dimanche 23 octobre 2022

Dr Feelgood et Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot à La Grande Ourse, Saint- Agathon, le 22 octobre 2022

 Dr Feelgood et Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot à La Grande Ourse, Saint- Agathon, le 22 octobre 2022

 

michel

 

En devisant à propos des subventions accordées par la Région, de la baisse d'affluence lors de la saison écoulée, mais aussi de  la programmation 2022/2023,  Ludo, en charge du choix des artistes, confie:  ...Habitué de la programmation, le groupe Dr Feelgood fait son retour. "C’est notre groupe totem. C’est tout ce qu’on aime dans le rock ; pêchu, mélodique… Malgré le décès du chanteur Lee Brilleaux, le groupe a perduré." À voir samedi 22 octobre 2022, avec Howlin’grassman vs. Stompin’Bigfoot en première partie....

Et le public breton + quelques expats, venant de perdre leur Prime Minister après 44 jours de fonction,    a répondu en masse pour la venue du plus thérapeutique des groupes de pub rock/ R&B/ blues rock que compte Albion, que les Allemands dans leur pamphlet anti- britannique de 1915 avait surnommé  Das perfide Albion: Dr.Feelgood!

Ce raz de marée humain a rendu le sourire aux organisateurs, quant au public, à l'instar de Sabine qui après le concert s'est exprimée en ces termes.... Concert génial à Saint-Agathon hier soir... , il était tout sourire à l'issue de la prestation du toubib, qui soigne ses patients à grandes doses de vitamines et d'onguents rock'n'roll, "Milk and Alcohol" étant une de ses prescriptions les plus célèbres, on ajoute, cependant, pas trop de milk et beaucoup d'alcohol!

21h,  Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot ouvrent la soirée!

Étienne Grass, qui  howle pire qu'un loup des champs ( non, pas Didier),  s'ébat aussi au sein d'Electric Bazar et Grain, ici, il chante comme un canis lupus traqué, tabasse,  comme un forcené, toms, et cymbales, et, de temps en temps, malmène une guitare.

Un mec à tes côtés lui trouve une ressemblance avec Richard Gotainer, c'est sûr qu'il n'a pas le même look que Stéphane Bern. 

Son pote à la casquette, Lionel Mauguen ( (Oko, Orchestre Préhistorique, Yog Sothoth), au chant légèrement moins âpre, manie la guitare ( il en possède plusieurs exemplaires), pour cacher les trous dans ses chaussettes, on a casé une grosse caisse face à sa chaise, il écrase constamment la pédale pour produire un boum boum boum harmonieux et,  de temps en temps, il agrippe une baguette pour faire danser le charleston.

Comme Miossec, ils boivent peu et viennent de Brest.

Date de naissance du duo: 2015,  carte de visite: un album  10 titres qui porte leur nom, il date du mois de mars. 

Quand tu joues en avant-programme, il n'est pas question d' élever  la température interne des muscles sollicités par l'activité grâce à un travail de force analytique et ce pendant 25 minutes, minimum, il faut entrer d'emblée dans le vif du sujet, le hurleur et le frappeur le savent , donc ' Last Night Party' ( titre à vérifier), qui ouvre le set, déménage déjà un max.

Leur blues rugueux, chanté à deux voix crades, secoue sérieusement, pour te faire une idée on avance les noms de Seasick Steve ou Vincent Bloyet, pour rester dans l'hexagone.

Du dirty swamp punk blues , influencé par la proximité de la tourbière de Langazel, sans doute

Une slide rageuse introduit  la suivante, ' Jesus' indique la playlist, sur sa croix, le messie, ne pouvant battre des mains, ni frapper le sol du talon, a hoché la tête en mesure, quelque peu gêné par la couronne d'épines, il est vrai.

Etienne, tiens le bien, glisse Patti, il les tient fermement ses bâtons, avec lesquels il rosse son mini kit de batterie, dans une vie antérieure il devait fréquenter les salles de boxe, car sa gestuelle a tout de Marcel Cerdan face à  Saverio Turiello, en 1939.

' You wear me out' est scandé à pleins poumons, après avoir craché sa hargne, Mr Grassman ramasse une guitare et c'est le doux  ' Do the Shout'  qui nous tombe dessus.

Le chant, en mode injonctions, te rappelle le hargneux adjudant qui, pendant ton service militaire, engueulait constamment le gars le plus fluet du bataillon.

Après un final noisy et un hurlement de douleur, ils proposent  ' Open the Cage', Pierre Perret a applaudi, mais on n'a vu aucun oisillon voler au dessus de nos crânes, paraît que l'idée était d'ouvrir ton esprit pour libérer les fantômes qui le squattent.

Le morceau vire boogie vicieux,  tendance vaudou,  c'est idéal pour faire le vide in your brain.

Passons au blues fusion,  ' Discipline', concis et militaire,  marie le chant de RATM et le raffinement du rock industriel.

Faut pas le dire deux fois à un Breton, ' Get drunk', il pige rapidos.

En réponse à Britney Spears, voici ' Toxic Man' ,   la voix est passée à la râpe, la guitare prend des sonorités casserole, ça cogne plus que méchant,  La Grande Ourse aime ça.

Yeah, gueule un ex-enfant de choeur, devenu maton.

On va vous chanter Brest, dit celui qui est debout, Brest, c'est la Venise bretonne, sans les moustiques!

'It's my gaff' ne sera pas repris dans les guides touristiques brestois... it's dark, cloudy, wet, windy, sad, ... et ça pue, c'est comme Baudelaire décrivant Bruxelles!

' I know that you don't love me'  termine un set intense, ayant tenu le public en haleine, Dr Feelgood ne pouvait rêver d'un meilleur support! 

Le temps pour les gosiers de se rafraîchir et Dr Feelgood investit la scène, Robert Kane, fuselé, une coupe de cheveux Jimmy Somerville ( à l'époque où son crâne était encore garni) et une flamboyante veste bordeaux, salue Saint-Agathon in French en arborant un sourire narquois.

If you're ready, let's go...

Euh, Robert, tu nous laisses faire les présentations!

Dr Feelgood, que tu as le bonheur de croiser quelque fois sur scène,...à Louvain, à Jette ( commune bruxelloise), notamment, c'était au siècle dernier, existe depuis 1971.

De la formation d'origine, il ne subsiste plus aucun membre.

Les plus célèbres sont au cimetière ( Lee Brilleaux) ou ont quitté la formation en cours de route ( Wilko Johnson) , John B. "Sparko" Sparks, le bassiste des débuts avait quitté le bon docteur pour accompagner Lew Lewis, et  John "The Big Figure" Martin, the original drummer, se tire en 1982, comme Sparko, pour mener une existence plus paisible., des gens disent le croiser en Charente, où le Cognac s'avère meilleur que le brandy made in the UK.

Parmi les autres membres légendaires  ayant défilé au sein de la formation, il faut citer Gypie Mayo qui a remplacé Wilko à la guitare  avant de rejoindre une nouvelle mouture des Yardbirds.

Gypie est décédé en 2013.

La formation actuelle se compose de Phil H. Mitchell, à la basse depuis 1983 , Kevin Morris, aux drums ( depuis 1983), Gordon Russell à la guitare, de 1983 à  1989 et retour en 2021, il s'est pendant un temps amusé au sein de Madd Murdock et Two Timers, Robert Kane ( vocals, harmonica), un ex- Animals,  est la recrue la plus récente ( 1999), mais pas  la plus   pudibonde, ce dandy est une bête de scène qui, à l'instar de Johnny, sait comment allumer le feu.     

Le groupe vient de sortir un nouvel album, ' Damn Right', et en interprétera plusieurs extraits.  

Entrée en matière rageuse, au titre explicite  ' Drives me Wild' , Mister Kane se trimballe à droite et à gauche, se contorsionne, grimace, fait de grands gestes pour inciter la foule à s'extérioriser, c'est parti sur les chapeaux de roue.

Léger ralentissement avec ' No Mo Do Yakomo'  qui présente quelques relents country rock sympathiques.

En 1962, Bo Diddley  enregistrait ' I can tell', ce titre punchy en diable est au répertoire du docteur depuis des lustres, Gordon Russell se lâche pour la première fois, il canarde pire qu'un chasseur en état d'ébriété avancée.

Robert Kane pointe un index dans la direction du guitariste pour bien montrer que sur ce morceau, c'est lui le chef.

' Mary Ann' est le dernier single  du band, il s'entend sur la nouvelle rondelle, et pour les Hollandais, on signale que ce méchant rock ne ressemble en rien à la comptine des Cats, même si le refrain est un rien putassier.

Première très grosse claque avec 'All through the city' , un extrait brûlant de 'Down by the Jetty'.

Malgré le fog et une température qui ne dépasse pas les 41 degrés ( Fahrenheit), il fait torride dans ce patelin.

Le temps de m'éponger et on continue avec ' She does it right'.

A l'arrière, impassible, Kevin Morris maintient une cadence soutenue, en avalant un verre de blanc quand le show le permet,  Phil Henri, au large sourire, assure avec lui une rythmique infaillible et tandis que le showman fait son numéro, Gordon Russell nous assène une série de riffs meurtriers, arrachant des "wohs" admiratifs à tes côtés.

We're gonna relax just a little bit, geste à l'appui, here is ' If my baby quits me', un blues  pur jus qu'ils ont emprunté à   Mike Morgan and The Crawl.

Après un nouvel échantillon à découvrir sur le nouveau  CD,  'Damn right I do',  pour lequel l'agile et démonstratif chanteur a sorti un harmonica, on passe aux choses sérieuses avec la cover brûlante de ' You don't love me baby' de Willie Cobbs, déjà un hit pour Bo Diddley en 1965.

La slide entame  ' Keep it under cover' à entendre sur le new album, en vente ce soir ( pas mal d'exemplaires ont trouvé preneur, merci),  mais sortie officielle en novembre.

Gordon a gardé le bottleneck pour ' Back in the night',  gueulé par 349 gargamelles bien récurées, le numéro 350 dans la salle,  était aphone.

Merde, Saint-Agathon, it's Saturday night, faites du bruit...  on ne se fait pas prier car voici la femme fatale, ' Roxette', la lady  qui rend tous les jules gaga!

Quelles lignes de basse addictives, quels riffs assassins, sans oublier l'harmonica ravageur,  messieurs, aussi fort que Smoke on the Water!

Blues time again avec 'Shotgun blues'  ou quand le Mississippi prend des couleurs de Tamise!

Guitare en exhibition, chant embrasé, la classe, Istace!

Another old time favorite pour suivre, ' Milk and alcohol' suivi par une version monstrueuse de ' See you later alligator'.

Monsieur Crocodile, Wally Gator, et tous les autres vauriens à la fête.

La folie gagne tous les swamps de l'Argoat et du Trégor,   ' Going back home' et ' Down at the doctors' maintiennent  le thermomètre dans la zone rouge; avant d'entendre  Robert Kane annoncer we have one more song, guys, ' Gimme one more shot' ( de J B Lenoir)

Avalé sans glace, ça raclait le larynx.

 Un triomphe, public déchaîné exigeant le retour des British, d'abord en trio pour un instrumental juteux ,permettant au bassiste et au batteur de placer un solo brillant, mais c'est à nouveau la guitare qui crachera des flammes, à la manière d'Alvin Lee, au bon vieux temps de Ten Years After.

L'intro caractéristique de ' Riot in cell block number nine' voit le retour du plus beau  et là, ça cogne méchant, tous les forçats s'empoignent, le sang gicle.

Pour couronner le tout, direction  l' llinois,  le Missouri, le Kansas, l' Oklahoma, le Texas, le Nouveau-Mexique, l'Arizona et la  Californie sur la 'Route 66'.

Digne apothéose d'un concert grandiose!