mardi 29 novembre 2011

Nneka - Y'Akoto à l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 28 novembre 2011

T'as un abonnement à l'AB, elle dit!
Je t'aime, répondis-tu!
Le chat a souri!

Grande salle bien peuplée ( pas loin du sold-out), public essentiellement féminin, limite d'âge: 19 ans + une dizaine de retraités s'étant trompés de concert!
Nneka is hot!

20:15, Y'Akoto
Une bridée?
Tu confonds avec la base aérienne, Yokota!
Jennifer Yaa Akoto Kieck naît à Hambourg, père ghanéen et mère allemande, voyage pas mal (Ghana, Togo, Tchad, Cameroun, Barbès...) avant de revenir à la case départ.
Se lance dans la musique à 13 ans, diverses aventures en groupe, sort un premier EP sous son nom en août 2011 ( 'Tamba') , l'album 'Baby blues' est prévu pour février 2012.
Le moins qu'on puisse écrire est que la jeune femme a laissé une forte impression à Bruxelles: une voix grave, envoûtante, à la croisée Nina Simone/Lauryn Hill/ Erykah Badu, une présence scénique étonnante de maturité, des compositions nu-soul, groove, r'n'b, afro folk/jazz juteuses et un vibe communicatif.

Obscurité, un duo de casquettes/lunettes sur scène, un clavier ( Matthäus Winnizky ???) et une acoustique ( Amo Jr. ???), une petite intro et arrivée d'une séduisante mulâtre: Y'akoto!
Un premier titre de nu-soul chaloupé à faire danser un obèse unijambiste: 'Diamonds', superbe!
'Body movements' est introduit par un piano groovy , ton corps n'a qu'à suivre le mouvement.
La voix rocailleuse et engageante sur 'Talk to me' a déclenché une salve d'applaudissements, Y'akoto rayonne, Bruxelles vibre.
Elle enchaîne sur un slow narratif insolent ( 'Baby Blues'), un mec l'a laissé choir pour a very old lady, elle conclut: I'm gonna find myself a very old man...
Vu son physique, les candidats ne manqueront pas, DSK va se payer un voyage du côté de l'embouchure de l'Elbe un de ces jours.
Le soulslow explose en final Queen haché menu.
Retour aux rythmes propices aux déhanchements: 'Moving', elle écrase sans problèmes toutes les Adele, Duffy et autres British soulstresses.
Y'akoto ne sent pas le fake, tu ne la verras pas en première page des tabloïds un oeil poché et le chignon de travers!
Authenticité, fraîcheur, grâce et a moody voice, elle va casser la baraque!
My first single 'Tamba' , about a child soldier.
Un témoignage social brillamment orchestré.
Une dernière, à propos de son départ du Ghana, le joyeux ' Good Betta Best'!
Y'akoto zwischen Soul, Jazz und World: une révélation!

21:00: Nneka
Un roadie s'empare du micro chant pour l'amener en coulisses.
Deux minutes plus tard, apparition de quatre musiciens, probablement Gros Ngo­l­lé Pokossi ( basse) - Kilian Soldat ( drums) - Nils Kötting ( keys) et un super guitariste, on est pas certain du tout qu'il s'agissait de Fontaine Burnett ( les mecs n'ont pas été introduits!).
Une intro low groove to tease the masses lesquelles se joignent au combo en tapant des mains, une voix off craquante et apparition de la minuscule Nneka Egbuna, frisée (a scruffy pony-tail selon un critique anglo-saxon) , baskets blanches , chemise jeans, absence totale de make-up... les lycéennes réagissent par un chambard monstre, sans crainte des heures de colle, le pion est parti fumer une cibiche!
Il te faut pas longtemps pour comprendre l'engouement de la belle jeunesse, ce petit bout de femme est extraordinaire!
Du sang mélangé, Nigeria/Allemagne, trois albums ( le dernier 'Soul is heavy') , rave reviews dans le monde entier, elle empoche le premier prix in the reggae category of the Museke Online Africa Music Award 2010, on la compare aux plus grands: Bob Marley ou Neneh Cherry, un mix de hip hop/rap/nu-soul/ reggae/ragga qui plaît et un engagement social qui interpelle.

C'est le premier titre du dernier CD, 'Lucifer' ( No Doubt) qui entame le set, du female reggae houleux, suivi par 'Walkin''un morceau plus ancien de l'album 'No longer at ease' , hip hop beats et message spirituel/humaniste, reçu 5 sur 5 par les adolescents... and though you lack physical richness... you have achieved spiritual growth.... !
Place au smooth 'Shining star' chanté d'un timbre ambré et onctueux, elle s'empare d'une guitare pour le bluesy/soul midtempo ' Your request' que le guitariste mâle embellit d'une envolée lyrique à la Carlos Santana.
Pendant le funky 'Babylon' , Nneka s'aventure au fond de scène près du drummer, s'assied sur un cajon et entame avec ce dernier un méchant échange tribal, la basse de Gros Ngo­l­lé Pokossi s'invite à la fête, on n'est pas loin d'une des influences de la généreuse jeune dame :Fela Anikulapo Kuti!
Un speech aux colorations engagement politique/ solidarité universelle annonce le formidable ragga/ afro rumba 'V I P' , tu traduis 'Vagabond in Power', dénonçant l'exploitation du Delta du Niger, où Nneka a grandi, par les grandes compagnies pétrolières et un gouvernement nigérien corrompu.
Salle en ébullition.
Heavy guitar riffs, cuivres samplés, un virage reggae ' My home' un single issu du dernier CD, des touches Ayo, Asa, un tempérament baroudeur en prime.
Solides riffs de guitare à nouveau: ' Do you love me now' te faisant penser à certains titres de Selah Sue.
Un rock qui arrache, ' Soul is heavy', le heavy se justifiant à 100%.
Pour suivre avec l'étonnant et nerveux ' Suffri', dans lequel elle introduit quelques lignes du 'Seven Nation Army' des White Stripes et un couplet de ' Sweet Dreams' des Eurythmics.
Les claviers s'envolent, la guitare grince, la petite vient se cacher derrière le flingueur, ça canarde à tous vents, Bruxelles jubile.
Efficacité et énergie!
Un piano classique amorce 'Hearbeat', Nneka a disparu backstage, la voix émerge des coulisses, cette ballade soul ( piano/voix) fait fondre les coeurs adolescents.
Halètements accentués en écho par ceux du bassiste, immense ovation, roulement de batterie, l'artillerie lourde rapplique, le morceau explose.
Un triomphe après 1h20' de concert!

Bis
Cerise sur le gâteau: ' Africans', une guitare jazzy à la Joe Pass, sans transition elle mue Jimi Hendrix et Nneka entame sa prière incantatoire ...
Wake up, world
Wake up, world, wake up and stop sleeping
Wake up Africa, wake up and stop blaming
Open your eyes, eyes, stand up and rise...
pour terminer par une note d'espoir: it's time for love!
Bruxelles a enregistré le message.

Concert sympa, nana crédible et attachante!