lundi 28 novembre 2011

Justin Townes Earle - Beuzak au Club de l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 27 novembre 2011

Fin novembre, à un mois des festivités de fin d'année, Bruxelles trempe déjà dans l'ambiance illuminations dispendieuses ( magie de pacotille Electrabel...), marchés de Noël à gogo, glühwein, péket, boudins ( figues, foie gras, asperges, kitekat...), jingle bells et autres âneries appréciées par le groupe facebook "Je déteste les fêtes de fin d'année" ( 176983 membres).
Rien à branler, si ce n'est qu'il te faut 25' pour dénicher un emplacement où larguer ta luge avant de te diriger vers l'AB!

20h15 Beuzak

Pardon, t'insultes qui là, rotzak!
Calme tes nerfs, Robert: Beuzak c'est le nouveau patronyme de Pieter-Jan De Smet, pas un bleu dans l'univers rock made in frietjesland.
Ce gars est sur la route (66) depuis début 80, il fut Lionhearts avec son pote Geoffrey Burton, vu dans l'assistance avec sa compagne de Hong Kong Dong, puis Pieter-Jan De Smet, quelques CD's acclamés par la critique, ensuite PJDS ( toujours avec Tim Burton), à nouveau des disques de qualité aux ventes anecdotiques, un silence de 8 années, un changement d'identité, Beuzak, nom de sa firme de disque, un enfant 'Homebrew' et des scènes, solo ce soir!
PJDS n'a rien perdu de son talent, ni de sa hargne, en 1/2 h il a enthousiasmé Bruxelles (tu lis la Flandre émigrée).

Le superbe 'This Ship' ouvre le gala, des flashes de David Bowie ( époque Hunky Dory), des Walker Brothers, de Gavin Friday, voire de And Also the Trees te traversent l'esprit pendant que Pieter-Jan se sent comme a drunken monkey.
Sombre, lent, profond.
Un titre de l'album de Pjds 'Suits you', tout aussi lancinant 'Crumble beauty', au jeu des rapprochements on citera Elliott Murphy.
Avec son background bluesy, ' Smiles' est plus sec et tout aussi poignant.
A quote: A day away from her is like a month on ice...
Avec Luc Crabbé (Betty Goes Green), Beuzak est le flamand dont le timbre s'approche le plus de celui du Thin White Duke.
Une présentation trilingue, un coup de pub pour 'Homebrew' et on attaque un dark folk visionnaire...the future is falling around us...
Un autre titre plus ancien, incroyablement noisy, ' Car to crash', du TC Matic/Bowie tôles brisées.
Une cover de Chocolate Genius, ' My mom', à te donner la chair de poule...my mom, she can't remember my name... tout en émotions, frissons garantis!
Justesse de ton et sobriété.
PJDS achève le set avec un rock agressif ' My soft spoken brother'.
30' intenses!
Hosanna, salut et gloire: PJDS n'est plus, longue vie à Beuzak!

21:00 Justin Townes Earle

Le fiston de Steve se pointe, il a pas encore ramassé sa guitare, il a touché à rien en fait, que 3 ou 4 larsens à réveiller la reine Fabiola qui vient de s'endormir après ses prières vespérales, à deux kilomètres de l'AB, retentissent en provenance d'on ne sait où.
Justin Townes s'empare du micro: un écho alpestre!
Dedju, damnation.
Bricolage à la table, let's try if it's OK, now.
Djing, djing, la la la la... c'est pas la gloire, nouvelle séquence tripotage: Eureka!

En 1982, Steve et Carol -Ann Hunter ( la 3ème épouse de barbe bleue) donnent naissance à un beau bébé, en mémoire de Townes Van Zandt, il s'appellera Justin Townes Earle.
Pendant que Dad poursuit son périple mariages en vue d'entrer dans le Guinness Book, Justin Townes se lance sur ses traces, sort un EP et trois full CD's ( le dernier ' Harlem River Blues'). Deux mois après son vieux et sa stepmother le voilà à Bruxelles, à l'AB, but upstairs, pour nous balancer son americana/alt.country /bluesy folk à la croisée de Woody Guthrie/ Ryan Adams/ Robert Earl Keen.
Le gars est prolifique, un album par an, une nouvelle rondelle est prévue en février, nous aurons droit à plusieurs titres de cette oeuvre.
Setlist, la grande absente, je joue à l'inspiration.
Grand, efflanqué, tatoué comme un marin, binocles, petite casquette et bottillons...un premier titre d'une voix de preacherman et un solide jeu en picking... sometimes a man just has to know when to go ...( 'Passing through Memphis in the rain' )
Séquence autobiographique: you know my father wasn't the first storyteller de la famille, mon grand-père Jack, un contrôleur aérien, en connaissait des histoires, ' They killed John Henry ' ( le gars who was born with a hammer in his hand), lui est dédié.
Jeu nerveux , cordes pincées sans douceur, doigts agiles et howled lyrics , le gars tient pas en place.
Le délicieusement désuet, relents ragtime à la Leon Redbone, ' Ain't glad I'm leaving ' succède à la page d'histoire John Henry, il poursuit avec une première tirade pas tendre pour son paternel....You know, I wouldn't want to fight my mother, she's a dangerous woman, elle m'a toujours protégé, I ain't the son of my father, c'est elle qui m'a élevé: le tendre et nostalgique 'Mama's eyes'.
Il a quitté Nashville pour s'établir à New-York: ' One more night in Brooklyn', bluesy guitar licks et soft voice, légèrement traînante.
Il enchaîne sur le sec ' Ain't waiting', un country blues à son image, le gars incapable de rester tranquille, il termine le titre par un coup de talon décidé.
Une ballade classique:'Christchurch woman' une dame qu'il a rencontrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
Vous voyez Bruxelles, pas de loops, pas de backing tracks, de beatbox... just me and my guitar!
Faut pas plus pour retenir notre attention, ajoutons un songwriting de qualité, une voix pas banale et un jeu de haut niveau!
Une reprise du grandiose Lightnin Hopkins: 'I been burnin bad gasoline', un blues inspiré s'adressant à tes viscères.
My starter won't start this morning..., kesk'elle a cette tire, bordel?
The man in the station: t'as fait le plein chez Aldi, du carburant pourri!
Impressionnante version: heavy guitar et vocaux enragés!
Pour le nouveau CD, the meanest song I ever wrote, ce sera le titletrack 'Nothing’s Gonna Change the Way You Feel About Me Now', suivi d'une seconde plage prévue pour cet album dans laquelle il règle ses comptes avec son géniteur, the bastard who broke my mother's heart!
Retour à 'Harlem River Blues' et au country folk traditionnel aux teintes Appalaches: ' Workin for the MTA'.
Un petit plongeon dans les fifties, the Beat Generation, Jack Kerouac, Ginsberg... avec 'Wanderin', pour ensuite changer de registre, a song about a nasty woman, pareille à celle que vous voyez sur mon avant-bras: ' South Georgia Sugar Babe', démarrant en récitatif vitesse de l'éclair pour virer folky swing.
Un autre morceau apprécié par les sexagénaires fut le standard 'Nobody knows you when you are down and out ' , une touche jazzy et un timbre plus proche de James Taylor que de papa Earle.
Sortez les kleenex pour l'émouvante waltzy ballad ' Learning to cry' qui anticipe une nouvelle flèche tirée en direction de papa, another new song... I hear my father on the radio sing: take me home again... ai coupé le son... ( 'Am I that lonely, tonight'). Sentiment de solitude, complexe d'Oedipe, frustrations, fuite dans la drogue... pas facile d'être le fils de quelqu'un!
La dernière, le superbe bluesy/gospel rythmé et suicidaire: ' Harlem River Blues'!

70' appréciées.
JTE: a natural talent!

Bis
'Move over mama': when Jerry Lee Lewis crosses Johnny Cash, ça déménage, et on ferme la boutique avec une chanson de rupture amère sur un rythme enjoué ' Walk out'...I hope I never fall in love again...
Il a quel âge?
29 piges!