EMA - Dubais - Rotonde du Botanique- Bruxelles, le 24 septembre 2017.
Autumn
Falls, le festival itinérant organisé par Toutpartout , a débuté le 20
septembre, ce dimanche la booking agency a placé EMA et Dubais à La
Rotonde du Botanique.
Tu n'y es pas, Dubais
n'a pas grand chose à voir avec l'émirat du Golfe Persique, il s'agit du
projet de l'artiste multi-culturelle Nadia Buyse qui réside soit à
Portland, soit à Berlin.
Que la madame soit un brin givrée est une évidence, si t'espérais un concert traditionnel, tu en seras pour tes frais!
Nadia,
l'excentrique, aurait fait partie de pas moins de 37 groupes, elle se
qualifie également d'artiste visuelle ou d'activiste féministe.
Musicalement, elle décrit le projet Dubais comme du Arabfuturist, lo-fi bedroom pop, dark disco!
Et?
Tu
la prends au second degré, tu te marres, elle chante bien, son show
tient autant de la stand-up comedy que du burlesque, voire du
chaplinesque, ce qui gêne, par contre, c' est le côté karaoké.
Ils
sont de plus en plus nombreux les artistes se contentant de fouler nos
scènes en tenant un micro alors que le fond sonore émane d'un PC, d'un
disque ( cf Mister Goodnite) ou de bandes pré-enregistrées.
Une approche que tu peux accepter au cabaret, mais s v p, ne nous parlez plus de concert!
Avec 25' de retard sur l'horaire, Miss Buyse rapplique, salue et questionne, que pensez-vous de ma nouvelle guitare?
Un instrument décoratif, constatera le Bota plus tard!
I
don't care about the sun.. susurre-t-elle, sur fond de programming,
pour démarrer le set, 'Sun' (FUCK) s'entend sur un three piece EP
baptisé 'Oneliners',
Elle gratte sa guitare neuve qui fait gling, gling, gling, et ne s'en soucie guère.
Après
avoir abandonné le jouet, la diva va tripoter son laptop et lance 'Sun'
(Emancipation), une ballade synth/dream pop bien foutue.
Où vas-tu, Nadia?
Oh,
elle prend des risques en escaladant une enceinte, comme la souplesse
ne semble pas être sa plus grande qualité, le Bota tremble. Là-haut elle
roucoule 'Sun' (Set) puis nous envoie un bisou et fait mine de
disparaître.
Fausse sortie, la suivante évoque Jimmy Sommerville,
lascivement elle s'approche de nous, tu crains le pire, ouf, elle vient
faire la cour au puceau à tes côtés.
Bonsoir, papa, lance-t-elle en ramassant sa guitare.
Bonsoir, baby, répond un brave homme assis à l'arrière.
This is a new song, called 'December', miracle, elle a réussi à faire entendre ses accords.
Après une élégante romance electro vient ' I Don't Want To Die (I'm Going To Kill You)'.
Salope, c'est sur toi qu'elle tire, elle t'a raté mais parle de t'égorger pendant que tu sommeilles.
Grande tarée!
En s'appuyant sur la tête de JP elle descend parmi nous, vient chanter une dernière rengaine avant de s'affaler sur le plancher.
Poliment un gentleman l'aide à se relever, elle sourit, puis s'efface.
21:10 EMA
Erika
Michelle Anderson a débuté sur les scènes au début du siècle en se
produisant avec le noise rock combo Amps for Christ, par la suite on la
retrouve au sein de Gowns avant d'entamer un voyage en solitaire et de
sortir l'album Little Sketches on Tape qui lui vaut d'être remarquée par le magazine Rolling Stone.
Avec le suivant, 'Past Life Martyred Saints', la presse anglaise voit en elle le successeur de Sonic Youth , son drone-folk fait impression.
2017,
un cinquième album, en tenant compte de la bande-son du film 'Horror',
est dans les bacs, 'Exile in the Outer Ring' nous vaut cette tournée.
Arrivent
en éclaireur, Susan Lucia, une attirante fille se chargeant des drums
et des backings, et un complice de longue date, Leif Shackelford, au
violon électrique, basse, keys et programming.
Erika les rejoint pendant la longue intro, concentrée, elle prend la pose militaire.
Elle est vachement grande cette nana, constate un voisin.
'Where the darkness began' est récité d'une voix d'outre-tombe, semblant émerger de la brume.
C'est certain, on ne va pas rire souvent pendant ce set.
Le
trio enchaîne sur ' I wanna destroy' pour lequel la grande bringue,
fringuée d'un short de basketteur trop grand, a saisi sa guitare, le ton
monte, la voix se fait colérique, tu la crois quand elle profère I
wanna destroy, JP a intérêt à garer ses objectifs.
'Butterfly
knife' est tout aussi grinçant, ton cerveau avance PJ Harvey, Shannon
Wright ou Cat Power, Ema, 35 piges tout de même, avec son look de
gamine délurée, intimide!
Qui était présent au Bota lors de mon précédent passage, c'était à l'Orangerie?
Une dizaine de mains se lèvent, elle amorce 'Anteroom' et, comme elle, on sent la présence d'un fantôme pas bien luné.
'Blood
and chalk' te refile des frissons, mais pas de bonheur, tu baignes dans
une atmosphère de film d'horreur, il faut que tu te contrôles si tu ne
veux pas pisser dans ton froc.
Elle n'a pas l'intention de lâcher
prise, le violon lance la suivante ( 'Satellites'), la blonde enfant se
couvre les yeux avant de s'y mettre et d'entamer un chant entêtant.
Elle
se dirige vers les premiers rangs, vient serrer quelques mains tendues
tandis que ses complices sculptent un fond industriel digne de Blixa
Bargeld.
Elle nous promet a new one, un titre revendicatif mixant
electro, folk noir et hip hop, après avoir proféré ...I wanna say go
away... you know I got to find a way... elle se laisse choir pour
terminer sa tirade agenouillée.
Toujours chanté et joué dans
l'urgence vont se succéder, ' Fire Water Air LSD' et, après avoir
insisté auprès de l'éclairagiste to dim the lights, l'étouffant
'Breathalyzer' .
Elle ingurgite une petite pilule, ramasse sa
guitare, à gauche, Susan frôle ses cymbales avec des balais, ' The Grey
Ship' semble vouloir naviguer sur une mer paisible, il faudra attendre
cinq minutes avant de voir les vents se lever, les flots se déchaîner
et venir percuter l'embarcation.
Rien n'est jamais lisse chez EMA.
' California' achève ce set, de 50', d'une intensité épique.
Le bis!
Un
dernier extrait de 'Exile in the Outer Ring': 'Marked' te laissera des
marques, il te faudra bien 5 bières pour espérer effacer ces griffes
indélébiles!