Après avoir quitté la place du Général-de-Gaulle au pas de course tu parviens à te faufiler à une distance honnête de la scène principale où Charlie Winston a déjà sérieusement entrepris la seconde partie de son set.
A-t-il changé le hobo?
Physiquement, légèrement, il affiche désormais 40 piges, musicalement, pas vraiment!
Son quatrième album ' Square 1' ne marque pas un changement de direction flagrant, Charlie, très British mais amoureux de la France, distille toujours des rengaines faciles à fredonner, bouge beaucoup sur scène et continue à porter ses costards que seuls des Anglais osent enfiler, tandis que sur son crâne traîne l'éternel galurin qui le rend reconnaissable dans le milieu musical.
Ils étaient trois sur scène, Charlie, un batteur et un organiste qui interprétaient le tube ' In your hands' à ton arrivée.
Ils enchaînent sur a new song ( Generation spent) calibrée radio FM, genre easy listening, avant de jeter un coup d'oeil au chrono pour constater...on a joué trop vite, il nous reste pas mal de temps, il faut adapter la playlist, ' Until tomorrow' a été écrit en pensant à un ami.
Ce titre plus élaboré s'éloigne des refrains faciles et mérite le détour, puis vient le sifflement connu amorçant l'imparable ' Like a hobo' chantonné par la place entière.
Saint-Brieuc vous me verrez mieux si j'escalade une enceinte, ce qu'il fît, avant de présenter ses complices ( Thomas et Julien?) et de prendre congé.
Les amateurs de rock et de sensations fortes attendaient Primal Scream , et, sincèrement, la bande à Bobby Gillespie n'a pas déçu.
Pour un groupe qui n'a plus rien à prouver, après trente ans de scène, ils ont donné une leçon d'efficacité, d'énergie et de compétence à une jeune génération souvent blasée, avant d'avoirfait ses preuves.
Leur dernier album studio ( Chaosmosis) date de 2016, en 2019 paraissait Maximum Rock'n'Roll : The Singles, ce soir la playlist est spécialement conçue pour les festivals et aligne tous leurs morceaux les plus rentre-dedans.
Line- up: Bobby Gillespie – vocals, costard rose et flegme British, le fabuleux Andrew Innes – guitar, Simone Butler – bass depuis 2013, sexy et douée, et deux membres quasi invisibles mais performants, Darrin Mooney – drums et Martin Duffy – keyboards.
Démarrer par ' Movin'on up', la première plage de 'Screamdelica' ne pouvait que te donner la chair de poule, les derniers accords ne sont pas encore étouffés que Bobby vient déjà faire la nique aux photographes tout en conservant ce regard absent, si typique.
Ils font très, très fort, avec 'Jailbird' , et ses accents stoniens comme second titre, ils ont réussi à transformer l'esplanade en chaudron.
Andrew Innes s'amuse comme un fou, ses riffs tranchants viennent chatouiller tes entrailles, un voisin, proche des 70 balais, a retrouvé ses jambes de 20 ans et se déhanche comme une go go girl dansant sur le comptoir de la discothèque.
Pas question de faiblir, ' Can't go back' et sa wah wah graisseuse maintient le cap, puis c'est par un roulement de tambour démoniaque qui amorce l'hystérique ' Miss Lucifer'.
Une voix enregistrée introduit 'Kowalski' qui démarre tout en douceur avant de venir agresser tes neurones et te laisser K O pour le compte.
Le downtempo psychédélique ' Higher than the sun' nous invite à côtoyer d'autres galaxies, t'es pas obligé de tirer sur un joint, mais ça peut aider
Une nouvelle bande est envoyée pour ébaucher 'Kill all hippies', bourré d'effets sur la voix et de gimmicks futuristes.
Avions ennemis en vue, sirène en action, envoyez' Swastika eyes' , un morceau sentant le souffre.
Attention hit monumental, 'Loaded' décoré de relents 'Sympathy for the devil' à peine dissimulés.
Jusqu'ici aucun temps mort, aucun bouche-trou, que de la qualité et c'est sans surprise que le combo lâche celle qui doit nous achever, la bombe irrésistible ' Rocks'.
Tu voulais du dense et du brut, t'as été servi.
Merci, madame et messieurs, you were great!
Top of the bill pour Charlotte Gainsbourg, à l'allure toujours adolescente, fine et séduisante, bien qu'elle affiche désormais 47 printemps.
Le podium est à peine éclairé par de grands néons formant des carrés à travers lesquels on devine la chanteuse et ses cinq musiciens: Aurélien Hamm aux
Charlotte n'a jamais été fort diserte, sa timidité sur scène est légendaire et son filet de voix, comme celui de Jane Birkin, est d'une fragilité précieuse mais lorsque, comme ce soir, celle qui va nous interpréter plusieurs plages extraites de 'Rest' et du EP ' Take 2' souffre d'une extinction de voix, les lyrics vont se perdre dans l'instrumentation imposante, dommage!
Le franco-anglais ' Lying With You' ouvre les débats, ce titre électro pudique et aérien fait allusion à son illustre père, il est suivi par les plages tout aussi éthérées 'Ring A-Ring O Roses' et ' I’m A Lie'.
Si l'absence de prouesses vocales peut indisposer certains, Charlotte murmure et ne chante pas, les climats créés, par contre, appellent à la sympathie et à la clémence.
'Heaven can wait', l'ange arrivera un peu plus tard, réservez lui une place.
Elle choisit de quitter le piano pour le rythmé ' Sylvia says' suivi par le non moins remuant 'Paradisco' invitant aux déhanchements.
Confidence, avant je venais par ici en famille ( Jane Birkin envisageait d'acheter un bien sur la Côte de Granit Rose avant d'opter pour le pays de Léon) , maintenant je viens en musique .
Toujours aussi vulnérable, elle insiste en mode electro avec ' Bombs away' et le tournoyant, hypnotique et étendu 'Deadly Valentine' ( près de 7').
Une entrée en matière majestueuse amorce ' Kate' , avec en toile de fond le visage de Kate Barry, tombée du quatrième étage de son appartement.
Je tiens à vous interpréter un des morceaux qui me tient le plus à coeur, ' Charlotte Forever' ;
Sur la place nous étions nombreux à nous imaginer Serge tirer sur sa Gitane en esquissant un sourire narquois.
Elle décide de terminer sa prestation élégante et précieuse par un dernier synthpop, 'Such a remarkable day'.
Un petit salut de la main, direction les loges pour ingurgiter un grog à base de clous de girofle, de cannelle et de citron.