Leili Djan à l’église Saint-Tugdual de Pabu le 15 décembre 2019
La commission d’animation culturelle de Pabu organise traditionnellement un concert de Noël, avant le 359e jour de l'année du calendrier grégorien, dans l’église Saint-Tugdual, un saint, qui comme Valentin, aurait eu la faculté de guérir les épileptiques.
En ce dimanche 15 décembre, l'édifice religieux, dont les voûtes sont ornées d'une fresque imposante que l'on doit à l'artiste Bernard Le Quellec, a fait le plein pour le récital du trio Leili Djan « Au fil des rencontres de la Bretagne vers l’Orient ».
Le trio, dont c'était le premier concert, est constitué de Jean Le Floc’h ( accordéon) , Maëlle Vallet ( qanûn) et Florian Bellec ( tombak, daf ou riqq, instruments de percussion utilisés au Moyen-Orient).
Ces musiciens ne peuvent pas être considérés comme des néophytes, Maëlle, qui manie aussi la harpe, fait partie de l'équipe qui tourne avec Denez, elle sévit également au sein de Kazut de Tyr qui se produit souvent avec le barde kurde, Rusan Filiztek.
Jean, lui aussi membre de Kazut de Tyr, fait danser la Bretagne avec Le Bal Floc'h, s'amuse, notamment, avec Oktopus Kafe, Idéal Jazz ou le Balafent Majik Tro.
Florian secoue ses tambourins exotiques chez Tayir, il lui arrive, également, d'accompagner la conteuse Julie Bellule.
La représentation a débuté par une prestation des élèves harpistes de l’école de musique de Guingamp Communauté (sous la direction de Maëlle Vallet).
Quatre jeunes, émules de Lily Laskine, et leur maître d'école ont proposé un traditionnel portugais, il est suivi d'un extrait, chanté, du soundtrack de Rob Roy, harpe et flûte accompagnent la voix cristalline de l'interprète et nous plongent dans un univers New Age proche d'Enya .
Le prélude s'achève par une danse irlandaise rondement menée.
Les harpes sont rangées dans le transept, Leili Djan prend place pour entamer son périple par une mélodie composée par le sonneur de Rostrenen, Jacky Le Hétet, décédé en octobre dernier.
La riche palette sonore du qanûn, associée aux plaintes de l'accordéon, rapprochent la complainte armoricaine du Concerto d'Aranjuez.
Florian amorce la seconde pièce, envoûtante, d'inspiration ottomane ( Urfa Divan Ayağı).
On demeure en Turquie pour un samai finement ciselé, ' Köyde Sabah' qui se fond dans une nouvelle mélopée propice à la rêverie ou à la méditation.
Les auditeurs sont soudain distraits par un chiroptère pieux ou un pinson mélomane , va savoir, qui virevolte sous la voûte de l'autel sans parvenir à déconcentrer les exécutants.
Les grenouilles de bénitier ont un concurrent!
Le trio poursuit son voyage qui nous conduit en Macédoine pour un Sirtos, suivi par une complainte byzantine léthargique, portée par les modulations particulières de la cithare orientale, évoquant les contes persans des Mille et Une Nuits.
Maëlle tente de nous expliquer la genèse de la pièce d'origine kurde, apprise par le biais de Rusan Filiztek, lorsqu'une dame, assise au fond de l'édifice religieux, lui fait remarquer que les éclaircissements ne sont guère perceptibles, la voix s' élève vers le haut de la voûte mais n'atteint pas la nef, too bad!
Un nouvel enchaînement ottoman, transpirant la sérénité et le raffinement, précède le dernier morceau, mélodieux, originaire de Thrace, où vit une minorité tsigane ayant importé ses danses balkaniques.
Avant de se diriger vers la mairie où le public est convié à un vin chaud, le trio rappelle la classe de harpe, la flûtiste et un duo de chanteuses, pour une version gréco-arabo-turque d'un traditionnel que tous ces territoires considèrent comme appartenant à leur patrimoine.
C'est sous de chaleureux applaudissements que les musiciens saluent l'audience.
Kazut de Tyr se produira le 28 mars au Théâtre de l'Arche à Tréguier.