Jazz Middelheim - day two - Park Den Brandt - Antwerpen, le 4 août 2017
36ème édition du Jazz Middelheim, du 3 au 6 août, avec de prestigieux noms au menu: Randy Weston, Bill Frisell, Mingus Big Band , Tony Allen Quartet, Van Morrison, Charles Lloyd , The Cinematic Orchestra, Joshua Redman , Matthew Herbert, Portico Quartet, Dans Dans ou Mark Guiliana...
Une bonne raison pour aller se perdre dans le magnifique parc Den Brandt: château romantique, fontaines admirables et nymphes formant une ronde, jardins à l'anglaise ou à la française, étendues d'eau et parterres fleuris...le paradis!
On y va, JP?
Ok, voor mij, le vendredi 4, c'est bon?
MAIN STAGE
21.30u The Cinematic Orchestra
19.30u Matthew Herbert's Brexit Big Band
17.30u Mark Guiliana Beat Music
15.30u Portico Quartet
CLUB STAGE
23.00u Chantal Acda Big Band
20.50u Chantal Acda Bill Frisell
18.50u Translation
16.50u Chantal Acda Arc Sonoré
Emballé!
Le temps de saluer quelques têtes, de siroter une Vedett, de contempler les lieux et d'admirer l'organisation impeccable et on se dirige vers la grande tente, à l'acoustique impeccable, pour le concert de Portico Quartet.
Mercury Prize-nominated Portico Quartet have always been an impossible
band to pin down. Sending out echoes of jazz, electronica, ambient music
and minimalism, the group have created their own singular, cinematic
sound over the course of four albums... dit la fiche annonçant leur concert à Bristol!
Rien ne peut mieux définir la musique du combo Londonien.
Nick Mulvey a quitté le groupe en 2011, en cet après-midi ensoleillé, Anvers entendra: Jack Wyllie (aux saxes), Keir Vine (keys, hang), Duncan Bellamy (drums, electronics) et Milo Fitzpatrick (bass/double bass).
Leur dernier album ' Living Fields', enregistré sous l'étiquette Portico, date de 2015, un nouvel effort, 'Art in the Age of Automation' est prévu pour la fin du mois.
Le set débute par une nouveauté, 'Endless', à l'intro filmique lancinante, les amateurs de downtempo house ou de postrock cuvée Sigur Rós ne seront pas désarçonnés, les férus de hard-bop un peu plus!
Le hang ajoute quelques touches exotiques à un soundscape aux motifs irisés de tons pastel délicats.
La contrebasse, en grattant les cordes avec une carte de de crédit, probablement périmée, lance ' Ruins' de 2011, drums et percus le rejoignent en utilisant des baguettes sans connotations bancaires, le sax s'immisce dans le récit et soudain tu te remémores le concert que Bill Laurance a donné à Brosella il y a quelques semaines.
Duncan s'adresse au public, il ne peut cacher des origines londoniennes, annonce les premiers titres et propose ' Current history' un acid jazz/lounge que tu peux comparer à du St Germain.
' Visitor' t'invite au voyage, une aura de mystère plane sous la tente, le timbre doux du hang t'invite aux songeries.
' Clipper' puis l'onirisme de la suite ' Line'+ 'Rubidium' te laissent toujours divaguer au coeur du pays des songes.
' Objects' is another new tune.
Après une courte incursion du côté des Hauts du Hurlevent, à moins que ce ne soit chez René de Obaldia qui a entendu du vent dans les branches de sassafras, le quartet attaque 'A luminous beam' à la rythmique électro funk.
' Spinner' et ' City of glass' achèvent ce concert envoûtant et énigmatique à défaut d'être palpitant.
Tu décides de te passer des concerts de la club stage pour flâner sur le site au cadre idyllique.
Au Middelheim tu es à mille lieues du festival crado où tu dois éviter les ivrognes qui te crachent dessus et pissent n'importe où, les camés qui te fixent sans te voir, sans oublier les effluves de junk food que la fermière n'oserait pas refiler à ses poules, ici la correction et le savoir-vivre sont de rigueur.
Quoi, mec?
Sale bourgeois...
On assume!
Mark Guiliana Beat Music
Le batteur Mark Guiliana est artiste en résidence au Jazz Middelheim, la veille il se produisait avec son Jazz Quartet et dimanche, il jouera aux côtés de Penny Freeman, ce grand copain de Brad Mehldau, feu David Bowie ou d' Avishai Cohen, se présente aujourd'hui avec son projet Beat Music.
Chris Morrissey ( basse) et le sorcier Jason Lindner ( keyboards and synthesizers) l'accompagnent dans ses chimères improvisées.
Un album est né de ces jams, ' The Los Angeles Improvisations'.
Pas de setlist, évidemment!
Dire que Mark Guiliana est un surdoué inventif est une lapalissade, la technique de ce mec est époustouflante, croches ou triolets d'une rapidité à faire taire Speedy Gonzales, changements de tempo inattendus, agressivité ou subtilité, sa palette est incroyablement riche, il s'est choisi des complices à son niveau, Chris Morrissey peut se vanter d'avoir joué avec The Bad Plus, il allie lui aussi sobriété ou fulgurances, quant à l'exubérant Jason Lindner , un autre acolyte de David Bowie , il mélange electro groove, audaces avant-garde et doigté, ce n'est pas pour rien que Chick Corea le décrivait de cette simple phrase "Jason Lindner is a musical universe".
La première plage débute sur fond de vibrations et de crissements , ( 'This is your chance to make things right', sans doute), une voix samplée se fait entendre...this is my belief... de sulfureuses envolées du moog ou du synthé s'appuient sur une rythmique soutenue, on vient de plonger dans un univers electro/fusion où l'on croise des bribes de Soft Machine/ Mahavishnu Orchestra/ Medeski Martin and Wood ou Paul Bley.
Le trio enchaîne les morceaux sans prévoir d'arrêt pour prendre les passagers leur faisant de grands signes, un tourbillon caoutchouteux t'entraîne vers les profondeurs de l'océan, tu remontes péniblement à la surface pour constater que quelques éléments du drumkit ont lâché prise.
Temps mort, puis la machine reprend vie avec ' Strive' un texte de Meshell Ndegeocello mis en musique.
La célèbre bassiste avait écrit ce poème pour la naissance du fils de Mark Guiliana.
Arrivée d'un premier guest, Jason Rigby au saxophone, à quatre ils nous proposent la ballade ' Johnny Was' de Bob Marley.
Un second guest apparaît, Fabian Almazan au Wurlitzer, comme Jason Rigby il avait accompagné le batteur la veille, à cinq ils nous concoctent une seconde ballade d'un classicisme royal.
Exit les invités, Jason Lindner en vedette pour un rondo ronflant, virant dub.
' Public interest' voit le retour du saxophone. En plein effort, le drummer envoie une coupole, qui traînait sur une caisse, à ses pieds, il la ramasse pour nous asséner un solo judicieux, sur la bande un politicien débite un discours rasoir, ce n'est pas le cas de l'accompagnement sonore.
Plage achevée, le public se lève pour applaudir le dernier exploit d'un groupe ayant offert un set dense, varié et parfois déconcertant!
Matthew Herbert's Brexit Big Band.
Matthew Herbert c'est le Tryphon Tournesol de la musique contemporaine.
Doctor Rockit, un de ses nombreux nicknames, ose tout, sampler la vie d'un cochon, enregistrer un album avec comme instruments de ? musique'?, une friteuse, une brosse à dents, un grille-pain, une pomme ou un hamburger, sa dernière trouvaille : le Brexit Big Band qui a vu le jour quand le UK a fait appel à l'article 50 "Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union" et prendra fin avec la sortie d'un album qui coïncidera avec la sortie des Anglais de l'UE, en 2019.
Cet activiste politico/comique est donc monté sur le podium entouré d'un peloton de musiciens et de choristes plus important que le nombre de parlementaires présents à une séance de la Chambre des Représentants lors d'une journée pluvieuse.
Pour te faire une idée on te colle le nom des gens ayant participé au North Sea Festival: Maartje Meijer, Peter Wraight, Peter Wraight (conductor); Matthew Herbert (musical director, electronics); Rahel Debebe-Dessalegne, Rahel Debebe-Dessalegne (vocals); Aagje de Vries, Anouk Tuijnman, Arnout van Krimpen, Bianca Stokman, Chrisje Catlender, Christina Kim, Floor de Wit, Gabrielle Waal, Jesse van Mourik, Jessica de Boer, Jet Steen, Kasper Soeters, Koen Smit, Laurita Oleinikova, Lida Meijer, Lotte Sarembe, Luuk van Rosmalen, Manon Nijenhuis, Marit van der Lei, Paul Disbergen, Pepijn van der Sande, Poppea Prenen, Remy van 't Hoff, Rennie Lammerts, Sarel Hamelzky, Simeon Jeliazkov, Susan van Praag, Susanne Blokhuis, Sybren van Doesum, Tineke Meijer, Ton Meijer, Vivienne Preemen, Wakaba Otsu, Willem de Beer (choir); Bo van der Werf, Gemma Moore, Howard McGill, Phil Meadows (saxophone); Amy Roberts (saxophones); Howard McGill, Philip Meadows (alto saxophone); Amy Roberts, Gemma Moore (tenor saxophone); Adam Linsley, Adam Linsley, Alexandra Ridout, Alexandra Ridout, Freddie Gavita, Frederick Gavita, Stuart Brooks, Stuart Brooks (trumpet); Gordon Campbell, Gordon Campbell, John Higginbotham, Lode Mertens, Lode Mertens, Rob Harvey, Robert Harvey (trombone); John Higginbothan (bass trombone); Rachael Johnson (piano); Neil Charles (bass); Espen Laub Von Llienskjold Broderslev-Dr Lund (drums).
En ajoutant qu'à Anvers on a vu Steven Delannoy au sax.
Les premiers mots prononcés sont clairs.... the only word left is goodbye...
Goodbye Great-Britain, amusez-vous sans nous!
Matthew va tripoter son brol électronique et confie la baguette de chef, non pas à Herbert von, mais à Pete Wraight qui agite le bout de bois pour amorcer une pièce symphonique dominée par les nombreux instruments à vent.
Les crécelles sont de sortie, the European Union isn't perfect, mais c'est ce qui m'a apporté le plus de satisfactions, confie le savant fou avant d'introduire la fabuleuse chanteuse Rahel Debebe-Dessalegne qui va vous chanter a legal document pretending to be a poem.
Chaque musicien reçoit une copie du Daily Mail ( a piece of shit) avant de déchirer la gazette, le petit Matthew met ce crissement en boucles puis Rahel entame un big band blues suave avant de voir apparaître les New Amsterdam Voices, une chorale menée par la séduisante Maartje Meijer.
Le discours anarchiste se poursuit sous forme de comédie musicale délirante....tell me yes... chante Rahel, tout Anvers, éberlué, se marre et apprécie le savoir-faire du Big Band.
Le maître s'en va tapoter une vieille Remington.
Après cette intro littéraire, la pièce vire latino, les musiciens/comédiens revêtissent des masques pas comparables à ceux du carnaval de Venise et poursuivent leur trip smooth jazz.
Présentation humoristique des 159 intervenants, suivie par un gospel, une séquence de scratch et une bossa nova.
Aidé du conductor, le trublion élève un micro à 5 mètres de hauteur, tend la perche vers le public qui est prié de participer à l'electro swing qui suit en criant ' US'.
C'est aussi irrésistible que la danse de Baloo dans le Jungle Book.
Une dernière séquence participative clôt ce concert mémorable, digne d'un show des Monty Python!
The Cinematic Orchestra.
18 ans d'existence, à peine trois albums, l'ensemble nu-jazz de Londres n'est guère fécond.
Sept ans après 'Ma Fleur', Jason Swinscoe annonce un successeur, 'To believe' doit sortir avant la fin de l'année.
Cinématique, le mot est lancé, il convient admirablement aux bandes-son imaginées par le sextet spécialisé en downtempo/chillout music.
Tom Chant (saxophone)- Larry Brown (guitar, keyboards) - Dominic J.
Marshall (piano) - Oliver Johnson (keyboards)- Sam Vicary (bass) - Luke
Flowers (drums) et Jason Swinscoe (turntables) sont annoncés, il en manquait un, sans doute Oliver Johnson!
L'opérateur de prises de vue rapplique, 'The man with a movie camera', après une digression orientale du saxophone, les percussions entrent en piste, le rythme s'accélère, quelques ' ya ya ya' samplés décorent cette plage cosmique, tout baigne, si ce n'est que, debout face au podium, un illuminé, ayant sniffé quelque substance, illicite de ce côté -ci du Moerdijk, se secoue tel un prunier en pleine bourrasque, faut lui refiler un sédatif vite fait, il risque de gâcher notre plaisir!
Deux ou trois braves gens assis derrière lui ont déjà obliqué vers des horizons plus calmes.
' Flite' s'envole, la girouette, prise d'un coup de fatigue, la compo initiale approchait des 10', s'est installée sur un siège, ouf!
Merde, il a sucé une pastille et reprend son numéro, le groupe vient d'attaquer un extrait de leur tout premier méfait, le fabuleux trip hop ' Channel 1 suite'.
En plein conte des Mille et Une Nuits, tu lévites sur ton tapis magique, en fermant les yeux tu écartes l'image du connard déraillant à dix mètres de ton fauteuil.
Arrivée de deux chanteuses, Bev Tawaih et Heidi Vogel .
'Reveal' est chanté par Beverly Tawiah ( Mark Ronson, Corinne Bailey Rae...) , et là, le set gagne en chaleur grâce à la voix soul de la madame, l'autre oiseau, Heidi, assure les backings avant de se charger des lead vocals sur ' Familiar ground', une ballade nu-soul majestueuse.
Tom Chant, sans doute jaloux, se paye un ' Tom sax Loop' en solitaire, Larry refile sa gratte à Bev, le Cinematic Orchestra a embrayé sur ' Lessons' , une pièce prévue pour le nouvel LP.
' Ode to the big sea' et ses climats mouvementés réjouit les fans du début, tout comme ' Burn out' aux sonorités africaines.
Un English à tes côtés... great music for cruising... je lui ai promis d'essayer la prochaine fois que je fais du pédalo à Huizingen.
En 2007, Fontella Bass s'occupait des vocaux sur 'Breathe', ce soir Heidi s'y colle, la magie reste identique!
Un superbe morceau qui précède le final, ' All that you give'.
Ils ont tout donné, ils sont partis, tu es parti, sur la Club Stage, Chantal Acda donne son dernier set!