Marc Ysaye : "Back to Avalon" - Le Belvédère, Namur (BEL) -202203.06
Set List :
1. The Night is Done..
2. The Lonely Roads.
3. What I Deserve.
4. Scarborough Fair.
5. Find the cost of Freedom.
6. Sign for Everything.
7. Back to Avalon.
8. Song For A.
9. Get it on.
10. Bitter Creek.
11. Over the Hill.
12. Rollin' Machine.
13. Lay Down.
14. Radar Love.
Malgré les conditions climatiques nettement défavorables, pour ne pas dire carrément hostiles, c’est armé de mon parapluie et d'une bonne dose de courage, à moins que ce ne soit un grain de folie, que j’abandonne mon Condroz natal en direction de Namur, la capitale. Quelle peut-être la motivation qui me pousse à quitter mon "foyer, doux foyer" et à abandonner la légendaire chaleur familiale qui le caractérise tellement bien ? Je te sens trépigner d'impatience depuis que j’ai posé la question alors tu mérites bien de savoir, pauvre mortel que tu es : Marc Ysaye donne ce soir le troisième concert du «Back To Avalon » Tour 2020.
Je vais devoir, tel un Frison-Roche de la gadoue, m’élancer à l’assaut des pentes abruptes aux sentiers boueux de cette magnifique citadelle remaniée en son temps par maître Vauban, grand architecte du Sun King lui-même. L'imposante place forte qui domine la vallée Mosane a bien du mal à se composer un visage un tant soit peu avenant en cette période de disette solaire qui a une fâcheuse tendance à s'éterniser dans nos régions. Je m'arrête quelques secondes et regarde se dresser devant ma pauvre condition de piéton, cette montagne à côté de laquelle les cols du tour de France font bien pâle figure. Un tantinet de chauvinisme fait du bien, non ? Allez, c'est parti pour vingt minutes d'ascension pendant laquelle le moindre faux pas risque de me faire m’écraser dans la boue épaisse et glacée du "Chemin des Canons". Tiens, à propos de canon, je ne cracherais pas sur un ch'ti coup de gouleyante vinasse moi !
Bon-an mal-an, je parviens enfin à mes fins, et j’ai la dalle. Tu auras remarqué que je n'ai pas dit "J'ai faim" pour éviter que ta mauvaise langue légendaire qualifie ma prose d'itérative et ce, même si, je te l'avoue, j'ai été plus que tenté. C’est donc le cœur léger et les chaussures lourdes que je m'aventure dans le belvédère d'où s'échappent déjà quelques accords mineurs qui me font dire que la balance est en cours, ce qui en soi est d'une importance majeure. Après tous ces efforts, quoi de mieux que quelques "Ré" qu'on fore, de "Si", de "La", à "Mi "chemin, entre le" Sol" et le" Fa"?
Le maître de cérémonie est déjà là et nous ne manquons pas de nous saluer, comme le font des amis. La balance est accomplie avec beaucoup de sérieux, quatre voix à mettre en place, cela demande de la précision et du temps, une fois le concert commencé, il sera trop tard. On peut donc déjà être satisfaits à ce point-là. Il n'y a plus qu'à prendre patience, ce que je fais avec beaucoup d'aisance et de détermination. Au dehors, les détenteurs de préventes arrivent au goutte à goutte sous un ciel chargé de nuages. Après une première partie sympa assurée par le duo Elia Rose, c'est au tour de Marc et son band de prendre la scène, nous allons enfin découvrir de quoi est fait le répertoire de cette nouvelle tournée.
"Back To Avalon" , qui fait immédiatement penser aux légendes de la table ronde, est en fait une métaphore pour désigner l'endroit secret dans lequel le fondateur de Classic 21 aime se réfugier lorsqu'il a besoin de s'isoler du monde extérieur et de trouver un peu de calme, de sérénité. Cet album va certainement en surprendre plus d'un, car si on est en droit de supposer que celui qui a assis le Rock au premier plan de notre paysage radiophonique quotidien allait naturellement suivre le même cheminement, c'est raté ! Pas de riffs à la Led Zeppelin, pas de mélodies qui rappellent les Fab Four, pas de claviers à la Deep Purple, et encore moins d'envolées à la Pink Floyd, non, rien de tout ça. Ce n'est pas non plus l'album d'un batteur, c'est simplement l'œuvre d'un homme qui prend le risque de quitter sa zone de confort pour s'exposer au premier plan, au poste le plus risqué et le plus visé médiatiquement parlant : celui de chanteur. Marc Ysaye a voulu cet album plus personnel, plus intimiste, plus en finesse, plus en retenue. Co-écrit en collaboration avec le guitariste Christophe Pons, "Back to Avalon" comporte deux titres qu'Ozark Henri a offerts à Marc ainsi qu'une magnifique reprise de" Scarborough Fair" un traditionnel issu du patrimoine folklorique anglais repris en son temps par Simon et Garfunkel ou encore par Marianne Faithfull pour ne citer qu'eux.
Et puis il y a sans contestation possible cette fantastique pièce instrumentale appelée tout simplement « Song For A » parce que composée en son temps par Albert Letecheur. On se prend à regretter que cette œuvre ne s’étende pas sur dix minutes ou plus. On y sent la précision diabolique de ce qu’aurait pu produire un groupe comme Steely Dan. Petit détour par la Country-Rock avec "The Lonely Roads" , un morceau dans lequel on ressent les influences subtiles de Dire Straits. J'ai beaucoup aimé la prestation sur "The Night is Done" qui installe d'emblée le climat légèrement feutré du concert. N'allez pas croire un instant que c'est soporifique, que du contraire, c'est savamment dosé. Très bon équilibre entre les différentes ambiances. Mon coup de cœur va sans hésiter à "What I Deserve qui me replonge au centre vital de ce qu'était le fabuleux "With A Little Help From My Friends" version Joe Cocker. La version présentée, tant en concert que sur album aurait très bien pu en être la suite si celle-ci avait été écrite. Ecoutez le jeu de Chistophe au bottleneck, vous m'en dire des nouvelles.
Côté Rock plus dur, celui auquel nos oreilles sont plus familières, citons "Get It On" et son fameux solo de guitare. Sans oublier "Rolling Machine" et ses références évidentes à Free et à Bad Company. Ca groove d'enfer.
Très belle reprise de "Bitter Creek" des Eagles avec encore une fois de magnifiques harmonies vocales. J'ai passé une excellente soirée à l'écoute de ce très bon concert et je trouve dommage qu'il n'y ait pas eu plus de publicité ciblant l'évènement. Le spectacle prend doucement ses marques et je suis impatient de revoir prochainement le Marc Ysaye Band. Coup de chapeau à vous tous. A bientôt donc.
Mitch « ZoSo » Duterck
Set List :
1. The Night is Done..
2. The Lonely Roads.
3. What I Deserve.
4. Scarborough Fair.
5. Find the cost of Freedom.
6. Sign for Everything.
7. Back to Avalon.
8. Song For A.
9. Get it on.
10. Bitter Creek.
11. Over the Hill.
12. Rollin' Machine.
13. Lay Down.
14. Radar Love.
Malgré les conditions climatiques nettement défavorables, pour ne pas dire carrément hostiles, c’est armé de mon parapluie et d'une bonne dose de courage, à moins que ce ne soit un grain de folie, que j’abandonne mon Condroz natal en direction de Namur, la capitale. Quelle peut-être la motivation qui me pousse à quitter mon "foyer, doux foyer" et à abandonner la légendaire chaleur familiale qui le caractérise tellement bien ? Je te sens trépigner d'impatience depuis que j’ai posé la question alors tu mérites bien de savoir, pauvre mortel que tu es : Marc Ysaye donne ce soir le troisième concert du «Back To Avalon » Tour 2020.
Je vais devoir, tel un Frison-Roche de la gadoue, m’élancer à l’assaut des pentes abruptes aux sentiers boueux de cette magnifique citadelle remaniée en son temps par maître Vauban, grand architecte du Sun King lui-même. L'imposante place forte qui domine la vallée Mosane a bien du mal à se composer un visage un tant soit peu avenant en cette période de disette solaire qui a une fâcheuse tendance à s'éterniser dans nos régions. Je m'arrête quelques secondes et regarde se dresser devant ma pauvre condition de piéton, cette montagne à côté de laquelle les cols du tour de France font bien pâle figure. Un tantinet de chauvinisme fait du bien, non ? Allez, c'est parti pour vingt minutes d'ascension pendant laquelle le moindre faux pas risque de me faire m’écraser dans la boue épaisse et glacée du "Chemin des Canons". Tiens, à propos de canon, je ne cracherais pas sur un ch'ti coup de gouleyante vinasse moi !
Bon-an mal-an, je parviens enfin à mes fins, et j’ai la dalle. Tu auras remarqué que je n'ai pas dit "J'ai faim" pour éviter que ta mauvaise langue légendaire qualifie ma prose d'itérative et ce, même si, je te l'avoue, j'ai été plus que tenté. C’est donc le cœur léger et les chaussures lourdes que je m'aventure dans le belvédère d'où s'échappent déjà quelques accords mineurs qui me font dire que la balance est en cours, ce qui en soi est d'une importance majeure. Après tous ces efforts, quoi de mieux que quelques "Ré" qu'on fore, de "Si", de "La", à "Mi "chemin, entre le" Sol" et le" Fa"?
Le maître de cérémonie est déjà là et nous ne manquons pas de nous saluer, comme le font des amis. La balance est accomplie avec beaucoup de sérieux, quatre voix à mettre en place, cela demande de la précision et du temps, une fois le concert commencé, il sera trop tard. On peut donc déjà être satisfaits à ce point-là. Il n'y a plus qu'à prendre patience, ce que je fais avec beaucoup d'aisance et de détermination. Au dehors, les détenteurs de préventes arrivent au goutte à goutte sous un ciel chargé de nuages. Après une première partie sympa assurée par le duo Elia Rose, c'est au tour de Marc et son band de prendre la scène, nous allons enfin découvrir de quoi est fait le répertoire de cette nouvelle tournée.
"Back To Avalon" , qui fait immédiatement penser aux légendes de la table ronde, est en fait une métaphore pour désigner l'endroit secret dans lequel le fondateur de Classic 21 aime se réfugier lorsqu'il a besoin de s'isoler du monde extérieur et de trouver un peu de calme, de sérénité. Cet album va certainement en surprendre plus d'un, car si on est en droit de supposer que celui qui a assis le Rock au premier plan de notre paysage radiophonique quotidien allait naturellement suivre le même cheminement, c'est raté ! Pas de riffs à la Led Zeppelin, pas de mélodies qui rappellent les Fab Four, pas de claviers à la Deep Purple, et encore moins d'envolées à la Pink Floyd, non, rien de tout ça. Ce n'est pas non plus l'album d'un batteur, c'est simplement l'œuvre d'un homme qui prend le risque de quitter sa zone de confort pour s'exposer au premier plan, au poste le plus risqué et le plus visé médiatiquement parlant : celui de chanteur. Marc Ysaye a voulu cet album plus personnel, plus intimiste, plus en finesse, plus en retenue. Co-écrit en collaboration avec le guitariste Christophe Pons, "Back to Avalon" comporte deux titres qu'Ozark Henri a offerts à Marc ainsi qu'une magnifique reprise de" Scarborough Fair" un traditionnel issu du patrimoine folklorique anglais repris en son temps par Simon et Garfunkel ou encore par Marianne Faithfull pour ne citer qu'eux.
Et puis il y a sans contestation possible cette fantastique pièce instrumentale appelée tout simplement « Song For A » parce que composée en son temps par Albert Letecheur. On se prend à regretter que cette œuvre ne s’étende pas sur dix minutes ou plus. On y sent la précision diabolique de ce qu’aurait pu produire un groupe comme Steely Dan. Petit détour par la Country-Rock avec "The Lonely Roads" , un morceau dans lequel on ressent les influences subtiles de Dire Straits. J'ai beaucoup aimé la prestation sur "The Night is Done" qui installe d'emblée le climat légèrement feutré du concert. N'allez pas croire un instant que c'est soporifique, que du contraire, c'est savamment dosé. Très bon équilibre entre les différentes ambiances. Mon coup de cœur va sans hésiter à "What I Deserve qui me replonge au centre vital de ce qu'était le fabuleux "With A Little Help From My Friends" version Joe Cocker. La version présentée, tant en concert que sur album aurait très bien pu en être la suite si celle-ci avait été écrite. Ecoutez le jeu de Chistophe au bottleneck, vous m'en dire des nouvelles.
Côté Rock plus dur, celui auquel nos oreilles sont plus familières, citons "Get It On" et son fameux solo de guitare. Sans oublier "Rolling Machine" et ses références évidentes à Free et à Bad Company. Ca groove d'enfer.
Très belle reprise de "Bitter Creek" des Eagles avec encore une fois de magnifiques harmonies vocales. J'ai passé une excellente soirée à l'écoute de ce très bon concert et je trouve dommage qu'il n'y ait pas eu plus de publicité ciblant l'évènement. Le spectacle prend doucement ses marques et je suis impatient de revoir prochainement le Marc Ysaye Band. Coup de chapeau à vous tous. A bientôt donc.
Mitch « ZoSo » Duterck