mercredi 31 mars 2021

EP, Love Is a Dirty Word by Emily Taylor Hudson

 EP, Love Is a Dirty Word by Emily Taylor Hudson

 self- produced

NoPo

 Emily Taylor Hudson EP Love is a dirty word 2021

Emily? Oui! Jolie? Oui mais nan, c'est pas la même!

Emily dessine... plutôt bien d'ailleurs, dans un style graffiti griffonné gribouillé et bariolé de couleurs flashy.
"Ma pochette d'album… elle capture juste l'émotion de l'amour... un gros mot!" Ah bon, un autoportrait?
Une chevelure ondulée et laiteuse, des yeux et une bouche maquillée, des chouchous fluo en forme de coeur, un collier vert raz de cou (ou ce que l'on devine comme un cou), une salopette noire à liseré gris, une griffe rouge en guise de signature.
Emily joue de la guitare, chante aussi... plutôt bien et s'écrie parfois. Et je ne sais pas si elle écrit tôt mais elle écrit tout... paroles et musique.
Emily lit sans doute aussi... et sait faire le café, sûr, pourtant je n'oserais pas avancer qu'elle serait bonne à tout faire (Oups! Trop tard, on va me lyncher, pardon!). En tous cas, elle semble réussir ce qu'elle entreprend.
Fille de Bill Hudson des poppy ricains Hudson Brothers et fan des Beatles (elle cite 'Revolution' en tête de sa playlist) et plus particulièrement de John Lennon, à qui elle pense en publiant son EP sur les plateformes de streaming le 9 Octobre 2020 :
"I dropped my EP today on John Lennon’s birthday. His music and force has inspired and shaped me into the writer..."

Elle enregistre ses chansons d'abord en duo avec son ami Billy Newsome, guitariste, puis, son frère, Zak Hudson, complète par la basse et la batterie.
Les choses se passent quasiment sur un coin de table, dans une caravane et un local de rangement... Si c'est pas de l'artisanat, ça!
Ce naturel produit un son brut. Les textes tournent autour d'une rupture mal vécue et ça produit... aussi un son brut. Y'a pas d'arrangements?
Dame si, elle travaille joliment ses mélodies gorgées de power pop rock; le tout sent la fraîcheur et l'amour du 'fait maison'.

Le 1er morceau 'Hearts wanna break' annonce la couleur (fluorescente) avec le balancement de plusieurs couches de guitares tranchantes, échos harmoniques, effets minés et félins.
2 coeurs s'entendent pour se briser, et ça s'entend!
La voix veloutée d'Emily me fait penser à celle de Nina Persson (c'est quelqu'un puisqu'elle tient le micro chez les Cardigans, notamment).
Basse batterie s'entendent aussi comme larrons en foire, Zak réussit là une ubiquité complice.
Le refrain catchy donne envie de chanter à tue tête... mais, pour certains, vaut mieux pas... (ou juste sous la douche en évitant de la faire tomber du ciel).

'You're so nice' Thanks, même après le coup du café? Ah zut, c'est pas moi le nice? La compo déroule comme un truc familier qui rassure.
Vous savez, ça arrive parfois quand on rencontre quelqu'un avec l'impression de le connaître depuis longtemps et ça matche de suite.
Ça  ne retire rien à cette construction bien foutue tombée dans la marmite rock.
Les grattes règnent en maîtresses parfois dans des frottements, parfois dans des feulements avec un refrain qui accélère le pouls et gonfle les poumons.

'True sensation' Voix suave et facile d'abord puis 2, 3 guitares par instant, remplissent l'espace et l'esprit de bonnes sensations au plus haut dans les '...True wouh wouh wouh ouh'.
Aucune batterie ni percussions ne se manifestent mais le rythme sobre vit par le mouvement des doigts sur les cordes et l'intonation d'Emily.

L'enchaînement se fait de façon fluide vers 'Famous fantasy' sauf que cette fois la batterie vient cogner un air facile à expulser en sifflant.
Le riff accapare l'oreille aussitôt et de façon encore plus éclatante sur le chorus musclé.

L'intro de 'Tone of the siren' au son inversé lâche un riff de guitare qui donne des sensations d'allers-retours. Par moments, des cris se jettent en fin de phrasé et c'est Emily qui plonge.
Sur le refrain, des choeurs langoureux se joignent au chant de la sirène. Conclusion des plus fringantes malgré des paroles amères tout au long du disque.


Emily Taylor is rich de son savoir faire, de sa culture musicale et de son énergie.
On lui trouve du caractère comme chez Pat Benatar ou Joan Jett. Love is a dirty word? 

Ben, pas toujours!
Un EP fougueux, revigorant, organique, simply rock!


Titres enregistrés dans un coin et mixés par J.P Hesser aux Castaway 7 Studios
01-HEARTS WE WANNA BREAK
02-YOU_RE SO NICE
03-TRUE SENSATION
04-FAMOUS FANTASY
05-TONE OF THE SIREN



dimanche 28 mars 2021

Album - Adam Douglas – Better Angels

 Album - Adam DouglasBetter Angels

 Compro Records

 Adam Douglas er ute med sitt tredje album «Better Angels», som utforsker amerikansk roots-musikk krysset med blandinger av både soul, rock 'n roll, blues, country, rhythm and blues og jazz, noe som resulterer i en konklusjon om at Adam ikke kan plasseres i én musikalsk sjanger.

 

En gros, ça dit,  Adam Douglas vit en Norvège, il a sorti un troisième album, ' Better Angels', que tu classes dans le rayon roots, au sens large, puisque tu y retrouves de la soul, du rock, du blues, du jazz, du R'n'B, bref, il est ardu de poser une étiquette sur la musique de ce mec.

Si Olsen, Kristensen, Knudsen, Lunde ou Solberg sont des patronymes courants à Oslo, Douglas est moins fréquent.

Adam a vu le jour en Oklahoma, il y a 40 ans, en fouillant dans les fichiers de la CIA, tu as retrouvé son identité compète, Adam Douglas Enevoldsen, ce qui explique son déménagement, il y a plus d'une dizaine d'années,  vers les froides contrées, ayant vu naître la séduisante Frida Aasen.

De sa jeunesse chez les Oakies, il a gardé son amour pour Bonnie Raitt, Tom Petty, Larry Carlton ou les plus anciens Ray Charles et Howlin' Wolf.

Depuis son établissement au pays des fjords, il a enregistré trois albums: I May Never Learn ( 2015), The Beauty & The Brawn ( 2018) et Better Angels ( 2021).

En 2016, le Monsieur s'approprie les palmes du Baltic Song Contest, ce détail pour te signaler que si l'English Wikipedia l'ignore, il est repris dans la version norvégienne.

Tracks:
01. Joyous We’ll Be
02. Into My Life
03. Build A Fire
04. So Naive
05. Change My Mind
06. Where I Wanna Be
07. Blue White Lie
08. A Whistle To Blow
09. Both Ways
10. Just A Friend
11. Lucky Charm
12. Dying Breed
 
 
Musicians:

Adam Douglas: acoustic guitar, electric guitar, main vocals, backing vocals
Ruben Dalen: drums and percussion
Martin Windstad: percussion
Marius Reksjø: bass
Thor-Erik Fjellvang: piano, organ, clavinet, synth nad marxophone
Iver Olav Erstad: Hammond B3 organ
Kaja Fjellberg Pettersen: cello
Line Sørensen Voldsdal: viola and violin
Tracee Meyn: backing vocals
Børge-Are Halvorsen: baritone and tenor saxophone
Even Kruse Skatrud: trombone
Jens Petter Antonsen: trumpet
 
Sur la pochette, on admire le gentleman coiffé d'un feutre seyant, barbe soignée, lunettes d'un classicisme vertueux, il est  vêtu d'un veston qui doit faire pâlir Charlie Winston d'envie, le gilet, la chemise et  le gilet assortis sont  rehaussés par le détail qui assure une touche classieuse, un  foulard et une  pochette de dandy.
Il pose pour le photographe à la manière de Mona Lisa pour le brave Leonardo, c'est une évidence, le contenu ne sera ni  hardcore, ni grunge et encore moins  rap salace.   
Allez, c'est parti, direction le paradis à la rencontre des better angels!

'Joyous We’ll Be' ( Musikk & melodi: Adam Douglas - Tekst: Jeff Wasserman), comme Adam, Jeff est un expat, en provenance de East Norwich, pas loin de Long Island.
La Norvège semble attirer pas mal d' amateurs d'Americana.
 Le gars a fait partie de Gone At Last et ensuite de Jeffrey and the Free Radikals, en 2018 il a sorti , sous son nom, l'album 'The Meeting of The Waters'.
Le jovial gospel ' Joyous We'll Be' respire les sonorités de chez Stax, une voix noire, chaude, des cuivres baveux et des choeurs tout aussi sirupeux, soutenant un jeu de guitare se référant à l'as, Steve Cropper, sans oublier l' orgue frétillant  de Thor Erik Fjellvang, qui lie la sauce.
On ignore si les fidèles se rendant aux  offices religieux dans les églises luthériennes du royaume nordique ont l'habitude de prier en chantant comme les congrégations se réunissant dans les lieux de culte baptistes, ce qui est certain, par contre, c'est que en entonnant à pleine voix  ' Joyous We'll Be' tu vas te rapprocher du Seigneur et des anges asexués.
Le texte de la seconde plage ' Into my Life' est de la plume de Cory Chisel, un gars du Wisconsin jouissant d'une belle renommée dans la sphère Folk Rock/Americana.
Les cuivres tiennent à nouveau une place prépondérante dans ce pop/soul track chanté d'un timbre proche du crooner Michael McDonald, la voix chaude des Doobie Brothers.  
Tu lui donnes ce titre, ou tu le refiles à Michael Bolton et ça cartonne à mort.
Gaffe aux étincelles, he's gonna 'Build A Fire', toujours avec l'aide de Cory Chisel, qui n'a pas oublié  les allumettes.
La chanson est dédiée à sa tendre moitié et on ose espérer qu'elle aime les soli de guitare bien dégoulinants, les cuivres flamboyants et les arrangements cossus, car ce titre, torride, n'en est pas dépourvu.   
 'So Naive':  Adam, on a tous été crédules, on a cru à nos rêves, on pensait que le bonheur était à ramasser sans se baisser, aveugles, étions-nous, oui,tu as raison:
....What do I do now that I see? It's all smoke and mirrors, screens, and fantasy ..
Je remplace ton I par We:  Could we be so naive? 
Après la tartine philosophique, on passe  à la ballade  'Change My Mind', une composition de la singer- songwriter Lucie Silvas qu'elle a gravée sur l'album E.G.O.
Adam Douglas transforme l'original en slow orchestral ( avec violoncelle, violon, choeurs, et effets de voix),  qui aurait parfaitement convenu à Joe Cocker. 
Chanté en duo ( avec Beate S. Lech, la frontwoman de Beady Belle), 'Where I wanna Be' exhale un groove imparable,  et qu'on ne vienne plus nous parler de gens froids et distants pour qualifier les Scandinaves, à l'écoute de ce ' Where I wanna be' on a la nette impression que lasciveté ou sensualité sont des spécificités correspondant plus à leur tempérament.
Avec le bluesy 'Blue White Lie', réapparaît le nom de Jeff Wasserman.
Etrange, ce titre, t'as demandé une explication au chat, qui dans une autre vie a été psy:  What is a blue lie?
 A blue lie draws a line between good and evil. 
Ecoute, Whisky ( c'est le nom du chat), il est question de mensonge bleu, blanc, non, n'ajoute pas rouge, nous sommes végétariens!
Donc, aucune explication, on se contente d'apprécier ce morceau sonnant Ray Lamontagne ou Amos Lee.  
Bon, Adam, t'es chef de gare, oui ou non, au boulot you've got 'A Whistle To Blow'.
Et le train file à fond la caisse, direction  Memphis.
Euh, depuis la Norvège? 
Pas de panique, mec, on ne passe pas par le Canal de Suez!
Blow your horns, guys, on arrive!
Faut se contenir, la machine est sous pression, c'est l'heure du softer et mélancolique  ' Both Ways'.
Chacun sa route, disait l'Indien!
Avec une slide, ça passe bien! 
' Just A Friend', signé Adam Douglas / Bendik Brænne, sonne comme du James Taylor en roue libre, mais James, lui, reprenait Carole King.
Avec la ballade "Lucky Charm" ( Adam Douglas / Cory Chisel) le néo -Norvégien joue la carte country, t'es pas obligé de verser une larme, mais on peut te refiler un Kleenex si, comme nous,  t'apprécies la steel larmoyante.
On termine au galop avec ' Dying Breed', pas que les pur-sangs soient une espèce en voie de disparition, mais on ne sait jamais avec les maladies qui prolifèrent.
Le temps de ramener le canasson à l'écurie, de demander au palefrenier  de curer ses sabots, de rentrer à la gentilhommière, de prier Cendrillon de te préparer un bain chaud pendant que tu dégustes un Calvados, et tu décides de re-glisser ' Better Angels' dans ta platine vinyle Beogram 4000c ( Bang & Olufsen, béotien!) pour savourer à l'aise ce beau spécimen de blue-eyed soul venu du Nord.



 

 



samedi 27 mars 2021

Album - BirdPen - All Function One

 Album - BirdPen - All Function One 


NoPo


BIRDPEN - All function one 2021

JAR Records

N'allez pas chercher midi à 14h (surtout avec le décalage horaire!), Bird et Pen correspondent aux noms des 2 musiciens et non à un éventuel maquillage, un crayon d'oiseau et encore moins un nom d'oiseau d'ailleurs!
Ah, pourtant, j'aime bien quand y'a anguille sous roche ... Mais au mieux, ils ont écrit leurs textes avec un stylo plume...
Bon revenons à nos oiseaux!
Dave Pen chante et tient la guitare dans Archive depuis une dizaine d’années (et au sein du projet We Are Bodies), Mike Bird l'a rejoint puis ils ont fusionné dans Birdpen en 2002.
Après 5 EPs et 5 LPs, voici le 6è! La photo sur la carte d'identité affiche une fenêtre fermée qu'on meurt d'envie d'ouvrir pour s'échapper, ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux!
Un coup d'oeil à la tracklist montre des titres courts, un peu intrigants. Le duo confesse aborder des thèmes en lisière de situation pandémique : la solitude, les fausses informations, la paranoïa et la vie ultra-connectée...

Sur la piste d'ouverture, 'Function' s'avance, cahin-caha, comme une sentence et progresse lentement. On entend de l'hésitation dans la voix.
Le morceau encourage un mode de fonctionnement soudé pour vaincre la crise. Le recrutement a commencé avec la participation des fans dans le clip.
Quand le chant fait un premier break, le ton monte en allégresse, déclenchant une gifle sur les cordes de guitares, des envolées de violon, puis des coups redoublés sur la batterie, enfin le retour au chant se fait par une interrogation 'what is real?'

'Life in design', dans des accords et frappes saccadés, apporte plus de volupté. La basse ondule et incite à se trémousser sur un rythme invariable.
Le chant, en apesanteur surtout sur le refrain, transporte des messages cafardeux au sujet des gens enfermés dans leur monde intérieur.
'Losing time Losing my mind', se répète à l'envi sur une conclusion relevée.

L'introduction de 'Modern Junk', comme une modern dance, mêle, sur un rythme répétitif, beat exotique électro et tambourin. La guitare agile et changeante s'intercale en louvoyant dans des effluves psyche.
La voix fragile juxtapose d'abord, des mots mis bout à bout, qualifiés de déchets médiatiques (qui nous pollueraient), puis, après des petits cris sur un pont cassé, le chant se libère en même temps que la guitare s'agite.

'Shakes' s'embarque sur une rivière calme et mélancolique. La voix troublée exprime la crainte de l'isolement par peur du monde extérieur.   
Des violons émouvants pleurent les mots 'Find somewhere to go away from you'.

On peut s'assoir 'Seat 35' sereinement dans l'avion, pas David, effrayé par ce qu'il ne peut maîtriser : 'I hope I see you again I can't help feeling it's the end'!
Un violon vaporeux flotte sur un rythme bancal totalement fascinant. La voix aérienne s'en amourache tout en ne sachant pas vraiment où elle va 'going nowhere'.
Plus loin, un discret gimmick sur clavier fluet attire au point qu'on ne l'oublie plus.
Comme sur la plupart des titres, la trame vocale enrichit magnifiquement la mélodie, dramatique, soulignée par des cordes vaporeuses.

Le loop de guitare menaçant, creuse 'Blackhole' et fait émerger des idées noires dans une révélation. Le chant s'apparente à une plainte douloureuse.

A l'allumage, 'Flames' combine une basse bégayante avec des frappes égarées et une voix métallique. Elle scande d'abord, avant de se dédoubler en mode claustrophobe puis soudain, elle danse dans les flammes, avec bonheur, attisée par une guitare aérienne.
La rythmique, un peu expérimentale, prend une grande importance sur cette plage finalement submergée par les cristaux acérés d'une guitare exploratrice.

La mélodie au clavier de 'Otherside' dérange quelque part. David chante l'enfermement dans une vie-rtuelle sur un ton monotone qui devient vite lancinant sous des frappes roulantes.

Ces 'Changes' de David n'ont rien à voir avec ceux de Bowie, plus enjoués. D'ailleurs, le titre décrit finalement l'absence de changements.
Accroché à des cordes cotonneuses, le flow synthétique semble sortir d'un robot, ou de la bouche d'un ermite devenu robot à force de répéter les mêmes choses dans un environnement aseptisé. 

A travers 'Universe', on perçoit une grande nostalgie. La guitare acoustique, juste effleurée, aime Pink Floyd à l'orée des seventies.
Une brume au clavier, dans une lueur de violon à peine frotté, accompagne le chant éthéré de David vantant le parfait amour, inatteignable, irréel.

'Invisible' me rappelle les débuts de Coldplay. Réveillé brutalement pendant un voyage en train et découvrant la beauté du paysage, David s'aperçoit que les autres passagers ont les yeux plongés dans leurs écrans. 
Les arpèges transportent sereinement le passager sur un rythme régulier de voie ferrée. Le trajet remplit de bonheur comme la vision du soleil à l'aube.

'Undone', avec une voix un peu plus grave et posée, m'évoque The National. Une impression de soulagement se dégage de cette ambiance nocturne avec, plus loin, une voix féminine qui apaise.
Des sanglots de violons achèvent tranquillement le disque.

Les 12 compositions défilent sobrement dans une belle cohérence.
Ici, l'obscurité se propage, tout au mieux on peut espérer un clair-obscur.
Pourtant, la dépression ne nous parcourt pas, c'est une douceur languissante qui s'empare de nous.
Un album à écouter, avec délectation, en soirée, avec un digestif, plutôt à minuit qu'à midi.


Line up
David Penney : chant, guitare, clavier
Mike Bird : guitare, clavier
Rob Lee Basse
Raphaële Germser violon
Miko Hansson Voix sur 'Undone'


Tires produit par Mike Bird & Dave Pen (la mastérisation a été assurée par Frank Arkwright dans les studios Abbey Road)
01. Function
02. Life In Design
03. Modern Junk
04. Shakes
05. Seat 35
06. Blackhole
07. Flames
08. Otherside
09. Changes
10. Universe
11. Invisible
12. Undone

Décès: la tranche début de printemps. Part two.

 Variety, le 24 mars: Don Heffington, Lone Justice Member and L.A.’s Premier Roots-Rock Drummer, Dies at 70.

Don a tenu les baguettes au sein du groupe de Maria McKee de 1982 à 1985, il a également fait partie de l'équipe accompagnant le bluegrass band Watkins Family Hour.

Avant de rejoindre Lone Justice, il était membre du Emmylou Harris’ Hot Band.

Il a enregistré trois albums solo  et a tourné comme session musician avec quelques sommités:  Lowell George, Bob Dylan, Jackson Browne, Victoria Williams, The Wallflowers, The Jayhawks, ou Joanna Newsom.


My Tributes, le 16 mars: Australian soul singer, Doug Parkinson passes away, age 74. Sa carrière musicale avait débuté en 1965, il avait formé le folk band Strings and Things, puis on le retrouve chez the Questions et Doug Parkinson in Focus.

En 1970, il met le cap sur Londres, se retrouve membre de Fanny Adams, il ne reste pas en place et retourne en Australie pour reformer son  Doug Parkinson in Focus avant de voyager solo.

On lui connaît sept albums.

 Il a également tenu le rôle de Judas dans la version Aussie de Jesus Christ Superstar, à la suite de ce contrat, il se concentre avec succès on musical theatre tout en se produisant dans des cabarets.

Fin de l'aventure en mars 2021.

NME, le 18 mars: Matt “Money” Miller, founding member of Titus Andronicus, has died.

Le claviériste qui a joué avec le groupe du New Jersey de 2005 à 2006 avait 34 ans.

Guitar World, le 19 mars: Corey Steger, former guitarist of Florida metalcore outfit Underoath, has died in a car accident at the age of 42.

Corey a été membre du groupe de 1998 à 2001 et participé à l'enregistrement de  deux albums.

Le 19 mars: Herbie Hancock annonce le décès du bassiste des Headhunters, Paul Jackson. ( 73 ans).

Paul Jackson avait joué au sein du groupe de jazz-funk avant de se lancer en solo ( cinq albums)  et de collaborer avec d'autres ténor:, Santana, Harvey Mason ou Stomu Yamashta, e a .

 Dan Sartain est décédé le 19 mars à l'âge de 39 ans.

Garage, punk rock, no wave, rockabilly, blues, tous ces genres caractérisent la musique d'un garçon qui avait encore beaucoup à dire,  en 2020 il avait   sorti 'Western Hills' , a country-​western covers album 

Jazzophone, le 22 mars:  Freddie Redd, pianiste de hard-bop d’exception, né le 29 mai 1928 à Harlem, vient de nous quitter à l’âge de 92 ans.

Le gars de Harlem a, e a,  joué avec Tiny Grimes, Cootie Williams, Oscar Pettiford and the Jive Bombers., Art Blakey, Ernestine Anderson et  Rolf Ericson.

Il a  souvent collaboré avec  le saxophoniste Jackie Mc Lean, son comparse dans « The Connection » ( la pièce montée par le Living Theatre) , également natif de Harlem. 

Sa discographie en tant que leader se chiffre à une petite vingtaine d'albums, le dernier 'With Due Respect' date de 2016.


Music in Africa, le 8 mars:Botswana mourns rapper Sasa Klaas ( 27 ans), décédée lors d'un crash d'hélicoptère.

 Sarona Motlhagodi ( son vrai nom) a révolutionné la scène rap au Botswana et était sur le point de percer internationalement.

Wes Weaver,  guitariste du groupe de death metal  Blaspherian  est décédé le 25 mars à l'âge de 48 ans. 

Wes avait fait partie des groupes Imprecation et Infernal Dominion. 

Tout Liège pleure le décès de Rémi C ( Confalonieri) , bassiste de The Hype, Kitchen Sink Drama, Blue Velvet, The Winter Tyres  et These Men are Black Inside ( à la guitare),  

Blue Velvet, le 25 mars: We are extremely sad to announce the passing of Rémi, our first bass player ... We'll miss you endlessly ... 

 Walter van Cortenberg ( 51) , le batteur  d'Ancient Rites ( du Viking metal), de Diest, est décédé le 16 mars d'une crise cardiaque. 

Toujours en Belgique, Roger Trigaux est mort le 10 mars à 69 ans.

Guitariste, claviériste et compositeur, il était une figure de proue du mouvement Rock in Opposition.

 Membre fondateur d'Univers Zero , il  participe aux deux premiers albums du groupe : 1313 (1977) et Heresie (1979), il le quitte  après le second album pour former Present, un combo avant-garde dont la renommée est arrivée aux States.

C'est son ami de toujours, Guy Segers ( Univers Zero, Present, X-Legged Sally,  Emergent Sea, etc...), qui nous a appris la triste nouvelle.



 


 


vendredi 26 mars 2021

Décès: la tranche début de printemps. Part one

 Ralph Peterson Jr., ( 58)  batteur de jazz et bandleader a succombé le premier mars après un combat de huit années contre le cancer.

Peterson avait joué avec de grands noms du jazz comme Art Blakey, Wynton et Branford Marsalis, Roy Hargrove ou Dewey Redman.

Il a également fait partie  de l'ensemble d'Art Blakey, les Jazz Messengers.

Il a enregistré plus de 20 albums sous son nom.

Le 2 mars, le jazz a perdu un géant en la personne de Chris Barber.

Le bandleader et tromboniste est décédé à l'âge de 90 ans alors qu'il souffrait de démence, la nouvelle de son décès a été annoncée par son attaché de presse.

Sa version de " Petite Fleur" a cartonné au UK en 1959.

Avec  Sidney Bechet, Chris Barber aura été  l'un des musiciens qui contribua au renouveau du Traditional New Orleans Jazz en Europe.

C'est aussi lui qui avait fait venir bon nombre de bluesmen américains au UK dans les sixties, notamment  Big Bill Broonzy, Sonny Terry and Brownie McGhee et Muddy Waters, il a ainsi favorisé la British Blues Invasion.

Parmi ses collaborations illustres il faut mentionner celle avec Lonnie Donnegan, pendant la skiffle craze dans les fifties.

Une autre anecdote à retenir,  Paul McCartney lui a fait don du titre 'Cat Call ' en 1967.

Durant sa longue carrière Chris Barber aura enregistré une collection pléthorique d'albums, il s'était retiré en 2019 mais The Big Chris Barber Band continuait à tourner sans lui.

Bunny Wailer,  le dernier des Wailers est décédé le 2 mars à  73 ans.

Il rejoint ainsi Peter Tosh et Bob Marley.

Au sein des Wailers, Bunny chantait et se chargeait des percussions, il avait quitté le groupe en 1974, après l'enregistrement de l'album 'Burnin'' ( sur lequel figure" I shot the Sheriff") , pour entamer une carrière solo.

16 albums studio , un live et plusieurs compilations ont vu le jour.

En 2017 la Jamaïque lui avait attribué l'Ordre du Mérite.

Festival de Jazz du Château de Clermont Genevois, le 5 mars:  décès de Duffy Jackson qui avait mis le feu au Château durant l’édition 2011 du Festival .

Le Dauphiné titrait à l'époque: Duffy Jackson, le roi de la batterie, le digne héritier de Gene Krupa.

Si le fils de Chubby Jackson n'a enregistré qu'un seul album sous son nom, on le retrouve sur des galettes de Monty Alexander, Sonny Stitt, Lionel Hampton, Count Basie , Illinois Jacquet ou  Manhattan Transfer.  

Ultimate Classic Rock: Alan Cartwright, Procol Harum's bassist from 1971 to 1976, died on March 4 at age 75.  

Alan s'entend sur les albums "Procol Harum Live: In Concert With the Edmonton Symphony Orchestra" ( un chef-d'oeuvre) , "Grand Hotel", "Exotic Birds and Fruit" et "Procol's Ninth".  

Avant de rejoindre Procol Harum en 1972, il avait joué avec le Freddie Mack Show. 

Michael Stanley, légende du rock de Cleveland et personnalité de la radio et de la télévision locale, est décédé à 72 ans, le 6 mars 2021.

On peut être une légende à Cleveland et être ignoré en Europe, pourtant le Michael Stanley Band a enregistré une petite quinzaine d'albums et le titre 'He Can't Love You' a connu un beau succès d'estime.

Rythmes Croisés Webzine: Après quelque six ans de combat acharné contre un adversaire redoutable, James MAC GAW, guitariste chez Magma,  a rendu les armes le 8 mars 2021, à 52 ans.

James aura été le guitariste du groupe de Christian Vander de 1997 à 2015, il a participé à la confection de cinq albums , Rudy Blas a pris sa place en 2016.

Le chansonnier Freddy Birset est décédé à 73 ans ce 9 mars.

Ce Limbourgeois, fan de Gilbert Bécaud et George Moustaki , avait fait partie de l'orchestre de Rocco Granata avant de débuter une carrière d'auteur - compositeur - interprète.

Il avait choisi la langue française pour s'exprimer en chanson, parmi ses titres, "Donne-Moi Ta Main" ou "Le Clochard' lui ont valu pas mal d'éloges.

En 2003, il enregistre 'Et Maintenant / What Now My Love' en duo avec Hemut Lotti, ce qui booste sa carrière.

En 2019, son petit-fils, IBE,  gagne le crochet The Voice van Vlaanderen.

Le saxophoniste alto  Mark Whitecage est décédé ce 8 mars.

Parmi les gens que ce spécialiste du bop  a accompagnés, pointons Jeanne Lee, Joey Mc Phee, Anthony Braxton ou Marshall Allen. 

Qui était El Rey del Rockabilly?

Ray Campi!

Bingo!

Ray est décédé le 11 mars, à 86 ans.

On lui doit plusieurs classiques dont 'Rockabilly Rebel', "Play it Cool" , "The Crossing" ou "Caterpillar", ses nombreux fans se souviennent toujours des rodéos qu'il performait sur scène en chevauchant sa fameuse white upright bass. 

Compositrice, chanteuse, bassiste,  éducatrice, bandleader , Jewlia EISENBERG est partie le 11 mars  des suites de complications d’une déficience immunitaire ( GATA2).

Wikipedia: Her music is both physical, using voices, vocal percussion, handclaps, heartbeats, sex-breath, silence, and also intellectual, exploring such topics as Bosnian genocide in Sarajevo Blues (2004) and the political/erotic nexus of Walter Benjamin and his Marxist muse in Trilectic (2002). 

Son dernier projet ' Book of J' date de 2018. 

Le 12 mars on lisait dans la presse du Gelderland: De Nijmeegse zangeres Lily de Vos is overleden.

La chanteuse avait connu les honneurs des hitparades néerlandais dans les années 60, notamment avec la romance larmoyante ' Nooit Meer Bloeien De Rozen'.


Le Monde, le 15 mars: le Sénégal pleure Thione Seck, roi du mbalax et seigneur de la musique du pays.

Le Covid l'a emporté à l'âge de 66 ans.

Thione quitte l'Orchestra Baobab en 1979 pour démarrer une carrière solo et devenir le roi de la musique mbalax, l'emblème sonore du Sénégal.

Son  titre 'Mathiou' avait cartonné au début du siècle. 

Reggie Warren, l'un des membres du groupe Troop, est mort le dimanche 14 mars, il avait 52 ans.

Le groupe de r'n'b de Pasadena a placé cinq titres dans le rhythm'n'blues top ten entre 1988 et 1992, ' Spread my Wings' dans la veine Earth, Wind & Fire est probablement le plus connu.

mercredi 24 mars 2021

Album - Aaron Lee Tasjan :: Tasjan! Tasjan! Tasjan!

 Album - Aaron Lee Tasjan :: Tasjan! Tasjan! Tasjan! 


New West/Pias 

 

Par NoPo

 Aaron Lee Tasjan - Tasjan! Tasjan! Tasjan! 2021


Aaron Lee Tasjan, qui? Tasjan! Tasjan! Tasjan! OK compris!
Un oeil sur une photo de profil, pas de face, on dirait John Lennon chaussé de lunettes!
Aaron grandit dans l'Ohio (là où il y a eu 4 morts d'après Neil), et sort dès 2008 (à 22 ans), son 1er album produit par Tony Visconti (hein?) avec son groupe Semi Precious Weapons.
A la même époque, il monte un second groupe 'The Madison Square Gardeners' puis enregistre et fait de la scène avec les New York Dolls (Oh?) pendant 3 ans, début d'une solide amitié avec Sylvain Sylvain.
Avec un peu moins d'exposition, il joue encore avec Drivin' N’ Cryin’ et Everest.
Il s'installe à Nashville en 2014 puis collabore aussi avec Jack White, Sean Lennon, Clem Burke, Nigel Harrisson, Ian Mc Lagan et Pat Green (quoi?)... n'en jetez plus, c'est déjà trop pour ce c v rité (dites je le jure Aaron!).
Après une série d'EPs pointus, voici son 4è LP(pite) sous son nom.

La photo sur la pochette présente le personnage, coupé en haut du visage et sous son bassin, habillé d'un jean flower power.
Un cache-cache comme s'il se cherchait lui même, sans pouvoir se trouver (on va le voir dans ses textes), et pourtant il affirme fièrement son nom, floqué 3 fois sur son t-shirt, col 'V', bras nus.

Partons vite à la chasse à l'homme!

Le beatlesien 'Sunday women' éclabousse de sa classe notre 1ère rencontre. Si ça, c'est pas de la popopop millésimée!
La mélodie bluffe par son évidence nue et le gars nous remet un ptit coup de gimmick au synthé (ou à la guitare car Aaron avoue avoir fait sonner sa guitare comme du synthé), des nappes d'orgue, un 2è coup de clavier zézéyant, tout réussit!
Une interprétation léchée au bout des doigts... 'Whatever happened to Sunday women' donne vraiment envie de connaître la suite...

Un sifflement se fait entendre pfuipfui pfuipfui (ben si, c'est le bruit!) ... normal, une sunday woman vient de passer.
Les ptites notes au piano annoncent l'ouverture de l'Operating System (naturel pour un gars dont les initiales se composent de ALT!) sur ce 'Computer of love' comme un gimmick publicitaire.
Oui, mais un OS à moelle! Aaron dénonce la confusion causée par la technologie 'My little avatar, I'll never know who you really are, Digital clouds and guiding stars, On the computer of love'.
Une guitare acoustique se la joue facile sautillant sur une batterie qui aurait pu être jouée par Ringo. Une vraie force tranquille ce tonton ... et sans nuages, même digitaux!

Tom Petty ressuscite cette nuit, 'Up all night', incroyable!! On sait que lui aussi adorait les Fab Four.
Wouah, je lève le pouce, ce truc aurait pu figurer sur un de tes albums TOM, ah ok ... ça scalpe!
Les claviers enluminent une mélodie tueuse, la batterie ne s'écho nomise pas dans la réverb. Up up up!
Cette musique organique véhicule une voix sensible qui ne ment pas avec ses sentiments ambigus exprimés par une valse hésitation (il n'a pas fait partie des dolls pour rien!) :
'Broke up with my boyfriend, To go out with my girlfriend, Cause love is like love is like love is like that - Went to the doctor She said you might have a problem But I really can't I really can't I really can't tell'.

'Another Lonely Day' tire la larme de fond.
Le picking à la sèche blanchit une sauce raffinée type 'blackbird' certainement chantée au coeur de la nuit par cette voix fluette (à la Paul McCartney) et quelques choeurs angéliques qui fondent sur le refrain.
Une batterie rebondit sur l'air pendant qu'une lap-steel s'épanche en catimini, mini, mini...

Basse tonnante (boum boum boum) et batterie bouclent un rythme rectiligne qui muscle le corps de 'Don't Overthink It' parti sur une espèce d'enregistrement trafiqué, comme passé à l'envers et contre tout et ça marche...
d'autant que le refrain tranche par son raffinement harmonieux, et c'est sur des harmoniques que s'envolent les dernières notes de guitare.

'Cartoon music' pourrait cartonner avec son air désabusé et si délicieux. Cette fois, la basse fait le dos rond ronnant en attendant les caresses des cordes brossées et d'un orgue lointain.
Aaron chante for plastic people et ça plane pour lui, 'And now you're losing your mind'. On croirait qu'il se laisse aller pourtant il sait où il va tant ses compositions sont limpides.
Le solo de guitare déroule sans heurts, les coups sont ailleurs sur une batterie résonante (il y a parfois 2 batteurs sur certains morceaux!).
'Don't know how it feels'? Ca plane pour moi, moi, moi, moi!

'Feminine Walk' prend la suite de 'Don't overthink it' sur le plan musical et de 'Up all night' pour les textes ambivalents et plein d'autodérision.
'Every time I'm at the bathroom door, You've seen Bowie and Bolan and Jagger too, Grace Jones, Joan Jett and To Wong Fu I got a feminine walk'.
La mélodie tortille sur les cordes de guitares puis la rythmique amplifie ce balancement.
Au bout de la démarche, l'instrumentation s'emballe avec des percussions et effets de lap-steel en sifflements (proches du theremin).

'Dada bois' heu, quoi? Rien à voir avec le titre tronqué d'Alice, rien à voir non plus avec un cheval à bascule!
Un piano langoureux accompagne une voix de séducteur qui s'interrompt soudainement. Sans avertissement, la production s'enfile Spector avec tambourins et tambours sans trompettes.
La richesse de l'orchestration brille sous une lumière électrique allumée par Jeff Lyne.
'Da da da' On adore!

'Now You Know' avoue un faux manque d'assurance 'Tried to be a poet Couldn't find the words Maybe someday they will flow', mon oeil, ce jour c'est maintenant! La production aussi s'amuse entre clair et obscur.
La complicité sensuelle de la basse et la batterie m'émerveille, impression confirmée par une ligne vocale élégante. Il n'y a plus qu'à gratter un peu ce 'k' pour insister sur 'now now now'.

Les glissades des doigts sur les cordes rendent l'atmosphère de 'Not That Bad' si cosy qu'on entendrait presque les craquements du feu dans l'âtre.
La main passe du picking au battement d'accords comme l'état d'âme hésitant entre tristesse et soulagement. Tout sauf hype, hype hype!

Sur le dernier tour de piste, piano voix en plusieurs couches s'expriment d'entrée de jeu avant qu'un effet synthétique ne s'échappe comme une étoile filante. La voix lactée monte en crème mousseline.
La rythmique se pose lourdement sans contenir la cymbale qui s'écrase et le morceau s'écourte vite dans une stridence déchirante. C'est fini 'Got what I wanted'!
Aïe Aïe Aïe, quelle conclusion surprenante!

Au risque de me répéter, j'insiste : Aaron (Aaron, Aaron) livre ici un travail d'orfèvre, à seulement 35 ans! 'Mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années', c'est pas moi qui le dit!
Chaque titre ressemble à un bijou ciselé. Aucun plagiat, mais uniquement des références assimilées, respectueuses et tellement polies qu'elles scintillent naturellement sans fard.
Nul doute que Le titre de l'album corresponde bientôt à la réaction attendue, en public, pour les rappels et pas que ... Tasjan! Tasjan! Tasjan!


Titres
1. Sunday Women 
2. Computer of Love 
3. Up All Night 
4. Another Lonely Day 
5. Don't Overthink It
6. Cartoon Music 
7. Feminine Walk 
8. Dada Bois
9. Now You Know 
10. Not That Bad 
11. Got What I Wanted   

Musiciens crédités
Batterie : Jon Radford, Dom Billet, Devon Ashley, Fred Eltringham (Sheryl Crow), Dylan Sevey (musicien live d'Aaron),
Basse : Aaron Lee Tasjan, Tommy Scifres (musicien live d'Aaron), Keith Christopher (Lynyrd Skynyrd) sur ‘Up All Night’
Lap steel : Josh Kaler sur 'Another Lonely Day' et 'Feminine Walk'
Chant : Aaron Lee Tasjan

mardi 23 mars 2021

Sorry- double single: Cigarette Packet / Separate

 Sorry- double single: Cigarette Packet / Separate

 

Par Florian Hexagen

 

 

 Domino Recording Co Ltd 

Sorry are:  Asha Lorenz( vocals)  and Louis O'Bryen ( guitar) , in addition to drummer Lincoln Barrett, multi-​instrumentality Campbell Baum, and Marco Pini on electronics .

 

Nos nouveaux chouchous Brits de Sorry viennent de sortir un ep 2 titres qui s'éloigne quelque peu musicalement de leur précédent long, le sémillant et vénéneux "925" (l'une des vraies perles indie pop rock de 2020, sans souci).
On décèle ici l'influence du confinement sur leurs compos, plus "froides" et "hermétiques" qu'auparavant mais avec toujours cette même morgue, si typique UK , balancée à nos oreilles.
Avec l'ajout de touches electro clash / post-punk qui font parfois penser à Le Tigre ou encore Chicks On Speed (toutes proportions gardées), il y a clairement ici une volonté d'élargir leur spectre musical (probablement pour mieux coller à la situation globale et personnelle ainsi qu'à leurs nouvelles aspirations artistiques).
C'est en tous cas une nouvelle fois un pari très réussi, même si on est dans quelque chose de vraiment différent des tubes accrocheurs collectés l'an dernier tels que "Right Round The Clock", "Snakes" ou "As The Sun Sets". Hâte de découvrir leur prochain album!

lundi 22 mars 2021

EP - Ioio- Inflorescence

 EP - IoioInflorescence 

 Alter-K Distribution ( distributeur numérique) 

Ioio?

Sur un site de E Commerce, tu découvres: achat Ioio pas cher!

Comme t'es d'une génération vaccinable, tu pensais à un yoyo, le jouet que,  gosse, tu maniais maladroitement, ce qui faisait se marrer toutes les fillettes de ta classe.

C'est pas ça,  il s'agit d'un microcontrôleur OTG pour téléphone portable Android!

 T'es pas geek, déjà tu détestes le mot, donc t'achètes pas.

Dis- nous, Joséphine ( nom de famille  Hurtut): écoute, Io est la fille d'Inachos, le dieu fleuve, pour d'obscures raisons, Zeus la transforme en génisse, après bien des périples elle retrouve forme humaine mais au lieu de parler, elle mugit.

 Efcharistó, mais pourquoi io+io?

A cause d'Annie Cordy!

'Inflorescence' est sorti à la veille du printemps, normal, tout bourgeonne, c'est le premier EP de la demoiselle, qui auparavant avait tâté de la musique avec Public Audience, un duo franco-mexicain se mouvant dans la sphère électro.

Sinon le nom de Joséphine Hurtut est associé au collectif Banana Tragédie pour lequel elle se charge de l'élément sonore.

 Inflorescence a mis plusieurs années avant de voir le jour, il a été peaufiné et mis en boîte par Samy Gérard ( ingénieur audio au studio simone rec), le mastering est signé Emilie Daelemans, Ioio  est créditée pour l'écriture, la composition, la production et l'interprétation.


Inflorescence tracklist!


1
Eve at Dawn 4:41
2
Fusée 3:08
3
July 3:54
4
Domino Tatami 5:46
5
Run Run Run 7:01
6
Nuit 3:59
7
Eve At Dusk 3:13 
 


La pochette de l'objet a été finement façonnée par Simon Lazarus, la partie gauche est réservée à l'intitulé de l'album et au nom de l'artiste, rose pour le bébé et bleu tendre pour la demoiselle, à droite, le graphiste a utilisé la technique du graffiti et des couleurs scintillantes pour un rendu modern art du meilleur effet.
L'aube pointe: ' Eve at Dawn'.
 Eve s'éveille en douceur, quelques étirements sur fond percussif créé au drumpad, apparition d'un synthé qui coïncide avec la transformation du bourgeon en corolle fragile, déployant ses pétales alors que le calice se déchire et choit au sol.
Tel un papillon sorti de sa chrysalide, le morceau prend son envol, la voix, délicate, semble se volatiliser dans l' éther.  
Une bulle voltigeant au gré de  sonorités vaporeuses, comparables à celles qu'ont pu façonner des gens aussi raffinés  que  Röyksopp ou Fever Ray.
Un soleil radieux apparaît après  cinq minutes de poésie  végétale, Ioio enchaîne,  sur ' Fusée' , titre trompeur, car toujours chanté dans la langue de Chaucer.
Le décollage de cette fusée synthpop a précédé la sortie de l'album de plusieurs semaines et a permis au public de faire connaissance avec l'univers finement ciselé de la chanteuse.
Avec Ioio, les machines ont acquis une âme, tu peux te hisser dans le vaisseau spatial sans arrière-pensées, la nébuleuse que tu vas découvrir n' a rien  de  pandémoniaque.
Dis, Joséphine, tu t'amuses à brouiller les pistes, après 'Fusée' en anglais, tu psalmodies ' July' en français.
Why, questionne Annie Lennox!
Et sinon, en juillet, les cigales travaillent sans filet, dans le marais, libellules graciles  ou demoiselles gracieuses se posent délicatement sur une feuille de nénuphar et perçoivent à peine le chant feutré de la séduisante artiste, flânant indolemment le long des berges de l'étang.
Madame pénètre dans ton antre, décrète il fait chaud, décide d'aérer la pièce, tend une oreille et avance " c'est  mélodieux", je connais?
Berthe Morisot, t'as répondu alors que le tableau ' Au bord de lac' venait de s'imprégner sur ton écran cérébral.
' Domino Tatami': Japanese electro, dans le moule Mademoiselle Yulia?
Pas vraiment, le titre baigne  plutôt dans une sphère chillout/downtempo/lounge  similaire aux compositions de Air ou  des fantastiques Koop.
Elle avoue être fan d'Alice Phoebe Lou, esthétiquement les deux demoiselles sont soeurs. 
L'instrumental techno/ electro à la sauce Kraftwerk  ' Run Run Run', décoré de vocalises opportunes, devrait plaire aux deejays les plus branchés de la planète.
La mélodie répétitive et obsédante risque de  cartonner à Ibiza et à Tomorrowland.
Le nocturne galactique  ' Nuit' était lui aussi paru avant le lancement de l'Extended Play.
...J'ai vu tout l'univers reflété dans tes yeux... les météores, les astres, les planètes, les satellites, les comètes, les disques de poussière... tout un manège tourbillonnant défile comme dans un songe.
Après 'Also sprach Zarathustra' ou  ' Space Oddity' , Ioio nous offre une autre vision du voyage sidéral.
La balade avait été amorcée à l'aurore, logiquement elle s'achève au crépuscule, ' Eve At Dusk' a les joues rougies.
Le soleil? La confusion? 
Anyway, Eve likes to blush, c'est ce qui ressort de ce trip introspectif fascinant.
 
 
Avec ' Inflorescence' Ioio signe un premier effort original, esthétique et soigneusement abouti.
Une demoiselle à suivre de très près!


 
 
 
 
 
 
 

 
    

 
 


samedi 20 mars 2021

Album - Sweet Bourbon – Born A Rebel

 Album - Sweet BourbonBorn A Rebel  

Bourbon Records
 
Trois années se sont écoulées depuis la sortie du second album de Sweet Bourbon (  Night turned into day!), à l'époque le combo de Nijmegen officiait sous l'étiquette  Sweet Bourbon & The Bourbonnettes.
Un album  estimable, au demeurant, un gars griffonnant pour le magazine Bluesdoodles concluait son analyse en ces termes: In summary, this is a hugely enjoyable album with very few misfires...
On ne va pas te rééditer l'historique du groupe qui s'est forgé une place de choix dans le circuit blues batave, tu n'as qu'à relire la chronique de l'album 2 sur Concert Monkey ( http://www.concertmonkey.be/albumreviews/album-sweet-bourbon-and-bourbonnettes-night-turned-day).
Le line-up   a toutefois subi quelques remaniements Martijn Cuypers (drums) est désormais remplacé par Ruben Ramirez, arrivé en 2018 (tu questionnes: un Mexicain? On réfute, un Italien)  -   Chris Janssen (guitare) est toujours de la partie -  Willem van der Schoof (Hammond, keys, harmonica), aussi  - Roeland van Laer (bass), idem  et René van Onna se charge toujours des lead vocals, dans ses bagages il transporte aussi une guitare, les Bourbonnettes se nomment Suzan Wattimena et Laura van der Vange, plus aucune trace de Sonja Walters, par contre, une voix mâle s'ajoute à la chorale, Henny Oudesluijs, de passage à Hawaï, il s'est procurer un ukulélé.
Egalement dans le coup quelques musiciens additionnels:Dennis van Alst – trumpet/Julian Sprengers – tenor sax/ Liesbeth Coopmans – alt sax.
Une pochette sobre, en toile de fond  une photo, cachée à 89%, par une giclure rouge vif sur laquelle apparaissent le nom de groupe et en caractères plus larges, Born A Rebel, le titre de l'album. 
James Dean a souri!
 
Tracks-

01. Born A Rebel
02. Bourbon For You
03. Mrs. C.
04. I Asked You A Question
05. Muddy Footprints
06. Sitting On Top Of The World
07. The Beast (for Mieke)
08. Unexpected Touch
09. Lay Down Your Worries
10. Laying In The Alley
 
Entrée en matière bouillonnante avec le blues/r'n'b 'Born a Rebel', la plage exsude un groove fiévreux qui ne te donne qu'une envie, te déhancher comme un dératé en scrutant le miroir pour vérifier la teneur en sex -appeal des balancements de ton bassin.
Verdict, il y a du boulot pour arriver à la cheville d'Elvis the Pelvis.
Section de cuivres au top, Hammond en folie, solo de guitare pointu, choristes étant passées par l' l'école Motown, et la voix de  René qui prend une couleur noire, du coup tu te mets à douter, le cours d'eau traversant Nimègue c'est le Waal ou the Detroit River?
Sweet Bourbon ou Sweat Bourbon, même combat!
Virage  à 100 °, ' Bourbon for You' nage dans des eaux méchamment rock. Le speed boat approche du vieux record du monde établi par Ken Warby en 1978, il file à du 266 noeuds, poussé par une batterie démente, une guitare désenchaînée,  une basse  ravagée, un orgue en overdrive, qui nous rappelle le 'Speed King' du Purple, t'as intérêt à t'accrocher, si tu ne tiens pas à prendre un bain forcé.   
A propos, deux glaçons dans le Widow Jane, please! 
Ils ont la bonne idée de modérer leurs ardeurs avec ' Mrs C' , un slowblues au texte quasi récité qui, va - t'en savoir pourquoi, envoie des images de 'Me and Mrs Jones' de Billy Paul à ton esprit quelque peu perturbé après l'absorption d'un troisième Bourbon on the rocks.
Ici encore,  Willem van der Schoof façonne un son d'orgue à rendre jaloux Matthew Fisher, la trompette de Dennis van Alst vient caresser tes esgourdes et tu te laisses bercer par les notes subtiles que Chris Janssen tire de  sa gratte.
La classe! 
Sont éclectiques dans le Gelderland, après le r'n'b,le rock, le soul blues, voici une tranche d'acoustic blues proche de Taj Mahal.
 'I asked you a question', poussé par un mouth harp plus country que nature, voit Chris Janssen sortir la slide, du coup ça sent le Mississippi à plein nez. 
Et tu sais que le Delta est vaseux, d'où ' Muddy Footprints',  à l'ambiance voodoo peu rassurante.
 C'est quoi ces traces de pas, merde, je panique à mort.
T'es fort,  René, tu nous refiles la trouille, what a nightmare!
Avec 'Sitting On Top Of The World' la troupe propose une première cover, version de Howlin' Wolf, qui avait retravaillé l'ancien country blues des Mississippi Cheiks pour en faire un Chicago Blues que Cream a popularisé au UK aux belles heures du British blues boom.
La version de Sweet Bourbon, plus lente que celle du loup et avec un Hammond souverain, remplaçant le piano sautillant, tient super bien la route.
Rien à envier à la DS du Général De Gaulle. 
Et puis, il y a les Bourbonnettes, aussi piquantes que les Ikettes embrigadées par ce voyou de Ike Turner.
' The Beast', dédié à Mieke en partance pour les States, évoque les sonorités d'un autre blues combo en provenance du  plat pays, les formidables Bintangs ( écoute ' Travellin in the USA'). 
C'est en mode uptempo que la bête, inside her, voyage.
La section de cuivre aiguillonne  une machine, emmenée par une rythmique débridée et un orgue fébrile, ne t'étonne pas si les vaches n'ont guère le temps de la voir défiler.
'Unexpected Touch' et sa touche soul ravira aussi bien les fans de Robert Cray que ceux de Bobby Womack, ou encore ceux  des belges de Blue Blot, époque Luke Walter Jr..
 Oui, René, effectivement, shivers down my spine...
Seconde reprise, moins connue, ' Lay Down your Worries' de Hadden Sayers, un Texan que certains n'hésitent pas à placer dans la même catégorie que Stevie Ray Vaughan.
Un duo vocal mixte décore ce midtempo  s'approchant à nouveau des compositions les plus chaudes de Robert Cray.
Sweet Bourbon décide de terminer l'aventure avec un troisième emprunt, 'Laying In The Alley', un jump blues, enregistré par  Big Joe & the Dynaflows en 1994.
On ne pourra jamais reprocher au groupe de se cantonner à un seul style, le côté cabaret de ce dernier morceau te renvoie vers des gens aussi talentueux que Ben Sidran, Amos Milburn ou le Roomful of Blues de Duke Robillard.
 
 
Merci, Chris d' avoir envoyé ce CD vers le pays breton, si un jour tu passes avec ton combo dans les Côtes-d'Armor, on sera là pour t'applaudir.
' Born a Rebel' est encore supérieur à  'Night Turned Into Day', by Jove, this is some stunning work!
 
 
 
 


Album - The Hope List - Lonely The Brave

 Album - The Hope List  - Lonely The Brave

Par NoPo

 

 Easy Life Records

 LONELY THE BRAVE The hope list

2021, déjà plus de 10 ans (et je sais que c'est vrai!) d'existence sans abstinence et un 3è album complètent le c v de LTB, le 1er avec son nouveau chanteur Jack Bennet (JB pour les intimes) arrivé en 2018, son prédécesseur David Jakes (DJ donc) ayant jeté l'éponge par phobie de la scène.
Tiens! ça me rappelle quelque-chose... Ne serait-ce pas l'histoire similaire d'Andy Partridge d'XTC, jamais remplacé lui. Tout est vérifié, il n'y a pas d'alphabetise (fake ou bullshit in English!)!
Sérieux! Wikipedia annonce qu'il s'agit d'un groupe de rock alternatif britannique. Le dernier qualificatif reste vérifiable, mais la catégorie 'rock alternatif' ratisse large. A une autre époque, on les aurait classés 'new wave'.
Ils se disent inspirés par Pearl Jam, je les rapprocherais plus volontiers du U2 des 80's ou plus récemment de Dredg ou Biffy Clyro.

La pochette affiche, sur un bleu azur, la peinture d'un visage vu sous des angles multiples en images superposées, presque confondues.
Ce faciès semble présenter ses diverses facettes dans des ambiances colorées comme autant de changement d'humeur.
Sur le disque, elle s'accorde à ces couleurs plutôt vives et l'espoir cité dans le titre.

'Bound' ouvre la liste par une douce mélopée. La voix de Jack Bennett possède des accointances avec celle de Sting, aigüe et son timbre légèrement rauque touche et fait vibrer nos cordes sensibles.
Lorsque celles des guitares s'emballent dans des accords saturés, je pense instantanément à Dredg.

Sur 'Distant light' cette fois, le chant flotte sur des guitares cristallines et frappes sèches aux accents U2. Le morceau ressemble au trajet de la lumière dans un ciel limpide.
Il déroule, sans aveugler, une trame continue et sereine qu'on voit venir.

D'emblée 'Bright eyes' s'érafle en distorsion. Le rythme entraînant accélère et le battement des accords sur la guitare se ressent plus vivement.
La voix, couverte d'un léger grain, glisse à fleur de peau et fait dresser le poil.

'Chasing Knives' chasse sur une cadence rapide et ne lâche rien. La belle voix de Jack suit avec facilité la mélodie simple et joyeuse, peu contrastée.

'The Hope List' baisse de rythme mais ne baisse pas les yeux. On sent un regard profond dans l'intimité. On y perçoit le bruit des doigts qui caressent les cordes.
L'arpège répétitif accroche une émotion portée par une voix plaintive et touchante.

'Keeper' monte encore d'un ton dans l'émoi et le moi intérieur. Le frottement des cordes puis l'enlacement des guitares projettent à l'esprit une douce mélancolie, proche d'un sentiment amoureux.
La batterie trépigne d'enthousiasme rendant le ton plus rock. Tout concourt à gagner la confiance puis l'allégresse.

(Untitled) fait la jointure avec 'Something I Said' où les claquements de la batterie giflent le frêle écho de guitare étendu en toile d'araignée.
On respire la passion de Jack, presque possédé par instants, avec sa voix doublée et enchevêtrée qui épaissit le feuillage sonore.

Le délicat riff de guitare sur 'Open Door' accapare aussitôt l'attention au point qu'on souhaite qu'il ne s'arrête plus.
Les musiciens en ajoutent une 2è couche (de guitare) flamboyante que les vocaux, à vif, déchirent dans un climat exaltant.
On prend ce souffle euphorique en plein coeur et l'effet est carrément subjuguant.

Un filet d'amertume envahit le son de guitare introduisant 'Your Heavy Heart'. Le morceau, pesant, se prolonge dans une certaine nostalgie qui s'estompe un peu avant la fin, fouettée par les cymbales et un jeu de guitare plus virulent.

'The Harrow' mélange d'abord des frappes massives et noueuses avec des cordes discrètement pincées qui cajolent les vocaux. Le développement progresse crescendo en intensité dans un mid-tempo.
Sans changer la cadence, les cymbales qui crachent, sans arrêt malmenées, et les guitares aériennes, larmoyantes montent dans un arrachement explosif.


La difficulté pour ces albums flamboyants réside dans leur faculté à maintenir la tension et l'attention.
Un titre un peu moins intense peut, de suite, sembler fade et casser l'ambiance. Heureusement, le groupe possède un sacré atout avec son chanteur.
Sa capacité à faire passer le frisson dans ses vocaux puissants et habités, sur une poésie intime, impressionne et captive.
La production soignée et les instruments bien joués, jamais envahissants, contribuent à dégager une émotion forte.
Une magie qui, sans phobie, pourrait devenir exceptionnelle sur scène...

Line-up
    Mark Trotter - guitare, chant
    Gavin Edgeley - batterie, chant
    Jack Bennett - chant
    Andrew Bushen - guitare basse
    Ross Smithwick - guitare, chant

Titres produits par Jack Bennett dans son studio
01. Bound
02. Distant Light
03. Bright Eyes
04. Chasing Knives
05. The Hope List
06. Keeper
07. (Untitled)
08. Something I Said
09. Open Door
10. Your Heavy Heart
11. The Harrow
Photo credit: Carla Mundy

jeudi 18 mars 2021

Album - Ivy Gold - Six Dusty Winds

 Album - Ivy Gold - Six Dusty Winds

Golden Ivy Records.

 

Ivy Gold?

Non, ça me dit rien, Poison Ivy à la rigueur,  on a aussi  subi l'horrible groupe du Tarn, Gold,  aux States il y a Andrew Gold, ou le joueur de poker Jamie Gold, Ivy Gold, par contre, inconnue au bataillon!

On t'explique, Ivy Gold, c' est un gang, pratiquant le blues rock, créé relativement récemment par Manou ( Manuela Eder, pour ses voisins munichois).

La madame affiche un look adéquat, vise la pochette du premier album, elle prend la pose, mains sur les hanches, poitrine en évidence ( décolleté plongeant) , jambes écartées, et puis ses fringues éclaboussent: pantalon de cuir, noir, of course, et un top tout aussi sombre et  en prime, il y a son  air de dire tu m'as vu, on ne me la fait pas, tu vas souffrir, mec!

Elle te rappelle vaguement une autre chatte sur un toit brûlant qui, comme elle, sévit dans le milieu plutôt macho du blues, Layla Zoe.

Pour ce premier album, Manou a réuni une équipe de choc, multi-drapeau au demeurant: Tal Bergman ( USA), aux drums, sur son site on a découvert les ploucs avec lesquels il a joué, on a failli tomber en syncope: Joe Zawinul, Billy Idol, Chaka Khan, B.B. King, Rodger Daltrey, Loreena McKennitt, Sammy Hagar, Simple Minds, Josh Groban, Joe Bonamassa, Eikichi Yazawa, MC Solaar, Herb Alpert, Terence Trent D’Arby, Peter Cetera, Belinda Carlisle, A Tribe Called Quest, MC Lyte,  De La Soul and LL Cool J. to name a few ( qu'il dit).

  Sebastian Eder ( Allemagne), guitariste chez Avalon, du heavy/prog bavarois,  incidemment conjoint de la madame.

 Kevin Moore ( USA) à la basse, un vétéran ayant tenu la quatre cordes pour  The Persuaders, Titus Turner, Jennifer Rush ou Abi von Reininghaus et, enfin,   Anders Olinder  ( UK/ Sweden) on organ, pas un idiot, non plus: Glenn Hughes band, Sari Schorr, The Kim Cypher Quintet, e a...

 

Tracklist

1. Face Of Deceit
2. This Is My Time
3. Retribution
4. Believe
5. Six Dusty Winds
6. Suspicion
7. Shine On
8. We Are One
9. Without You
10 Born Again
 
Entrée en matière claironnante avec 'Face of Deceit',  la voix puissante de Manou évoque celle de la fantastique Maggie Bell,  autrefois aux  lead vocals chez Stone The Crows, du regretté Les Harvey.
La guitare décape, les Ricains, en véritables pro, assurent un max et Anders, en arrière- plan, abat un boulot formidable , on avait omis de te dire que ce brave gars avait travaillé avec Amy, la seule, la vraie, la superbe. 
Wouah!
Elle embraye, sans se calmer, sur ' This is my time' , un nouveau blues rock flamboyant sur lequel la guitare de Sebastian fait des étincelles .
Evidemment, la voix est mise en avant-plan, elle n'éclipse nullement le décor sonore fignolé par la fine équipe secondant madame.
Efficacité et compétence sont au rendez-vous!
Amorce dramatique pour 'Retribution, chanté d'une voix éraillée, qui chatouille pavillons et épiderme.
Un choeur gospel, une guitare acoustique  et  un  jeu d'orgue  à faire pâlir l'organiste en charge du  Passauer Domorgel que tu trouves dans la Stephansdom à  Passau, confèrent un climat sombre à cette plage dont l'intro peut faire songer au 'Zombie' des Cranberries.
Avec 'Believe'  Ivy Gold vire  blues funk, l'intro de basse pulse un max,  les riffs de guitare vont t'arracher des larmes, l'orgue te ramène vers l'oublié Vincent Crane, qui avait fait les beaux jours du Crazy World of Arthur Brown ou d'Atomic Rooster, Tal martèle peaux et cymbales,  quant au chant scandé de Manou, il va te remuer les entrailles.
On n'a aucune idée de l' identité des choristes mais elles apportent un plus manifeste à cette plage fiévreuse. 
On arrive au titletrack,  'Six Dusty Winds' , une ballade émouvante sur laquelle Manou s'essaye aux trémolos tandis que la guitare nous la joue Gary Moore. 
Non, 'Suspicion' n'est pas une reprise d'un titre que le King  a enregistré en 1962, il s'agit d'un nouveau blues rock en mode midtempo, le beau rôle est, derechef, attribué à  Sebastian Eder, qui nous la joue guitar hero, dans le plus pur style Tinsley Ellis ou Henrik Freischlader, pour rester en Allemagne.
Manou, pas en reste, calque son timbre intense sur les intonations chères à Beth Hart et autres grandes ladies du blues, Jo Harman ou Meena Cryle. 
Bref, les amateurs de blues rock  porté par une voix féminine peuvent se lécher les doigts.
L'alternance fast and slow exige une nouvelle romance, voici le radieux  ' Shine on' qui te permet t'inviter la petite rouquine, que son mec a lâchement abandonné pour rejoindre ses potes à la buvette, à tourner sous la boule à facettes. 
Elle a fermé les yeux lors du solo de guitare et t'a soufflé " I love Rudolf Schenker"  à l'oreille, t'as tourné la tête vers le bar, aucun danger, tu l'as serrée plus fort.
T'as fait un avec son corps et le groupe a enchaîné, fort à propos, sur 'We are one' qui a permis à 
Anders de placer une courte mais subtile digression, avant de voir la guitare flamboyante  prendre le relais ( de préférence avec s , les rectifications de l'orthographe de 1990, c'est du caca!) pour mener le morceau à son terme.
Pour toi, 'Without You' , ce sera toujours le slow qui tue, signé Harry Nilsson  (va te cacher Mariah), le morceau interprété par Manou n'a qu'une seule similitude avec la perle de Nilsson, l'intitulé!
Un album de  blues se doit d'inclure au moins un slow blues crapuleux, tu le tiens, Etienne!
Voix poignante, elle vient de l'âme, ,superbes claviers en sourdine, riffs déchirants et rythmique discrète, rien à dire, du travail méticuleux.
Bizarre de naître en fin de discours... l'hymne ' Born again' achève de belle manière un premier album plus que prometteur.

La question: Manou et Sebastian pourront-ils toujours compter sur l'apport des as qui les accompagnent sur 'Six Dusty Winds' pour la suite?
 
 
 
 


 

lundi 15 mars 2021

Album - Screaming Females - Singles Too

 Album - Screaming Females  - Singles Too 


Florian Hexagen a écouté...

 

 Don Giovanni Records

Tracklist:
1. Arm Over Arm
2. Zoo Of Death
3. No Being Disgusting
4. Pretty Okay
5. I Do
6. Ancient Civilization
7. Let Me In
8. Skeleton
9. Hopeless (demo)
10. Take It Back
11. End Of My Bloodline (remix)

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CD ONLY BONUS TRACKS:

12. Cortez The Killer (Neil Young)
13. If It Makes You Happy (Sheryl Crow)
15. Because The Night (w/ Garbage) (Patti Smith)
14. A Good Flying Bird (Guided By Voices)
15. Shake It Off (Taylor Swift)
16. No More I Love You's (Eurythmics)

 Screaming Females are Marissa Paternoster (guitar), Mike Abbate (bass), and Jarrett Dougherty (drums).


Mais qu'il est coooool ce "Singles Too" des Screaming Females, entre ressorties de B-sides qui défoncent tout et reprises juste jouissives de "classiques" mis à la sauce "Marissa", tirés du répertoire de Neil Young, Guided By Voices ou de Patti Smith pour le très logique, et de celui de Sheryl Crow ("If it makes youuu haaaappyyyy"), d'Annie Lennox (superbe "No More "I Love You's", quel organe vocal!) et plus fou encore, celui de Taylor Swift, pour un "Shake It Off" juste du feu de Dieu (du rock'n'roll).
Miraculeusement donc, tout passe plus qu'absolument bien.
De toute façon, avec cette voix, ce jeu de gratte et cette section rythmique, je crois que les SF de Mrs Paternoster pourraient en gros s'attaquer à n'importe quoi que ça passerait parfaitement!

Album- Slomosa - Slomosa

 Album- Slomosa - Slomosa

 

par NoPo

 Apollon Records

 

 SLOMOSA 2020

Ces Norvégiens jouent du desert rock ou du stoner si vous préférez, ça doit les réchauffer! Eux appellent ça du "tundra rock", leur version du désert en permafrost.
Comme Obélix, ils ont dû tomber dans la marmite quand ils étaient petits et n'auront plus le droit à la potion magix, certainement stockée dans les 2 bosses du chameau sur la pochette (à l'odeur de CAMEL bien qu'ils ne jouent pas dans la même cour).
L'animal, repris dans le dessin noir et blanc du recto, semble facile, même sous le poids des lettres de 'SLOMOSA', réparties sur ses bosses et inscrites dans une pyramide. Sans qu'on puisse le voir, le désert s'impose partout.
Pour la matière et le gros sable, on pense à John Garcia en solo ou dans Unida, Hermano, Vista Chino pour l'épaisseur des riffs, mais il ne faut pas oublier 'The Sword' avec une ressemblance de plus au niveau des voix.

Formés en 2017, ils enregistrent précocement (la bosse du rock certainement) à Bergen dès 2018 avec :
Guitare, voix: Benjamin Berdous
Guitare : Anders Rørlien
Basse : Kristian Tvedt
Batterie : Severin Sandvik

À l'automne 2019, le groupe recrute la bassiste Marie Moe de Razika et le guitariste Tor Erik Bye. Le disque ne sort finalement qu'en Août 2020.

Production : Eirik Marinius Sandvik & Slomosa
Mastering : Iver Sandøy (Enslaved, Audrey Horne)
Artwork & photo: Elsa Enestig

'Horses', cavalier, n'emprunte rien à la poésie de Patti. L'instrumentation fait bloc comme une masse imposante sabbathienne (à la vôtre aussi!).
La cadence s'installe dans un trot, bien assez rapide pour un dromadaire à travers le désert.
Les guitares à crinière rugissent, accordées tellement bas (désaccordées disent même les musiciens), qu'elles fusionnent avec la basse, grondante et grognante.
L'auditeur chevauche un son, en régulière sinusoïde, dans un mouvement chaloupé et ondoyant.

Les claquements caisse claire/grosse caisse lancent l'appel à "Kevin" avec un riff fuzz bulldozer certainement joué par des doigts bien musclés.
Les lignes vocales s'intègrent en instrument supplémentaire et leur mixage rappelle J. D. Cronise (The Sword) et même parfois les intonations d'Ozzy (Black Sabbath) en remontant le temps.
Au bout d'une ligne droite, la route s'arrête d'un coup à 2'44, suspendue au dessus du vide.

Ok, rien de neuf sous le soleil ('There Is Nothing New Under The Sun') mais l'astre brûlant fait son effet fascinant autant que la pédale de la guitare, tout le long de la plage.
Le riff tordu en 2 notes stridentes nous shoote direct à la dopamine.
Une longue panne surprend, le temps nécessaire au compteur du flipper? Puis on a droit à l'extra balle du same player shoots again et le titre, jusqu'à 8 fois répété, finit par perforer le cerveau.     

Le rim sur le cercle de la batterie fricote avec la pédale de grosse caisse rendant jalouse la guitare qui fait sonner le charme de ses cordes.
'In My Mind`s Desert' tortille entre doom de basse, smash sur les cymbales et pêches sur la caisse claire.
Cependant le naturel revient au galop avec le gros riff qui tue et ça bosse fort. A l'opposé, la voix, dilettante, chante de façon guillerette et mélodieuse.

'Scavengers' cale un rythme dans un roulement de batterie bordé d'une grosse basse bien ronde. Après avoir déployé une 1ère guitare au son électronique, le morceau prend ses marques sur des sabots sabbathiens.
Une boucle de guitare fuzzy tournoie, à l'image d'un charognard patient, attendant la faiblesse de sa proie. Le son des cordes vicieux et très travaillé prend de l'ampleur dans un ton menaçant.
L'attente se prolonge au fil des 6 minutes trente sur un développement qui se risque dans un dédale psychédélique et répétitif à partir de la 3è minute jusqu'au retour du chant 2 minutes plus tard.

La voix inaugure 'Just to Be' quasi a capella et rime avec des coups sur le cercle de batterie et une guitare discrète.
Avec le tonnerre de la basse, le son de la lead s'épaissit et se tort, pauvres cordes mises à mal.

Guitares, rythmique et lead, se renvoient la sauce... qui tâche la voix traînante! La trame musicale monte doucement les bosses puis redescend tout en maîtrise.
Le groove magmatique prend possession d'"Estonia" et balance la transe envahissant nos membres, gorgés de plaisir, et qui dansent sans contrôle.

Pendant un instant j'ai cru entendre l'intro de 'I heard it throught the grapevine' (version CCR). 'On and Beyond' alterne parties de guitares lentes, aériennes, psyché et lourdeurs stoner.
Les riffs saillants prennent le temps de s'installer et la rythmique éclaboussante s'en donne à coeur joie. L'euphorie instrumentale, à son comble, se prolonge dans une belle osmose magnétique.

Les textes des titres, très personnels et hermétiques, semblent être restés un peu trop longtemps au soleil, ils ont fini par fumer.
Peu importe, l'atmosphère reste chaude mais jamais étouffante. 
Riffs en cartouchières, les guitares tirent au fuzzy (en réponse à Higelin certainement) et arrivent à nous rendre complètement stoner.
Enchaîner les 8 titres, dans l'ordre ou le désordre, jusqu'au bout des 35 minutes, procure un grand plaisir sans un seul instant d'ennui.


1. Horses
2. Kevin
3. There Is Nothing New Under The Sun
4. In My Mind`s Desert
5. Scavengers
6. Just to Be
7. Estonia
8. On and Beyond