dimanche 21 août 2011

Swing Wespelaar 2011 ( day two)- Wespelaar- le 20 août 2011

Samedi 20 août, un temps radieux, cap sur Wespelaar à l'heure où ton voisin allume son barbecue tout en éclusant un Pastis tassé, la vie est dure!

14:45' Krissy Matthews Band

Nouvelle British bluesrock sensation, à peine 19 printemps, déjà quatre albums et un passage sur les plus grandes scènes blues du UK!
Et le moins qu'on puisse dire est que le gamin est plus que doué, devant un maigre public, Wespelaar dort encore, il a éclaboussé la plaine de sa classe.
The future of the Blues? Very possibly... titrent les canards spécialisés, mais n'oublions pas que l'an dernier un certain Oli Brown était déjà gratifié des mêmes qualificatifs.
A la basse, son paternel, fier comme Artaban: Keith Brown, aux drums: l'Aussie Miikey Dean Smith et ces gars forment l'assise idéale permettant au jeune prodige de s'envoler sans se casser la gueule.
Le classique 'Catfish Blues' met le feu aux poudres, les photographes de presse font un bond d'un mètre en arrière en entendant le niveau sonore, ça va saigner!
' Hit the rock' le juteux titletrack de son dernier né.
Le gamin tient à nous saluer: 'Good evening', il est pas 15h, il arbore de seyantes lunettes de soleil, l'astre a dérangé ses cellules nerveuses.
Passons!
'Second class zone' , ça déménage ferme sur scène et le ket fait preuve d'une maturité étonnante.
Inévitablement des flashes de ce bon vieux Rory et de son Taste réapparaissent.
2011 , second British blues boom!
M'a pas l'air d'y avoir des masses du bluesfans dans le coin, on va vous envoyer du Justin Bieber, il amorce ' Slow Blues' , le genre de truc à faire pleurer un arracheur de dents sadique et homosexuel.
Sensationnel!
' Time Machine' imagine Clapton, Bruce et Ginger Baker!
Si, si, tu peux, ferme les yeux!
Un Bo Diddley medley ' Josephine' se demandant 'who do you love' et quel est le con qui a laissé sortir le chien: that was a bit of a jam, décrète le morveux, mais on n'a pas vu Paul Weller!
Le King a joué 'Mystery Train', nous aussi.
Vachement rapide cette locomotive!
A la Bad Company: 'Tell Me' et puis 'All night long' , elles sont agitées, ses nuits!
Faudra le tenir sérieusement à l'oeil le petit Krissy, va pas jouer éternellement en lever de rideau, c'est certain!
Il termine fort avec le 'Foxy Lady' de Jimi Hendrix.
Ce galopin vit le blues, Wespelaar l'a bien compris!
Ovation!

Big Bill & friends

Pendant le break, tu décides d'aller te dérouiller les jambes pour ne pas rester coller à la buvette avec Fons et autres soiffards insatiables, t'as parcouru 25 mètres et qui t'attrape pour te payer une Primus?
Geert, un habitué de Toogenblik, quelques godets plus tard, tu ressors, Dani Ducati t'indique que le brave Bill ( Armand Hombroeckx) a déjà bazardé plus de la moitié de son set.
Hij kwam traag op gang, c'est un moteur diesel ayant parcouru 398624 kilomètres.
En t'approchant de la scène tu l'entends psalmodier un slow blues pas dégueulasse.
Bill, uit Leuven, sait de quoi il retourne, plus de 40 ans de présence scénique, tu as dû le voir 4 ou 5 fois au Marktrock ou dans quelque sombre taverne chez Tobback & co , il est à chaque coup accompagné par quelques pointures, aujourd'hui, par exemple, on croit avoir reconnu Stoy Stoffelen, un gars qui a tenu les baguettes pour toute la Flandre d'avant sa future indépendance et on est certain que l'as qui tenait la guitare était le crack des cracks, Simon Shrimpton-Smith, que tu vis l'an dernier lors de la réunion de Pendulum.
Un bon gros boogie sur Dyle et ensuite le tube intellectuel, interplanétaire ' Eene me Hesp of Eene Me Kees..' ( merci Chuck Berry) pour achever la prestation.

Bien joué, bompa, un bis?
Non, peut-être..
Un slow country 'Kroege van da met' aussi beau que les 'Dead Flowers' des Rolling Stones, à part que les bloemen sentent la Stella.
Salut Wespelaar, l'autocar de l'hospice est arrivé, on s'en va!

Chaque année Swing Wespelaar a le bon goût d'ajouter à l'affiche des noms pas communs, des artistes n'ayant jamais foulé le sol de notre plat pays: en 2011 ce sera

Cashman.
Ray Cashman, une vieille Fender, un faciès de dur à cuire, une voix éraillée et derrière lui, à la batterie, harmonica et vocals( sometimes lead): Stan Street.
Ce duo nous a servi du no-nonsense, downhome Delta blues sentant les juke-joints sombres, et le vécu pas édulcoré.
Deux disques à son actif (Texassippi Stomp (2007) -Snake Feast (2010)), après le gig, le stock indiquait zéro.
Douze morceaux, extraits de ces albums: artisanaux, vicieux, aussi subtils qu'une rafale de vent chaud balayant un désert aride, t'es entré dans l'univers de R L Burnside, T Model Ford ou dans celui des plaques sorties chez Fat Possum: de l'authentique, du rugueux, du profond, du rural!
Quelques titres: 'Come on girl'- sa philosophie WWW: 'Whiskey, weed & women' - slide et harmonica ' Pistol Blues' comme du Muddy Waters mordant - chanté par le drummer 'Down home girl' , un titre de Leiber/Butler, repris en son temps par les Stones - un autre laidback blues ( 'Watcha doing' ) suivi d' un titre écrit par Mississippi Joe Callicott, un bluesman décédé en 1969.
Hey, Wespelaar, any liquor dancers dans le coin?
On boit que de la limonade, Ray..
Pas en Géorgie ou Caroline, tu vides 3 ou 4 flacons d'un alcool frelaté, tu sors ton pistolet et tu tires sur les crotales, tu les grilles et tu les bouffes... ça existe pas en Belgique?
Sûr, fieu, mais on fait ça avec des fourmis!
Voilà: 'Snake Feast' qui sera suivi d'un blues cotonneux et lancinant, précédé d'une longue intro... sometimes the songs are sad, she cries along with them.. - 'Reefer headed woman' se trouve sur 'Texassippi Stomp' et sent la Old Man River à plein nez -
Vous bouffez quoi dans votre pays humide?
Des moules.
Down South on n'est pas des végétariens: le matin, o k, bread & butter, blackberry jam & black coffee, à l'heure du souper fried catfish, fried chicken with a special sauce...
Ray, on vous envoie Bart De Wever, faudra prévoir des kilos de mayonnaise!
Il a une copine: 'Evangeline', ça le met de bonne humeur, par contre ce qui l'emmerde, c'est que à part les spectateurs des premiers rangs, Wespelaar lui tourne le dos, papote, picole et n'en a rien à branler de son blues basique, aussi on joue encore une complainte et on se tire: 'Black'.
Noir de colère, il est!
Avec le recul, tu te demandes si c'était bien intelligent de programmer cet artiste authentique après le joyeux Big Bill.
A revoir dans un club, tous les spécialistes sur place, Roger Reynaert, le Hoodoogang, m'ont affirmé avoir adoré Ray Cashman!.

Lightnin' Guy plays Hound Dog Taylor

Dans le courant de l'après-midi tu croises Guy Verlinden qui te confie qu'il y a un changement de programme, il ne jouera pas avec les Mighty Gators, les organisateurs lui ont demandé de présenter son show 'Lightnin' Guy plays Hound Dog Taylor' dont la première eut lieu début août au Borderline, à Diest ( enregistrement d'un CD/DVD en prime).
Son band se nommera donc The Houserockers: aux guitares, Bart Demulder ( Gene Taylor, Keith Dunn), aux drums, Erik Heirman.

Lightnin' Guy, assis, entame l'instrumental ' Hawaiian Boogie' , bye bye le Dijleland, direction un bouge malfamé dans un ghetto de Chicago. Bois pas trop, tu pourrais avoir une mauvaise surprise en te retrouvant en rue, vers 3 AM.
'Take Five' cette chaise va-t-elle tenir le coup?
Sous les soubresauts du Guy, énergique comme toujours, elle se retrouve souvent sur deux pieds.
Bart, envoie le vibrato, ket: 'Sadie'.. pourquoi, t'es partie, Sadie, je t'aime...
T'es qu'un chien, Hound Dog!
Lightnin' Guy n'a pas son pareil pour mettre le public en poche: charisme, punch et bonne humeur.
Wespelaar vibre!
'Gimme back my wig' t'as pas besoin de perruque, Guy, keske tu racontes!
Simplicité d'un groove répétitif: ' She's gone' et qu'a t-elle emporté?
Tu l'as deviné: all my money!
Slowtime: 'Freddie's blues' suivi de 'Taylor's rock' que le Gantois a appris à connaître dans la version de Sonny Landreth .
Une grosse locomotive qui fume: ' It's alright', à tes côtés, quelques indigènes, imbibés comme des ouvriers de chez Simca (en 1956) venant de toucher leur paye, les yeux vitreux, la braguette béante, ont entamé une audacieuse danse iroquoise, pas sûr qu'ils puissent reconnaître leur génitrice si elle devait se pointer ( il est à peine 20h!).
Nouvel instrumental '55th Street Boogie' et puis l'énorme 'Roll your moneymaker'.
'See me in the evening' pulse à mort.
On approche du terme, vite une dernière, le nerveux 'You can't sit down'!
Rage et vitesse d'exécution!

Ovation et un signe des organisateurs, nog eentje!
'Let's get funky', avec une touche de James Brown!

Du grand Lightnin'Guy, comme toujours!

21h20' Saint Jude

Retour au UK!
"After seeing or hearing them, Saint Jude is a name you won't soon forget – guaranteed!"( Classic Rock magazine), en plein dans le mille... et on ajoute:"It's easy to see why Ronnie Wood and Jimmy Page are fans."
Jude, le saint patron des causes perdues, est sans conteste la révélation de ce second jour!

Line-up probable:Vocals: Lynne Jackaman- Guitars: Adam Greene a quitté le groupe, on a vu 2 guitaristes: Ivor Sims + un second gars tout aussi doué, Marcus Bonfanti- Bass: Scott Wiber - Drums: Lee Cook- Keys ( a vintage Hammond) : Elliot Mortimer( ex Jim Jones Revue) est cité sur certaines bios, on croit avoir vu Joe Glossop, pas sûr!
Un CD: ' Diary of a soul fiend'!

'In my head' ouvre le bal et ici, également, un son écrasant.
Janis Joplin & the Big Holding Company, les Faces, Humble Pie, les Black Crowes, Blossom Toes, Vinegar Joe... Saint Jude c'est un condensé Classic Rock .
Lynne est superbe, sa voix asticote tes entrailles, les garçons expédient de groovy vibes te donnant des fourmis dans les guibolles et forçant ton cailloux à un mouvement perpétuel de haut en bas.
Ces gens jouent with their guts.
Un petit tour au paradis,Vanessa?
' Garden of Eden' du bluesrock à la sauce soul- 'Leave a light on': lumineux et électrique.
Une foule conquise vient se masser frontstage, faut dire que la madame n'est pas du genre laideron.
' Parallel life' et 'Mr Layhee' Ron Wood aime, normal, là-haut quelque part, Steve Marriott doit être jaloux.
This is a new one: ' Black rum and white lies' elle veut some noise, elle en aura.
Puis vint un slow à la Elkie Brooks, 'Angel', suivi d'un autre downtempo, the first song we ever wrote: ' Rivers and streams' un passage torrentueux avant de voir le cours d'eau se jeter dans l'océan.
Une intro juteuse à l'Hammond puis le truc dérape en rock sauvage 'Little Queen' , Wespelaar va exploser et Lynne clame... don't come to me for sympathy, tes fleurs, bouffe les, pingouin...
Elle est bien, cette petite!
Quelques lignes d'harmonica pour introduire le stonien 'Sweet Melody' et on attaque la bombe 'Soul on fire' .
Quelle puissance vocale, et une sanglante joute de guitares ... that's rock ' roll!
Les puristes blues apprécient moins, dirait-on!
Un truc qui débute par ...stoned cold sober... ne peut qu'être excellent: ' Pleased to meet you' est fabuleux!
Que dites-vous d'une ballade: 'Down and out', ça vous va?
... will you follow me?...
Jusqu'au bout du monde, s'il le faut!
On termine le set avec 'Southern Belles'... watch me fly...
Nous aussi on plane, Miss!

Après le concert de ce soir, Saint Jude ne restera pas longtemps Jude the Obscure, les apôtres locaux prêcheront la bonne nouvelle: on a vu un très grand band.
Go and see them si l'occasion se présente, et c'est pas le rappel brûlant qu'ils ont servi samedi qui nous fera changer d'avis!
Une version épique de' I'm losing you' des Temptations, déjà repris par les Faces.

Plus la force d'assister au concert de Garland Jeffreys, dommage le petit New-Yorkais ne t'a jamais déçu!
Il est 23h, dans une heure tu retrouves ta paillasse.