vendredi 5 août 2022

Album - Sunstroke Rain - Spark

 Album - Sunstroke Rain - Spark

 

NoPo

 Voici un trio féminin suédois qui repose principalement sur les méninges de Karin Turesson, particulièrement éveillées puisqu'elle a trouvé un nom de scène anagramme du sien et qu'elle compose une musique peu commune.
De l'art, de la pop raffinée et dansante mais éloignée des classiques. Je la rapprocherais un peu de nos voisin(e)s La Battue.
A travers leur musique électronique et leur sensibilité, on perçoit une espèce de biodiversité primordiale, baignée par le soleil et la pluie.

Karin avoue apprécier April & Vista et Little Dragon, 2 groupes délicats empreints de soul légèrement électro.
Auparavant, elle a travaillé avec Nina Persson (The Cardigans), Tingsek, Ebbot, Annika Norlin, et Robyn et composé de la musique pour le théâtre, les films, la télévision, la publicité et même pour un orchestre symphonique (music for the masses?).
Elle sort son 1er disque "Källan" en 2008, fricotant avec les sixties et en suédois svp mais elle se cherche un peu, tout en se produisant pendant 6 ans en France.
Accompagnée de Olivia Lyne (aux claviers et choeurs) et Lisa Frisk (au moog bass et choeurs), elle se trouve mieux et publie les singles Do it now / Fish en Décembre 2018, Mad men en 2020 et surtout Go Greta en 2021 qui commence à faire bourdonner les oreilles curieuses.
2022, le bourdon sonne pour un LP :
1-Fun
2-Greta
3-Heaven
4-Mad men
5-Superpower
6-Things
7-Thirty years asleep
8-To find you
produced by Sunstroke Rain and Jens Lindgård, Gulastudion, Malmö (Suède)

Belle photo mousseline de Karin sur la pochette où un arrière-plan tire sur le jaune orangé dans une plus grande moitié oblique et le bleu ciel nuageux couvre l'autre côté où le titre s'écrit rond et blanc.
Dans les 2 tranches, un cercle blanc, encore, entoure ce qui ressemble à une planète pâle. Le visage de la blonde à rouge à lèvres suit l'oblique en séparation.

Les filles prennent la délicatesse d'ouvrir avec 'Fun' pour nous mettre dans de bonnes dispositions : 'Bad decisions taken by stupid guys going the wrong way'.
D'emblée, le rythme marque son aspect dansant. Le moog bass donne la direction et les claviers fricotent délicieusement par dessus.
Les voix douces jouent un rôle très important. Celle de Karin s'exprime, gracieuse et décontractée. Les autres viennent parfois soutenir la principale, parfois la croiser, parfois décalées en canon, parfois en écho.
Elles explorent toutes les pistes rendant ce morceau riche de subtilités rafraichissantes et séduisantes.

'Greta' possède un ton électro presque robotique dès les premiers mots vocodés : 'Don't let bad people influence you'.
Les dés vocaux se superposent ou s'entremêlent ensuite sur de petites touches aux claviers avec un leitmotiv kraftwerkien. Puis arrive LE boom boom insistant mais jamais écrasant ménageant quelques pauses.
Evidemment GRETA est née Thunberg et KARIN l'encourage. La mélodie harmonieuse pulse une énergie positive en mouvement.

A nouveau un rythme électronique orageux insuffle des formes ondoyantes à 'Heaven'. Le clip déroute, inspiré du film  ”The Brain That Wouldn’t Die” (de Joseph Green, 1962)
La cadence se perpétue régulièrement posant une base solide aux pérégrinations électroniques luxuriantes.
Les voix angéliques volent avec légèreté et se recherchent avec beaucoup de naturel.

'Mad men' ou comment chanter 'Stupid guys' avec raffinement. Le constat s'exprime sans appel et brille dans un refrain groovy 'Too many mad men lead the power'.
Une seconde voix soul (Loulou LaMotte) invective avec beaucoup d'âme et de puissance dans une texture à la Annie Lennox.

Une espèce de boite à musique démarre 'Superpower' au motif plus sombre. Les zébrures du synthé ressemblent au laser au bout des doigts du superhero.
Puis au milieu coule une rivière dans un paysage luxuriant rempli de voix divines.

'Things' s'arrange en percussions multiples allant jusqu'aux délicieuses bulles de steelpan.
La voix, extrêmement légère, prend des précautions pour ne pas écraser la trame en pointillés.

Je connaissais 'Thirty years' de UK mais 'asleep' non, ça s'appelle hibernatus. Le temps passe et les paroles prônent la prise en main de sa vie.
Le morceau déroule dans un balancement synthétique répétitif à la cadence légère où le chant flotte au dessus, par moments, à deux voix parfois parfaitement superposées ou parfois écartées.

'To find you' avance à tâtons dans un dédale spirituel ondulant jusqu'à l'évaporation.


Laissez vous prendre par ces compositions astucieuses, pleines de rayons d'un soleil aveuglant qui n'empêche pas de réfléchir tout en dansant.
Un peu de finesse dans ce monde lourdingue ne fera de mal à personne!