mercredi 17 juillet 2013

Brosella 2013 ( Jazz day), Théâtre de Verdure, Bruxellles, le 14 juillet 2013

Brosella jazz en cette éclatante journée Allons Enfants de la Patrie, ta compagne ayant décidé, après la sieste, de t'escorter vers l'Atomium, tu débarques vers 15:50' du côté de la Royal Palm Stage, tu as manqué le UMO Jazz Orchestra, tu ne rateras rien du Yves Peeters Group!

C'est en 2007 que le batteur Yves Peeters, au palmarès impressionnant pour un jeune homme de 35 piges ( a collaboré avec  Laurent Blondiau, Bart Defoort, Kris Defoort, Jozef Dumoulin, Bert Joris, Steve Houben, Jacques Pirotton, Ben Sluijs, Tutu Puane, Joachim Badenhorst, Sofia Ribeiro...) , a fondé son quartet avec d'autres requins de la scène belge: Nicolas Kummert: tenor sax et vocals  ( 30 albums, Alexi Tuomarila Quartet, Karl Jannuska sextet, GrooveTHing, le regretté Pierre Van  Dormael etc. ) -  Frederik Leroux: guitar ( son Frederik Leroux Quartet, Sammy's on the Bowery, vu il y a une éternité etc..) et  le  plus capé, Nicolas Thys: bass ( un ou deux noms: Alice's Five Moon, Nathalie Loriers, Marco Locurcio...).
Un second album ' All you see' vient de voir le jour.
Subgenre?
Jazzy americana, jazzy africana, jazz rock!
La basse de Nic Thijs entame 'New Mexico', de sa plume et gravé sur l'album précédent du band ' Sound Tracks'. Drums et guitare s'activent, un bluesy jazz sur des pistes bordées de cactus.
Here comes the saxman, la ballade processionne nonchalamment, tu croises quelques pueblos désertiques, un clebs malingre fouille les poubelles, fait chaud!
'Nightscape' à écouter en pensant à Edward Hopper, du cool jazz au groove indolent.
Un rythme soutenu pour 'Try and stop us' ( Frederik Leroux), le terrain s'avère accidenté, des bosses, des méandres, une Gretsch fougueuse, un sax débridé, ça castagne!
' Matonge ' (Kummert), le sax s'élance pour une intro hachée pendant laquelle Nicolas roucoule au travers de son bec, effets Peter Frampton/ hyène folle garantis.
Yves relaye, le quartier ixellois s'éveille: agitation, palabres, turbulence.. l'Afrique, quoi!
Le mélancolique 'Sad News' aux accents Les Feuilles Mortes précède 'Hats and bags', la plage  fusion du set, la guitare lorgnant du côté de Larry Coryell ou d'Al Di Meola.
Une dernière inspirée par la musique du Mali, Ali Ibrahim 'Farka'  Touré en tête, le blues 'Bamako'.
Superbe concert!

Nathalie Loriers New Trio
Nathalie Loriers (piano), Philippe Aerts, un scoop, je me teins les cheveux en mode Elio (double bass), Rick Hollander from Detroit (drums), pas besoin de présenter ces vieux roublards, ils ont écumé toutes les scènes jazz de la planète.
L'an dernier sortait leur CD 'Les 3 petits singes'.
C'est pas nous clame, Nathalie, faut penser à Mizaru (L'aveugle), Kikazaru (Le sourd) et Iwazaru (Le muet), d'ailleurs, nous sommes de grands chimpanzés ravis de jouer sous le soleil, une première à Brosella!
Un premier titre typiquement Loriers' touch, Loriers qui semble dialoguer amoureusement avec le Steinway, le frôle, le flatte, l'effleure tandis que la rythmique gambade joyeusement.
'Moon's Mood' s'appelait la plage, ni lunaire, ni membre d'une secte, Moon est mon chat capricieux!
'Canzoncina' est dédié au pianiste Enrico Pieranunzi, que je place juste sous mon idole, Bill Evans.
Elegant lounge music.
' Les trois petits singes', pas simiesque, mais bien balancé .
Vas-y, Philippe, attaque, une commande ayant permis à la Belgique de remporter quelques médailles en 2008, 'Jazz at the Olympics', du jazz souple et lyrique.
Vous donne pas le titre de la suivante, na!
Enfant gâtée, t'auras pas de mousse au chocolat, na!
A cette rêverie sans titre succède 'Garden Party Time', un savoureux cocktail latino .
Un bis?
Le profond et sobre 'La saison des pleurs', Nathalie ayant en mémoire le merveilleux Jean-Pierre Catoul décédé en 2001.

La plus agréable découverte du festival: Elina Duni Quartet!
Alina naît  à Tirana en 1981 mais, avec sa mère, s'installe en Suisse dès 1992, ce qui explique sa connaissance parfaite du vocable roman.
Elle chantait déjà à 5 ans et, à Genève, puis à Berne, elle poursuit des études musicales.
Trois albums voient le jour, le dernier  'Matanë Malit' ( Beyond the mountain).
Sur scène, elle est accompagnée par de formidables musiciens helvètes, Colin Vallon (piano), Patrice Moret (doube bass) et Norbert Pfammatter (drums).
Un chant traditionnel, sensuel et rythmé du Nord de l'Albanie pour entamer le récital.
En principe, jouée sur un instrument à deux cordes ( le  Cifteli probablement),  la mélodie, douce et passionnée à la fois,  est ourlée d'arrangements jazzy.
On passe au Kosovo, une chanson de noces joyeuse et expressive, '  U rrit vasha'.
Deux titres seulement, la jolie Elina fait l'unanimité, le public vibre aux sonorités de ce chant enthousiaste.
'La chanson de la fleur' ( titre français, peut-être 'Spaske pas nje pikё mёshirё' en albanais ), en provenance d'Albanie centrale, qu'elle emprunte à un violoniste de Tirana (Isuf Myzyri ?)  auteur d'un grand nombre de chants folkloriques.
La chanson traite du côté éphémère de la vie, toute la colonie albanaise de Bruxelles savoure.
Mise en condition dramatique, univers film d''épouvante, pour amorcer le thème suivant, ce blues d'Albanie du Sud vaut les meilleurs Björk ou Florence and the Machines.
La gestuelle orientale sensuelle et la voix chaude donnent le frisson malgré un soleil dardant sournoisement.
Une version albanaise de Roméo et Juliette, ' La chanson du fruit défendu', prélude du morceau le plus poignant, son grand-père  lui chantait le chant des partisans lorsqu'elle était enfant, après les combats contre le fascisme vinrent  les atrocités communistes: 'Mine Peza'.
Interprétation vibrante te nouant la gorge.
A love manifest  originaire de la région de  Shkodra ( 'Ka një mot') traite de la difficulté que connaît l'amoureux maladroit pour exprimer sa flamme.
Le quatuor termine le concert par une pièce agitée ébauchée par un solo de batterie subtil.
 Elina Duni: à découvrir d'urgence!

 L'incontestable tête d'affiche: Bill Frisell!
Un amphithéâtre plein à craquer, une attente nerveuse pour le concert du Bill Frisell- Big Sur Sextet!
Frisell, un des papes de la guitare jazz ( avec Metheny et Scofield) depuis plus de trente ans, mais aussi un gars imprévisible,vient présenter la suite 'Big Sur', une commande du Monterey Jazz Festival.
Big Sur en Californie, là où les Santa Lucia Mountains semblent sortir tout droit du Pacifique, pendant une retraite d'une dizaine de jours, Frisell a composé 19 pièces devant constituer le puzzle à la gloire de Big Sur.
Qu'allait donner l'interprétation scénique de cet exercice discographique?
Un franc succès?
Non, trop monotone et répétitif.
Une merde à oublier?
Non plus, une sorte de symphonie new age/country/surf/americana/cool jazz agréable aux oreilles mais manquant passablement d'épices!
Le Sextet : Bill Frisell (guitar), Carrie Rodriguez (violin), Jenny Scheinman (violin), Eyvind Kang (viola), Hank Roberts (cello), Rudy Royston (drums).
Entrée en matière classico country waltz, plusieurs mouvements:  envolées de cordes, guitare fluide, drumming posé, une atmosphère ambient.
Déjà près de vingt minutes sans pause!
 Quelques bruitages saugrenus semblent annoncer une nouvelle direction, un violon se fait agressif, Rudy ( formidable batteur) frappe à contre-temps, de gros remous, la barque est sur le point de chavirer, où sont les gilets de sauvetage?
Après ce passage Frisell meets Stockhausen sur le radeau de la méduse, les flots s'apaisent, le maître travaille en pizzicato sur nappé de cordes tiède, le voyage reprend son cours.
Quoi JP?
Aucune saveur, ce machin joué en sourdine te casse les burnes, tu me dis, regarde le bon peuple, il sommeille.
Il a raison!
Déjà 40' sans interruption, du temps de 'Tubular Bells' fallait se lever et retourner la crêpe!
Quelques applaudissements, ah c'est fini.
Mouvement suivant, un rien plus nerveux, pas de quoi alarmer la maréchaussée!
Deux ou trois gosses se chamaillent, ils génèrent plus de décibels que la symphonie pas héroïque!
Oui, Jean- Hubert?
C'est joli... Oui, Jean-Hubert et très propre!, mais Bill ne frisera pas l'apoplexie ce soir!
Un petit surf, mais bon Dieu, le machin vire rock..
Yeah!
Nouveau virage, un trio de violons verts et romantiques évoquant le pays de Bono.
Rex, reviens, ne touche pas à la Palm de Monsieur.
François cauchemarde, caca, demain c'est lundi!
Félicie se félicite d'avoir confié la progéniture à belle- maman.
Guy te signale que Froome domine le Ventoux .
Frisell dessine ses arabesques, le soir tombe, il décide d'envoyer une dernière pièce avant-garde appréciée par les amateurs de Zappa!
Rideau!

On va dîner, interroge prosaïquement ta compagne?