mercredi 9 avril 2025

Album - Reminiscing · Elaine Dame

Album - Reminiscing · Elaine Dame
 
michel
 
self released
 
vocal jazz
 
Elaine Dame naît dans les sixties à Stevensville, un patelin du Michigan, avec une mère chanteuse et flûtiste, elle s'intéresse tout naturellement très vite à l'univers musical.
Du coup, elle prend des cours de chant,de flûte et de théâtre., après un passage à L A, c'est à Chicago qu'elle vient s'établir, elle y sévit dans le milieu théâtral.
Après avoir lu 'The Artist's Way' , un mode d'emploi pour gagner en confiance en  soi et développer ses aptitudes artistiques, elle se rend compte que sa vocation n'est pas Shakespeare ou Harold Pinter mais le jazz!
Elle se lance dans la fourmillante scène jazz de la ville qui ne doit pas uniquement sa renommée à Al Capone, et multiplie les concerts dans tous les clubs de la plus grande cité de l'Illinois.
Elle fait sensation en interprétant des jazz standards, on la surnomme "a jazz dynamo" ou "a gem in the city's vocal jazz scene.”
On l'invite à New York, Detroit, Minneapolis , quand elle n'est pas sur scène, elle donne des cours de chant et de piano.
 
Un jour lui vient l'idée d'enregistrer un album, 'Comes Love' paraît en 2005.
Dame combines a freshness of approach with an unaffected fondness for the music she sings, note Jazz Improv Magazine.
Une seconde livraison, 'You're my thrill' voit le jour en 2014.
Il faut écouter son interprétation de ' Shall we dance' que Rodgers et Hammerstein ont écrit pour 'The King and I' et se rendre compte que Madame Dame possède une voix pas banale. 
 
Peu avant la pandémie lui vient l'idée d'enregistrer un troisième album,  s'éloignant du Great American Songbook,  pour reprendre des titres de variété pop/rock des seventies en leur donnant un cachet Broadway.
Le covid retarde la mise en oeuvre du projet, l'album ' Reminiscing' sort, enfin, en 2025.
 
TRACKS
1. Tell Me Something Good 4:31
2. Use Me 4:06
3. Reminiscing 5:57
4. Wish You Were Here 5:30
5. Sing Child 4:33
6. Nothing Seems to Matter 5:47
7. Midnight at the Oasis 7:00
8. Last Dance 6:32
9. Love Will Find a Way 4:44 
 
 
Détails - ‘Tell Me Something Good’ (Rufus & Chaka Khan), ‘Use Me’ (Bill Withers), Reminiscing (The Little River Band), ‘Wish You Were Here’ (Pink Floyd), ‘Sing Child’ (Heart), ‘Nothing Seems to Matter’ (Bonnie Raitt), ‘Midnight at the Oasis’ (Maria Muldaur), ‘Last Dance’ (Donna Summer) et ‘Love Will Find a Way’ (Pablo Cruise).
 
 
Pour l'accompagner: Chris Madsen (tenor/soprano sax), Tom Vaitsas (piano, organ, Rhodes), Sam Peters ( stand up bass), Jon Deitemeyer (drums), Victor Garcia (trumpet), Art Davis (trumpet), Neal Alger (guitar), Alyssa Allgood and Christy Bennett (backing vocals).
 
 
Artwork: une photo, signée Thomas Cray, montrant  Miss Dame, assise sur un canapé, souriante et aux fringues 70's presque aussi flashy que toute la garde - robe de Grandmaster Flash & The Furious Five.
 
Si la voix lascive de Chaka Khan illumine le groovy ‘Tell Me Something Good’, dominé par les effets wah wah de la guitare de Rufus , Elaine Dame transforme la plage en latin jazz aux forts relents de mambo, ce qui la rapproche d'une autre grande dame d'un jazz aux couleurs sud -américaines, Eliane Elias.
La voix est chaude, effrontée et d'une musicalité impressionnante, mais c'est surtout le solo de trompette de Victor Garcia qui éclabousse tout.
Piano, contrebasse et percussions habillent habilement ce morceau composé par Stevie Wonder . Cette relecture de tubes d'avant l'ère synthétique commence fort bien.
 
Bill Withers, ce sont, e a, l'inoubliable 'Ain't No Sunshine' , 'Lean on Me', ou 'Just the Two of Us'... mais son ' Use Me' , un soul funk imparable, avec un remarquable Ray Jackson au Wurlitzer, restera une pièce maîtresse du gars doté d'un baryton somptueux.
Elaine a gardé l'enduit funky, mais ce coup-ci, ce sont la basse, le piano rocailleux et surtout le solo de guitare, au phrasé Wes Montgomery, de Neal Alger qui tirent les marrons du feu.
Quant à Elaine, elle a décidé de la jouer voix canaille, aux intonations blues à la Peggy Lee, c'est plus qu'attrayant. 
 
Quand Little River Band s'inspire de Cole Porter, ça donne ' Reminiscing'. La ballade, et ses cordes, cartonne au Canada, un peu moins chez eux en Australie.
Le côté soft est conservé chez Elaine Dame qui chante en trémolos languissants et joue à cache cache avec la trompette suave d'Art Davis, à l'arrière l'équipe adopte le mode cool bossa nova, Neal Alger en profite pour se fendre d' un solo bien propre à la guitare acoustique.
 
' Wish you where here' de Pink Floyd a été repris par pas mal de groupes: Marillion, Radiohead, Sparklehorse, Miley Cyrus, Birds on a Wire ( superbe version) ou Alpha Blondy en yaourt reggae /zouk... mais transformer la perle prog de David Gilmour/ Roger Waters en jazz waltz plaintive, avec choeur féminin éploré , c'est inattendu! 
 Sam Peters a l'occasion d'étaler son talent à la contrebasse, le piano de Tom Vaitsas parsème la ballade de taches mouchetées et le bref solo de saxophone de Chris Madsen doit ravir toutes les âmes sensibles.
 
Heart, des soeurs Wilson, sort un premier album, 'Dreamboat Annie' en 1975.
'Sing Child' est une des plages de ce disque , avec des riffs zeppeliniens et une flûte Jethro Tull, le titre avait fait impression .
L'approche rock est abandonnée au profit d'un jazz bebop haché, orné d' une chorale gospel (Alyssa Allgood et Christy Bennett ).
On retrouve des éléments de l'époque jazz de Joni Mitchell, aussi bien dans les vocaux que dans les arrangements souscrits par Chris Madsen.
 
Sur la ballade 'Nothing Seems to Matter' que Bonnie Raitt a inclus sur l'album 'Love has no pride' , le jazzman Dave Holland tient la contrebasse, le saxophone gluant est dans les mains et entre les lèvres de John Payne.
Chez Elaine Page l'accent est mis sur la douleur causée par la séparation, le chant tout en retenue se promène sur un late night jazz piano et un sax implorant .
Les comparaisons avec Billie Holiday, soutenue par le saxophone de Lester Young, ne sont pas absurdes.
 
Les Brand New Heavies avaient déjà repris ' Midnight at the Oasis' que Maria Muldaur  a enregistré en 1973.
Pas d'acid jazz chez Elaine Dame  mais une version pied sur la pédale de frein, dominée par le piano aux teintes Bill Evans de Tom Vaitsas et, naturellement, le chant contemplatif de la dame de Chicago, qui a le grand mérite de laisser un espace prépondérant à ses musiciens.
 
L'éclectisme dont fait preuve la chanteuse dans le choix  de ses reprises est étourdissant, elle passe du prog rock du Floyd au disco de Donna Summer, avec un crochet chez Little River Band ou Bonnie Raitt ,car, en effet en 1978,  'Last Dance' a été un hit pour la reine des dancefloors.
 
Remanier le swirling track de Miss Summer en ballade intimiste n'était pas donné gagnant, mais lors de la distribution des médailles, ce ' Last Dance' n'a pas été omis. 
 
Pour mettre un terme à l'exercice, Elaine a jeté son dévolu sur ' Love will find a way'  de Pablo Cruise , un groupe  comprenant des membres de Stoneground et de  It's a Beautiful Day.
Le titre d'origine,  funky en diable,   comme  pouvait l'être  un certain  rock  des seventies aux States ( Rare Earth, Kokomo, ou le 'Funk #49' de James Gang)  devient un feel good swing énergique,  basé sur un orgue Hammond purulent, enrichi d' un solo de sax  bien dodu de Chris Madsen.
Pour terminer le morceau, madame encourage ses copains à battre des mains et à se laisser aller  et c'est sur une grosse rigolade qu'ils nous quittent tous avant d'aller boire un coup.
 
Well done, lady, a nice record!