jeudi 4 août 2022

Jazz à l'Amirauté - Rhoda Scott - Parc de l'Amirauté - Pléneuf-Val-André, le 2 août 2022

 Jazz à l'Amirauté - Rhoda Scott - Parc de l'Amirauté - Pléneuf-Val-André, le 2 août 2022

 

Michel

 

En été, les animations musicales ne manquent pas à  Pléneuf-Val-André, le choix est vaste: des fanfares, du rock, du reggae, du breton, du folk et du jazz...

Depuis 1995, sauf pendant le trou covid,  Jazz à l'Amirauté propose des concerts gratuits dans le Parc de l'Amirauté, au cœur  de la station du Val André.

Parmi les artistes étant passés sur la Côte du Penthièvre, citons Les Haricots Rouges, le Paris Gadjo Club, Aurore Voilqué,   Daniel Sidney Bechet ou encore, en 2011, Rhoda Scott.

Onze ans plus tard, The Barefoot Lady , la fée de l'orgue Hammond, décorée maintes fois, revient dans la coquette station balnéaire.

A 84 ans, la plus française des natives de Dorothy, New Jersey, n'a rien perdu de sa vitalité, ni de son sens de l'humour.

Son agenda estival 2022 est bien rempli, que ce soit  en formule réduite, comme ce soir, ou  avec les Ladies All Stars ( Ananda Brandao et Julie Saury aux drums, parfois Anne Paceo,  Céline Bonacina  au saxophone baryton, Sophie Alour au ténor,  Jeanne Michard et Lisa Cat-Bero  au sax alto, Airelle Besson au bugle... selon les disponibilités des dames ), elle traverse la France de long en large,  en passant par des coins renommés ( Marciac, Crest, l' île de Ré, Avignon,  le Parc Floral de Paris, Chantilly,le festival de Juan-les- Pins  ...) ou des endroits perdus , au Rocher de Palmer à Cenon ou dans une église à Comines ( Belgium).

Tonight: Rhoda Scott à l'orgue Hammond et Thomas Derouineau à la batterie!

Thomas fait partie du combo Glück, de MatMathis ALS Band, de la fanfare  Zéphyrologie,  du groupe de  Stefan Patry et du groupe ACNE.

Rhoda et Thomas ont enregistré l'album ' Movin' Blues' en 2020, ils interpréteront plusieurs extraits de ce disque au cours de la soirée.

Concert annoncé à 21h, à 20:10, déjà 95% des places non attribuées aux adhérents ( 60% des sièges leur sont réservés)  de l'association organisatrice sont occupées.

Peu de possibilités d'assister au concert en position verticale, il  faut choisir une chaise à l'écart d'où  tu n'apercevras  pas le batteur.

A 21h, 2500 personnes se pressent dans le parc, certains spectateurs regrettent l'absence de buvette, mais aucun d'entre eux n'a été déçu par la prestation de l'organiste.

On a été prévenu, Rhoda joue sans setlist, elle se fie à l'inspiration du moment et aux réactions de l'assemblée.

Début en fanfare avec un premier blues fougueux dont elle n'a pas révélé le titre mais qui pourrait être ' Blue Law' , les sonorités caractéristiques de l'Hammond s'échappent dans les airs, le drummer, au diapason, suit la cadence, ça balance allègrement, en passant, tout en improvisant,  et pour rire , Lady Scott insère un thème connu dans son discours avant de reprendre le fil et de clore la tirade, saluée par des applaudissements enthousiastes.

En français suave, et tout sourire, l'organiste virtuose nous rappelle son précédent passage à Pléneuf, et, avec un clin d'oeil, nous signale qu'elle a failli rempoter la palme pour l'une des fameuses dictées de Bernard Pivot, un accent circonflexe oublié  l'aurait trahie.

Le swing aux odeurs de negro spiritual 'Yes, indeed' a été composé par le bandleader Sy Oliver.

Le pied nu sur la pédale donne le ton, les doigts s'agitent sur les touches, Thomas s'amuse, nous aussi !

On continue avec une valse, qui n'est pas sur l'album ( La valse à Charlotte) .

Sur fond liturgique, influencé par un air de Bach,  Rhoda  nous invite à danser, peut-être pas sur un tempo à mille temps mais en tout cas  sur un nombre élevé de mesures.

Le temps de reprendre son souffle, elle propose ' In a sentimental mood' de Duke Ellington, Thomas a sorti les balais, une ballerine a enfilé un tutu.

Pas trop de sentimentalité dans la sauce proposée par Rhoda, mais des écarts  souvent frivoles et un final triomphal.

Pléneuf savoure, une voisine te fait un clin d'oeil.

Elle sera moins complaisante plus tard, lorsqu'une écervelée viendra coincer ses fesses sur une chaise prévue pour un gosse de cinq ans, qui se brisera au bout de quelques minutes.

La connerie n'a plus de limites!

Après avoir embrayé sur une rumba/rondo trépidante interrompue par un bridge majestueux,  le duo s'attaque à ' Dock of the bay' d'Otis Redding, précédée d'une introduction liturgique. Sur l'album 'Come Bach to Me', le morceau s'intitule 'Symphonie Du Nouveau Monde / Sitting On The Dock Of A Bay'.

Sans qu'un son ne sorte de sa bouche, Rhoda murmure les paroles, l' expression de son visage est claire, elle savoure chaque moment du concert.

Pléneuf bat des mains, madame sifflote, Thomas, pas vache, rit.

Une ovation immense ponctue les dernières notes du morceau!

' Climb Ev'ry Mountain' est extrait du score de 'The Sound of Music'.

Julie Andrews est revenue en courant de la plage pour applaudir avec nous.

Je reviens vers l'album, dont voici le titletrack  'Movin' Blues' , le duo travaille sans filet et improvise a gogo .

Rhoda, en sueur, s'éponge le front, Thomas pousse sur le champignon... flash, le radar indique 145 km/h, tant pis, on fonce!

Ouf, quelle course!

Elle décide de revenir vers Duke Ellington et propose une suite, ' Come Sunday' et... non, je ne révèle pas le nom du second titre, à vous de deviner.

Les paris sont ouverts, tu as misé sur ' Caravan' et tu as gagné.

Avez vous remarqué que Thomas doit lutter contre deux adversaires, la basse ( ma pédale) et les claviers, ça ne l'impressionne pas.

Démarrage cathédrale de Winchester avant de prendre la direction du désert et de le traverser au pas de course.

Pause pour l'organiste et solo de batterie époustouflant, mariant finesse, muscle, et facéties.

Un grand numéro!

Rhoda arrive en singeant Booker T, avale une petite Tequila, puis part  garer les dromadaires dans l'étable. 

Public debout!

La suivante suinte le groove par tous  les pores de l'Hammond, Rhoda se tape un bref solo de basse organique,  revient au thème, se permet quelques fantaisies grinçantes, l'orgue souffre , sans prévenir, elle emboîte sur un nouveau titre tout aussi brûlant , qu'elle n'a pas annoncé, pour finir à fond la caisse.

Voilà, soutenue par Thomas, elle vient saluer une assistance  enthousiaste!

L'organisation lui offre un bouquet de fleurs, émue, elle remercie tout le monde et promet: je reviens dans onze ans.

Un bis, why not, a request?

Duke Ellington, Ray Charles, Stevie Wonder, Stupeflip, ' Summertime'...

Les jeux sont faits, ce sera  le pertinent ' Summertime'  avec un sautillant  ' Take the A train' en fondu enchaîné.

 Melvin?

Fabulous, what a great lady!