Festival Blues des Deux Rivières - Ady One Woman Band - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025
michel
Shook Me fait place à Ady One Woman Band.
Moins farfelue que Rémy Bricka, moins casquée que Bob Log III, Adeline Errard, devenue Ady One Woman Band, ex The Jake Walkers, chez qui elle s'amusait avec Anna Boulic, une autre connaissance, puis Ady and The Hop Pickers, quand elle bossait dans les champs en chantant, va occuper la scène pendant plus de 90' ( c'était un peu long pour mal de clients).
Ady n'est pas du genre taciturne, si elle a moins de choses à raconter que la concierge des Durand, elle tient pourtant le crachoir entre chaque chanson.
Avant d'aller s'asseoir derrière un drumkit, de ramasser une guitare ou une cigar box, elle entame son récital, debout, à l'avant de la scène, par une version honorable, a capella, de ' Mercedes Benz', popularisé par la fantastique Janis.
Un bon début de la fille qui avait remporté le 10ème Challenge Blues Français en 2024 ( prestation solo) ce qui lui a voulu un voyage à Memphis pour participer à l'International Blues Challenge ( la palme a été attribuée à Joce Reyome).
Quelques riffs secs accompagnés de boum boum boum, elle vient d'amorcer une confession... je suis pas un cowboy mais j'aime ça....
Après ce country blues, style Calamity Jane, vient une autre réflexion personnelle la renvoyant vers ses tendres années, époque où les petites filles jouaient à la poupée Barbie ' Be a good girl', pas de doigt dans le nez, bonjour, monsieur, merci madame , tiens-toi droite...etc!
Plus rugueux sera le titre où elle se propose de break her chains, suivi par un souvenir de ses années passées au UK, un blues sous forme de marche où elle rend compte avec nostalgie les bons moments passés là-bas... I'm missing the good times, I'm missing the boats... et peut-être la Guinness.
La voix est énergique, le jeu brut, pour la dentelle, tu t'adresses au Big Bopper.
Elle vire rockabilly et pleurniche ... I feel so lonely... t'avais oublié les kleenex dans ta caisse, tu l'as laissée à son chagrin.
Elle poursuit son propos féministe, légèrement éculé, avant de nous proposer deux tirades en français... tu sauras qui je suis.... et à la cigar box une chanson d'amour touchante.
'Dead man body' , c'est l'histoire d'une nana qui fait des cauchemars, elle voit le cadavre d'un mec dans sa cuisine.
Après ce gothic blues criard, aux relents Alfred Hitchcock, vient une plage inspirée par le mouvement #MeToo.
Il était question d'une Mrs Jones, c'était pas celle des Counting Crows, ni une copine de Billy Paul.
Une partie du public, dissipée, discute haut et fort à la buvette, Ady ne s'en soucie pas, elle attaque un nouveau rockabilly pompé sur le 'Red Hot' de Billy Lee Riley.
Voilà ' Gemini blues', car comme Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, elle est née sous le signe des Gémeaux, elle orne la tirade d'un rire sardonique avant de passer à 'Symphony' en mode Patricia Kaas.
Symphony, c'est Jessica Rose Gold, une stripteaseuse d'Orléans.
Un autre des personnages issus de son imagination est ' Mister Nobody', un dragueur de seconde zone.
Pour Simone Veil, elle a composé, ' Fier comme un homme'.
More women on stage, ces dames ont des choses à dire... la cuisine, le tricot, repriser les chaussettes, torcher le nourrisson, c'est du passé!
Après une histoire de tattoo ( No Damsel in Distress) , elle nous relate son aventure américaine, de Memphis elle a poussé une pointe vers Clarksdale pour aller voir le fameux crossroads où Robert Johnson a pactisé avec le diable.
Elle se paye une promenade dans le public, se poste face à une fillette lui propose de glisser ses doigts sur sa gratte, puis elle profite d'une inattention de Gilbert pour lui piquer la place sur le banc qu'il avait imprudemment abandonnée, avant d'aller finir le 'Crossroads' sur le podium.
Une dernière, autobiographique, ' Hillbilly girl' termine ce set épique.
Bonjour maman, hello papa, le bis est pour vous ' Let me dance'. ( ?)
Nota bene: pas vu de setlist, les titres sont à prendre avec des pincettes.