lundi 14 juillet 2008

Brosella (jazz day) -Sunday 13 07 2008

Depuis 1977 ,De Vrienden & les Amis de Brosella organisent ,à l'initiative de la ville de Bruxelles,ce free festival de renommée internationale.Le samedi/ folk (du monde entier),le dimanche :jazz au sens large du terme,Yves!
Two stages dans le théâtre de Verdure (Osseghem), aux pieds de l'Atomium.Main stage:le vert amphithéâtre -second stage à 150 mètres.
J'arrive vers 15h30 au beau milieu du set 'Des Doigts de L'Homme' ,vu lors du jazz marathon ,au Sablon.Malgré un public apathique ,problèmes de digestion sans doute,ça décoiffe...

16:05 main stage :Maria Schneider Orchestra
First time in Belgium.
Un Big Band conduit de maîtresse façon par Maria ,homonyme de la Schneider 'Ultimo Tango à Paris',une bombe sexuelle ayant fait saliver Marlon Brando.
Son orchestre compte 18 musiciens -13 cuivres (tous les sax que tu peux imaginer,trompettes et trombones ,parfois on troque un sax contre une flûte ,voire un sifflet)-batterie ( le versatile,Clarence Penn)-accordéon (le brésilien Toninho Ferragutti) -contrebasse (Jay Anderson ,copain de Joe Sample,tu retrouves sa griffe sur 300 cd's)-Ben Monder (guitare)-Frank Kimbrough(piano) .
En 2007 ,la compositrice se paye, pour la seconde fois, un grammy award( pour l'album 'Sky Blue').Une autorité cette ex-assistante de Gil Evans et, de plus, elle s'entoure de la crème.
'Last Season' de l'album 'Evanescence' .Une fine intro au piano pour amorcer ce mellow tune .Un straight soprano sax passe à l'avant plan ,quelques lignes à la Sydney Bechet,la guitare se fait Wes Montgomery .Les solistes regagnent leur poste et la symphonie se poursuit.Un cornet jovial s'installe devant le band ,tout de suite relayé par un trombone.Maria ,telle von Karajan ,dirige tout ce beau monde de main de maître.10' de douceur et de rêverie.
'Allegresse' qui verra la jolie trompettiste ,Ingrid Jensen, en vedette.
Du Count Basie ,8 carats.Zoin Zoin :un Tupolev de la Nieuwe Vlaamse Luchtvaart Maatschappij survole le parc à basse altitude .Encore un coup de Bertje (on avait pas cité son nom pour le sponsoring...):shit....
Ingrid n'est pas chagrine,elle a du coffre, la belle.Elle cède son micro au sax alto ,charmeur de crotales.Ingrid s'empare d'un cornet ,ils s'y mettent en duo.Le reptile a le tournis.
Le rattlesnake hypnotisé ,la mélodie s'éteint.Magique!
'Rich's Piece' featuring Rich Perry au saxophone.Soundtrack idéal pour une detective story en noir et blanc.Mrs Schneider conduisant avec l'habileté d'un cab driver new -yorkais.
La pièce de résistance ,osons le mot :le chef d'oeuvre:'Cerulean Skies' écrit au mois de mai à New- York City ,en regardant la migration d'une colonie d'oiseaux au dessus de Central Park.
Toutes les émotions ressenties par l'artiste se retrouvent dans cette longue composition.Une short story impressionniste ,traduite en musique.Tu assistes à l'éveil des birds,dans la forêt tropicale ,le soleil pointe, la nature revit.Les bruits s'intensifient:gazouillis,gouttes de rosée tombant d'une feuille de Cedrela Odorata. Le piano accompagne le bain des martin pescador.
La symphonie prend de l'ampleur:le signal de l'envol est donné.Cap sur les States et leur Bush(es).
Cieux cléments,pas d'embouteillages ,pas de feux rouges...a nice journey, souligné par un sax frivole.
Des sommets enneigés à survoler ,un cumulus ...ça s'énerve a little bit.
Le sax rugit et la troupe prend de la vitesse.
Accalmie amorcée par l'accordéon mutin :un détour musette par Paris ,à la veille de la commémoration de la prise de la Bastille?'Waar is Carla ',hurle le petit Nicolas.
Cette oeuvre a encore plus de pouvoir suggestif que le 'Jonathan Livingstone Seagull' de Neil Diamond.
Statue de la Liberté en vue.Atterrissage à Central Park.Tout le monde présent ,chef.
60' de musique majestueuse,un grand moment!

Mathilde Renault featuring Jonas Knutsson

A 17:15' seconde scène.
Le band :Stijn Cools :drums(vu récemment avec Pierre de Surgères) -Janos Bruneel:contrebasse -Jonas Knutsson ,né à Umea ,Suède:sax et Mathilde Renault (Malmédy) :piano.

Un CD 'Overoceans' sorti chez Carbon 7.
Dur,dur de passer après la Schneider...Premier titre en trio ,Jonas s'enfilant une dernière akvavit.
La copine du Trouv'lê et des Haguètes pousse quelques vocalises, originaires d'un autre carnaval où tu pourras côtoyer les admiratices de Ronaldinho.
Jonas s'ajoute aux belgicains ,une petite ballade sympa.
Un titre inspiré d'une danse vénézuelienne pour suivre,le sax se fait allégorique.Chouette morceau!Les compositions de l'enfant se succèdent .C'est agréable,sans être transcendant.Le public écoute poliment ,il fait beau et ce female vocal jazz aérien n'agresse personne.
Ils savent tous jouer,le sax lyrique sortant du lot.Jonas a d'ailleurs droit à une composition plus alambiquée ,pendant laquelle Mathilde entame un pas de danse indien pour implorer les dieux scandinaves ,Odin en tête,de laisser Bruxelles au sec.
Une petite valse ,un titre wallon 'Et 8 pour faire 12' :du mainstream décoratif pas vraiment enthousiasmant.Une petite samba nordique 'Un match Brésil-Bulgarie dans les rues de Stockholm' (sic)...Et Mathilde est revenue ,chantait Mr Brel.Nous ,on la quitte pour aller écouter Rabih Abou Khalil sur la grande scène.So long,Mathilde.

Rabih Abou -Khalil

La star Libanaise stealed the show...
Un band cosmopolite, haut de gamme:Jarrod Gagwin,States ,aux drums et bendira -Michel Godard,France:tubas ,basse acoustique -Gavino Murgia ,Sardaigne,sax soprano et vocaux -Luciano Biondini,Italie,accordéon et Rabih de Funès :luth et stand-up comedy.

Le luth attaque un morceau que le maître a écrit il y a peu.Pas de titre ,pas encore enregistré.
Une world music libanaise qui sonne étrangement comme de la Klezmer.
L'oud, joué par un virtuose, est un instrument féérique.Du jazz arabo-andalou détonnant.
Le show commence vraiment lorsque le natif de Beyrouth nous explique la genèse de ses compositions.Un humour second degré subtil ,faisant passer Gad Elmaleh pour un ringard.
D'après lui les Amerloques ont appris la country en Irak ,tous les Sardes sont archevêques ,les Allemands, jouant du tuba, sont des pleurnicheurs à l'estomac rempli de Rothaus Hefe Weizen et adeptes de la oumpapa muzak.... on en passe!
Ce second titre est un poème, tiré d'un livre de cuisine neurologique(oops) 'Lobotomie mi baba lu'.Des scatting vocals sardes( transformés au vocoder),un luth lutin ,Jarrod au bendira et l'accordéon s'associant au tuba pour une danse orientale joviale.
Une chanson d'amour pour une femme spéciale :'Ton âme est noire comme nègre'. Michel s'est saisi d'une basse.Bruxelles ,capitale du Moyen Orient.
La suivante est un hommage à la nourriture anglaise 'Fish & Chips and...'Le tuba se déchaîne ,un rock made in Lebanon.Petit break:drum solo suivi d'un sprint de Rabih sur son oud magique.
'Abdoul Rockman' pour un compositeur d'Arabie Saoudite ,émigré aux States dans les années 50',il aurait inventé le rock et serait devenu une star chez tonton Georgie(n'importe quoi,mais les anecdotes sont des ingrédients essentiels de ses performances live ).Nouveau duel homérique, at high speed , entre l'accordéon et le luth ,pendant que le drummer bastonne sec.
Un intermède comico -vocal made in Cagliari et l'oud redécolle.Le kérozène est quasi gratuit en Arabie-Saoudite!
Un triomphe!
Ils reviennent (tant pis pour Ben Sluys ,déjà vu une dizaine de fois),pas question de manquer le dessert.'Dr Gieler's Wiener Schnitzel' titre surréaliste, démarrant comme du Ornette Coleman .Du free world ,darling .Luth et tuba déstructurés avant de virer Arabian Waltz.Direction Al Jarah. Ouille ,ça s'énerve ,un chameau part au galop .Nouvelle accélération du luth pour ramener le ruminant à l'ordre.
Un mix musical hybride irrésistible.Virtuosité ,passion,tradition,expérimentation , humour....une claque phénoménale!

20h20 Paul Bley
né en 1932 à Montréal,un des papes du free jazz,avec Ornette Coleman et Cecil Taylor.Ex-époux de cet autre monstre du free ,Carla Bley (born Borg)C'est pas tous les jours, que cette légende arpente une scène belge.
Le pianiste a pris un coup de vieux ,il peine pour prendre place face au piano ,trônant sur le podium.
Première improvisation .Elle démarre sur un thème classique (Liszt) ,agrémenté de quelques touches jazzy.Le genious soupèse ses notes ,répète quelques lignes à l'infini ,s'en va manipuler les entrailles de l'instrument ,laisse le silence s'installer pendant quelques secondes ,avant de réitérer le motif.
A little night music ,plus proche de Michel Legrand que de Stockhausen.
Tu as l'impression d'entendre des bribes de mélodies connues ,tu essaies en vain d'y accrocher un titre.Frustration! Ce medley ' quizz musical ',mixant jazz et romantisme classique ou avant-garde, te laisse perplexe et honteux ,car tu as reconnu 2 chansons sur 50.
Cette approche est-elle prétentieuse?Paul Pognon sait-il que des profanes sont à l'écoute?
Bof,c'est mieux que Richard Clayderman ,mais finalement c'est comme un gazouillis pas déplaisant,idéal en lisant un Françoise Sagan ,pas trop compliqué!
La facilité, avec laquelle Paulo passe d'un jeu Schubert à un phrasé ragtime ,tout en continuant de jouer les mêmes notes basses de la main gauche ,est toutefois étonnante.Au bout de 30' ,les doigts quittent l'instrument.Applaudissements polis.
Seconde pièce.Imperturbable,Mr Bley pianote.Ton esprit vagabonde ,tu te surprends à repérer les jolies bruxelloises dans l'amphithéâtre, en écoutant le maestro d'une oreille discrète.
Après 13' :stop!Mr Bley jette un regard neutre vers le bas peuple.Pas un mot,pas un sourire...mais il remet le couvert.
Bley is blij !Cette troisième oeuvre est plus ludique.Oh, elle ne vire pas à la gaudriole ,t'en fais pas,papa!
Les mouettes rieuses apprécient et piaillent en mesure.Chut,volaille,mon voisin dort ,en ronflant légèrement.
21h05 :fin de la démonstration.Un petit signe vers le public et, Polleke quitte la scène en titubant.
Des obligations familiales nous rappellent au domicile conjugal .Nous devons oublier Frank Vaganée et Flat Earth Society .
Un clin d'oeil à l'Atomium et arrivederci Brosella!