Je te cueille à Drogenbos, le long de la Senne, avance Vincent.
Armé d'une canne à pêche écologique et d'un aimant comme hameçon, tu attends sagement l'arrivée du Fittipaldi de Ronse, puis, direction Brugge, le parc Astrid et, dans le cadre de Klinkers ( een feestelijk en avontuurlijk parcours door de binnenstad...), le free festival Vama Veche, organisé par Het Entrepot.
Sur place, faut glisser 4€20 dans un automaat pour laisser dormir le bolide pendant 2 heures maximum et tu plonges dans l'ambiance ensoleillée et bon enfant de ce magnifique espace vert, ayant pris le nom de la bien aimée reine des Belges encore unis en 1935 .
Un petit podium, à l'ombre, pour les concerts de l'après-midi, un plus grand dans le parc, de la Stella, de jolies jambes bronzées, un agréable air de vacance!
15:00 The Catatonics
Fin avril tu vis le groupe, comptant quatre éléments, au Bar du Matin.
En ce premier jour du mois d'août: full band, ils seront cinq à accompagner Filip Huyghebaert, la tête pensante: on suppose qu'il doit s'agir de Eva Hautekiet /Dieter Vanmarcke/ Jan Dhaene/ Maarten Flamand, un guitariste sévissant e.a. chez Cloon, Stash, The Antler King ou Mrs Hyde et Jasper X (?) à la basse.
L'admirable 'Endless Sway' ,titre que Radio 1 a été sélectionner sur vi.be, ouvre le set.
En route pour +/- 50' d'Americana mélancolique: un chant murmuré, de graciles harmonies vocales, des arrangements subtils... mix idéal par ces douces températures estivales.
'Imaginary bars', on reste dans les downtempi chers à Isbells ou Marble Sounds.
'One man guy' ( de Loudon Wainwright III): alt. country autobiographique que Filip joue quasi solo.
'Go far' sera plus habillé et les immanquables comparaisons pointent le bout du nez: Bon Iver, M Ward ( cité comme une influence), Iron & Wine ou les Jayhawks pour les plus anciens.
Tout comme à Forest, les Catatonics reprennent de belle manière le 'Lonely Soldier' de Damien Rice avant de séduire l'assistance avec l'éthéré 'Me & You'.
'Uptown' baigne dans les eaux Neil Young, époque Harvest et 'The Door' vole dans les mêmes cieux azurés que les Eagles de 'Peaceful Easy Feeling', la lente valse épurée prendra de l'ampleur lorsque l'équipe rejoindra l'acoustique de Filip soutenue par de subtiles interventions de Maarten.
On te parlait du 'Harvest' de Neil Young, voilà ' Harvest Moon', pendant lequel un septième élément vient ajouter de sémillantes notes d'harmonica.
'Hopefully' du romantisme exacerbé... y a un truc que je peux pas tolérer c'est de passer une seule journée pendant laquelle ta main ne serait pas dans la mienne...
Quoi, Vincent?
Tu la sors tous les jours celle-là..
Ouais, mais à des nanas différentes, une Stella, mec?
'Oh my sweet Carolina', la perle de Ryan Adams et puis le nostalgique 'The morning paper' pour mettre un terme au rêve avec 'Blue Hotel', une country waltz au final ' Crazy Horse' nerveux.
Prestation appréciée!
Courte pause et Say Say
A Strasbourg vit un black qui rappe, c'est pas 'l'Ange Blanc' le pseudo qu'il choisit pour monter sur le ring, mais bien SaySay.
A Londres en 1955, naît Mark Hollis.
Tu parles, il fonde Talk Talk!
Barbara Sarmentero et Judith Van Eeckhout sont copines, elles fréquentent la même université gantoise, elles aiment la musique: Barbara ( guitare, vocals) a fait partie de Maya's Moving Castle et Judith ( claviers, chant) tâta de la colombophilie avec pigeohn ( elle amadouait les palombes en jouant du bugle et de l'accordéon), elles décident de former un duo: Say Say est né!
A Bruges, les jolies nanas ont enchanté les badauds pendant une trentaine de minutes en leur offrant neuf titres, concis, d'indie/electro pop attrayante, aérienne et digeste.
Vincent, légèrement déshydraté, pointait présent à la buvette lorsque S S entama son set: ' Queen Beat'.
Armé de deux blondes débordant de mousse, il ose: c'est pas mal, hein, on dirait du Bat for Lashes!
Pas mal, c'est!
Pas étonnant que même Dark Entries s'extasie et décrit leurs efforts de heerlijke indiemuziek.
'Hell no' electro édénique, vaguement New Wave.
Si tu veux tout savoir, les petites citent Herman Hesse comme inspiration et pas les rednecks gueulant Hell Yeah pendant un doublé banjo/fiddle démoniaque.
' Burla' en sachant que Barbara est née dans le sud ibérique, on peut supposer qu'il s'agit d'une blague.
Leur electro me fait penser à Fujiya & Miyagi, indique le chauffeur, pour ta part, tu y sens de légères touches Pit er Pat.
Esthétisme pop, moins expérimental que Soap & Skin ou The Knife mais assez proche de SX, avec une voix moins soul que celle de Stefanie Callebaut.
Sale bête...
Où?
Sur mon synthé: ' Spider' !
Jolie toile arachnéenne.
Un message humanitaire, sécheresse en Afrique, versez vos dons sur le compte :00 ....
Non, Vincent c'est pas celui de Bart D W.
Et puis 'Archives' suivi de 'Grey', titres aussi brefs que leur exécution avec final souvent abrupt.
Quelques beats épais amorcent le synthétique mais contrasté: 'Hillary What ?'
'Oh my head' du DIY tendance cold wave, pas éloignée du projet Colder de Marc Nguyen Tan.
Le duo termine fort avec le nerveux ' I don't wanna live in a car' pour lequel Barbara délaisse son Epiphone et s'amuse avec un jouet Fisher Price jaune ( 36€ sur Ebay, à moins qu'elle l'ait reçu de Pere Ubu...) !
Voilà, Brugge, merci!
Meisjes, dat was heel kort.
Allez, on vous refait ' Queen Beat' puisque ce parc porte le nom de la reine Astrid!
Une dernière pintje et on regagne Bruxelles, à 21:00 je dois être à l'Archiduc pour Sophia.
T'as encore changé de copine, Vincent?
T'es con, fais gaffe où je te laisse chez Guido Gezelle.
Me suis tu!