Album - Lisa Portelli – Absens
michel
label: J’ai Vécu Les Etoiles / Kuroneko – The Orchard
French pop
Lisa Portelli naît en Seine - et - Marne en 1987.
Dix ans plus tard, elle prend des cours de guitare, précoce, à 13 ans, sous forme de maquette, elle enregistre 9 titres, il n'en reste aucune trace.
Elle persévère, obtient le premier prix au conservatoire, très vite elle se rend compte qu'elle préfère Jeff Buckley à Camille Saint-Saëns, elle se lance dans la chanson.
On l'entend aux Découvertes du Printemps de Bourges, peu après, elle publie un premier long format ' Le Régal'.
Des louanges: on dirait la soeur de Mademoiselle K, écrit un auditeur conquis.
Ouais, fort bien, il s'agit de ne pas attraper la grosse tête, faut prendre du recul.
Après une pause relativement longue, elle ressurgit en 2017 avec l'album ' La Nébuleuse' .
Lisa fait preuve d’une maîtrise sans pareille pour jouer avec les émotions de ses auditeurs, écrit un certain David.
Jet numéro 3: ' L'Innocence' paraît en 2022.
Anecdote: L’instrumental ( L'innocence) qui clôture ce disque devait être un texte dit par Christophe, ....nous avions pris rendez-vous pour mars 2020 mais il y a eu le premier confinement et il est décédé le mois suivant....
Nouveau voyage musical en 2024: 'Absens'.
Où est le t?
Deux possibilités: c'est du latin, ou du vieux français abscons.
Liste des titres:
1. L’anneau
2. L’avancée
3. Ondine
4. Passe des chimères
5. Lointain tu t'approches
6. Si Haute feat. Etienne Jaumet
7. Absens
8. A sec
9. Granit feat. Nosfell
10. Berceau
11. Jour blanc
12. Voilà la mer
Crédits:
Réalisation : Lisa Portelli et Guillaume Jaoul
Enregistrement : Guillaume Jaoul au Studio Tropicalia à Paris
Textes et compositions : Lisa Portelli
Piano - synthé - basse : Alexis Campet
Programmation - synthé - octatrack - sound design - voix - guitare : Lisa Portelli
Basse sur Voilà la mer - Ondine : Antoine Brunet
Batterie sur L'avancée - Voilà la mer : Jean Thévenin
Saxophone feat. Si haute : Etienne Jaumet
Voix feat. Granit : Nosfell
Sont crédités pour la pochette, d'inspiration Michel -Ange ( main tendue entre ciel et mer): Caroline Diard et Muriel Thibault, Malik MGNFK ( photo) et Amandine Portelli ( sérigraphie).
Lisa Portelli avait choisi l'isolement ( l'île de Molène, au large du Finistère, un lieu propice pour trouver l'inspiration) pour composer ce nouveau recueil , conçu comme un concept album, racontant le voyage poétique d’une femme ( en pensant à Antigone qui a la cote de nos jours, cf le film impressionnant, Le Quatrième Mur, de David Oelhoffen) plongeant au fond des eaux, guidée par un désir insatiable de liberté.
C'est par un piano, proche du romantisme de Frédéric Chopin ou du symbolisme de Claude Debussy, que débute ' L'anneau' , un rêve éveillé, après un sommeil houleux, car l'anneau qui la reliait au monde a glissé de son doigt et roule sur le sol.
D'une voix désincarnée, Lisa a décidé de nous emmener au pays de l'absence, qui rime avec errance.
Au bout de soixante secondes, des percussions électroniques se manifestent, le piano fait place au synthé pour revenir l'accompagner plus tard.
La plage prend de l'ampleur et finit par obséder jusqu'au final tout en grondements marins.
Un voyage singulier s'annonce!
En regardant les vagues lécher le rivage , la fille couchée dans une herbe sauvage, près des roches métamorphiques, imagine les flots ouvrir 'L'avancée' , comme à l'époque où Moïse en étendant le bras a réussi à fendre les eaux pour créer un passage permettant de traverser la mer Rouge.
Poésie et mythologie se croisent sur fond électro saccadé et parfois grinçant, un cocktail répondant au nocturne inaugural.
Là, les pieds dans l'eau, je rêvais, une main est apparue, émergeant des flots , je l'ai attrapée elle m'a attiré vers les fonds marins.
Etait - ce une des sirènes ayant décidé, par son chant, d'attirer Ulysse et ses compagnons au fond de l'abîme , non, si le pouvoir d'attraction d' ' Ondine' , est réel, les intentions de la naïade ne sont pas perverses, tu peux la suivre, elle te fera connaître un univers aussi paradisiaque que celui qu'Alice a entrevu au pays des merveilles.
Le fond sonore synthétique, ciselé, concocté par Lisa et ses musiciens va plaire aux fans d'Emilie Simon, de Vanessa Philippe ou de Laura Cahen.
En suivant Ondine, qu'elle avait suppliée ... Emmenez-moi ... , l'héroïne débouche dans une fosse sous-marine, baptisée 'Passe des chimères', et là, frôlant quelques créatures fantastiques échappées d'une épopée fantastique imaginée par Homère, sur des beats aquatiques envoûtants, elle ondule souplement à la manière d' un dauphin agile.
Après ce morceau instrumental aux tonalités 'Le Grand Bleu', vient le poème inspiré des écrits de Leconte de Lisle, 'Lointain tu t'approches'. Sur fond de voix étranges en écho et de vibrations synthétiques proches des élucubrations de Brion Gysin, Lisa récite son texte à la philosophie sombre et désespérée.
Sur 'Si Haute' , un titre toujours aussi ésotérique, elle a invité le saxophone d'Etienne Jaumet qui se mêle au mix sonore abstrait, proche de la musique dodécaphonique d'un Pierre Boulez ou de Karlheinz Stockhausen .
Tu le vois, t'as intérêt à avoir l'esprit ouvert pour apprécier pleinement le travail de Lisa Portelli.
Après ' Absens' , un interlude serein au piano, à rapprocher une nouvelle fois du courant symboliste que ce soit en musique ( Debussy et dans une moindre mesure Ravel , ' Miroirs' par exemple) ou dans l'oeuvre poétique de Mallarmé, de Baudelaire ou de Verlaine, vient le morceau contemplatif 'A sec', chanté en parlando d'une voix apaisée, avec quelques cloches de chalutier, un hululement d'oiseau marin et le souffle du vent, en arrière-plan.
Peu de percussions, pas de basse à l'horizon, une instrumentation minimaliste qui met en évidence les voix mixtes récitant le texte.
Sur ' Granit' Lisa a invité Nosfell, il s'agit à coup sûr du titre dance de l'album, mariant le chant frêle ( en français) de Lisa et la voix organique de Nosfell ( utilisant une langue imaginaire, le klokobetz).
Toujours dans la veine electro, basée sur de gros beats, à la fois grondants et inquiétants , ' Berceau' glisse quelques notions indus dans sa conception.
D'une voix neutre, la chanteuse récite sa tirade surréaliste .
Avec ' Jour blanc' on assiste au retour au calme, le synthé, aux sonorités de glockenspiel enfantin, et un piano serein servent de tapis sonore feutré à la voix émouvante de l'artiste qui, pour conclure ce voyage méditatif , propose 'Voilà la mer'.
Une mer qui l'a recrachée pour la rendre à la terre, au réel, nue comme la Vénus de Botticelli lors de sa naissance.
C'est pas évident d'éviter le blues du retour de voyage, pour ne pas sombrer dans la dépression, Lisa prévoit de retâter de la scène, elle nous fixe un premier rendez-vous le 4 février à La Marbrerie à Montreuil!