dimanche 7 juillet 2013

Gooikoorts- dag 2, Gooik, samedi 6 juillet 2013

Onzième édition du meilleur festival folk du Pajottenland: Gooikoorts!
A quelle heure, Luk?
Vers midi quart!
Maman, à l'aube!
Sur place: un parking, une plaine ensoleillée, déjà du monde, une équipe organisatrice (plus 250 bénévoles) accueillante, deux chapiteaux prévus pour les concerts, une buvette couverte, merci Duvel, kinderanimatie, un marché aux instruments anciens, un restaurant, un fritkot, un snack, un paquet de jolies filles et une absence totale d'agressivité...
Le festival noir/jaune/rouge le plus sympa auquel tu as assisté dans ta courte vie.

En saluant les responsables, une tuile mineure: Chemin de Fer, le groupe du Val d'Aoste devant animer le bal doit déclarer forfait.
Normal tu me dis, SNCB/ Trenitalia même sérieux, retards et suppression de trains à gogo...tu te trompes, Eustache, un accident de voiture et un avion raté.
Faudra dénicher un remplaçant, car 50% de la clientèle se déplace pour cet exercice folklorique, le boerenbal!

Première pils et une eau pétillante pour Luk, le dragueur, il faudra le secouer à 13:30 pour qu'il arrête de faire de l'oeil à une belle locale dont le conjoint trime à la caisse: 't is tijd, fieu, ramasse tes Nikon, la fête commence!

Concerttent ( le grand chapiteau): Broes!
A l'origine un quartette, depuis peu un cinquième membre à la contrebasse!
Anouk Sanczuk: viool ( = violon) - Dennis Allegaert: accordeon-  Florian De Schepper: gitaar ( enlève un a ajoute un u et un e)- le nouveau,  Frédéric Dothée: contrabas ( t'as compris?) et le local, Wout Van Liedekerke: percussie( ssion).
Des Gantois, sauf Wout, ayant débuté en 2009, Folkkroddels les a désignés comme meilleur débutant en 2010.
Genre?
Du folk au sens large: éléments traditionnels, parfums balkaniques, un soupçon de jazz ou de pop, une incursion dans le monde country, du filmique, de la world... un machin passe-partout pas désagréable mais manquant d'âme d'après René, un puriste!
Nous, on a apprécié le côté rafraîchissant et réjouissant du cocktail proposé sans pour autant crier au génie!
Dix titres variés et chaleureusement applaudis: ' Irish Whispers', mélodie entraînante portée par un violon fringant.
Frieda et Tia ont déjà entamé un pas de danse guilleret à deux mètres du podium, avec un thermomètre indiquant 30° C, on salue leur audace!
'Poblé Sec', une station de métro à Barcelone, impossible à  débusquer - une exotique  ' Danza Arabica', puis ' Hespewespewals', du musette pour Big Bill et les guêpes - le seul titre chanté, par Wout, la cover de Ben Harper ' Steal my kisses' - retour au folk avec la gigue fluide et sentant bon la verte Irlande ' Typp-Ex'- le saccadé ' Thunderoes' peut s'entendre sur notre demo, l'accordéon caracole, le cajon s'énerve - Anouk a composé la ballade sensible' Zwarte morgen' - 'Alizé' de Frédéric n'a rien à voir avec la petite Lolita corse et on clôture par un singalong ' Eastern Eggs'.

Au pas de course vers la tente de capacité restreinte prévue pour les concerts acoustiques: Balatone featuring Gille Decock aux percussions excentriques.
Très vite l'endroit se transforme en sauna suffocant, les entrées sont filtrées, fotoman Luk, une petite nature, préfère shooter les Hoeilanders, aussi beaux que Léon du Mallemolen, et apparentés ( Tervuren), de loin, c à d en dehors du chaudron!
Au menu?
Des bourrées pas dessalées, des mazurkas, polkas, valses.... proposées avec l'accent du terroir, tu entends un bruxellois époque Tichke à l'église ou du brabançon sentant les étangs de Groenendael, ça change du nouveau parler de Molenbeek, issu du régime Moureaux and co.
Tjerrie Verhellen ( un ex- Kaberdoesj), beau comme un docker pas encore bourré, Eric Mat et Johan Kayaert jouent de tout: guitares, tin whistles, vielle de gambe, banjo, cornemuse, bodhran, mandoline, trekzak ( tu lis accordéon), ils gazouillent mieux que Urbanus van Anus et, leur associé occasionnel, le Gille, même s'il ne vient pas de Binche, est du genre facétieux, un peu comme Gilles Van Binst, on l'a vu manier un washboard décoré de poêlons que Quick et Flupke s'étaient amusés à accrocher à la queue de Felix le chat de la voisine de Marie-Louise Beullemans, des bâtons, des coquilles St-Jacques, des cuillères en argent enz.. 
Ambiance folklorique in' t kot dès la première salve: 'Nieuwe patatte polka' , puis une mazurka interactive, tiens Thérèse, prends ces bouts de bois, fais du bruit, frappe sur la tête de Franz, ton époux si t'as envie - ' Bourrée à Régis/ Papillon' - ' Bille Marut' emprunté à 't Kliekske, du folk didactique - une nouvelle série de bourrées sur le chemin de Compostelle- ' Belotje' pour ma femme qui boit que du vin de messe - 'Track 13' savent pas compter, c'était la septième - le chef-d'oeuvre en péril, l'Unesco devrait intervenir, ' Wee goeter mij no d'helle' ( patatten schellen) - et le bilingue 'Petit oiseau'.
Ovation immense, suivie d'un bis dédié au voddeman.
La classe! 

Alasdair Fraser & Nathalie Haas
L'ambassadeur du Scottish fiddle, flanqué de la séduisante celliste américaine qui ne ressemble pas à un lièvre!
Un de leurs albums a pour nom 'Fire and Grace', c'est bien de cela qu'il s'agit!
...  Dazzling teamwork and driving, dancing rhythms... un superbe set mixant old traditional tunes et des compositions du duo!
Pas de setlist, Alasdair et Nathalie entame le gig par une ballade mélancolique te permettant de visualiser un paysage composé d'ancient rocks devant dater de l'ère cambrienne, enchaînement sur une série de reels fougueux ou romantiques.
Du doigté, de la sensibilité, un classicisme éloquent!
Une apologie du fiddle which is a scary instrument ( sic), il y a des siècles, violon et violoncelle constituaient les seuls instruments utilisés lors des bals en Ecosse.
' The Highlander's Farewell', grâce, énergie,vivacité... Gooik savoure.
Les Scottish dance tunes enivrants se succèdent, Luk te fait signe qu'il faut penser à se désaltérer par ces chaleurs tropicales, ta pils danse sur la table.
Retour sous le chapiteau, some tunes from the Isle of Skye où Alasdair anime a violin school, visitée un jour par the First Minister of Scotland, Alex Salmon, prônant l'indépendance des porteurs de kilt.
Une suite, le majestueux ' John Mac Donald's reel' suivi par le vif ' The Referendum'.
Le dialogue courtois ' The Pitnacree Ferryman' datant du 18è siècle sera suivi by a new tune, but from the old well, ajoute le barde grisonnant, I wrote it for a wedding ( for  the bride) , il a fallu la composer en quelques heures dans la voiture nous conduisant au Nord de l'Ecosse: ‘Glenfinnan Nights’, le duo enchaîne sur a traditional reel déchaînant l'enthousiasme.
Coup d'oeil en coulisse, time for another suite, ok!
Please, listen to Nathalie's rock'n roll cello,  c'est parti pour une dernière envolée enflammant la tente: handclappings et stomping feet ... the joy between both musicians was palpable and infectious...indeed!


Pandeireta.com
Plus question de pénétrer dans l'étuve akoestische concerttent, comme Luk, on suivra les faits et gestes des Galiciens bruxellois à l'extérieur.
Des émules de Ialma: chant et percussion ( le pandeireta),   Eva Fernandez Palomo ( fille de Marisol: Ialma) -Xabi Sanchez e Iglesias ( membre de A Contrabanda) - Ana Palomo Diaz  et Benoit Kensier  à la  gaita (cornemuse galicienne).
Un travail archéologique pour nous présenter des airs traditionnels de Galice.
Intéressant, mais également vite fastidieux, d'autant plus que le chant aigu des donzelles agresse âprement tes pavillons habitués à plus de douceur.
Une premier morceau ( une jota)  quasi a capella, Eva frappant un instrument agraire d'une pierre sans mousse, puis une mélopée arabisante aussi enthousiasmante qu'un choeur de pleureuses à Ramallah.
Luk a soif, il se tire,  nouvel épisode geignant suivi d'un fond sonore Exploration du Monde 'Les Chemins de Compostelle'.
Tu prêtes une oreille distraite à ces chants quelque peu désolants, ton regard étant attiré par les membres inférieurs  longilignes de la jolie Ana.
La complainte funèbre qui suit te décide à aller rejoindre Luk confortablement attablé à la buvette où se produit Nietto, groupe composé de musiciens jouant tous de la nyckelharpa.

Rua Macmillan Trio
Encore un violon écossais!
Rua Macmillan est considéré comme le nouveau prodige du folk issu d'Alba, the land of the Gaels.
Un album ' Tyro', des centaines de concerts mais une première chez nous, bravo Gooikoorts.
Le solide violon est accompagné par un as du bodhran,  Adam Brown, et par une mignonne et super-efficace guitariste, Tia Files ( membre du groupe Bodega).
Une approche plus rock que celle du compatriote Alasdair Fraser.
Dès l'entame, 'Kitchen Criminals', ça cogne sévère, un violon virulent, un accompagnement sec, attachez vos ceintures! 
Scoop: it's my first gig ever with glasses, sans essuie-glaces c'est pas évident, la sueur perle de son front.
A suite of three gigs ( 'Slip/Jigs' indique le parchemin traînant sur scène), if you feel like dancing, faut pas vous gêner, détail, le thermomètre a grimpé aux environs de 48°. 
Two of my own reels to follow, 'The djembe walk'  et la seconde n'a pas de titre mais on pense la baptiser 'Tia s'est abîmé la lèvre en la jouant'.
Une enfant fébrile! 
A slow march écrite par Duncan Chisholm, suivie par un solo de bodhran.
 Adam, le rouquin, est aussi souriant qu'un prêtre copte pratiquant l'exorcisme, mais le  gars est doué.
Violon solo,  'Bidh Clann Ulaidh', un vieil air que me chantait my granny étant bébé.
' Taxi' a une histoire: une amie hèle un cab, boum, le gars l'accroche, je vous conduit à l'hosto, en bon Ecossais, le gentleman lui compte un aller/retour salé, ça méritait une chanson.
Une nouvelle suite, une ballade non titrée jusqu'ici et un morceau agressif écrit par The Guns ( à vérifier).
 Le trio  termine ce concert bien enlevé par a traditional Scottish tune sur un tempo chevauchée fantastique.
Ovation et  bis bluesy avant de s'enfiler une demi-douzaine de Duvels.
Rua Macmillan Trio: un gros potentiel!

Intermezzo, Duvelstage: Mystic Moose!
Mise en jambes avant le vrai balfolk, les adeptes de  la gambille auront l'occasion de s'adonner à leur exercice favori pendant le set d'un quintette de Begijnendijck, jouant un folkpop tendance muzak.
Carolien Vissers - Viool / Jelle Ghys - Gitaar, Zang/ Jeroen Vissers - Bas/ Timmy De Waele - Percussie/ Tsane Tips - Accordeon forment Mystic Moose, né en 2009.
Ce cervidé contemplatif et  pas écervelé,  n'est pas vraiment nul, mais il lui reste pas mal de boulot avant d'atteindre un niveau correct.
A leur actif, un EP enregistré dans les studios d' Anton Walgrave .
Un gypsy folk édulcoré pour ouvrir ' Spiritual Waltz'.
 Une blonde locale, aux jambes plus velues que celles d'un orang-outang chaussant du 46 fillette, invite Madame Vandenslash pour un petit tour élégant sur la piste.
Luk s'en fout, il a repéré une blonde pas infâme et la mitraille avec ses Nikon, ce mec est incorrigible!
' Woman', sais pas s'il s'agit de la créature qu'on vient de mentionner..
C'est gentil, distrayant et inoffensif.
Un petit Raymond?
Poulidor?
Je crois qu'il s'agit de la  Forêt Verte, savais pas qu'il avait composé un tango à consommer en buvant de la wodka.
Swing time avec ' New born man', pas du swing Glenn Miller, plutôt le genre tsoin tsoin.
' Put your shoes on', pour ceux qui sortent de la mosquée, puis un soundtrack bruit de fond barbecue sauce schaslick.
Là, tu te souviens qu'il faut se sustenter.
Game over, Mystic Moose,  keep on folking, kids!

La tête d'affiche incontestable, le grand retour et le seul concert en nos terres de Malicorne!
1973 l'album 'Pierre de Grenoble', Gabriel Yacoub va quitter Alan Stivell et former Malicorne avec, bien sûr, Marie Sauvet plus Laurent Vercambre et Hugues de Courson.
Pendant 10 ans le groupe sera un des chantres du renouveau de la chanson française traditionnelle, un vent nouveau souffle sur l'hexagone, des albums illustres de folk rock progressif, encensés partout.
1988 l'arrêt!
Retour pour un concert exceptionnel lors des Francofolies de La Rochelle en 2010 et en 2012, Malicorne renaît de ses cendres après un bref épisode Gabriel & Marie de Malicorne!
Line-up 2013:  Gabriel Yacoub - chant, guitare, mandoloncelle/ Marie Sauvet - chant, dulcimer, psalterion/  Romain Personnat : chant, accordéon, harmonium/ Yannick Hardouin : chant, claviers,basse/  Gilles Chabenat : vielle et David Pouradier Duteil : chant, percussion.
Un nouvel album est prévu cette année!
20:30',  chapiteau bondé, une question: la magie Malicorne subsiste-t-elle encore?
75' plus tard, un cri unanime: oui, 5000 fois oui, elle est intacte.
 Un concert époustouflant, émouvant et intense!
'Au bout du bois', titre ancien issu de la Louisiane, mais nouveau dans le répertoire de Malicorne.
Cette première complainte polyphonique, déjà te fait frissonner.
Une ronde enregistrée sur l'album phare ' Almanach', 'Voici la Saint-Jean', d'une efficacité redoutable.
'La nuit des sorcières' et en fondu le traditionnel anglo-saxon ' The Lyke-Wake Dirge', ayant inspiré  Stravinski ou Britten et ayant été chanté par Pentangle, Maddy Prior et autres grands du folk de la Verte Albion.
Beau à couper le souffle!
'Solide', un blues freudien, précède l'antimilitariste et amer 'Comprenez-vous'.
Place à l'instrumental martial ' Bacchu Ber' suivi du folk celtique 'Coeur volage' interprété sans le couple phare, Gabriel et Marie.
Une grosse claque en pleine figure, cinq voix a capella t'assènent 'Marions les Roses'.
Intemporel!
Un brin de mystère pour amorcer le fragile  'Le Luneux.
Tout le monde à bord pour le lancinant et troublant 'Les bannières qui claquent'.
Drums et basse impriment un rythme soutenu et amorcent le folkrock, 'Beauté / Twelfth song of the thunder', malheureusement quelque peu terni par de petits problèmes techniques.
Gabriel se doit de ménager ses cordes vocables, mises à rude contribution.
 L'incident est mineur.
Une nouvelle, '  Soleillet de l'air en l'air' pour terminer avec leur titre fétiche, une chanson du Dauphiné datant de l'époque napoléonienne, ' Pierre de Grenoble'.
Chapeau bas, madame, messieurs!
Gooik, jeunes et vieux, leur fait un triomphe.
Emus Marie, Gabriel et l'équipe reviennent pour nous servir une chanson sur le temps qui passe, reprise en choeur par la tente entière: 'Le sel et le sucre'!
Bien plus que de la nostalgie... du bonheur!

Faut patienter jusqu'à 23h pour le bal final, c'est le Trio D'Hoore qui doit faire oublier Chemin de Fer!
 Koen Dhoore: contrebasse, vielle -Hartwin Dhoore: accordéon, cornemuse, flûtes et Ward Dhoore: guitare auront fait ce qu'on attendait d'eux, faire danser le peuple.
La piste n'a jamais désempli: scottishes, bourrées, polkas, mazurkas, valses... ça n'a pas arrêté de tourbillonner à nos côtés.
Une salle en ébullition, ambiance fest-noz sans les coiffes bretonnes typiques.
 La Duvel remplace le cidre, les sabots sont oubliés, chaussés de sandales, mocassins  ou pieds nus, Dieter, Klaas, Fritz,le fils du curé, Marieke, Freekje, Tessa et ses taches de rousseur, l'androgyne poilu de tout à l'heure, pirouettent avec ou sans élégance.
Luk a évidemment repéré une petite pas bidon et l'immortalise pour sa collection personnelle.
Regarder  virevolter les autres, ça donne soif, on abandonne les valseuses et Gérard pour  rejoindre Rua, Tia et Adam au bar.

L'heure est au bilan: superbe journée, bonne humeur, pour ne pas dire liesse générale, programme de qualité et pas une once de violence!

Sur le chemin du retour, Luk repère un bistro ouvert à Pepingen, la serveuse est pas mal, un dernier godet, menneke?
Rien, tu peux lui refuser!