Les Ducs au Lighéa Café - Pleumeur-Gautier ( Côtes d'Armor) le 30 janvier 2016
Pleumeur-Gautier, Pleuveur-Goater en Armorique, une commune de +/- 1230 habitants dans la presqu'île de Lézardrieux, si ils ne sont pas tous enclins à la consommation immodérée de boissons alcoolisées, ils ne dédaignent toutefois pas le(s) petit(s) verre(s) du samedi soir.
Tu t'es sagement commandé un demi au comptoir, après avoir salué les tenanciers fort accueillants du sympathique Lighéa Café, tu n'as pas eu le temps de l'écluser que ton voisin, Yves la casquette, carburant à l'étonnant mélange pastis/porto, t'en offre un second.
Pendant ce laps de temps fort court, tu as déjà étouffé un fou rire, partagé par ton niveau copain, en écoutant les calembredaines arrosées du mal-aimé du village qui noie son éternel chagrin dans le whisky coca qu'il avale à une allure à rendre jaloux le capitaine Haddock, pourtant connu pour ses facultés d'écluseur rapide.
Poliment, tu payes ta tournée dix minutes plus tard tandis que Les Duc après avoir englouti leur pitance regagnent l'étage afin d'y enfiler leurs frusques aristocratiques.
Yves, cher ami, n'y voit aucun mal, je vais assister au concert des oiseaux nocturnes face à la scène!
Les Ducs!
Un quatuor de Châtellerault évoluant dans la sphère du rock à texte, ce qui est moins con que le rock latex bien plus mou du bide.
Noblesse oblige, présentez-vous, messeigneurs:
"LES DUCS ce sont des déclamations en français sur des rythmes rock, sueur qui sent le chou puisqu'ils sont nés dedans.
Ils barytonent ainsi avec aplomb l'incertitude ; la certitude est tellement ennuyeuse. Et puis un mot se devant d'être la coquille d'un autre ce n'est qu'en les écalant que l'on peut faire une salade d'eux."
Bigre, quel programme!
Chemise blanche à jabot de dentelle, redingote noire, gilet, pantalon noir à bandes de satin, 87 cm d'entrejambes sur les mollet, Damien Abolivier ( batterie, drumpad, samples, backings), Jean Philippe ( baro) Rococo ( basse ou guitare), Romain Cz ( guitare ou basse) et un chanteur/guitariste au nom énigmatique, 2n2o, ont dévalisé un magasin d'accessoires avant de prendre place sur la scène, peu judicieusement installée près des cabinets de toilette.
Sortez les fleurets pour un premier assaut pour le moins original, NNOO et Romain dans la salle ont entamé le subtil ' 1234123412341'... toutes les chansons commencent par 1 2 3 4... ce ne sont pas les Ramones qui les contrediront.
Pour finir ce morceau burlesque, opératique et théâtral, les deux énergumènes rejoignent leurs compères sur scène pour un final ska punk musclé.
Le ton est donné, le bistrot s'est peuplé, les Bretons ont aimé et applaudi,
Les dignitaires poitevins en russe blanc attaquent, façon de parler, 'Anita' le titletrack de leur premier album, le compteur, pour l'instant, indique trois volumes.
Pour amateurs de rock héroïque légèrement subversif.
Enfourchons notre bécane pour suivre 'L'homme moyen', ni sprinter, ni grimpeur, ni spécialiste du contre la montre, descendeur, oui, mais de chopines, un verbe plein de verve, soutenu par des musiciens ne traînant pas en fin de peloton.
C'est vachement bien torché, tout comme la reprise énergique des 'Villes de grande solitude' du rejeton de Jackie Labbé, fille d'une danseuse de French Cancan, devenue Sardou, la fille pas la ballerine, en épousant Fernand, un copain du Prince Rainier.
Les Ducs ou les filles des Princes, même combat...Tous les hommes vont en galère, à la pêche ou à la guerre en chantant....
Basse et guitare changent de mains, le chantre narre une fable pour introduire le mythologique 'Sisyphus' suivi par une suite littéraire, 'Ouverture en do majeur (où vertu ? en doigt majeur)'/ 'L'homme serin', un titre plus serein décoré d'effets lyriques à la guitare avant un virage zappaien.
Pas à dire, ce groupe ne laisse pas indifférent!
Damien a déniché un kazoo, la guitare est en mode wah wah pour amorcer 'Du hast den Farbfilm vergessen ', ce n'est ni du Udo Lindennberg, ni du Ramstein, mais bien du Nina Hagen, une autre adepte du rock bouffon qui cogne.
Ein Bier vom Fass, bitte!
Chers paroissiens et si on vous proposait une petite leçon de philosophie pharmaceutique?
Le subtil 'Aboulaye', et ses relents Noir Désir, évoque tranchées, baïonnettes, apocalypse et absurdité.
La longue plage aux multiples facettes, 'Déterminé', est assurément une des pièces maîtresses du répertoire de ces baroudeurs.
Moins sombre sera le conte 'Les petites fleurs' qui n'a rien à voir avec Sidney Bechet pourtant cité, les perles verbales se succèdent.
Tu dis, Pierre?
Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années...
Effectivement, la valeur n'attend pas le nombre des azalées et avant d'aller au dodo on éteint les nénuphars!
Et Dumas?
Aussi, Bardadam aux camélias...
A la pelle, les calembours!
Une nouvelle reprise judicieuse, '1990' de Jean Leloup, voit la Bretagne se démener sur la piste de danse.
Ambiance face à l'église, question: qui va sauver nos âmes?
Le deejay, fieu!
Fini de déconner, on continue avec une chanson ludique à propos d'un luddiste avant de dédier l'abrasif 'Goéland' à Leny Escudéro et de finir le premier set par la reprise d'un titre du plus glam des groupes rock de sa majesté, ' Crazy little thing called love' de Queen.
60' irrésistibles.
Les Ducs promettent une courte pause avant de remonter sur le ring, il est 22:45', ta dulcinée, affalée devant le petit écran, attend ton retour, tu ne peux décemment assister à la seconde manche, à regret tu quittes le Lighéa Café pour regagner ton chaud chez toi!