The Big Idea au Chaland qui Passe, Binic, le 28 juin 2024
michel
Pas de foot, ce soir, t'as une idée?
The Big Idea au Chaland qui Passe!
Tu ne peux te tromper, c'est écrit sur plusieurs éléments du drumkit, le combo a vu le jour du côté de La Rochelle.
Ils fréquentaient le même lycée, les mêmes salles de concerts, avaient des idées ( forcément) et décident de former un groupe de rock, ils cohabitent en région parisienne, enregistrent, d'abord des singles, puis un album ' La passion du crime' , pas publié par Le Masque, puis deux autres, et là, paf, ze covid, retour au bercail pour voir si les filles de La Rochelle sont toujours comme dans la chanson.
En Charente-Maritime, ils composent une double suite à ' La passion du crime', puis un beau jour, à force d'admirer les catamarans, chalutiers ou ketchs, ils décident de prendre la mer, direction la Guadeloupe et de graver, pendant la longue traversée, l'album 'The Fabulous Expedition of Le Grand Vésigue', en l'accompagnant d'un film documentaire.
Revenus sur terre, ils pondent un nouvel album ( double) 'Tales of Crematie' , une épopée se déroulant au Moyen-Age, la galette se vend sans saucisses, mais avec un livret illustré, façon enluminures du 13è siècle.
Instructif, mais qui sont ces jeunes gens?
Matéo Aillet ( trompette/ guitare/ chant) , Sinclair Renou, Sacha David, Louis Dubreuil, Victor Mouton et Pierre Mullot, ce sont quasi tous de multi-instrumentistes et des rossignols charentais.
Sinclair, que certains connaissent comme "Señor Sinclair" ou comme membre de Bad Biche , joue de la guitare, de la basse et chante.
Sacha, Mad Foxes, manie guitare, basse et chante.
Pierre Mullot se cache derrière la batterie et chante.
Victor Mouton, oublie Panurge, il préfère King Gizzard, joue de la guitare, des claves, il chante, s'adonne à l'escalade et au bronzage, pas intégral, sous spotlight, accessoirement, il démolit le mobilier ménager.
Louis Dubreuil, basse, guitare, claviers, accent cockney, étant le sixième élément.
Peu avant 20h, on a réussi à se caser près de la vitrine, à 20 cm des différents jeux de pédales du sextet. A 20:25, les marins rappliquent pour d'emblée chercher la bagarre, comme tous les marins largués, dirait JP Mader, 'The Fight' castagne méchant, normal avec 4 guitares agressives, une basse post-punk et un batteur percutant, et on oublie le chant fougueux qui fait passer les invectives de Jello Biafra pour un gazouillis de pouliche maniérée.
Malgré l'espace réduit, deux des protagonistes ont décidé de se dégourdir les jambes, Victor vient s'asseoir sur le comptoir, tous s'acharnent comme de beaux diables, trop longtemps cloîtrés dans leur boîte. Décidément, leur chorégraphie ne peut être comparée à un ballet de Béjart.
Un premier uppercut qui fait mal, la boule à facettes parle de déposer plainte auprès de Darmanin.
Les instruments changent d'utilisateurs ( sauf la batterie) pour 'Guess who's back' .
On a essayé de deviner, vu l'accent, on a pensé à Ian Dury, c'était pas lui!
Le tempo est plus lent, les riffs n'en sont pas moins acérés.
'Vertigo of love' ( merci Alain), une berceuse noisy, est décorée d'une trompette destinée à amadouer Juliette, qui, tu le sais, a de l'esprit.
On nous balance quelques pointes de surf à la Pulp Fiction, un chant tantôt douceâtre, tantôt scandé, des piques psychédéliques, du tribal, du funk blanc, des cassures, des reprises pas molles... tout ça a l'air décousu, mais les alchimistes savent pertinemment ce qu'ils font et le public les suit dans leurs délires.
Tu dis, Francine?
Déjanté... pas commun, en tout cas!
Les marais ne sont pas un thème courant dans le rock, avance l'humoriste.
Il ne doit pas connaître le swamp rock.
Jean Marais a souri, ils ont envoyé ' The team and the beast' , sans doute pour le copain de Jean Cocteau.
Après ce nouvel épisode cinématographique, plein de rebondissements, et achevé en queue de poisson, c'est 'We are Victorious, une réponse à Queen, qui déboule.
Le slow est amorcé par un cliquetis de baguettes, le chant d'abord narré, se transforme en hymne de stade digne des Monty Python.
Mathilda a voulu entamé une valse, en compagnie de Tom Waits, malheureusement, elle a abandonné cette idée suite au manque d'espace .
Une amorce cathédrale annonce ' In the claws of Cremazilla', peut-être un bébé, non reconnu, de Godzilla.
Cet alt rock sophistiqué a démarré tout en douceur, petit à petit le ton monte, le public attend l'explosion.
Le claviériste abandonne ses touches pour venir frapper un jeu de congas, ça y est c'était le signal de la déferlante qui nous ramène vers Thee Oh Sees, King Gizzard et quelques autres fêlés notoires.
'The council of the kings', les rois aiment les Beatles , la plage démarre en mode serein, cette valse kitsch a énormément plu à Ringo ( pas celui de Sheila, l'amoureux des gondoles), mais ici aussi, on sait que The Big Idea va brouiller les pistes et changer son fusil d'épaule.
Un passage effervescent, on assiste au retour de Gilbert O'Sullivan, tu prévois une fin calme, erreur fatale, la conclusion sera plus fébrile que le 'Sultana' de Titanic, car le conseil des souverains s'est fondu dans 'The Margarina Hotel' un endroit où l'huile de palme est proscrite.
Pris d'une inspiration soudaine, le barman s'est mis à fouetter une cloche pendue au dessus des bouteilles de gnôle, du coup, folie générale dans le zinc.
On nous promet ( une nouvelle fois) une belle chanson car c'est la dernière, 'The War' est scandé par tous les miliciens qui, baïonnette au canon, font sus à l'ennemi, en l'occurrence nous !
C'est la soirée de tous les dangers, on a évité de justesse d'être transformés en brochettes, pas halal, par contre la boule miroitante a rendu l'âme, victime d'un coup fatal.
Voilà, c'est l'heure de ramasser les cadavres, le massacre a pris fin.
Arnaud: et le bis, messieurs?
Ce sera un extrait de l'album nautique, ' King Cabral' , une marche décorée d'entrelacs de guitares, de lignes d'harmonica discrètes et d'un envol de trompette majestueux.
Fin d'un concert qui entrera dans les annales!