Zoe Boekbinder au Poisson Sans Bicyclette - Schaerbeek - le 31 octobre 2018
'Un poisson sans bicyclette' est le titre d'un roman publié par Isabel Ascencio en 2014, c'est également le nom d'un café schaerbeekois, niché au rez-de-chaussée de la Maison des Femmes, rue Josaphat.
Paraît que le café est un lieu typiquement masculin, l'équipe qui a décidé d'ouvrir l'établissement a voulu en faire un café à vocation féministe où les hommes ne sont pas bannis.
En dehors de la prédestination première de l'espace, le consommateur se voit proposer une petite restauration et les murs accueillent des expositions, conférences, débats, projections cinématographiques ou concerts.
Pas de crétinerie Halloween en ce 31 octobre, mais un concert de queer folk ( en collaboration avec Pullet Rocks) donné par Zoe Boekbinder.
Zoe Boekbinder was born on an early winter morning, in the upstairs
bedroom of a brown wooden farmhouse on Regional Route #3, in a small
township in Ontario, Canada. ... pour la suite, tu te penches sur sa bio publiée sur son site, sache toutefois que papa et maman Boekbinder ont quitté le Canada pour s'établir aux States, que Zoé a formé un groupe, catalogué cabaret, ,vec sa soeur Kim , Vermillion Lies ( deux albums, deux EP's), avant de faire cavalier solitaire et sortir une flopée d'albums, le dernier 'Shadow', vendu sur place, sortira officiellement le 24 novembre.
Zoé ouvre le set en s'accompagnant à la guitare with a song about consent and non-consent also in the queer community, ' Haunted' est le titre ouvrant son prochain album .
La voix est lumineuse, limpide, dans la veine d'une Joan Baez, un timbre qu'un jour Bob Dylan décrivit en ses termes... her voice was like that of a siren from off some Greek island. Just the sound of it could put you into a spell....
'What Have I Done?' traite de situations embarrassantes, elle questionne... what have I done to make you run... you made me your enemy...la profondeur, la retenue, la justesse de ton de la relieuse évoque d'autres artistes issus de la scène indie folk, des gens aussi talentueux et impressionnistes que Marissa Nadler, Emily Jane White ou Mariee Sioux.
'Not what I need' a été écrit juste après l'élection de Trump, je me suis enfermée chez moi pour peindre des aquarelles.
Elle entame la chanson sans instrument avant de mettre ses vocalises en boucle.
On ne pourra pas taxer Zoé Boekbinder de fantaisiste, le titre suivant, le plus poignant du concert, aborde le suicide de son amie, ' Now you're gone', murmuré a capella, paupières closes et doigts serrés sur la bague que sa compagne lui avait confiée, aura ébranlé une bonne partie de l'auditoire.
Une superbe chanson.
Retour à la guitare pour un nouvel extrait de 'Shadow' pour lequel elle confie ... I have learned to forgive faults in myself and people around me...
I hope one day I'll be wise ... t'as pas voulu la décevoir, tu ne lui as pas soufflé que le nombre des années n'apporte pas forcément davantage de sagesse.
Le plus ancien ' Don't tell me' offre un fond gospel attrayant, l'usage des effets évoquant tUnE-yArDs.
Le premier set s'achève par ' Scared to mess it up' relatant sa dernière aventure amoureuse, après avoir utilisé le micro comme éventail pour produire une impression flottante, elle nous confie ses émois amoureux avant d'annoncer une pause de 10 minutes.
Buy yourself a drink, pay a visit to the bathroom and come back to listen to the second act.
Un second set qui débute par une version française de l'amusant 'Salt water' , émaillé de quelques trous de mémoire.
En 2015, j'ai décidé d'écrire une chanson quotidiennement et ce pendant 100 jours, il y a du déchet mais j'ai gardé 'Grass or the ground'.
La vie de Zoé ne manque pas de piment, elle a donné plusieurs concerts dans des pénitenciers, une expérience édifiante, se produire dans la bibliothèque de la prison devant les détenus, à 8 h du matin, ou devant des condamnés placés en isolement cellulaire 23h sur 24, marque, forcément, l'être humain.
'Monster', un extrait du 'Prison Music Project' a été écrit par un de ces condamnés, Zoé a mis son texte en musique.
La tournée européenne a débuté fin septembre, pendant près d'une semaine j'ai été quasi aphone, heureusement j'ai récupéré ma voix il y a une semaine, la suivante, 'Rise' est également issue de mon passage dans l'univers carcéral.
Un ton liturgique illustre cette complainte prenante.
'Possibilities' évoque des thèmes tels que le racisme ou l'inégalité des sexe, le morceau précède 'Shadow' le titletrack de la nouvelle production, everything we do is an effort to escape sadness, affirme la chanteuse.
'Becoming a nun' est à prendre au second degré, it's not because of God, au couvent les bonnes soeurs vivent entre femmes.
Le folky pop léger 'December' date de 2009, il est suivi par la dernière tirade prévue sur la playlist, la comptine 'Seven times', embrouillée par les allées et venues d'intrus bruyants.
A sip of tea avant le rappel, logique, sollicité par un public conquis, 'Paralyzing' baigne dans les mêmes eaux que certains titres d'Alela Diane et conclut de belle manière un concert captivant.