mercredi 9 novembre 2011

Tommy Emmanuel - Jimmy Wahlsteen au Bozar, Bruxelles, le 8 novembre 2011

A 18h30' chez toi, Michel?
Ja, Luk, je t'offre un coca light une fois sur place!
On passe sous silence notre longue attente à l'info du Palais.
Un drink vite fait, direction la salle Henry Le Boeuf pas bourguignon, étrangement désertée.
On troque nos places Q quelque chose contre des C 75€ le siège tout en s' étonnant du manque d'intérêt du public, vraiment clairsemé ( euphémisme), pour la seule date belge du Best Acoustic Guitar Player on this planet and beyond: Tommy Emmanuel!
Une sonnette signifiant qu'il faut vider son godet en wij binnen!

20h05'
Un gugusse rapplique, c'est pas le Tommy, ou bien il s'est tapé une cure de jouvence à base de ginseng, thalasso et fangothérapie recommandée par Test-Achats.
Un avant-programme pas annoncé qui après le second instrumental se présente en français teinté d'un accent viking, hello, je suis Jimmy Wahlsteen, from Sweden et j'assure la première partie de Tommy Emmanuel pour ce European tour!
Huit titres, 35' plaisantes, un gars doué ce Jimmy!
Deux CD's sortis chez Candyrat records, le dernier tout frais: 'All time high'.
Avant de nous expliquer qu'il continuera en anglais, because French is too difficult to play guitar, il a interprété deux titres non nommés, probablement ' 181st song' et ' A lily in May'!
Le premier filmique et d'inspiration John Martyn, la seconde salve débutant en travail percussif, la paume gauche battant le corps de sa guitare.
Un jeu limpide et aéré.
'Tranquillity' se trouve sur le second CD, le titre clair se meut dans la mouvance Leo Kottke avec des loops habillant la mélodie.
En G-minor, 69 % des spectateurs sont des guitaristes pro, semi-pro ou débutants, 'Tickle down FX', raffiné et mélodieux.
Pour suivre, l'agité 'Halifaxation' composé à Halifax, ' Rapid Eye Moment' pour la bande à Michaël Stipe, le truc sonne Steve Hackett.
Lasse Hallström 'Le Chocolat', Juliette Binoche, sa fameuse réplique 'It's your favorite' donne son titre à la suivante, légère comme une mousse onctueuse.
'12 rooms' en D minor clôture le set sur background rock!
Well done, chap!

Courte pause et à 20h50': Tommy Emmanuel!
Un bonsoir théâtral et souriant pour son first show in Brussels ever.
Interview accordée à un journaliste de son pays d'origine:
Without a setlist?
Tommy Emmanuel: I never work to a setlist! Except of course when I work with an orchestra. But even then I get off the road, because I like to be absolutely in the moment...
Va falloir se creuser la tête, 80% des titres interprétés seront des instrumentaux... et quand tu sais que l'as du fingerpicking a pondu +/- 25 albums, ça risque d'encore compliquer ta tâche!
Pendant 1h45' en excluant le rappel, l'Aussie va éblouir la capitale, bon nombre de gratteux amateurs risquent de planquer leur instrument au grenier après le show fracassant de ce gars qui fait corps avec son instrument: maîtrise, virtuosité, showmanship, enthousiasme, énergie... ces mots sont trop faibles pour décrire le jeu du type que Clapton qualifie de meilleur guitariste que j'ai jamais entendu!
Une entrée en matière bolide lancé à du 1019,25 km/h en plein désert du Nevada, un jazzy tune virant rock sur lequel tu ne parviens pas à mettre un titre: super frustrant!
Quelques fantaisies pour amuser la galerie, puis une ballade allègre suivie d'un uptempo en voltige. La vitesse d'exécution frise l'insolence, la dactylo de Monsieur Vandenklet, se targuant d'être la plus rapide de Bruxelles, aurait dû assister aux mouvements des doigts du prodige , elle se serait fait porter malade pour trois semaines, minimum!
Et tout ça avec une pointe d'humour: entre deux accords ou shreds supersoniques, il jette un coup d'oeil à sa Rolex et accélère la cadence.
Après trois morceaux seulement la salle est en extase!
Un titre chanté, le formidable ' 16 tons' de Merle Travis, décoré d' un numéro de palm spinning éblouissant.
T'as pas vu, Frida, o k je recommence, regarde bien ce coup-ci!
Plus fort qu'Houdini et David Copperfield,T E devrait jouer au poker, fortune assurée!
A travel song 'Roll on, Buddy', a bluesy ragtime, nouvelle démonstration scintillante.
D'une main les accords, l'autre gratte le corps de la Maton guitar déjà creusé jusqu'à la moelle.
Mon idole depuis que je suis âgé de 7 ans c'est Chet Atkins, I heard him play on the radio, it changed my life, I owe him everything, petite leçon de technique et un Chet Atkins ( 'Smokey Mountain Lullaby' ???).
Un 'Classical gas' bouillant et puis un titre de son dernier CD 'Little by little', composé dans le hall d'un aéroport, où une gamine le regardait faire et fredonnait la mélodie, I titled it with her first name ' Ruby's eyes' , tout en caresses.
Une berceuse en arpèges et une nouvelle tranche d'esprit: 'I'd like you to meet my band... my bass player, le pouce gauche- the drummer: la paume de la même pogne, the rhythm guitar player, quelques doigts grattant les cordes and me playing 'Blue Moon'!
Superbe!
Sur 'Little by little': 'The Trails' written to raise money for the Native Americans pour que leurs kids puissent être scolarisés, le chef Navajo jouant de la flûte a inspiré cette composition expérimentale et envoûtante, véhiculant un souffle chaud et des images de canyon et de cactées.
Encore plus fort, le tribal 'Mombasa', guitare, micro, cordes, chaise frappés d'un balai de batterie, pour finir par un riff meurtrier, public en ébullition!
Changement de jouet: 'Half way home' précédé d'une page philosophico-biographique!
'Angelina' my universal song, I play it everywhere, pour sa fille cadette!
Beau comme le 'Tears in heaven' d'Eric Clapton.
Le country speedé 'Tall Fiddler' est dédié à Byron Berline et 'The Claw' est de Jerry Reed, je la joue sur un instrument tout neuf, c'est sa première apparition en public, elle a un trac fou!
Une ballade romantique et l'histoire de sa rencontre avec Chet Atkins, un conte de fée se terminant par l'interprétation de ' I still can't say goodbye' que Chet écrivit en l'honneur de son père décédé.
Emotions intenses!
Dernière ligne droite, l'attendu 'Beatles medley' avec notamment 'Here comes the sun', 'When I'm 64' ,' A taste of honey' , 'Day Tripper' et 'Lady Madonna', un véritable Beatles quizz joué en rafales cinglantes.

Toute la salle est debout!

Retour du phénomène, les requests fusent, finalement ce sera l'autre cheval de bataille du chef' Guitar Boogie', un mix de blues/blues rock saupoudré de Stevie Ray Vaughan ou Jimi Hendrix à la sauce Emmanuel, pas celle de Just Jaeckin, obsédé... Tommy Emmanuel, un wizard pas adepte du pinball!

Niet slecht, te confie Luk en quittant la salle!