et laisse des traces.

En 2019, lorsque paraissait leur premier méfait (Jusqu’ici tout va bien) , les copains de Guy de Maupassant, Bazar Bellamy, de Toulouse/ Montauban, étaient cinq:  Monsieur Georges ( voix, guitare),   Pablo Berchenko (guitare/voix), Jean-Louis Bire (batterie), Ludovic Martin (basse) et Irwin Gomez (claviers).

Pas des inconnus au pays de la montalbane, Monsieur Georges ( alias Georges Veyres) a fait partie de Lagony, Pablo tâtait du blues ( notamment dans le  Lulu Campers Blues Band, de la regrettée Lulu Campers), Jean-Louis  frappait pour Plugin Sparta, Michel Krome, e a , Ludovic le punk,  est également passé chez Lagony  et Irwin, le touche-à-tout, a été signalé chez  “Esperanto” (world jazz), « Benoit Mardon » (fusion ) “Budapest” (post trip hop), “Froid” (musique minimaliste),  “KKC” (hiphop), “Fanel” (pop) “Renaud R” (chanson folk)  et “Miegeville” (chanson);, non il n'a jamais évolué dans l'orchestre de Mireille Mathieu.

En 2022, ils ne sont plus que trois:  Monsieur Georges  ( guitare, basse, voix) - Irwin Gomez (claviers) et Jean-Louis Bire (batterie et machines).

Tracks:

 01. Cavale
02. Touche Touche
03. Sixteen
04. Les Torrents D'Altitude
05. NPNG
06. Les Horaires De Bureau
07. L' Happeur
08. Elle Attend
09. Cours Lentement
10. Toujours Résolu

 

La pochette, très inspirée par  le Día de los Muertos mexicain, marie extravagance latino, illustrée par la figure de la La Calavera Garbancera,  et l' art du déguisement , sans oublier l'originale coiffure  végétale, faisant ressembler la madame  à un paon faisant la roue.

La fiche dit à peu près ceci : les dix titres de l'album  se présentent comme un recueil de mini-nouvelles, chaque morceau raconte une histoire,  a short-story, si t'es fan d' Edgar Allan Poe. ' Cavale' se lit et se regarde ( si tu penses au film de Lucas Delvaux) comme un récit policier aux accents western rock .

Le chant éloquent et énervé de Monsieur Georges se colle sur un fond rock tendu, fait de guitares mordantes,  d'un  drumming constant, tandis que  Irwin, avant d'envoyer ses notes de claviers, façonne un fond monocorde.

Tu suis le no-hero dans son périple tragique,... tout n'est que chaos..., chante le chef,  les pneus crissent, le pied écrase la pédale et puis soudain après 2'40"" le ton change, un piano sobre prend le relais, Georges raconte en spoken-word, le film a pris des teintes différentes, à l'arrière  Jean-Louis se met à battre de manière plus virile, guitares et claviers montent en puissance, fini le spoken-word, Monsieur Georges hurle de désespoir et la cavale prend fin en noise rock déchirant.

Démarrage sur fond du guitare surf pour ' Touche Touche' , un nouveau film noir, remember Pulp Fiction,  pendant lequel comme des accents de thérémine tortueux se font entendre.... t' es prêt à glisses sur les vagues en pensant à Dick Dale.

' Sixteen' , non pas La chapelle Sixtine, mais l'âge de la fille, Bazar Bellamy n'est pas le seul à flasher sur une adolescente, pense à Chuck Berry, Johnny a repris le 'You're Sixteen' un hit pour Johnny Burnette, et puis il y a  eu  Sam Cooke et, dans un autre domaine, il y a eu David Hamilton, aujourd'hui tombé de son piédestal, et ses jeunes filles en fleur.

Sur fond d' orgue évoquant Gary Brooker, de Procol Harum , Monsieur Georges déballe ses fantasmes, plus pudiques qu'érotiques, la guitare et le piano accompagnent judicieusement son chant, que certains comparent à celui de Romain Humeau, de Eiffel.

Le texte de la suivante, 'Les Torrents d'Altitude' , est de Dimoné .

 Dominique Terrieu, ex - Les Faunes, déballe son propos, à la poésie thérapeutique, sur un fond musical aussi impétueux qu'un gave pyrénéen à la sortie de l'hiver.

Un morceau qui sent les randos sur les chemins escarpés du GR 10.

 Prends soin de t'équiper de chaussures antidérapantes,  les gorges sont profondes et  les changements de temps imprévisibles.

Un grand morceau!

' NPNG' est truffé de riffs lourds qui frappent là où ça fait mal, le chant véhément vient secouer ton cerveau endormi, c'est le style de morceau destiné à réveiller les morts.

Tu dis, Norbert?

La signification du sigle... écoute mieux, fieu, tu entendras No Pain No Gain., paraît que le spécialiste des paratonnerres, Benjamin Franklin, est à l'origine de cette maxime.

Et sinon?

Ils font de la pub pour le nucléaire, le pétrole, le béton et autres inventions décriées par certains esprits chagrins.

Des noms?

Là on s'avance en terrain miné, donc on ne te parlera pas des ex-copines de Julien. 

Changement radical de style avec 'Les horaires de bureau', démarrant en douceur sur des notes de piano parcimonieuses, le brave Georges se transforme en narrateur/voyeur, et puis l'archet caresse le violon, le titre s'affole, le débit s'accentue, le texte devient cru, elle est inaccessible, la madame ... et pourtant le désir est là...  je me languis de vos seins, j'ai le sexe tendu... il y a du Bashung dans l'approche.

Encore un titre  fabuleux , auquel succède ' L'Happeur' construit sur un gimmick synth pop ( merci Depeche Mode)  avant de virer rock nerveux , l'happeur ou la peur engendrée par une pandémie mal gérée, Monsieur Georges aime jouer avec les mots et les images.  

C'est la naissance d'une nouvelle génération No Future qui ne se défigure pas à l'aide de safety pins.

' Elle attend' ce n'est pas du J J Goldman, mais c'est tout de même une plage plus apaisée, le croquis d'une  femme  qui, vu le titre, évoque Pénélope et certains textes de Cabrel.

A noter le joli travail d'Irwin Gomez aux claviers .

La  piano ballad sensible 'Cours lentement'   a été coécrite avec Matthieu Miegeville ( ex Psykup  et My Own Private Alaska).

 Les rockeurs les plus farouches  ont le droit d'avoir le coeur tendre, de sortir les violons et de chanter pour leur progéniture .

Après la berceuse vient l'ultime tirade, ' Toujours Résolu' qui renoue avec les sonorités rock, sans la férocité de certains titres précédents.

Bazar Bellamy c'est le mariage réussi entre le rock , l'écriture lucide, l'érudition et la négation de la facilité.

Monsieur Georges a  l'immense   bonheur de pouvoir compter sur des musiciens aguerris mettant en valeur des chansons qui  place Bazar Bellamy dans le peloton de tête des groupes français dignes d' estime.

 

 


 

 




 

 


 

mercredi 23 novembre 2022

Album - Self Portrait by Bear's Towers

Album - Self Portrait by Bear's Towers

 NoPo

Baam Productions 

BEAR'S TOWERS Self portrait 2022

Voilà un gros potentiel (pas un gros mot)! Je ne sais pas si les tours seront dorées ni si les ours resteront enfermés dedans, mais le quatuor poilu impressionne d'emblée.
La formation, assemblée en 2015, comprend les jumeaux Nathan à la guitare électrique et Tommy Karraoui à la batterie, Aurélien Pinget (ancien candidat de The Voice) au chant et guitare et Olivier Hudry à la basse.
La fumée s'échappe des tours et un premier bébé voit le jour en 2018 sous le doux nom 'Kyma'.
Au milieu des Alpes dans la vallée d'Arve, ils peaufinent, pendant le confinement, l'album 'Self portrait'.
Finalement, l'EP 'Prism' le précède en 2020 annonçant un grand moment avec 4 titres repris sur l'album.

A bien écouter, on perçoit des respirations islandaises à la Of Monsters and Men ou franco-galloises à la Shake Shake Go. On secoue la bête et les ours sortent de leur tour.

Sur une feuille de papier froissée et découpée maladroitement, une esquisse au fusain se mélange à des traits bleus et des surfaces jaunes en arrondi.
L'objet signé, à la main, 'Self portrait' se pose sur un cadre en casés aux teintes multiples. 'BEAR'S TOWERS' en écriture dactylographiée finit les présentations sur cette couverture.

'Hometown' met, tout de suite, les choses en place : un doux riff accrocheur, une voix juste ce qu'il faut d'enrouée.
Dès que le refrain, lumineux, apparait, on chante avec eux les whoho et y'en aura d'autres.
La mélodie coule de source, l'Arve, home sweet home, sans doute.

Cet 'Old ghost' plane sur un clavier doux et des arpèges à la guitare. La voix, au timbre voilé, seule au début, gagne en épaisseur par un dédoublement ensuite.
Les percussions régulières s'alignent sur un pouls reposé. Des souvenirs s'estompent...

Dans 'In the blaze', le chant semble suspendu à un fil, à 2 doigts de la rupture proche de l'apitoiement. Un piano mélancolique l'accompagne.
La pulsation retient parfois son souffle pour mieux se relâcher.
Des marques électroniques viennent doucement cadencer un refrain, tellement délicat, où les cordes de guitares envoutantes sont caressées.

Pads et percussions électros décorent à nouveau le titre 'Silent birds'.
Sur le refrain, des guitares épiques viennent secouer l'instrumentation et les coups portent plus puissamment.
Les vocaux, plein de choeurs travaillés, montent dans une euphorie gracieuse, tout à l'inverse du texte.

Un synthé tique en quelques arabesques pour ce 'Someone else' onctueux et prenant. Des frappes sobres marquent clairement la mesure lente partant ensuite en balancements.
Le chant patine la gorge tout en étant capable de s'accrocher sur des pics très aériens. Les guitares aussi piquent l'épiderme pour pousser à s'assumer soi-même.

Une basse cotonneuse entoure la guitare mélancolique à l'ouverture. 'Echo' nomme ses notes sobrement. Le motif rythmique se dessine avec raffinement.
La voix, pleine d'éraflures de la vie, exprime l'émotion de sa confusion. Le pont établit une jonction parfaite vers un refrain aux choeurs romantiques.

L'arpège nu à l'intro de 'If you wanna go' touche la corde sensible à l'approche du clavier vaporeux.
Le chant haut et larmoyant ne se console pas dans cette chanson d'amour perdu. Bref, ce titre jalon chamboule...

L'accord voix/guitare convoque un tambourin les premières secondes mais c'est pour mieux sauter sur une cadence jouant joyeusement sur les temps forts et faibles.
La basse n'en fait pas des masses mais se montre extrêmement présente et musicale.
L'arpège principal, entêtant, s'ancre ensuite profondément pour caractériser la composition aux paroles positives.
Les choeurs harmonieux moussent, sans taches, et chatouillent les tympans.
La mélodie se faufile soyeusement et fait croire à la mémoire qu'on connait cette chanson depuis longtemps. Son titre? 'Outer space', tube en puissance!

Combien de chansons s'intitulent 'Vertigo'? S'il faut chercher l'originalité, ce n'est pas dans le mot. Ici, les paroles n'expriment pas de gaieté du coeur.
Des percus vibrent discrètement, chahutées par des chocs profonds à grosse caisse et à basse ourdie.
La guitare ondule gracieusement à la surface, puis les claviers lient l'orchestration montant sur des frappes lourdes, qui soudain s'emballent, avant de ramener la vague en choeurs écumant.

La guitare joue la fée clochette à la lisère de 'Bells'. La musique de Bear's Towers met continuellement les rythmiques en avant ponctuées par des éclairs de guitare ou des 'Hey' ici.
L'effet particulièrement prégnant sur ce titre enjoué, affirmant 'Dirt turns to gold', entraine dans une folle sarabande qui pourrait ne jamais s'arrêter.
Le riff de guitare surfe sur un effet à contretemps ou gifle le tempo. Si ça, c'est pas du hit!

'Say something' laisse le choix ouvert 'or nothing'. Le morceau s'installe dans la douceur et la tolérance pour une nouvelle chanson d'amour 'I lost my mind into Your deep blue'.
Légères, les bulles rythmiques n'éclatent pas l'électro fort. Le batteur décide même de passer d'abord les balais avant de claquer.
Les nappes de synthé font valser cette poussière d'étoiles.

'Light up' confirme le ton relaxant de l'album. Ils auraient même pu prendre un contretitre avec 'Lights off' pour éteindre les lumières en partant.
Les violons (qui voulaient déjeuner en paix) , couplés aux accords de guitares et aux choeurs riches, viennent, en effet, en clair-obscur comme un coucher de soleil.
On tire le rideau, on tire la couverture... 'We are Kids from the stars We'll light up The night'.



Radio friendly? Certainement mais les perles chatoyantes, nombreuses, sont joliment ciselées.   
Particulièrement léché, cet enregistrement arrive, de plus, à passer des frissons à travers la voix expressive d'Aurélien.
Rien d'autre qu'une vraie réussite!





1-Hometown 3:03
2-Old Ghosts 3:27
3-In The Blaze 3:30
4-Silent Birds 3:41
5-Someone Else 2:40
6-Echo 3:40
7-If You Wanna Go 2:38
8-Outer Space 3:24
9-Vertigo 3:39
10-Bells 2:48
11-Say Something 3:41
12-Light Up 3:23
Composé, écrit et enregistré par BEAR'S TOWERS, mixé par Planet Gloria Studio, masterisé par Michelle Mancini, artwork par Emmy Castang et produit par Single bel


lundi 21 novembre 2022

Who’s that Girlzzz au Cirque Royal - Bruxelles, le 20 novembre 2022

 Who’s that Girlzzz  au Cirque Royal - Bruxelles, le 20 novembre 2022

Avec  Fara7, Idyl et Zonmai

michel

Première édition d'un événement au line-up exclusivement féminin,  initié par deux  échevines ( quel vilain terme) bruxelloises, Lydia Mutyebele  (  Égalité des Chances) et Delphine Houba (Culture et Grands événements), Who’s that Girlzzz  s'est tenu au Club du Cirque Royal, une nouvelle salle, superbement agencée,  située dans  l'entresol de la salle de spectacle qui, depuis  1878, a vu les grands noms de l’art circassien s’y succéder, avant de devenir un refuge pour les   ballets célèbres , les revues de music-hall, les opéras, les grands concerts de jazz, de pop, de rock ou de chanson française.

Skinfama Production s'est chargé de la programmation, en mettant l'accent sur une série d'artistes bruxelloises, cataloguées émergentes: quatre noms à l'affiche, Queen Makoma, Fara7, Idyl et Zonmai!

L'événement est gratuit ( sur invitation, inscription par mail) et débute à 16h , heure à laquelle la délicieuse   Voodoo Mama ( bon anniversaire, Miss Bineta Saware) fait chauffer ses platines à blanc avec de la musique noire ( funk, hip hop, Gqom, amapiano, kwaito, shangaan electro et un zeste d'afrobeat).

Pour annoncer les artistes, la production a fait appel à deux filles délurées: Yipoon Chiem, chorégraphe renommée et clown à ses heures, est flanquée d'une court jupée, ne connaissant pas Alain, mais maniant parfaitement le français, le néerlandais ou l'anglais et dansant presque aussi bien que sa copine, adepte des arts martiaux , du break dance et de la danse de salon. 

Ces deux nanas, épanouies,  ont rempli leur job à la perfection en servant de tremplin aux prestations des chanteuses. 

Zonmai

Installée à Bruxelles ( elle suit des cours d'art)  depuis quelque temps, mais originaire de Bayonne, Zonmai s'ébat dans un univers musical urbain, tendance pop mélodieuse.

Fringuée d'une tenue cool, un blouson de biker en simili cuir et un pantalon de jogging, elle a adopté une coiffure street style, deux tresses allongées,  style Bella Hadid, pour se promener de long en large sur le podium armée d'un micro, tandis qu'à l'arrière un gars se charge d'alimenter le fond sonore en maîtrisant les platines.

Comme il s'agit de rap, tu ne verras pas de setlist, tout est dans la machine.

D'un flow rapide, et flexible, la fille, désenchantée  à la manière de Mylène, débite ses billets faussement naïfs en déambulant d'un pas assuré... je connais pas ton name... répète-t-elle sur fond rap/ lounge aux senteurs Ibiza, avant d'annoncer ' Flowers' , un hit potentiel que tu n'es pas obligé d'arroser.

De temps en temps Zonmai vient tapoter un échantillonneur pour générer  des sons nébuleux, d'une voix toujours détachée, elle fredonne les tirades suivantes toujours aussi décalées, il est question de solitude, de relations amoureuses, de 'Cool Kiss' chanté en duo avec un barbu doué.

Comme elle a déjà parcouru les dix mètres que font la scène 50 x, elle continue son jogging vespéral dans la salle ce qui lui permet de prendre le pouls d'un public tout acquis à sa cause.

Après nous avoir fait part d'un petit chagrin... pourquoi je t'intéresse pas... elle annonce la dernière,  ' Fashion', t'as versé une larme en pensant à Bowie et tu l'as regardée défiler nonchalamment sur le catwalk.

Un show de 30' , tonique et construit sur des  toplines aussi efficaces que mélodieuses. 

Changement de plateau et nouveau passage des animatrices trilingues avant d'accueillir Idyl.

Les techniciens ont installé un drumpad, une guitare acoustique, un laptop et un Nord Stage sur le podium, c'est pourtant en solitaire que Idyl entamera le set.

Cela fait quelques années aujourd'hui que Barbara Hermans, devenue Idyl, tâte de la scène.

En 2014, elle participe à The Voice ( Belgique) , coachée par Jali, qui la couve encore, la France la découvre en 2017, lorsqu'elle prend part à La Nouvelle Star, elle est déjà passée par le BSF, le Botanique ou l'Ancienne Belgique, partout sa voix, soul,  veloutée, et son allure humble ont touché le public.

Elle prend place derrière le piano et entame, après un réglage préalable du câblage,  'Radioactive' d'Imagine Dragons.

Une version soft et soyeuse, mise en valeur par une tessiture vocale peu ordinaire.

Après avoir abandonné le North, derrière lequel Gary (?)  prend place, elle vient se poster au centre de la scène, derrière un micro, pour interpréter, d'un timbre d'une pureté céleste,  la tendre ballade  'Little girl'.

Un troisième larron apparaît, Antoine, il agrippe la guitare acoustique, le trio propose 'Muffin' , un nouveau downtempo, moelleux,  qu'elle a composé avec Jali.

Tu comprends le gars qui a dit... your voice is a blessing!  

Et ça se confirme avec la version tout en retenue et douceur de 'Strong' de London Grammar.

Un grain de voix sublime!

Idyl est certes peu loquace, mais  son timbre  fait des merveilles , comme dans l'adaptation de ' Ready to go' de Noah Cyrus, fille du country singer  Billy Ray Cyrus

Grosse surprise avec une version subtile de 'L’amour à la plage' plus proche de Sade que de l'original de Niagara.

Elle poursuit en français  avec ' Dans tes yeux' qui switche subitement vers l'anglais...don't worry about me...I'll never be blind if you can see... de la  poésie visionnaire!

C'est avec le tendre ' Au fil de l'eau' , pour lequel le guitariste a mis ses accords en boucle, que prend fin un concert nacré! 


  Après une nouvelle démonstration du duo comique,  c'est Farah ou Fara7 ( en arabizi)  qui doit évoluer sur scène.

Un retour sur la planète rap, donc!

Elle aussi a été candidate The Voice, en février 2022,  Farah El Boughlidi interprétait ' Je te promets' de Zaho dans l'équipe de Black M .

Avant cela elle se produisait, avec succès,  sous l'étiquette Lidy Fa, spécialiste en raprise,  ( un passage dans Planète Rap d'Oxmo Puccino) , désormais elle a opté pour Fara7.

Sur scène, des platines,  un derbuka et un micro.

C'est parti pour un premier rap au féminin et c'est pas parce qu'elle chante ...toi et moi pour la vie...que tu dois l'associer à Kenza Farah, d'ailleurs elle ajoute ...j'ai failli me noyer plus d'une fois... et elle va couler, car la machinerie tousse et puis rend l'âme, euh...je continue a capella , mais, non, je ne suis pas une stand-up comedian, stop!

Des médecins s'affairent, une injection au bon endroit, la bête revit, on reprend le titre... dans ma tête, c'est tsunami.. ( 'Tsunami') qu'elle dit, on la comprend.

Une chose est certaine cet oriental rap dégage de bonnes vibes!

Arrivée du petit, mais oh combien efficace Ryan ( nom à vérifier)  au derbuka pour la suivante, bourrée de backings samplés, Fara raconte, tu écoutes, .. le sang a coulé.. chante-t -elle, des gamines dansent sans voir les flaques rouges sur le dancefloor.

Elle s'adresse à un mec... si t'as pas les épaules, t'es pas avec moi...les petites dansent toujours.

Faut dire que son mix est vachement entraînant et que l'énergie qu'elle dégage est sacrément communicative.

Tu ne trouves pas les mots, pas grave, raconte moi tout....

Elle est souriante, Farah, l'optimisme et la joie de vivre débordent de partout et pourtant   elle nous chante...c'est marche ou crève... de toutes façons, j'écoute pas les gens, leur vie,  je m'en bats les oooh..

De la graine de star, cette fille naturelle et décomplexée.

Elle enchaîne sur une chaabi dance fougueuse et colorée avant de proposer son dernier single, exubérant,  ' Nanani',... eh, gars, pourquoi tu me colles, raconte pas de salades, tes bla bla raconte les à d'autres.

C'est tellement irrésistible que  tu te trémousses avec la jeunesse locale.

J'ai un invité pour les derniers morceaux, il est timide, je vais le chercher en coulisse.

Elle tient Sabi ( ?) par la main, le garçon est aveugle, mais pas muet, le duo nous sert un freestyle insolent qui met le feu à la salle.

..moi, je vais me tailler, je vais me barrer... mais Farah ne le lâche pas d'une semelle, les applaudissements fusent, la jeune fille de Molenbeek verse quelques larmes, mission accomplie, Bruxelles a adoré!


C'est ici que le show s'achève pour toi, si tu veux souhaiter une bonne nuit aux petits-enfants , tu dois te diriger vers le Botanique et prendre un bus en vol, direction les faubourgs.


T'as manqué Queen Makoma, on t'a dit que c'était chaud!


 




 

 


 


 

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Tip Stevens. Kaioty [EP]

 Tip Stevens. Kaioty [EP]

 Floral Records

NoPo  


TIP STEVENS Kaioty 2022

TIP STEVENS, alias Antoine Prieux, s'impliquait dans le combo Teacup Monster mais ce n'est plus sa tasse de thé.
Streamer musical sur Twitch et producteur, mais aussi chanteur, compositeur et multi-instrumentiste, le Tip vole à présent de ses propres ailes.
El condor pasa et se pose en 2020, 1er EP. 

L'idée? Sortir plusieurs disques, format court, portant le nom d'un animal 'totem'.

Condor 2020
Manta 2021
Quetzal 2021
et voici “Kaioty”, le coyote, en 2022, ça chôme pas, ça chauffe!


Beaucoup de symboles sur la pochette dotée de couleurs éclatantes, le rouge/rose, le bleu/violet et le blanc.
De gauche à droite, un polo, bien plié, blanc et rouge, une grande clé au milieu de gélules (Dafalgan?), des (fausses?) fleurs d'hortensia, un cadre entouré de 3 bougies qui fondent, une K7 de l'enregistrement avec la bande défilée devant, une lampe tempête à l'arrière.
Sur le cadre à bords bleus, une tête de coyote enserrée dans une espèce de triangle affaissé à la pointe de la tête tel un dessin ésotérique. La conception du disque a fait mal au crâne?
(réalisé par Kme et Nyo pour le design du Kaioty)


'Miracle' entonne un riff tonique et pétillant. Un petit cri lance la rythmique à basse grondante et batterie tchic/tchac sans fioritures.
La voix de tête, haute et énergique, insuffle encore un peu plus de punch. La guitare coule profondément mélodieuse.
Un air maitrisé de déjà entendu tellement réconfortant! Pas une piste en carton mais ptet un carton plein en écoutes?

'Remedy' s'installe avec beaucoup de cohésion sur les bases précédentes.
La cadence s'élève et les choeurs enluminent d'or sans entrainer d'assoupissement.
La voix n'hésite pas à monter dans les tours d'argent avec détermination. Une petite pépite!

'Stay in your cage' démarre par des frappes martiales et costauds. Les vocaux rebondissent dessus derrière des toiles de guitares.
Un clavier case un gimmick catchy. Pareil au morceau précédent, la voix grimpe avec ardeur en crachant des cris d'alarme. La cadence reste divinement sautillante.
Les guitares nerveuses viennent durcir le ton. Le final, quasi métal, explose dans les oreilles, avec des étincelles qui mettent le feu au poudre. Im-pa-rable!

Piano à l'entrée de 'Ember' sur des dum dum de basse. Puis tombent des touches aux claviers sur un matelas rythmique souple et immuable.
Les arrangements fins et scintillants font mouche à chaque fois emportant la mélodie jusqu'au plaisir.
L'orchestration s'épaissit en fin de match, rameutant choeurs et des épanchements de guitares. La balle rebondit dans le jeu... set et match!

Chacun son tour pour les intros, cette fois une basse dodue prend le dessus sur un rythme serein.
Des cordes effleurées laissent place au chant évanescent et vocalisant. "Kaioty" hurle son synthé à la lune comme une chanson d'amour.
A mi-morceau, la compo prend son envol sur un développement atmosphérique avant de se reposer longuement sur ses certitudes avec des choeurs célestes et de conclure avec une guitare acoustique arrondie à la basse.
Tout simplement beau!



Tip top, une réussite! Chouette disque tubesque quasi, j'en reste coi.

1-Miracle
2-The remedy
3-Stay in your cage
4-Ember
5-Kaioty


samedi 19 novembre 2022

Oberbaum à L'Estaminet 1030, Schaerbeek, le 17 novembre 2022

 Oberbaum à L'Estaminet 1030, Schaerbeek, le 17 novembre 2022

 

Michel 

La Maison des Arts de Schaerbeek : bonne nouvelle, l’Estaminet réouvre ses portes!

 Fleur et Sterre ont repris l'ancien Staminee, dissimulé   dans une cour bien cachée de la Chaussée de Haecht ( en travaux), l'établissement ( minuscule, la terrasse par contre est vaste) propose à boire et à manger, à des prix d'avant l'inflation et organise diverses activités culturelles.

Ce soir à 19h, l'invitée se nomme Oberbaum, le nom choisi par Lucie Rezsöhazy, qui avait en tête l'Oberbaumbrücke à Berlin, un pont à deux étages qui relie  die Bezirke Friedrichshain und Kreuzberg und gilt als schönste Brücke Berlins.

C'est fin 2021, que la jeune dame, production coordinator at RTBF, décide de se lancer dans la carrière musicale, comme Zouk Machine, la musique ( pas forcément la même), elle l'a dans la peau.

Après une formation classique et jazz, elle adhère au pop rock des seventies et eighties et sort, après avoir collaboré avec Fabiola, Condore ou Les Juliens,  un premier single prometteur  ' We Yearn' , c'était il y a un an.

Elle poursuit son bonhomme de chemin, participe au Concours Circuit, tâte de la scène avec succès et lâche deux nouvelles chansons ( tout récemment The Absence of Misery), un premier album est prêt, il sera baptisé au Botanique en février.

Aurélien Auchain (Mountain Bike, June Moan) à la basse et Antoine Pasqualini (Monolithe Noir) à la batterie l'accompagneront, probablement , lors de la release party.

Ce soir, c'est seule, en formule épurée piano/voix, que Lucie présentera quelques titres du futur album devant une mini-salle, attentive, qui a fait le plein.

Son dada c'est le piano pop, moins poppy que Kate Nash ou  Cobbie Caillat, on aurait plutôt tendance à la rapprocher de la Cornflake Girl, Tori Amos, de Fiona Apple ou de Bat For Lashes.

Une première ballade mélancolique ( 'Fomo'  dit le papier, on n'a pas réussi à déchiffrer le titre véritable ) ouvre le set, la voix est claire, le jeu soigné et on la suit lorsqu'elle nous serine ...you've got to let it go... faut lâcher la bride, ne pas trop s'en faire même si comme elle... you're not having fun.

Elle enchaîne sur 'Sobbing dry' , sorti en single en janvier, Ray Davies n'était pas là pour lui chanter Stop your Sobbing, tu ne lui as pas tendu un kleenex, she was sobbing dry, et pourtant elle t'a ému.

Tu as décidé de la rapprocher de la Ann Pierlé des débuts, à l'époque de ' Mud Stories'.

Ce soir, je vous joue mes chansons à la manière dont je les ai composées dans ma chambre, elles sont nues, c'est comme un retour aux sources, la suivante est une chanson d'amour ( Cherry, dit le petit papier).

C'est Ferrat qui déclarait ' L'amour est cerise' mais nous,  on a pensé à Regina Spektor.

Les gens cultivées, eux avancent Julia Jacklin, une singer/songwriter , qui  aime mettre son coeur à nu, étant passée par le Trix il y a moins d'une semaine.  

Pendant  le titre poétique 'Run out' ( intitulé à vérifier), un incident fortuit vient perturber le public, une spectatrice, confuse,  fait chuter une veilleuse, disposée sur une caisse à ses côtés, sans toutefois ébranler l'artiste, qui nous surprendra par un final abrupt, avant de nous adresser un sourire espiègle.

Une reprise au menu,  'Not going anywhere' de Keren Ann, un titre murmuré qui lui va comme un gant ( de soie).

On reste en mode déprime, sans les violons typiques de l'automne, avec la suivante ( Naptime?) aux accords majestueux.

Il m'arrive de ne pas chanter et de laisser le piano s'exprimer, et elle entame une mélodie sur un  tempo plus proche d'une rhapsodie, pas forcément bleue,  que d'un nocturne de Chopin.

Polnareff aussi pouvait construire des études somptueuses au piano ( 'Lettre à France', notamment).

Elle annonce ' Never the right time' et ton esprit voyage du côté du très British Gilbert O 'Sullivan, avant de proposer le morceau l'ayant lancée, 'We Yearn',  pendant lequel la lampe de chevet se décide à plonger pour la seconde fois, sans trop de casse.

 

Voilà, merci pour votre écoute... euh, un bis, why not, les Cardigans, ça vous va?

Comme t'es  fan de Nina Persson , ton cerveau a dit oui. Elle a chanté la romance jazzy ' After All'  avant d'aller fumer une cigarette avec les copines.


 



 

 

Sunny Legacy en Session Live pour Radio Activ' au Grand Pré -Espace culturel de Langueux, le 17 novembre 2022

 Sunny Legacy en  Session Live pour Radio Activ' au  Grand Pré -Espace culturel de Langueux, le 17 novembre 2022µ

NoPo

 SUNNY LEGACY Session Live Radio Activ' au Grand pré à Langueux le 17/11/2022

Roots, roots... Attention, pas vraiment du reggae et encore moins du ska, entre les deux, le rocksteady, c'est po pareil!
Estampillé, le style rétro du sextet possède autant de caractère qu'un Munster bien affiné.
Aucune rénovation magique, Ô mage, mais un hommage respectueux des anciens...

Ce soir, 2 particularités :
- Pesket le chien (malgré son nom, il n'est pas là pour pêcho) du batteur Rowen nous accueille et contrôle tout,
- et crachent les lumières travaillées pour la fête des 25 ans de Radio Activ ce samedi.

Cocktail de bienvenue avec une reprise, 'Here I am' de Al Green (cover by Al Brown, Al Jarreau -donc halal- Etta James, UB40...), la seule de la setlist ce soir.  
Les looks des musiciens ne copient pas les rastas, sauf Vincent à l'aile gauche. Casquette, bretelles, chemises à carreaux, blouson de cuir ou veste, sweat à capuche, tout y passe.
Point commun important, tout le monde a la banane! Brice chante avec une voix éraillée de bluesman et ça prend bien dans la sauce.

'Choo Choo', le 2è titre, sur un train à vapeur, un peu plus rapide, s'enchaine sans temps mort, Brice incitant les auditeurs à danser.
La basse de Laurent séduit, esthétiquement et musicalement. On n'oublie pas les choeurs moirés, souvent assurés par Vincent et Gwénaël sur les ailes... célestes.
Saveurs années 60, la musique sonne pourtant tellement fraiche. Le clavier, bois vintage, coule sinueux avec des airs de Farfisa.

'Slow down' ne ralentit pas la loco. Les guitares sonnent joyeusement, grattées rythmiquement (pas que sur le do, sur les autres notes aussi).
Leurs skanks respectent les traditions jamaïcaines.

'The burning tonight' sert à monter la température sans tourner le bouton du chauffage. En voilà une méthode écologique, d'autant que l'efficacité réside dans nos mouvements corporels ondoyants.
Les guitares toussent et le clavier s'épanche sans clinquant. La batterie marque au cercle et aux cymbales mais claque aussi parfois. Et les choeurs... ouhouh!

'Nothing but a blowback' lâche la bride aux toms résonnants. Tout le monde s'engouffre dans ce morceau guilleret.
Le groupe fait preuve de beaucoup de symbiose et on partage leur plaisir en dansant.

A nouveau le clavier glisse une mélodie naturelle sur un riddim sans frime. Il s'amuse sur ce titre 'Lay down' aux tendances farniente.
Pesket participe, à sa façon, en traversant la scène et s'arrêtant devant le public. Heureusement, il ne remplace pas les I Threes aux choeurs.

Ah l'amour toujours l'amour, 'I wish for nothing more'. Les cocottes de guitares ne se déstabilisent pas sous les enluminures du clavier.
La rythmique basse batterie, implacable, ne se perd pas, non plus, en chemin.

Justement, à mi-chemin, on embraye sur la pause interview et c'est Brice qui s'y colle.
Radio Kingston? Ouais, t'as bien raison Oncle Marcus!
Sunny Legacy, l'héritage ensoleillé, existe depuis 2015 entre Douarnenez, Rennes, le Morbihan et en puisant ses racines ... en Jamaïque.
Un EP en 2018 puis l'album 'Unconditional love' en 2022 qu'ils jouent quasi intégralement ce soir (pour nous seulement et les millions d'auditeurs!).
Les musiciens :
Brice Pascault - Chant lead
Vincent Solaire - Guitare / Chœur
Baptiste Grisel - Piano / Orgue
Laurent Preney - Basse / Chœur
Gwénaël Bezayrie - Guitare / Chœur
Rowen Berrou - Batterie

Allez, on y retourne au turbin, zen (sans se prendre le bec... bunsen, un relent de mes cours de chimie!).

'From day to day' peut rappeler les early Marley. Le clavier de Baptiste reste vraiment surprenant par ses solos courts et brillants.
Gwénaël s'enflamme tout autant par un solo très blues.

Le rythme suivant, plus lent et marqué, s'ancre dans un reggae classique. ''How many tears', long titre, comporte des bégaiements et zébrures à la guitare.
Baptiste, prolixe et immergé, fait briller de mille feux son toucher à l'orgue.

A l'inverse, bref, 'Bad news', malgré son titre, avance joyeusement cahincaha sur sa piste. La batterie marque un tempo (tchhh clac) avec quelques stops and go.

'Live it up' C'est fou comme l'orgue, complice des 2 guitares, apporte un pétillement de bonheur.

'Vous en voulez une dernière?' La lune s'affichait généreusement ces derniers jours. Ici, elle s'appelle 'Red moon' et ne veut pas s'éteindre.
Les guitares chutent en cascade dans une cadence vive. Un solo, écorché, file sur des crêtes, heureusement, la basse assure les arrières.



Encore une magistral session live, merci Sunny Legacy, merci Radioactiv' de nous réserver ces instants magiques!
Amour inconditionnel, ramenez vous les potes, on en veut d'autres!




SETLIST
1-Here I am
2-Choo Choo
3-Slow down
4-Burning tonight
5-Nothing but a blowback
6-Just give it up
7-I wish for nothing more
8-From day to day
9-How many tears
10-Bad news
11-Live it up
12-Red moon



vendredi 18 novembre 2022

Album - BLUE ÖYSTER CULT: "Some Enchanted Evening" 1978

 Album - BLUE ÖYSTER CULT: "Some Enchanted Evening"  1978 + DVD Some Other Enchanted Evening

Mitch ZoSo Duterck

 

BLUE ÖYSTER CULT: "Some Enchanted Evening"
Avec ce second album enregistré en public, le quintette originaire de Long Island (New York), va ajouter un nouveau fleuron au panthéon des albums « Live » de légende. Car c'est bien de celà dont il est question ici. Voilà une galette qui se doit de figurer dans toute discothèque de Rock qui se respecte. A sa sortie,"Some Enchanted Evening", plus communément appelé « SEE », se positionne d'emblée comme le digne successeur de l'énorme "On Your Feet Or On Your Knees". Ce dernier, enregistré lors de la tournée américaine de 1974 et commercialisé en 1975 vise, à faire découvrir au public le nouvel album de B.Ö.C. baptisé "Secret Treaties"
.«SEE » occupera longtemps la place de second album le plus vendu de la discographie du groupe, juste derrière l'indétrônable "Agents Of Fortune" de 1976. Du moins c'est ce que tout le monde croyait à l’époque. Rien ne laissait présager autre chose jusqu'à ce que "Some Enchanted Evening" lui vole la place de numéro un. Tout comme pour le « Comes Alive » de Peter Frampton, c’est un album enregistré en public qui allait devenir le numéro 1 des ventes au catalogue de l’artiste. Et pourtant, fatigué par le rythme fou album / tournée, le groupe s’était longtemps posé la question du bien fondé de sortir un second album « Live » aussi proche du premier.Mais ils avaient besoin de temps et de repos avant de passer à l’écriture d’un nouveau disque. C’était donc la seule solution pour éviter de repartir en tournée. Ce nouveau « Live » ferait patienter les fans avides de se mettre de nouveaux titres dans les oreilles.
Cette « Soirée Enchantée » prise dans sa version originale sortie en septembre 1978, ne comportait que sept titres enregistrés en Angleterre et aux Etats-Unis, notamment à Atlanta et à Detroit, pendant la tournée promotionnelle de l’album "Spectres". A cette époque, le groupe qui surfe sur la vague du succès commercial de ses deux dernières réalisations est au pinacle de la gloire. On se bouscule, au propre comme au figuré, pour aller voir Blue Öyster Cult partout où il se produit car, en plus d'être des musiciens chevronnés, le groupe met également un point d’honneur à offrir à son auditoire un incroyable spectacle scénique en adéquation avec les textes de ses chansons. La féerie de lumières repose essentiellement sur une programmation multiple et très complexe de nombreux rayons lasers qui semblent parfois obéir à des ordres transmis par Éric Bloom au moyen d’un bracelet qu’il porte au poignet. Cette prouesse technique inégalée à l’époque, on la doit à une espèce de savant fou, un New Yorkais répondant au nom de David Infante. C’est Sandy Pearlman, manager-producteur du groupe qui l’a ramené dans ses bagages. C'était le top du top, même Led Zeppelin, pourtant à la pointe de la technologie, ne pouvait rivaliser avec Blue Oyster Cult, à ce niveau là du moins.
Toute médaille ayant son revers, cette technologie très onéreuse est également très fragile à transporter, surtout par des camions qui sont tributaires du bon état des routes. La casse est donc fréquente. Cette féérie lumineuse qui semblait venue d'une autre galaxie ajoutait encore au côté mystérieux et intrigant qui entourait déjà le quintette emmené par l'énigmatique Eric Bloom accompagné par Donald "Buck Dharma" Roeser, Allen Lanier et les frères Albert et Joe Bouchard.
Pourtant, malgré le succès remporté par les lasers, le groupe se rend compte qu’une fois sur scène, les musiciens attendent plus un tel effet spécial pour réagir que de se baser sur leur musique. Peu à peu, ils se sentent coupés du public. C’est en 1979, sous l’impulsion du guitariste Buck Dharma qui a besoin du contact visuel avec le public que Blue Öyster Cult va se défaire de toute cette machinerie qui les dévore. C'est ce line-up qui est toujours considéré comme le meilleur que B.Ö.C. ait connu au cours de sa longue carrière, toujours en cours. Au vu de ce qui précède, on comprend aisément la frustration des fans habitués à des concerts intenses lorsqu'ils ont découvert que "Some Enchanted Evening" atteignait à peine une durée de 36:04. Et comme si cela ne suffisait pas encore, la set list proposée, exception faite du titre "Astronomy", laissait complètement de côté les trois premiers albums pourtant essentiels du groupe, voyez plutôt:
1.R U Ready To Rock. ["Spectres" 1977]
2.E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence). ["Agents of Fortune" 1976]
3.Astronomy. ["Secret Treaties" 1974]
4.Kick Out The Jams. (reprise de MC5) ["Some Enchanted Evening" 1978]
5.Godzilla. ["Spectres" 1977]
6.(Don't Fear) The Reaper. ["Agents of Fortune" 1976]
7.We Gotta Get Out Of This Place. (reprise des Animals) ["Some Enchanted Evening" 1978]
Mais heureusement, il y a une justice en ce bas monde et après un longue attente de neuf ans, une remasterisation de l'album paraît enfin en 2007 agrémentée d'un DVD bonus baptisé "Some OTHER Enchanted Evening". Toutefois, la qualité des images de ce dernier est bien loin de ce qu'on était en droit d'espérer. Autant le savoir. Par contre, en ce qui concerne le côté audio, le travail effectué rend enfin justice au groupe car il apporte une vision plus large et plus complète de ce qu'était Blue Öyster Cult à l'époque. C'est ainsi que, le CD a quasiment doublé de durée (71:32) par rapport au vinyle original. Pas moins de sept titres jamais pressés ont été ajoutés. La période musicale 1972 - 1975 qui faisait cruellement défaut sur le 1er pressage est mieux représentée. Tous les titres du DVD quant à eux ont été enregistrés le 14 juillet 1978 au Capital Theatre de Largo au Maryland. Il s'agit de:
8.ME. 262. ["Secret Treaties" 1974]
9.Harvester Of Eyes. ["Secret Treaties" 1974]
10.Hot Rails To Hell. ["Tyranny And Mutation" 1973]
11.This Ain't The Summer Of Love. ["Agents of Fortune" 1976]
12.Five Guitars. [Non Album Track]
13.Born To Be Wild. (reprise de Steppenwolf) ["On Your Feet Or On Your Knees 1975"]
14.We Gotta Get Out Of This Place. (version alternative) ["Some Enchanted Evening" 1978]
Depuis 1972, à chaque fois que le groupe se produit ou sort un album, il affiche ostensiblement son célèbre logo: une croix à quatre branches dont la partie inférieure a la forme d'une cédille. Ce symbole créé par Bill Gawlik a longtemps alimenté les colonnes d'une certaine presse en mal de sensations qui y voyait déjà une marque de sympathie envers le nazisme. En fait, cette croix n'est qu'une représentation dérivée de,la croix de Cronos chez les Grecs ou de la planète Saturne chez les Romains, rien d'autre. B.Ö.C. est probablement le premier groupe à avoir eu son propre logo et à le reproduire sur divers supports, ce que feront plus tard les groupes de métal qui vont s'engouffrer dans la brèche grande ouverte et développer un merchandising parfois impossible à suivre. Le band lancera également la mode des groupes dont le nom comporte un tréma: Motörhead, Mötley Crüe, Queensrÿche, The Accüsed, Beowülf, etc.
En conclusion, voilà un album qui ne laisse pas indifférent et qui fait le lien entre la génération désabusée du "Summer of Love" et celle, montante, des seventies, plus électrique, plus violente qui a besoin de nouvelles sensations et engendrera le mouvement Punk. C’est le témoignage d'un groupe considéré comme "Le", sinon, un des pères fondateurs du métal moderne, mais aussi le manifeste d'une qualité de jeu et d'écriture musicale, qualité que l'on retrouve également au niveau des textes parfois trop subtils pour être compris et appréciés à leur juste valeur.
Mitch "ZoSo" Duterck