vendredi 23 décembre 2011

Ian Siegal au Nekkersdal, Laeken, le 22 décembre 2011

Ian Siegal au Nekkersdal deux jours avant le réveillon de Noël: risqué?
L'opération s'avère une réussite totale, bingo pour la Brussels Blues Society ( en collaboration avec le VK et le G C de Laeken), une salle bourrée malgré la journée de grève nationale.

Ian Richard Berry, même pour une prestation solo, c'est pas rien!
Le gars du Hampshire aime la Belgique qui le lui rend bien, notons, notamment, 4 invitations au Belgian Rhythm & Blues Festival de Peer.
Après l'avoir déjà croisé quelques fois avec son band ( dans lequel officie le talentueux Matt Schofield) , ce sera une première expérience all by himself.
2011, une année fastueuse pour Ian Siegal: Best Male Vocalist lors des British Blues Awards, un sixième album 'The Skinny', enregistré au Mississippi, encensé par la presse spécialisée "There are Blues singers. There are good Blues singers. And then there is Ian Siegal, who is in a class of his own." ( Blues in Britain) et la reconnaissance des aînés des deux côtés de l'océan:" Ian Siegal,The Real Deal"( Eddie Floyd).
Autre innovation lorsque à 20h50', après le laïus de circonstance, le young Mickey Rourke look-alike prend place sur le siège installé à un mètre du premier rang, il paraît sobre et, à ses côtés, traînent deux verres d'une eau aussi plate que les platte voeten de fotoman Luk, qui déjà peste sec, car les lights font dans l'intime.
On apprendra plus tard que la mouette vit une fraîche romance avec une blonde Patti, de là à penser que les raisons de cette sobriété soudaine sont à chercher dans cette relation amoureuse, il n'y a qu'un pas vite franchi!

Sur le plancher gisent deux guitares, Ian opte pour l'antique Resonator et une slide pour entamer le premier set: ' The Silver Spurs' ( sur son album 'The Dust') , pas vraiment du pure blues, mais un formidable titre roots with crazy bends et la slide qui glisse à la vitesse d'un étalon vicieusement éperonné.
La sueur dégouline de son front... je tombe la veste avant la suivante: en picking, le traditional ragtime 'Take me back'.
Next one is close to rock'n roll: une autre vieillerie indémodable 'TV Mama' au répertoire d'Elmore James ( le blues slider number one), Big Joe Turner, Johnny Winter ou Taj Mahal...le rock tu oublies, c'est du blues de balayeur, le timbre rocailleux de Mr Siegal convenant parfaitement à ce son des fifties.
Un negro spiritual datant de la Guerre Civile 'Mary don't you weep' puis une influence majeure, the great Charley Patton: ' Down the dirt road blues'.
Silence religieux dans le club: concentration et admiration, le British nous encourage même à échanger quelques paroles pendant qu'il accorde sa guitare.
Il ramasse d'ailleurs son second jouet et le tambourine pour ' Don't you mind people grinning in your face' un gospel répétitif de Son House terminé par trois accords de guitare.
Le formidable 'Dublin Blues' de Guy Clark à l'intro lyrique prodigieuse:
“Well, I wished I was in Austin, mmm-hmm, in the Chili Parlor Bar drinkin’ Mad Dog Margaritas and not carin’ where you are...fera place au pape du Delta Blues, Robert Johnson et à son hymne à l'infidélité, l'abus de confiance ou à l'abandon: ' Come on in my kitchen'.
...Champagne don't drive me crazy.
Cocaine don't make me lazy
Ain't nobody's business but my own...
Eight-bar vaudeville blues composé en 1920 par Porter Grainger, version Taj Mahal et puis une surprenante cover de Nick Lowe 'All men are liars', ton cerveau flashbacke sur Rick Astley et son 'Never gonna give you up' de 1987.
Une dernière avant le break boisson, à la mémoire d'Hubert Sumlin, décédé il y a peu, a kind of medley reprenant ' Dirt Road'/ ' Call me the Wolf', des relents de boue du Mississippi, de Bob Dylan et de Howlin Wolf avec la voix de Tom Waits!

Courte sera la pause, les inconditionnels de la clope partis polluer les latrines rappliquent au pas de course car le referee a déjà sifflé le coup d'envoi de la seconde mi-temps.
Une amorce confédérée virant gospel baptiste: Son House 'Preachin Blues' , les indigènes sont ravis car l'aumônier décide de nous balancer some Duvel music, le sermon virant ' You gotta move' ( Mississippi Fred McDowell), dans l'assemblée personne ne se sent low, la tendance est high!
Version roots de Steve Earle , 'Cocaïne cannot kill my pain' et message de l'artiste: Brussels, you inspire me to play quiet as you listen so carefully, I have to thank you , therefore!
Y a pas de quoi, Ian!
Robert Johnson, bis: ' Hellohound on my trail', suivi de quelques vannes politico/economico/ sociales visant à nous débarrasser de nos minables Euros pour acheter ses galettes de Noël et voilà un titre datant de 1854, but still relevant:' Hard times come again no more' de Stephen Foster .
Une troisième guitare au ventre aussi plat que celui de Vanessa Paradis et il attaque 'Gallo del Cielo' , l'épopée gallinacée écrite par Tom Russell: un chef-d'oeuvre!
Au tour d' un autre immense singer-songwriter, Kris Kristofferson, et le magistral 'The silver tongued devil and I' , le meilleur du country folk.
Une seconde séquence gospel/ guitar drumming, chantée de sa voix de whiskey drinker en mode a capella: 'Revelator' ( John the Apostle).
Ce mec peut tout te jouer et te chanter, il secouerait tes intestins en interprétant 'Jef, un petit verre on a soif'!
Tu veux du Emile Zola, écoute ' House rent blues' featuring Ian pas un rond, la coriace et virile propriétaire de son kot pourri, un bookmaker, un canasson à 46 contre un qui gagne le Hopeful Stakes à Saratoga Springs, un barman et quelques seconds rôles indéfinis... une histoire sordide, pire que les films avec James Cagney et George Bancroft .
Entre deux couplets récités à la vitesse de l'éclair, Siegal égratigne Joe Bonamassa, Gary Moore et Eric Clapton avant d'enchaîner sur ' One Bourbon, One Scotch, One Beer' et de finir sous la table!
Fin des libations, enthousiasme délirant dans la taverne!

Bis
' Christmas Card From A Hooker In Minneapolis”: Tom Waits comme cantique de Noël frelaté!
Brillant!
Second rappel pour sa copine, Patti, 'Somebody cares for me ' ( Nick Lowe), une note optimiste au final cha cha cha.
Encore plus fort: Johnny Cash 'The beast in me' , a crooning waltzy ballad et un quatrième encore dédié à Hubert Sumlin et à tous les êtres chers qui vous ont quittés en 2011: 'I'll fly away'.
Moments d'émotions intenses clôturant de belle manière cette prestation éclatante.

Ian Siegal & Band reviennent en janvier par chez nous: Antwerpen et Hasselt!

Quant à la Brussels Blues Society, elle vous donne rendez-vous le 3 février: Tail Dragger & Rockin' Johnny & Giles Robson & Band au CC Cité Culture à Laeken!