mercredi 5 octobre 2022

The Black Crowes Present: Shake Your Money Maker - support: DeWolff - Lotto Arena - Antwerpen, le 30 septembre 2022

 The Black Crowes Present: Shake Your Money Maker - support: DeWolff - Lotto Arena - Antwerpen, le 30 septembre 2022

 

 Mitch ZoSo Duterck

THE BLACK CROWES + DEWOLFF – Lotto Arena, Antwerp (BEL) – 2022.09.30
Cent-trente kilomètres à parcourir, c’est peu dans certains pays et c’est presque une expédition dans d’autres. Nous révélons donc sans aucun complexe à notre lectorat médusé que nous, les Belges, faisons partie de la deuxième catégorie et que, même si nous disposons pour ce raid d’une puissante berline allemande dont la lignée remonte à 1926, il nous faudra près de deux heures au lieu des nonante minutes habituelles qui datent d’un autre temps, pour parcourir la distance qui sépare Ciney, capitale du Condroz Libre et la city d’Anvers (de stad van Antwerpen en v.o.), capitale de la Province d’Anvers. Nous n’en dirons pas plus car il y a comme un vent de susceptibilité qui souffle dans la région ces derniers temps. Un coup de feu est si vite parti…
Dans le cadre du programme « Offrez-vous un chauffeur étranger pour pas cher» pour lequel la région Wallonne offre des subsides aux souscripteurs, mon pote Fabian, batteur de métal d’une part et fabriquant de Crédences (Clearwater Revival) sur mesure chez Modeco, d’autre part, a porté son choix sur un indien d’Inde appartenant à une des nombreuses ethnies parmi lesquelles, les Hindi, les Ourdous, les Sindhi ou encore les Cachemiriens pour ne citer que celles-là. Interrogé à ce sujet, notre employé d’un soir refusera obstinément de nous révéler son secret, frustrés, nous ne connaîtrons jamais son appartenance. Au visuel, aucun doute n’est permis, il vient bien de là-bas. Par contre au niveau de son blaze, j’ai une certain doute qui se mue très vite en doute certain lorsque, sans un poil d’accent, il m’annonce la couleur en m’ouvrant la porte côté passager: « Bonjour Monsieur, je m’appelle Benoît, je vous souhaite la bienvenue ». Purée, le mec il est sombre comme la nuit qui tombe, « Boum » !, Ah, tu vois, je te le disais justement, mais en plus il a des dents blanches, à faire crever de jalousie tous les fabricants de blanchisseurs de ratiches au monde. Même sur un pc équipé de la dernière version de Photoshop, tu n’arrives jamais à un « plus que blanc » pareil. Chaque fois qu’il sourit, c’est à dire tout le temps, tu as l’impression de te balader à Paris devant les vitrines des Galeries Lafayette, lors des illuminations de Noël, ça fait mal aux yeux tellement ça brille.
J’en profite, que notre chauffeur effectue le tour de la « Merco » dans le but de reprendre sa place au volant pour me retourner vers Fabian et lui glisser avec promptitude et discrétion : « Un indien qui s’appelle Benoît ? Tu n’as pas l’impression de t’être fait avoir? ». Pour toute réponse, un regard dépité et coupable accompagné d’un haussement d’épaules désespéré, fataliste et non moins synchronisé de celui qui voulait aider à l’intégration. Oublie tous les clichés du style « oui Sahib, non Sahib » et cet accent qu’imitent si bien les doubleurs de voix dans les vieux films anglais et américains du cinéma colonial des années trente et quarante. Au niveau diction Benoit parle mieux français que toi et moi ! Après quelques bornes seulement, notre chauffeur étant continuellement pendu à son portable, un changement de conducteur s’effectue, aussi nécessaire pour notre sécurité, qu’obligatoire, si on se réfère aux textes de loi traitant de l’utilisation des téléphones portables lors de la conduite d’un véhicule, fusse-t-il biliaire… Je vous épargne les détails topographiques autoroutiers de notre parcours. Finalement nous arriverons sur place peu après 19 heures, accueillis par un léger crachin. Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais Benoît nous accompagne! Il est parvenu à se faire refiler la place excédente de Fabian, il m’épate ce mec. Si je voulais me lancer dans un calembour douteux, je dirais que sa petite taille et sa gentillesse font de lui un « nain doux ». Quoi ? Vous l’avez voulu non? Alors ne râlez-pas, vous étiez prévenus.
Set list :
01.Twice As Hard.
02.Jealous Again.
03.Sister Luck.
04.Could I’ve Been So Blind.
05.Seeing Things.
06.Hard To Handle. (Otis Redding cover)
07.Thick n’ Thin.
08.She Talks To Angels.
09.Struttin’ Blues.
10.Stare It Cold.
11.Goodbye Daughters Of The Revolution.
12.Bad Luck Blue Eyes Goodbye.
13.Wiser Times.
14.Thorn In My Pride
15.Remedy.
16.Moonage Daydream. (David Bowie cover)
Tant qu’à faire, puisque j’ai moi aussi une place en trop, on ne sait décidément plus se fier à personne, je décide de profiter de mon double espace pour m’installer au premier rang, en bord de rangée derrière les consoles de mixage. Même si ce concert était programmé et maintes fois reprogrammé depuis deux ans, je n’avais pas voulu remettre les places en vente tellement il me tenait à cœur, tant au niveau affectif que symbolique. Il y a des choses comme ça auxquelles on attache tellement (trop ?) d’importance. Bref, me voici devisant et voisinant avec deux représentants des Pays-Bas qui n’ont pas pu obtenir de tickets pour le concert sold-out du « 013 Popodium »à Tilburg le lendemain. D’où, la raison de leur présence en territoire encore belge ce soir. Première date de La tournée Européenne également. Les Black Crowes sont, à mon humble avis, (IMHO) en v.o. Et en abrégé, « LE» band américain qui regroupe dans sa façon de voir et d’écrire la musique, le plus grand nombre d’influences musicales de son terroir sans fin. Je les considère même plus éclectiques que les intouchables Allman Brothers Band pour qui j’ai pourtant une admiration sans limites. Les Crowes c’est encore plus fort au niveau de l’intégration des multiples racines musicales qui constituent la trame de la musique U.S.
Ce soir, Mark et Chris Robinson, ont à nouveau signé un pacte de paix fraternelle pour nous régaler avec « The Black Crowes Present : Shake Your Money Maker » un bon moyen, au départ, de célébrer le trentième anniversaire de cet album sorti le 13 février 1990 sur le label Def American. Ce monument faisant d’ailleurs l’Objet d’une magnifique et très complète réédition sous forme d’un coffret deluxe que je vous conseille vivement. Quel plaisir, quel orgasme auditif et sensoriel d’entendre l’album joué dans son intégralité et joué en séquence par les sociétaires d’Atlanta, Georgia. Formés en 1989, les Crowes avaient frappé très fort avec ce premier album devenu légendaire sur lequel on retrouvait également un certain mister Chuck Level des Allman Brothers au piano.
Ce soir, le groupe va à nouveau prouver son talent sans limites devant un auditoire qu’il va mettre dans sa poche dès les premières notes du spectacle. Chris Robinson reste à mon sens un tout grand frontman et un chanteur qui dégage, tant par sa présence scénique que par son interprétation. Sur un décor de fond de scène représentant l’intérieur d’un bar, les musiciens se sont adjoints les services de deux jolies choristes qui ajoutent les couleurs de leurs voix et magnifient l’ensemble. Si on laissait faire le groupe, on sent que chaque titre pourrait partir en jam session sans se perdre ni jamais lasser tant ces mecs sont doués. En une heure et quarante cinq minutes, les Crowes nous ont transportés sur les ailes noires du temps, à la découverte d’un monde magique fait de mille sonorités et de couleurs enchanteresses.
En cas de blues j’ai toujours quelque part en moi, un Remedy prêt à nettoyer tout çà. Revenez-nous vite les gars et tant pis si les 5219 places de la Lotto Arena n’étaient pas remplies, pour moi, cela valait le Forum de Los Angeles ou le Madison Square Garden de NewYork un soir de finales NBA.
La première partie du concert était assuré par DeWolff, un excellent trio néerlandais qui mérite d’être revu d’urgence.
Mitch ZoSo Duterck