samedi 6 octobre 2018

Hugh Coltman à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le5 octobre 2018

Hugh Coltman à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le5 octobre 2018

La Passerelle, pub: amateurs de jazz, de blues, de voix et de bon son : ne ratez pas le concert d'Hugh Coltman vendredi prochain 5 octobre à 20h30.
Après  "Tra La La !" la mise en chanson des textes de Christian Prigent, c'est donc le second événement musical de la nouvelle saison dans l'admirable complexe briochin.
Si le  Théâtre Louis Guilloux n'affichait pas complet, il est était toutefois généreusement étoffé.

Hugh Coltman, le plus Frenchie des natifs de Devizes, a market town in the centre of Wiltshire, s'est tapé une excursion à  New-Orleans pour s'imprégner de la musique jaillissant du Congo Square et enregistrer un quatrième full CD, ' Who's happy' qui succède à son hommage à Nat King Cole.
T'as dû réfléchir un bon moment pour te souvenir  à quelle époque tu avais croisé l'ex - bluesman, leader de The Hoax, c'était en 2009, les Nuits Botanique, il partageait l'affiche avec un autre playboy aimant la France, Charlie Winston!

Le théâtre est éclairé par de mini-lampadaires diffusant une lumière délayée nous permettant,  à peine, de deviner l'apparition des musiciens, ils sont sept:  Frédéric Couderc, clarinette / sax baryton, et un  bizarre swanee slide sax/ Jérôme Etcheberry, trompette ( il s'est tapé Marciac avec son quartet)/ Jerry Edwards ( le Ricain) , trombone/ Didier Havet et son volumineux soubassophone/ Eric Sauviat, guitare ( Cabrel, Johnny, Biolay, Boulay....)/ Gael Rakotondrabe,  winner of at the Montreux Jazz Solo Piano Competition au piano ou aux claviers et  Raphaël Chassin, batterie ( Salif Keita, Nouvelle Vague, Vanessa Paradis, Pauline Croze.....).
Au vu de leur carte de  visite, tu as deviné que Hugh n'est pas allé les dénicher au bureau de chômage.
Eric et Raphaël sont les premiers à se présenter pour amorcer l'intro de 'Civvy Street', le piano se fait entendre, l'équipe complète a pris place, puis Hugh, d'une élégance raffinée, apparaît pour crooner ce mambo classieux, décoré d'un étonnant solo de guitare dans les tons graves.
Ce n'était que la mise en bouche mais déjà Saint-Brieuc a saisi que les agapes seraient fastueuses!
Hugh et le français...
Le Britannique entame une parlotte sans cérémonie avec le public, la prochaine chanson peut-être considérée comme une berceuse pour la première puissance mondiale, despite his haircut, this  song is for Donald, ' Sugar coated pill'
.Le soubassophone fait le show, le piano gambade, Hugh badine.
Forcément ce jazz capricieux, dominé par les cuivres de Louisiane, évoquent des gens tels que Tom Waits ou Dr. John.
Après s'être inquiété de notre santé, le dandy enchaîne sur le mystérieux  'The Sinner', introduit par les sonorités proches du theremine concoctées par le swanee sax.
'Ladybird', un downtempo bluesy, permet la mise en évidence des talents du guitariste et de la trompette avec laquelle, en vocalises, Hugh entame un dialogue châtié.
Virage groove pour suivre, 'It's Your Voodoo Working'  de Charles Sheffield, dans lequel certains reconnaissent le Mojo de Muddy Waters.
Dur, dur de rester coincé dans ton fauteuil alors que tout le corps ne demande qu'à se trémousser.
Une voisine craque pendant le solo d'orgue du  jeune Gaël, toute la rangée de sièges chaloupe en suivant la cadence qu'elle imprime.
Confidences, l'illumination m'est venue dans un cimetière à  ' New Park Street', j'y ai rencontré une fille et woah, on s'est embrassé, j'ai oublié qu'il pleuvait et que mon boulot me faisait chier!
Après cette ballade étincelante pendant laquelle Jérôme traverse la salle avec sa trompette mélancolique, Hugh place son batteur sous les feux de la rampe, c'est par un solo à la Sonny Greer que Raphaël amorce 'Caravan', le standard de Duke Ellington.
Hugh et ses complices se donnent à fond tout en prenant du plaisir, Saint-Brieuc savoure!
Des benjamins dans la salle?
Non, j'étais le cadet, je n'ai jamais porté de vêtements neufs, je récupérais ceux de mon grand frère, ' Hang me downs' in English!
Ce titre nostalgique, chanté en partie en français,  est interprété en duo, Hugh et Eric à l'acoustique, la clarinette s'invitant pour terminer la romance.
 Stripped down to a three piece ( les deux acoustiques, la batterie) pour ' All slips away', un morceau intimiste, dédié à son paternel souffrant d'Alzheimer.
La voix et la mélodie évoquent à la fois Bill Withers et Jeff Buckley.
It's damn hot in Brittany, je tombe la veste avant d'attaquer le late jazz tune 'Sleep in Late' qu'il interrompt pour  en éclaircir le thème.
Si ça vous dit de danser, ne vous en privez pas, le juteux  ' Resignation letter' invite effectivement à la danse , comme si The Meters avaient convié un petit blanc parisien, ex- anglais, a partagé la scène avec eux.
Emu, tu revois un autre esthète, trop tôt disparu, Robert Palmer!
La salle se lèvera, enfin, pendant l'étonnante version de 'Daydream' des Lovin Spoonful, un à un les musiciens quittent la scène, le pianiste étant le dernier à voir le Titanic sombrer dans des flots noirs.

La séance de rappels démarre par un instrumental torride, 'The colonel is cooking', ce militaire aime les épices, suivi par le classique ' That old black magic', Hugh n'avait pas les yeux bleus, ni le galurin de Frank,  mais l'enchantement était bien présent.
Après de courts palabres, Saint-Brieuc aura droit à une sucrerie interprétée en trio ( voice, piano, drums), ' Little big man' basée sur un poème composé par maman, Hugh était en âge d'école.
C'est assis sur le bord de la scène que le fan de Nat King Cole vient fredonner cette dernière perle.

Le 13 octobre La Passerelle reçoit Camille Thomas et l'Orchestre Symphonique de Bretagne.