Les Zef et Mer au Complexe Culturel Le Cap - Plérin ( FR) - le 19 janvier 2019 - part 3
17:15', troisième passage des filles de Douarnenez, le Duo du Bas.
Elles entament le 3è épisode par le chant 'Ahak A Bila Amali' aux déconcertantes tonalités rauques et gutturales.
Pour la troisième fois, Hélène et Elsa ressortent leur opuscule, page 90, indique la plus petite, c'est le récit d'une couturière venant d'Ukraine, puis on passe au Chili, avant de mettre le cap vers la botte.
Glou, glou, glou, l'eau gazouille dans les glottes des deux demoiselles, Elsa tapote une valise ayant appartenu à son arrière-grand-mère, elles entament 'Alfonsina y el mar'.
L'écoulement du liquide dans la gorge illustrant la fin tragique, par noyade, d' Alfonsina Storni à la playa de la Perla.
Quel superbe duo!
Lune Bleue.
Le trio est composé de Clotilde Trouillaud : harpe / composition, Erwan Berenguer : guitare et Jean-Marie Stephant : batterie.
Clotilde, l'instigatrice du projet, a passé 10 ans avec Les Fileuses de Nuit, trois harpes vagabondes, parallèlement elle mène une carrière solo.
Avec Lune Bleue elle a enregistré l'album 'Indigo' en 2017.
Erwan fait partie de plusieurs formations: Imosima, Jolie Vilaine ou Spontus, e a, il accompagne également Bèrtran Obree vu ici même en 2016.
Certains disent avoir vu Jean-Marie Stephant au sein du Grand Macabout.
Le projet lunaire propose une musique céleste aux confins du jazz, de l'ambient et du folk celtique.
Les quatre compositions, instrumentales, jouées en fin d'après-midi ont dû plaire aux esprits contemplatifs et aux amateurs d'Erik Satie, de Steve Reich ou d'Aphex Twin.
Le titre 'Indigo' baigne dans un univers cinématique où délicatesse et sons ouatés règnent en maître absolu, le son évoque les productions et l'esthétisme du label ECM , la guitare effleurant le style de Terje Rypdal et, en entendant Clotilde, c'est à Joanna Newsom que tu penses.
Le batteur frôle les cymbales du doigt pour entamer une troisième plage tout aussi rayonnante et c'est par le tango spatial 'Reflets épices' à l'intro proche de 'Johnny Guitar' que s'achève le gracieux voyage.
Nolwenn Korbell’s Band
Nolwenn Korbell, l'enfant terrible de la scène bretonne, a sorti un sixième album, 'Avel Azul', en 2018.
Pas mal de gens avaient fait le déplacement à Plérin pour assister au show de la madame, qui non seulement chante comme une sauvageonne furieuse, mais est également actrice ( elle tenait le rôle féminin principal dans la série Fin Ar Bed,) et présentatrice télé.
En ce début de soirée, elle se présente en formule trio, flanquée de deux guitaristes intransigeants, Hélène Brunet ( ex- Les Guernettes, Faustine, Elephant Tôk, Nicola Hayes/Hélène Brunet...) et Stéphane, barbe grise, Kérihuel ( Republik, Vixen Blues...).
Préambule: le temps qui nous est imparti n'est pas propice aux bavardages, place à la musique!
'L'arc de Cupidon' , après une intro en midtempo, voix et guitare féminine sobre, la plage gagne en intensité avec l'entrée en piste de Stéphane Kérihuel, les grattes se font métalliques et saturées et la voix véhémente, on vient de quitter le monde folk pour pénétrer dans un enfer rock.
Le trio emboîte sur un rock vicié, scandé en breton, les guitares acérées déchirent la mélodie tandis que Nolwenn éperdue lance ... Billy, Billy....
Virage roots rock/americana avec la suivante 'One more day' qui démarre mollo, la voix se fait écorchée, la slide rugueuse du barbu martyrise sa gratte, la fille implore, le ton monte encore, on court vers l'explosion.
Le titre qui aura secoué toute la salle est le suivant, un noise/garage breton qui a fait passer Nina Hagen pour Soeur Sourire .
Ce mini-set farouche prend fin avec 'Tired' , une ballade à la Johnny Thunders, aux tendances maso... take my blood ... psalmodie la fille tandis que les guitares grincent.
Elle est rousse, mais ne va pas la comparer à Mylène Farmer, le sang qui coule dans les veines de Nolwenn Korbell est le même que celui qui circulait dans les vaisseaux de Janis Joplin ou dans ceux de Bonnie Raitt.
Une grande dame!